dimanche 4 septembre 2016

Les disques à écouter une fois dans sa vie: MGMT - Oracular Spectacular


Time to pretend
Weekend wars
The youth
Electric feel
Kids
4th dimensional transition
Pieces of what
Of moons, birds and monsters
The handshake
Future reflections

Paroles: Andrew VanWyngarden sauf:
"The youth" & "Electric feel": paroles: Andrew VanWyngarden & Ben Goldwasser
Musique: Andrew VanWyngarden & Ben Goldwasser

Production: Dave Fridmann & MGMT

Durée: 40:18

Date de parution: 2 octobre 2007

Celui-là, c'est sûr qu'on ne l'avait pas vu venir, ou plus exactement on n'avait pas eu envie de le voir venir. Nous sommes en 2007, et voilà un groupe composé de deux geeks américains, que tout le petit monde de l'establishment porte aux nues suite à quelques fuites et à l'écoute de leurs précédents disques (des EP principalement). En plus, ils s'appellent MGMT et ils laissent planer le doute sur la signification de ces lettres (abréviation de "Management"? Acronyme de Make Great Music Today?)

Pourtant, quand on a le disque entre les mains, on a d'abord un peu envie de rire. La pochette est en effet surréaliste, avec nos deux acolytes en maillot de bain flashy ayant l'air de décuver d'une soirée trop arrosée à Ibiza. On retourne le disque: c'est pire! Les duettistes sont photographiés avec leurs petits copains, de dos, les pieds dans la mer, on dirait une parodie de pseudo-hippies, c'est catastrophique.

On met alors l'album au nom curieux lui aussi dans la platine. Des bruits type "bloubs de poisson" se font entendre. Puis un arpège en "ré", puis un synthé semblant presque déréglé, et soudain la basse et la batterie surgissent. Et la voix aussi. VanWyngarden, qui a un timbre de voix tellement clair qu'il en est parfois troblant, nous déclame "I'm feeling rough, I'm feeling raw, I'm in the prime of my life...". Voici donc "Time to pretend", qui peut aisément concourir pour le titre de meilleure chanson des années 2000-2010. Une mélodie splendide, des arrangements d'une grande richesse, et des paroles assez exceptionnelles. VanWyngarden énonce le mode de vie rêvé des apprentis stars ("J'irai à Paris, me shooterai à l'héroïne et baiserai les stars"), les regrets qui vont avec ("L'ennui, la liberté et le temps passé seul me manqueront"), et prédis la fin inéluctable ("Nous nous étoufferons dans notre vomi et ce sera la fin / Nous étions condamnés à faire semblant"). Grand, très grand morceau.

Le soufflet ne retombe pas avec "Weekend wars" derrière. Non seulement la mélodie du refrain est très joli, mais encore la production qui va derrière est splendide, rappelant un peu le "Being for the benefit of Mr Kite!" des Beatles. Chanson qui en plus se termine par un thème qui n'a rien à voir avec le reste. Très bien vu.

"The youth" en troisième morceau, là c'est du très lourd. Chanson mélancolique en diable, avec des effets sur la voix juste comme il faut, et puis cette idée de génie sur le final. Au lieu de faire comme tout le monde et de monter d'un ton la chanson pour dynamiser celle-ci, les MGMT la...baissent d'un demi-ton, accentuant le côté plus grave du morceau. Pour des "débutants", on peut dire qu'ils apprennent vite.

Le duo prouve ensuite qu'ils peuvent écrire des tubes quasi sur commande. "Electric feel" d'abord, avec son rythme dantesque (le taca-poum taca-poum lancinant, la basse qui fait des grands écarts sur le refrain), son refrain totalement imparable, et son final destiné à enflammer les dance-floors. Et puis bien évidemment "Kids", placé en milieu d'album. Bien sûr, on l'a entendue des dizaines de fois, bien sûr on peut trouver le thème horripilant au bout de la 98651ème écoute...mais quand même! Depuis combien de temps nous n'avions pas un tube "pop" aussi puissant, avec des paroles encore une fois loin d'être stupides, et puis une production qui défie encore une fois l'entendement, avec des trouvailles simples mais d'une efficacité redoutable (les cris d'enfants, la partie de batterie sur le pont...)? C'est sur cette note tubesque que se termine donc la première moitié de l'album.

La seconde moitié, à la première écoute, désarçonne: le groupe choisit de tourner le dos au versant pop pour aller grimper le versant psychédélique. Soyons honnêtes, au début ça fait bizarre, surtout que "4th dimensional transition", avec ses multiples tiroirs, peut perdre un peu l'auditeur en route. Heureusement, "Pieces of what", seule chanson "normale" de la deuxième partie de l'album, remet tout le monde sur les rails.

"Of moons, birds and monsters", c'est Syd Barrett qui revient faire de la musique en 2007, et c'est brillant. Les deux dernières minutes instrumentales, avec ce thème de guitare entêtant, sont bluffantes et totalement floydiennes dans l'âme. "The handhsake" est lui aussi un très bon morceau à rebondissements, avec un final sonnant presque comme un hymne pour stade.

Pour finir le tout, "Future reflections" synthétise tout ce qui précède, et laisse l'auditeur un peu KO devant autant d'inventivité, d'efficacité et de densité. L'auditeur en question n'a qu'une envie, appuyer sur la touche "repeat"...et demander au groupe de virer le gars chargé de leurs pochettes. Ce qui est le plus frappant, c'est que ces deux gars relativement jeunes (ils ont 24 et 25 ans au moment de la sortie de l'album) parviennent à écrire des chansons de ce calibre. Les gars ont digéré toutes leurs influences pour en faire quelque chose d'immédiatement reconnaissable, et surtout ils parviennent aussi bien à écrire des morceaux à structure classique couplet/refrain/couplet/refrain/pont/couplet/refrain que des morceaux partant dans tous les sens mais ne durant que 4 minutes (ils iront beaucoup plus loin sur l'album suivant et le morceau "Siberian breaks" de plus de 11 minutes au compteur).

A noter que les albums se suivent et ne se ressemblent pas pour les MGMT. Si Congratulations (2010) est très bon, MGMT (2013) n'a en revanche pas convaincu grand-monde, le duo ayant visiblement un peu perdu son inspiration créatrice en route. Le nouvel album devrait arriver au plus tard début 2017, espérons qu'il redresse la barre...

En cadeau, une version de "Time to pretend" jouée dans les studios de la radio KCRW de Los Angeles. C'est sûr que les MGMT ne sont pas le groupe le plus expressif et charismatique qu'on ait vu sur scène, mais ça joue quand même très bien!

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire