Qui aurait dit, en 2009, au lendemain de la séparation d'Oasis en plein Rock en Seine, que huit ans plus tard Liam Gallagher reviendrait avec un album plus qu'honorable? Parce que soyons honnêtes, l'aventure Beady Eye (Oasis moins Noel Gallagher) n'avait pas été convaincante. Un premier album (Different Gear, Still Speeding) certes très spontané, mais manquant cruellement de grandes chansons, et un second (BE) plus abouti mais n'ayant pas rencontré une large adhésion de la part du public.
Et puis voilà. 2017. As You Were. Dès cet été, les oreilles s'étaient dressées. "Wall of glass", premier extrait, se révélait hyper efficace. Harmonica cradingue, refrain imparable, voix retrouvée, le sale gosse de Manchester était de retour.
Et cette impression se confirme sur - quasiment - tout l'album. Liam Gallagher a su s'entourer, que ce soit de compositeurs (il ne signe seul que six des douze titres de la version standard de l'album) ou de producteurs (pas moins de quatre interviennent sur ce disque).
"Wall of glass" ouvre donc le bal de très belle manière, et "Bold", acoustique mid-tempo, lui emboîte joliment le pas. Rien de révolutionnaire certes, mais du boulot bien fait, bien exécuté, avec une vraie volonté de bien faire.
C'est avec "Greedy soul" que l'on se rend compte avec surprise que ce sont sur les morceaux les plus rapides que le benjamin des Gallagher est peut-être le moins convaincant. Morceau un peu en roue libre, qui rappelle le premier Beady Eye. On oublie. A l'inverse, "Paper crown", très The Verve dans l'esprit, s'écoute très bien, avec des arrangements vocaux de premier ordre. On ne s'appesantira en revanche pas sur les paroles, ce qui est d'ailleurs le cas de presque tous les morceaux: Liam Gallagher n'est pas Bob Dylan, mais en même temps n'a jamais eu la prétention de l'être, donc tout va bien.
Et ensuite, LA tuerie de l'album. "For what it's worth", signée Liam Gallagher et Simon Jons, qui sonne comme un inédit de John Lennon. Pas une resucée comme certains des morceaux précédemment signés de Liam, non non, un vrai beau morceau de musique. Pas facile à chanter en live (son passage à Taratata l'a prouvé...), mais qui suinte la classe.
"When I'm in need" qui suit ensuite démarre comme une version acoustique de "She's electric" (coucou Noel). C'est joli, mais en revanche un peu longuet sur la dernière minute. Pour "You better run" et "I get by", c'est le même souci que "Greedy soul". Ca sonne déjà entendu et ré-entendu, c'est écouté et quasiment aussitôt oublié, sans que ce soit mauvais pour autant, mais bon voilà, disons que l'auditeur n'est pas surpris du tout.
C'est alors que Liam nous dégaine une petite merveille: "Chinatown", ballade acoustique très bien produite, toute en retenue, qui fait mouche. "Come back to me": ah, enfin un morceau rythmé qui déboîte bien! Jolie mélodie, belle énergie, ça le fait bien. "Universal gleam" derrière fait office de morceau bien cool, avant que "I've all I need" ne vienne conclure très joliment cet album, avec un refrain à reprendre en choeur, et un final decrescendo finement amené.
On aurait pu s'arrêter là, mais il convient de noter les trois titres supplémentaires figurant sur l'édition deluxe. "It doesn't have to be that way" sonne comme du Kasabian quand ils faisaient encore des vraies chansons, "All my people / All mankind" est une très belle ballade signée du seul Liam, qui aurait du figurer à mon humble avis dans la tracklist de l'édition standard, et enfin "I never wanna be like you", un peu trop gentillette mais pas repoussante non plus.
Alors certes, ce n'est pas l'album du siècle, ni même certainement celui de l'année. Mais c'est un disque d'une grande honnêteté, d'une réelle intégrité, et qui vient prouver finalement combien Noel et Liam restent complémentaires. L'aîné est en train d'explorer de nouvelles contrées musicales alors que le p'tit dernier creuse le sillon du classic rock... Finalement, on aura cette année deux disques estampillés Gallagher, dans des styles bien différents, alors ne boudons pas notre plaisir!