lundi 25 décembre 2017

dimanche 24 décembre 2017

En passant par la discographie de...Pink Floyd.

Inauguration en cette veille de Noël d'une nouvelle rubrique dans le blog! Objectifs: faire découvrir la discographie (et vidéographie) d'un groupe ou d'un artiste en balayant toute son oeuvre et que les néophytes qui souhaiteraient ainsi découvrir l'oeuvre du groupe ou de l'artiste en question aient une idée de par où commencer. J'ai essayé d'être le plus objectif possible, ce qui n'est pas forcément toujours facile, mais il faut savoir parfois prendre quelques positions... Vous trouverez des passages en italique entre certains albums, qui concernent l'histoire du groupe, ce qui est important dans certains cas pour bien comprendre pourquoi tel album sonne complètement différemment du précédent.

Par contre, vu le temps que cela m'a pris, ne vous attendez pas à avoir tous les jours cette rubrique "en passant par la discographie de..."! J'espère en tout cas que vous prendrez autant de plaisir à la lire que j'ai pu en avoir à l'écrire.

Bonne lecture!





ALBUMS STUDIO


The Piper At The Gates Of Dawn
5 août 1967
Production: Norman Smith

Après plusieurs moutures et plusieurs formations différentes, Pink Floyd se compose finalement de Nick Mason (batterie), Roger Waters (basse), Rick Wright (claviers) et Syd Barrett (guitares et chant). C'est ce dernier qui va composer 90 % du premier album du groupe, et qui fait montre à cette occasion d'un talent ahurissant d'originalité, comme une sorte de Brian Wilson ayant abusé de substances illicites. Comptines psychédéliques ("Matilda mother", "Flaming", "The gnome", "Chapter 24", "Scarecrow"), rock flippant ("Astronomy domine", futur classique des concerts), trucs inclassables ("Lucifer Sam", "Bike"), tout passe à la moulinette Barrett, qui parvient sur ce disque à poser de façon cohérente les dizaines d'idées à la seconde qui lui traversent l'esprit. Seul bémol: les presque dix minutes instrumentales de "Interstellar overdrive" au cours desquelles le groupe se perd dans une improvisation qui a mal supporté le poids des ans. A part ça donc, un premier album qui est une vraie réussite, mais qui sera finalement le seul réalisé par le groupe avec Syd Barrett en son sein...

Au cours des semaines qui suivent la parution de l'album, le comportement de Barrett devient de plus en plus erratique, du fait de sa consommation massive de drogues en tous genres. Les trois autres membres du groupe lui cherchent alors un remplaçant pour leurs prestations scéniques, et leur choix se porte sur l'un de ses amis, un certain David Gilmour. Pink Floyd donne cinq concerts à cinq membres, puis un soir, alors que Mason, Gilmour, Waters et Wright sont en voiture pour se rendre à un concert, l'un des quatre demande s'ils passent prendre Barrett, ce à quoi l'un des trois autres répond par la négative. Et c'est de cette façon que Syd Barrett est évincé du groupe qu'il a contribué à créer...




A Saucerful Of Secrets
29 juin 1968
Production: Norman Smith

Premier album sans Barrett, ou presque... En effet, ce dernier compose et interprète le lugubre "Jugband blues" qui clôt l'album avec des paroles tristement prémonitoires quant au futur état de délabrement de son état mental ("Et je me demande qui peut bien écrire cette chanson"). Pour le reste, ce sont Waters et Wright qui prennent les rênes musicales du groupe, avec des morceaux oscillant entre rock ("Let there be more light"), Beatles pour rire ("Corporal Clegg") et trucs bien planants ("Remember a day", "See-saw", "Set the controls for the heart of the sun"). Tout en se cherchant une nouvelle ligne directrice, le quatuor signe encore un morceau instrumental long format (près de 12 minutes), qui donne son titre à l'album, et qui, une fois passées les 7 premières minutes bien foutraques et quasi inaudibles, débouche sur un mouvement (baptisé "Celestial voices") sidérant de beauté et qui annonce les grandes envolées planantes des albums à venir.




Soundtrack From The Film "More"
13 juin 1969
Production: Pink Floyd

En 1969, Barbet Schroeder tourne un film, baptisé "More", qui raconte la descente aux enfers (à Ibiza quand même...) d'un couple de toxicomanes. Fatalement, il pense à Pink Floyd et sa "musique de drogués" pour la BO, et le groupe doit relever un challenge comme il les aime: écrire et enregistrer en une semaine la musique dont le réalisateur a besoin. Et, pour un album plié en une semaine, le résultat est excellent. Beaucoup de morceaux instrumentaux bien sûr, mais aussi des vraies chansons, souvent à dominante acoustique ("Crying song", "Green is the colour", "Cymbaline"). Citons également deux rocks furieux au son totalement nouveau chez Pink Floyd ("The Nile song", "Ibiza bar") et qui se révèlent très convaincants. Même Gilmour y va d'un petit blues instrumental charmant ("More blues"), et le seul morceau instrumentalo-bordélique de l'album ("Up the khyber") a le bon goût d'être très court. A noter que l'album s'ouvre par un des plus beaux morceaux du groupe, l'évanescent "Cirrus minor".





Ummagumma
7 novembre 1969
Production: Pink Floyd & Norman Smith

Comme à leur habitude, les Pink Floyd cherchent une nouvelle fois à innover. En l'occurrence, pour cet album, ils optent pour la formule du double album clairement coupé en deux: une partie live et une partie studio. La partie live est composée de quatre longs morceaux, dont une version de "Astronomy domine" d'une intensité rare. Certes, ce premier disque sonne très "fumage de moquette", mais retranscrit bien comment pouvait sonner le quatuor sur scène en 1969. Pour le second disque, les quatre larrons ont une idée originale: confier à chaque membre du groupe le soin d'écrire un quart du disque en question. Sauf qu'au final c'est (presque) complètement raté. Wright se plante dans les grandes largeurs avec son "Sysyphus" pompeux (il le trouvera lui-même "horriblement prétentieux" quelques années plus tard) et Mason ennuie son monde en faisant tchick-poum sur ses toms pendant que sa copine joue de la flûte. Waters fait à moitié mieux, en livrant une jolie mais un peu longuette ballade ("Grantchester meadows") mais en pondant aussi une blague bruitiste au titre long comme un jour sans pain. Finalement, c'est le petit Gilmour, qui fait alors ses premières armes en tant que compositeur, qui se révèle de loin le plus convaincant, avec son "Narrow way", certes pas révolutionnaire mais bien agréable à écouter. Un disque symptomatique de son époque donc, pour le meilleur et pour le pire. Pour l'anecdote, c'est la dernière fois que le groupe apparaîtra sur la pochette d'un album.




Atom Heart Mother
2 octobre 1970
Production: Pink Floyd & Norman Smith

Meuh! Album demeuré plus célèbre pour sa pochette que pour son contenu... Il s'ouvre par le morceau qui lui donne son titre, qui est quasi instrumental, et qui occupe toute la face A, soit 23 minutes et 44 secondes précisément. Les Pink Floyd se sont adjoint les services du musicien Ron Geesin, pour pondre une oeuvre se situant aux confins du rock, du jazz et de la musique classique. Il y a de magnifiques passages (le deuxième mouvement avec le trio clavier/basse/violon est extraordinaire), mais aussi des choses qui ont très mal vieilli (les passages avec le choeur notamment). Sur la face B, on trouve trois excellents morceaux normaux: "If", délicate ballade acoustique (Waters), "Summer '68", plus Beatles que les Beatles (Wright) et la pastorale "Fat old sun" livrée avec solo de guitare final (Gilmour). Dommage que le groupe ait jugé utile de faire se terminer l'album par un collage de trois instrumentaux sympathiques mais dispensables, regroupés sous le titre "Alan's psychedelic breakfast", et au cours desquels on entend le roadie Alan Styles se faire son p'tit déj...




Meddle
31 octobre 1971
Production: Pink Floyd

Meddle, c'est en quelque sorte Atom Heart Mother, mais sans ses défauts. L'album s'ouvre par un puissant instrumental basé sur deux accords, l'extraordinaire "One of these days", encore joué par Gilmour et Waters sur leurs récentes tournées. Le reste de la face A se compose de chansons à forte tonalité acoustique bien plaisantes, et se termine par une blague d'à peine deux minutes ("Seamus") sur laquelle on entend le...chien de Wright pousser la chansonnette! Mais le meilleur est à venir, avec la face B contenant un seul morceau, mais quel morceau! "Echoes", quintessence du Pink Floyd première époque, dévoile encore, plus de 40 ans après sa création, toute sa richesse et sa puissance. On passera sur des paroles encore un peu hippisantes ("les albatros volent au-dessus de nos têtes"...) pour se concentrer sur la musique. Et là, c'est du lourd. Montées en puissance savamment dosées, Gilmour en très grande forme, un passage en mode "cris de mouettes" complètement barré, une explosion musicale exceptionnelle à 18 minutes et 14 secondes précisément... Du très grand art, qui referme en quelque sorte le Pink Floyd première époque car, quelque part, le groupe avait, avec ce morceau, atteint les limites de ce qu'il pouvait faire dans ce style. Il fallait, pour qu'il continue son aventure, qu'il évolue musicalement, et c'est ce qu'il va parfaitement réussir à faire, non sans que cela provoque des dommages collatéraux au niveau des relations humaines...






Obscured By Clouds - Music From "La Vallée"
2 juin 1972
Production: Pink Floyd

Alors qu'ils sont en train d'enregistrer ce qui deviendra Dark Side Of The Moon, les Pink Floyd sont contactés par Barbet Schroeder, qui leur demande, trois ans après "More", de réaliser la bande originale de son prochain film, intitulé "La vallée". Le quatuor n'est pas forcément emballé, ayant beaucoup évolué musicalement au cours de ces trois dernières années, et le film étant en plus, objectivement, nettement moins convaincant que "More" - il est quasiment inregardable aujourd'hui. Résultat: la bande à Waters ne se foule objectivement pas beaucoup... Il est ainsi de bon ton de considérer cet album comme mineur au sein de la discographie floydienne...et c'est pas faux. Parce que ces dix titres sont "normaux" - deux seulement franchissent la barre des cinq minutes - et qu'il n'y a aucune avancée musicale notable par rapport aux albums précédents. Mais jeter aux orties ce disque par principe serait quand même une erreur, étant donné qu'il y a de très jolis passages dessus: la ballade "Wot's...uh the deal" (que Gilmour rejouera lors de sa tournée 2006), la presque country "Free four", la punchy "Childhood's end" (qui annonce l'album à venir, cf. l'enchaînement d'accords qu'on retrouvera sur "Breathe" et le tic-tac à la basse qu'on retrouvera sur "Time"), les deux instrumentaux d'ouverture sympathiques... Bref, on ne se relèvera pas la nuit pour réécouter ce disque, mais c'est loin d'être une honte auditive non plus.




The Dark Side Of The Moon
1er mars 1973
Production: Pink Floyd

Résumer en quelques lignes cet album qui, objectivement, a marqué l'histoire de la musique de la seconde moitié du 20ème siècle, est une gageure... Disons que les Pink Floyd réussissent à cet instant précis un album d'une cohérence exceptionnelle, comportant un nombre extraordinaire d'idées originales d'arrangements, et qui en plus va rencontrer un succès commercial colossal. Tous les morceaux s'enchaînent les uns aux autres, un même thème revient régulièrement tout au long de l'album (l'enchaînement mi mineur / la majeur, sur "Breathe", "Breathe (reprise)", "The great gig in the sky" et "Any colour you like"), et Waters écrit pour la première fois tous les textes, ces derniers évoquant la folie, les travers de la société contemporaine, l'argent, la mort, bref ça ratisse large. Et que dire des chansons? "Breathe" tout en délicatesse, "On the run" qui invente quasiment à elle toute seule l'electro, "Time" avec son intro et son solo mythiques, "The great gig in the sky" et la performance vocale ahurissante de Clare Torry, "Money" et ses pièces de monnaie, "Us and them" et son refrain sublime, "Any colour you like" en guise de transition, et enfin le duo "Brain damage" / "Eclipse" qui achèvent l'album (et l'auditeur), album qui se termine comme il commence: par un battement cardiaque (en fait la grosse caisse de Mason!). Pour l'anecdote, la maison de disques insista pour que le groupe choisisse un morceau comme single: le quatuor, pas convaincu du tout, jeta son dévolu sur "Money", persuadé qu'une chanson de plus de 6 minutes, avec changement de rythme en plein milieu, ne rencontrerait jamais le succès... Pour le coup, ça s'appelle se planter complètement! Mais ce succès gigantesque (plus de 700 semaines consécutives dans les charts américains, record absolu) va aussi marquer le début des problèmes en tous genres pour le groupe...

Suite à l'énorme tournée qui suivit la sortie de cet album, le groupe s'octroie un break en 1974, mais lorsqu'il retourne en studio, c'est la grosse angoisse. Les gars se regardent sur le mode: "et maintenant on fait quoi???". Hé oui, que faire après un tel album et un tel succès? De l'avis unanime, le groupe passe à ce moment-là à deux doigts de la séparation. Finalement, c'est en songeant à Syd Barrett, qu'ils avaient viré de façon si cavalière sept ans auparavant, que le groupe va parvenir à rebondir. Gilmour, Waters et Wright vont collaborer de façon étroite pour la dernière fois pour composer un morceau dédié à leur ancien mentor ("Shine on you crazy diamond"), qu'ils vont tester sur scène avec deux autres nouveaux morceaux ("Raving and drooling" de Waters et "You gotta be crazy", principalement de Gilmour). De retour en studio, ils décident d'écarter ces deux derniers morceaux, pas dans le ton, et de réaliser un album uniquement consacré au thème de l'absence en général. Ce sera...


Wish You Were Here
12 septembre 1975
Production: Pink Floyd


La pièce maîtresse de cet album est donc cet élégiaque "Shine on you crazy diamond". Composé de plusieurs mouvements, ce morceau long de plus de 25 minutes est peut-être ce que Pink Floyd a réalisé de plus abouti musicalement, la collaboration entre Gilmour, Waters et Wright étant particulièrement étroite et réussie. Les paroles évoquent directement Syd Barrett, et la musique aussi, lorsque l'on entend Wright à la toute fin du morceau égréner au clavier le thème de "See Emily play"... Le groupe va décider de scinder ce morceau en deux parties, l'une ouvrant et l'autre clôturant le disque, ce qui demeure un choix discuté par bon nombre de fans. Il n'empêche, quand bien même certains passages sont moins réussi que d'autres, "Shine on you crazy diamond" reste une oeuvre collective parfaitement maîtrisée. Entre ces deux parties, on trouve trois chansons normales: la flippante "Welcome to the machine" (qui annonce le climat anxiogène de The Wall), la plus légère "Have a cigar" (chantée par Roy Harper, qui se trouvait dans le studio voisin au moment de l'enregistrement du morceau) et bien évidemment la ballade qui donne son titre à l'album, symbole à elle seule de la formidable complémentarité musicale de Gilmour et Waters. Wish You Were Here demeure l'album préféré des membres du groupe et de bon nombre de fans, peut-être parce que les Pink Floyd n'ont jamais paru aussi humains que sur ce disque.




Animals
23 janvier 1977
Production: Pink Floyd

Pour cet album, qui sort alors que la mouvance punk émerge, Waters va recycler le concept de "La ferme des animaux" de George Orwell et diviser l'humanité en chiens, cochons et moutons. Recyclage toujours car le groupe ressort des cartons les morceaux joués lors de la tournée 1974 "You gotta be crazy" (qui devient "Dogs") et "Raving and drooling" (qui devient "Sheep"). Wright, qui commence sa dépression suite à son divorce et à son début de toxicomanie, ne fournit plus de compositions au groupe. En parallèle, Gilmour durcit énormément son jeu et son son de guitare. Tout cela fait que Animals est sans doute le disque le plus agressif du groupe, si l'on excepte les deux mini ballades acoustiques "Pigs on the wing" qui ouvrent et ferment l'album. Les trois autres longs morceaux sont donc portés par une véritable rage, et si beaucoup de passages sont excellents, on peut néanmoins regretter que, du fait de l'absence de véritable composition collective, chaque morceau manque un peu de variété - le pont de "Dogs" notamment est interminable. "Sheep" échappe à la règle car, bien que signée officiellement du seul Waters, elle doit beaucoup à Wright pour l'intro et à Gilmour pour l'outro (ah ce riff !!!). A noter une pochette splendide, réalisée sans trucage, un cochon gonflable ayant bien survolé l'usine de la Battersea Station pour l'occasion...

La tournée qui suit ("In the flesh Tour") demeure de l'avis général la meilleure tournée de l'histoire floydienne. Toutefois, le groupe commence à souffrir de se produire dans des stades de plus en plus imposants et d'être de fait de plus en plus déconnectés de leurs fans. Le summum de l'incompréhension est atteint lors de l'ultime date de la tournée, à Montréal, où Waters, excédé par le comportement d'un fan surexcité et visiblement défoncé et/ou alcoolisé, lui crache au visage en plein "Pigs". De là lui vient l'idée suivante: et si le groupe élevait physiquement un mur entre lui et son public?

Sentant que Waters commence de fait à prendre quasi totalement les rênes du groupe, Gilmour et Wright publient chacun en 1978 leur premier album solo, qui ne resteront pas dans les annales. Pendant ce temps-là, Waters élabore les demos de deux (!) albums-concepts: l'un raconte ses fantasmes ("The pros and cons of hitch-hiking"), l'autre la vie d'une rockstar ressemblant étrangement à un croisement entre Waters lui-même et Syd Barrett, rockstar devenant complètement barjo et s'isolant du reste du monde derrière un mur symbolique. Le reste du groupe accroche plus à ce dernier concept, baptisé "The Wall", mais le quatuor tombe d'accord sur le fait qu'il leur faut une aide extérieure pour agencer tout cela. Leur choix se porte sur Bob Ezrin, jusque là producteur de Lou Reed, Alice Cooper ou Peter Gabriel.

Le souci, c'est qu'en parallèle de tout cela, Pink Floyd implose lentement mais sûrement. Le groupe est victime d'une arnaque, les personnes chargées de gérer leur fortune étant parties avec la caisse, et en plus sans payer les impôts dus par le quatuor, qui se retrouve obligé donc d'émigrer dans le sud de la France pour enregistrer l'album. Au milieu de l'année 1979, leur maison de disques leur propose une confortable avance s'ils terminent le disque avant Noël. Gilmour, Mason et Waters acceptent d'écourter leurs vacances. Wright, de plus en plus à la dérive psychologiquement parlant, non. Waters met Gilmour et Mason devant le fait accompli: Wright est devenu un poids mort, voire peut mettre le groupe en péril, il faut le virer. Les deux autres regardent leurs chaussures. Et voilà comment Wright apprend à son retour de congés qu'il est viré, tout juste réussira-t-il à négocier le fait de terminer l'album et de participer à la tournée qui suivra. C'est donc dans une ambiance de saine camaraderie que sort...




The Wall
30 novembre 1979
Production: Bob Ezrin, David Gilmour & Roger Waters

Comme tout opéra-rock qui se respecte, The Wall divise énormément. Certains pourront y voir une oeuvre prétentieuse, Waters prenant l'auditeur pour son psychiatre en étalant tous ses problèmes personnels - son rapport avec sa mère et les femmes en général, la paranoïa de la rockstar, la drogue... - sur fond de hurlements en tous genres et de télés fracassées. Les autres y verront une oeuvre visionnaire, tant les thèmes abordés - la guerre, la solitude, les drogues... - demeurent d'actualité, le tout servi par une production extrêmement sophistiquée. En étant le plus objectif possible: oui, l'écoute de The Wall d'une traite est éprouvante, tant le climat d'angoisse et de claustrophobie y est pesant. Oui, certaines chansons flirtent avec le grotesque, et personne de normalement constitué va s'amuser à écouter "Don't leave me now" ou "The trial" indépendamment du reste de l'album. Oui, l'histoire de Pink, rockstar ayant des problèmes similaires à ceux de Barrett ET de Waters peut faire doucement rigoler. Mais, en parallèle, oui, il y a une production époustouflante, malgré la quasi absence des claviers de Wright. Oui, il y a de très grandes chansons: "Another brick in the wall" (déclinée en trois parties) bien sûr, mais aussi "Mother", "Goodbye blue sky", "Hey you" ou "Nobody home", toutes signées du seul Waters, ou encore "Run like hell", co-signée Gilmour/Waters et portée par un riff dévastateur. Et puis il y a bien évidemment "Comfortably numb". Apogée de la collaboration entre Gilmour et Waters, ce morceau demeure le préféré des fans, et le solo final de Gilmour est régulièrement cité comme étant "le plus grand de tous les temps". Dans cette version originale, il ne dure "que" deux minutes, mais possède un son phénoménal. En résumé, il faut avoir écouté The Wall en entier une fois dans sa vie: qu'on aime ou pas, ça vaut le coup.




The Final Cut
21 mars 1983
Production: Roger Waters, James Guthrie & Michael Kamen


Toute la complexité de ce disque est résumé au verso de la pochette: "un requiem pour le rêve d'après-guerre par Roger Waters, interprété par Pink Floyd". Pas encore complètement un album solo de Waters, plus vraiment un disque de Pink Floyd, The Final Cut est un peu un album schizophrène. Pink Floyd, réduit désormais au seul trio Gilmour / Mason / Waters, est donc devenu uniquement le moyen utilisé par ce dernier pour véhiculer son message pacifiste et interpréter ses morceaux. Des morceaux en l'occurrence inspirés par la guerre des Malouines déclarée par Thatcher à l'Argentine, et aussi pour certains d'entre eux récupérés des sessions de The Wall - ils en avaient été écartés par manque de place. Gilmour, qui ne parvient plus à caser une seule de ses compositions et doit se contenter de chanter un seul morceau ("Not now John"), est furieux de la tournure des événements et refuse d'être crédité parmi les producteurs de l'album. Mason, tétanisé par l'ambiance cauchermardesque qui règne dans le studio, est remplacé sur un titre ("Two suns in the sunset") qu'il ne parvient pas à jouer. Bref, sur le papier, The Final Cut est un disque mortifère joué par un groupe à l'agonie. Sauf que, si on s'y attarde un peu, on se rend compte qu'il est très bon. Certes, il y a des redites par rapport à The Wall, que ce soit musicalement ou au niveau des arrangements (coucou les bombes et les hurlements), mais la grande majorité des morceaux écrits par Waters sont d'excellente facture. "The post war dream", "The Fletcher memorial home", "Southampton dock", "The final cut", "Two suns in the sunset" et l'immense "The gunners dream" font partie de ce que le père Roger a écrit de mieux. En plus, Gilmour claque des solos grandioses sur plusieurs morceaux, ce qui ne gâte rien. Enfin, l'album est d'une durée "normale" (45 minutes et des brouettes), ce qui le rend beaucoup plus digeste que son prédécesseur. Si on se résume: ne pas réduire The Final Cut à son côté "oraison funèbre", il vaut beaucoup mieux que ça.

En 1984, Gilmour sort son deuxième album solo ("About Face") et Waters son premier ("The Pros And Cons Of Hitch-Hiking", le projet auquel "The Wall" avait été préféré par Pink Floyd cinq ans auparavant). Puis une réunion au sommet entre les trois membres de Pink Floyd et leurs divers conseillers a lieu pour évoquer le futur du groupe. Là, que se passe-t-il? Difficile de le savoir! Dans son autobiographie, Mason, soucieux de ne fâcher personne, évoque le fait que chaque partie est rentrée chez elle en comprenant complètement de travers la position de l'autre partie, ce qui paraît assez ahurissant compte tenu des enjeux.

Reste que Waters annonce à la maison de disques qu'il quitte Pink Floyd pour se consacrer à sa carrière solo, et que le groupe est de ce fait "créativement mort". Sauf que Gilmour ne l'entend absolument pas de cette oreille: il rameute Mason et surtout Wright, toujours au fond du gouffre psychologiquement parlant, afin de transformer ce qui devait être son troisième album solo en album de Pink Floyd.

Waters est furibard, la Justice est saisie sur le point de savoir en gros qui a le droit de s'appeler Pink Floyd. Histoire d'être dérangés le moins possible par les avocats anglais, Gilmour & co partent enregistrer une partie de l'album aux Etats-Unis, le décalage horaire leur permettant d'éviter d'être trop harcelés au téléphone... L'enregistrement de l'album est extrêmement pénible: Mason et Wright sont complètement aux fraises et ne participent finalement que très peu à l'enregistrement (et pas du tout à la composition), Gilmour hésite sur le point de faire un nouvel album-concept ou une succession de chansons "normales", il galère pour trouver des paroliers qui le satisfassent... Heureusement, avec Bob Ezrin comme co-producteur, il parvient tant bien que mal à avancer.

Le coup de grâce est donné à Waters lorsque Gilmour annonce une tournée mondiale de Pink Floyd - la première depuis 1977 - alors même que le nouvel album n'est pas terminé. La première date de la tournée est mise en vente, et les billets partent en trois heures - et Internet est encore loin d'être inventé... Bref, Waters doit s'incliner la mort dans l'âme, et c'est donc un Pink Floyd 3.0 qui publie...




A Momentary Lapse Of Reason
7 septembre 1987
Production: Bob Ezrin & David Gilmour

A part le nom du groupe, bien malin qui trouverait un point commun entre cet album et son prédécesseur... Gilmour l'avait martelé dans les interviews: il voulait retrouver le son floydien typique du milieu des années 70, et délaisser les climats anxiogènes propres à Waters. Pour le coup, disons-le franchement: c'est raté. Gilmour et Ezrin ont surtout voulu sonner "dans l'air du temps", et l'album sonne terriblement daté, avec des sons estampillés eighties à mort. Ce n'est pas trop gênant sur la première partie de l'album: à part un "Dogs of war" ampoulé comme pas permis, les compositions sont plutôt bonnes. Joli "Signs of life" instrumental en ouverture (mais ce son de guitare années 80 mon Dieu...), deux singles efficaces ("Learning to fly" et "One slip") et une magnifique ballade avec solo de guitare homérique à la clef ("On the turning away"). La seconde moitié du disque, en revanche, est ratée. "Yet another movie / Round and around" manque de réelle mélodie, les deux mini "A new machine" n'auraient jamais constitué des morceaux en tant que tels dix ans auparavant (à la rigueur ils auraient constitué des passages au milieu de morceaux de 25 minutes), et "Terminal frost" peut candidater au titre de pire morceau de l'histoire du groupe, sonnant comme le générique d'un documentaire animalier de quatrième partie de soirée - et encore, le saxophone est tenu par John Helliwell de Supertramp! Seule "Sorrow", qui clôture le disque, sauve les meubles, notamment par son début et sa fin, portées par le jeu magistral de Gilmour. Un disque pas convaincant donc, malgré une pochette sublime (et réalisée sans trucage!). En revanche, la tournée qui suivra sera un immense triomphe et amènera le groupe à publier sept ans plus tard un nouvel album autrement réussi...

En 1987 toujours, Waters publie son deuxième album solo, "Radio K.A.O.S.", qui souffre exactement des mêmes maux que "A Momentary Lapse Of Reason". Puis il remonte "The Wall" à Berlin en 1990 avec plein de copains (Scorpions, Bryan Adams, Cindy Lauper...) pour fêter la chute du mur. Et en 1992, il publie "Amused To Death", certainement son meilleur album à ce jour, étant varié et explorant des contrées musicales inédites chez Waters. De son côté, Pink Floyd se remet en mouvement lentement après la fin de la tournée mondiale épuisante qui aura duré deux ans - de 1988 à 1990 - pour finalement publier...





The Division Bell
28 mars 1994
Production: Bob Ezrin & David Gilmour

Le contexte qui préside à l'élaboration de ce nouvel album est radicalement différent de celui dans lequel A Momentary Lapse Of Reason avait été enregistré. Le groupe va élaborer ensemble plusieurs morceaux, jusqu'à obtenir ce qu'ils qualifieront eux-mêmes d'une soixantaine de "pièces de musique". Ils vont finalement en conserver onze, dont cinq sont signées ou cosignées par Wright. Le retour en forme de ce dernier s'entend très nettement, ainsi que le fait que le groupe ait joué "live" beaucoup de parties. On retrouve une chaleur dans le son, la profondeur floydienne typique, plus vraiment entendue depuis...Wish You Were Here. Côté paroles, Gilmour a résolu le problème en chargeant sa compagne - et future épouse -, la journaliste et écrivain Polly Samson, d'écrire la plupart des textes de l'album. Tout cela fait de The Division Bell un album homogène et typiquement floydien. Cela ne signifie pas qu'il soit parfait, on a quand même quelques sorties de route ("Poles apart" un peu longuette, "Take it back" qui sonne comme du sous-U2, "Keep talking" qui ne sert pas à grand-chose). Mais on a aussi de vraies réussites: un instrumental signé Gilmour/Wright grandiose ("Marooned"), une composition de Wright interprétée par ce dernier ("Wearing the inside out"), la petite soeur de "Wish you were here" ("Lost for words"), et bien évidemment l'un des plus beaux morceaux de l'histoire du groupe, toutes périodes confondues: "High hopes", qui vient clore l'album avec un solo de guitare slide extraordinaire de Gilmour. L'album sera un succès commercial considérable, et la tournée mondiale qui suivra (nettement réduite par rapport à la précédente) idem.

A la fin de la tournée, Gilmour prend la décision de mettre en sommeil Pink Floyd et de se consacrer davantage à sa famille. Wright, qui par contre a retrouvé une patate d'enfer, publie en 1996 "Broken China", un excellent disque quoique pas évident d'accès. Côté Waters en revanche, c'est le silence radio, jusqu'en 1999 où il va partir en tournée mondiale pendant trois ans, puis sortir un opéra (si si) sur la Révolution française, "Ca ira". Gilmour sort quant à lui temporairement de sa retraite en 2001 et 2002 pour des concerts acoustiques donnés à Londres et Paris. 

Puis en 2005, c'est l'événement auquel personne ne s'attendait: Bob Geldof, qui avait joué le rôle de Pink dans l'adaptation cinématographique de "The Wall", organise les méga-concerts de charité Live8, et parvient à convaincre Gilmour, Mason, Waters et Wright de rejouer ensemble pour l'occasion. Pink Floyd renaît de ses cendres une ultime fois pour jouer quatre titres ("Breathe", "Money", "Wish you were here" et "Comfortably numb"). Le lendemain de leur prestation, les ventes de leur best of augmentent de plus de 1000 % (ils reverseront les royalties au Live8) et de nombreux promoteurs leur font des offres pharaoniques pour une nouvelle tournée. Mais, pour le coup, Gilmour et Waters sont raccords sur ce point-là: pas question de brader le nom du groupe pour une question d'argent et se lancer dans une tournée où tout le monde serait quand même un peu tendu (euphémisme).

En 2006, Gilmour publie "On An Island", disque solide qui bénéficie de l'apport de Wright aux claviers. Une tournée mondiale suit (avec toujours Wright dans les bagages de Gilmour) au cours de laquelle "Echoes" sera jouée, pour le plus grand bonheur des fans. En parallèle, Waters part lui aussi en tournée mondiale avec...Mason, dans un show dont la deuxième partie est consacrée à l'intégralité de "Dark Side Of The Moon". 2006 est aussi marquée par le décès de Syd Barrett à l'âge de 60 ans, notamment des suites d'un diabète sévère.

En 2008, c'est au tour de Rick Wright de décéder à l'âge de 65 ans des suites d'un cancer. Sa mort met un sérieux coup au moral de Gilmour, qui avait retrouvé les années précédentes un réel plaisir à rejouer avec son vieux compère. De 2010 à 2013, Waters part en tournée avec "The Wall" et offre un spectacle à couper le souffle en terme de scénographie.

Et puis, à l'été 2014, Polly Samson tweete que le nouvel album de Pink Floyd sortira à l'automne. On croit à un abus de substances illicites ou à un poisson d'avril tardif, mais non...




The Endless River
7 novembre 2014
Production: David Gilmour, Youth, Phil Manzanera, Andy Jackson & Bob Ezrin

Commande de la maison de disques? Hommage sincère à Wright? Un peu des deux? Seuls Gilmour et Mason le savent, mais toujours est-il que Gilmour, retombant sur les "pièces de musique" écartées de Division Bell, va entreprendre de les retravailler, avec l'aide précieuse de Phil Manzanera, pour aboutir à cet album, instrumental à plus de 80%. Ce disque est éminemment paradoxal, car ses forces sont aussi ses faiblesses. On entend ainsi Gilmour, Mason et Wright "faire du Floyd" à 101%, à tel point que bon nombre de passages rappellent d'autres morceaux ("Cluster one", "Run like hell", "Us and them", "Marooned", "Shine on you crazy diamond", voire même "A saucerful of secrets"...). On a l'impression d'être avec eux dans le studio, assistant à l'élaboration de morceaux portés par le son floydien. C'est à la fois très agréable...et très frustrant. Car, malgré tous les efforts de Gilmour & co, cela reste de l'élaboration de morceaux, et on est souvent à la limite de la musique d'ascenseur (toute la "side 1" notamment). Heureusement que la "side 2" et une bonne partie de la "side 3" sont d'excellent niveau et savent capter l'attention de l'auditeur, sinon ce dernier aurait piqué du nez depuis longtemps. L'album se conclue par le seul morceau chanté, ironiquement baptisé "Louder than words", et qui, selon toute vraisemblance, clôt définitivement la discographie studio de Pink Floyd.

2015: Gilmour publie l'album "Rattle That Lock" et part en tournée mondiale.
2017: Waters sort son premier véritable album en 25 ans, "Is This The Life We Really Want?", et part en tournée mondiale également.




ALBUMS LIVE

Curieusement, la discographie de Pink Floyd est extrêmement maigre en termes d'albums live, puisque trois seulement sont parus, hors coffrets / éditions spéciales.


Delicate Sound Of Thunder
22 novembre 1988
Enregistré entre le 19 et le 23 août 1988 au Nassau Coliseum de New York
Production: David Gilmour

Témoignage de la tournée mondiale ayant suivi la sortie de A Momentary Lapse Of Reason, ce double album live retranscrit assez fidèlement ce à quoi pouvait ressembler un concert-type du Pink Floyd de l'époque. Une première partie entièrement consacrée au nouvel album, à l'exception du "Shine on you crazy diamond" d'intro. Bon point: les morceaux tirés de A Momentary Lapse Of Reason se révèlent nettement plus convaincants sur scène que leurs versions studio; on notera notamment une splendide version de "On the turning away", avec intro rallongée et solo final trois étoiles. Le second CD, c'est Pink Floyd en mode best of, avec tous les tubes incontournables. On notera une version aussi légère qu'un hippopotame souffrant d'aérophagie de "Another brick in the wall", et un pont quasi reggae très curieux (on aime ou pas) sur "Money". Versions sans surprises sinon, si ce n'est un solo de "Comfortably numb" grandiose.




P.U.L.S.E.
29 mai 1995
Enregistré entre le 17 août et le 29 octobre 1994 à Londres, Modène, Rome et Hanovre
Production: James Guthrie & David Gilmour

Nous sommes donc cette fois sur la tournée post-Division Bell, avec un double CD au packaging luxueux - les premiers exemplaires étaient même équipés d'une diode rouge qui clignotait! Au menu, un premier CD mêlant anciens et nouveaux morceaux - mention spéciale à "Astronomy domine", premier morceau du premier album du groupe. Sur le deuxième CD, le groupe a fait le choix de publier l'intégralité de The Dark Side Of The Moon, album qu'il jouait effectivement dans sa totalité sur certaines dates de la tournée. Evidemment ça ne vaut pas l'original, mais on passe quand même un bon moment. Au rappel, "Wish you were here", "Comfortably numb" et "Run like hell". Pas de surprise donc, et on pourra préférer le support DVD au support CD pour cet album.




Is There Anybody Out There? The Wall Live 1980-81
23 mars 2000
Enregistré du 7 au 9 août 1980 et du 13 au 17 juin 1981 à Londres.
Production: James Guthrie

Vingt ans après, voici donc que sort un témoignage audio de ce que furent les - rares - concerts donnés par le quatuor lors de la mini-tournée ayant suivi la parution de The Wall. Au programme donc: The Wall, et c'est tout. Musicalement ça tourne très rond, malgré les claviers de Wright en retrait et un son de guitare de Gilmour assez inhabituel, presque "gras". Waters prend son rôle de Pink très à coeur, et l'entendre engueuler les spectateurs est assez cocasse ("is there anybody WEAK in the audience tonight???"...). L'occasion aussi d'entendre certains - courts - morceaux écartés de la version finale par manque de place ("What shall we do now?" et "The last few bricks"). A réserver quand même aux vrais fans de l'oeuvre originale.




DVD


Live At Pompeii

En 1972, Adrian Maben décide de filmer le groupe pour un concert très spécial: dans le théâtre antique de Pompéi et...sans spectateurs! Le résultat est assez fascinant, surtout que le groupe fait la part belle aux morceaux bien planants ("Echoes", "Set the controls for the heart of the sun", "A saucerful of secrets"...). Même si certains morceaux ont été retravaillés ensuite en studio, la performance musicale est de premier ordre. Mais surtout, entre les morceaux, on voit le groupe enregistrer ce qui deviendra Dark Side Of The Moon. Et là, c'est grandiose: entre Waters qui maltraite son synthé, Gilmour qui enregistre des contre-chants guitaristiques grandioses sur "Brain damage" (qui ne sont d'ailleurs pas audibles sur la version finale), Wright qui pose les accords de "Us and them" au piano, et Mason qui réclame en vain une part de tarte sans croûte, c'est à consommer sans modération!




Pink Floyd - The Wall

Paru en 1982, et réalisé par Alan Parker (à qui on devait "Midnight Express" quelques années auparavant), ce film est donc l'adaptation cinématographique de l'album du même nom. Si le disque ne respirait pas la joie de vivre, le film bat tous les records à ce niveau-là. Bob Geldof campe un Pink plus flippant que nature, les scènes cauchemardesques se succèdent sans répit, et même les passages en mode "dessin animé" assurés par Gerald Scarfe donnent envie de se pendre (les fameux marteaux symbolisant des soldats marchant au pas). Côté BO, très peu de morceaux retouchés ("Mother" surtout), un inédit ("When the tigers broke free"), et puis c'est tout. A l'instar de l'album, le film divisera grandement les critiques, certains saluant la mise en scène de Parker, d'autres fustigeant le côté "clip de 95 minutes" de l'oeuvre. Chacun jugera!




P.U.L.S.E.

Filmé lors du dernier concert de la tournée 1995, ce DVD permet enfin de voir la machine floydienne à l'oeuvre lors d'un "vrai" concert. La qualité de l'image n'est pas exceptionnelle mais ça se laisse voir quand même, surtout que la réalisation est en revanche excellente. Le répertoire joué ce soir-là permet aussi la sortie de toute la cavalerie floydienne, avec le cochon de "One of these days", l'avion qui se crashe de "On the run" et la boule à facettes géante de "Comfortably numb". Bref, à avoir!

A signaler également l'existence de deux excellents documentaires sur les coulisses de l'enregistrement de deux albums marquants du groupe ("The making of "Dark Side Of The Moon"" et "The story of "Wish you were here""), ainsi qu'un documentaire sur les toutes premières années du groupe ("The Pink Floyd And Syd Barrett Story"). Attention, pour ce dernier, les sous-titres français n'existent pas! Enfin, ne pas oublier le coffret 4 DVD du Live 8, qui contient donc la dernière apparition du Floyd à quatre.




COMPILATIONS


Relics
14 mai 1971

Comme son nom l'indique, compilation regroupant des "reliques", soit des morceaux des premiers albums ainsi que des singles et leurs faces B non présents sur les albums en question ("Arnold Layne", "See Emily play", "Paint box", "Julia dream") et un inédit ("Biding my time"). 




A Collection Of Great Dance Songs
23 novembre 1981

S'il y a bien un best of à éviter, c'est celui-là. Sortie histoire de meubler l'actualité du groupe (on est entre The Wall et The Final Cut), cette compilation ne contient que six titres, certains tronçonnés curieusement ("Shine on you crazy diamond"), d'autres avec une intro rajoutée ("Another brick in the wall"), et surtout, pour des questions de droit, "Money" a été entièrement réenregistrée par le seul Gilmour, qui y tient tous les instruments! Best of donc complètement loupé, malgré une pochette splendide.




Works
18 juin 1983

Fait un peu doublon avec Relics, car centrée sur les premières années du groupe. Intérêt principal; contient l'inédit "Embryo".




Echoes: The Best Of Pink Floyd
5 novembre 2001

S'il ne faut avoir qu'un best of de Pink Floyd, c'est celui-là. Double album ultra rempli (les deux CD durent respectivement 76 et 78 minutes), avec des morceaux choisis par le groupe lui-même - ce qui va occasionner de nouvelles prises de bec... - et agencés par James Guthrie, qui va faire en sorte que tous les morceaux s'enchaînent sans pause. Certes, il y a eu des choix à faire: "Echoes" ne fait plus "que" 16 minutes, "Marooned" est amputée de sa seconde moitié... Mais à côté de cela, il y aussi la volonté de faire découvrir tous les aspects floydiens, avec par exemple cinq morceaux signés Barrett, et la présence du morceau "When the tigers broke free" jusqu'alors uniquement entendu dans le film The Wall. Une excellente porte d'entrée dans l'univers floydien.




The Best Of Pink Floyd: A Foot In The Door
7 novembre 2011

Ne présente strictement aucun intérêt par rapport à la compilation précédente, puisque se contente d'aligner des morceaux sans aucun inédit et surtout sur un seul CD...




Cre/ation: The Early Years 1967-1972
11 novembre 2016

Double CD piochant dans le somptueux coffret The Early Years , qui regroupe un nombre impressionnant d'inédits, demos, versions live, archives vidéo inédites... Permet ainsi d'avoir le meilleur de tout cela pour un prix raisonnable, car le prix du coffret atteint lui certains sommets... A noter la présence d'une version live d'"Atom heart mother" très intéressante car jouée par le groupe seul, sans orchestre et sans choeurs.

samedi 23 décembre 2017

The Cure: rockumentaire en vue

Tim Pope l'a confirmé: pour les 40 ans du groupe, il va sortir un rockumentaire sur l'histoire des Cure, avec plein d'images d'archives jamais vues et la voix off de Robert Smith lui-même. Vivement 2018!

vendredi 22 décembre 2017

Oasis: du rabibochage en vue

Incroyable mais vrai: Liam Gallagher a décrété une "trêve" et a envoyé un twitter plein d'amûûûûr à son frère Noel... Il a beau désamorcer le truc juste après en disant qu'une reformation d'Oasis n'est pas à l'ordre du jour, forcément ça interpelle...

A lire ici.

jeudi 21 décembre 2017

Primavera 2018: quelle affiche?

Les organisateurs ont dévoilé une vidéo au cours de laquelle ils montrent à 10 spectateurs le line-up de l'édition 2018 du festival. Alors soit on a affaire à des excellents acteurs, soit on va avoir droit à l'affiche du siècle... C'est visible ici.

Niveau rumeurs (il en faut bien): Bjork, Nick Cave et Nine Inch Nails. A suivre...

mercredi 20 décembre 2017

La pépite du jour: Beach House - "Space song"

Encore un duo américain féminin / masculin, avec un morceau datant de 2015, extrait de l'album Depression Cherry. Les fans de trash metal passeront leur chemin, par contre les amateurs d'atmosphères onirico-planantes devraient être satisfaits de ce voyage...spatial.


Paroles & musique: Victoria Legrand & Alex Scally.
Production: Beach House & Chris Coady.

mardi 19 décembre 2017

Festival de Nîmes: l'affiche se dessine

17 juin: Simple Minds + Texas
20 juin: Marilyn Manson
22 juin: Calogero
23 juin: Ennio Morricone
28 juin: Orelsan
29 juin: Julien Clerc + Véronique Sanson
30 juin: Kids United
4 juillet: IAM
5 juillet: Vianney + Cats on trees
8 juillet: Lenny Kravitz
12 juillet: Jamiroquai
13 juillet: Indochine
17 juillet: Sting
18 juillet: Massive Attack + Young Fathers
19 juillet: Bigflo & Oli
22 juillet: Shaka Ponk

Une programmation des plus éclectiques!

lundi 18 décembre 2017

La nouveauté du jour: Morrissey - "Jacky's only happy when she's up on the stage"

Même si Morrissey peut se révéler agaçant en interview - et c'est un euphémisme -, le gars possède quand même un sens de l'auto-dérision assez important... En témoigne le clip de son dernier single (single qui en plus est loin d'être mauvais).


Paroles & musique: Boz Borrer & Morrissey.
Production: Joe Chiccarelli.

dimanche 17 décembre 2017

La nouveauté du jour: QTY - "Rodeo"

Non non, ce n'est pas un excellent inédit de Lou Reed, mais bien le titre d'un duo new-yorkais qui vient de sortir son premier album, et c'est très bon!


jeudi 14 décembre 2017

La petite chronique du jour: Noel Gallagher's High Flying Birds - Who Built The Moon?


Entre les déclarations du père Noel et les premiers extraits distillés ça et là, on attendait beaucoup de ce troisième album de celui que les fans surnomment amicalement "The chief". Allait-il franchir le Rubicon et nous livrer un album psychédélique complètement débridé? Hé bien la réponse est "pas complètement". Et c'est bien dommage. Car, de ce fait, le disque n'est lui non plus "pas complètement" convaincant.

"Fort Knox" en ouverture, en mode "instrumental surgonflé" comme "Fuckin' in the bushes" pouvait l'être sur l'album d'Oasis Standing On The Shoulder Of Giants fait le job en tant qu'intro. "Holy mountain", premier single extrait, déboule derrière, et il faut bien l'admettre, au bout d'un moment on l'a dans la tête ce morceau. Malgré le flûtiau débilos, la production un peu trop fouillis et la voix un brin forcée de Noel, ça sent le futur classique des concerts.

Tout le contraire de "Keep on reaching". Alors là, désolé, mais on s'emmerde royalement, ça se mord la queue tout le long, Noel Gallagher chante trop haut pour sa tessiture naturelle, bref à oublier très vite. "It's a beautiful world", et là on comprend que Noel Gallagher a beaucoup traîné avec U2 ces derniers temps. Les parties instrumentales sur l'intro et entre les couplets semblent directement provenir des sessions d'Achtung Baby. Pas désagréable du tout, sauf que le refrain lui sonne comme du Coldplay de ces dernières années, pas tant dans la mélodie, plutôt jolie, mais surtout dans la production hyper FMisée, avec effets sur la voix et tout le toutim. Et que dire du pont scandé en français par une femme débitant un texte complètement abscons? Bref, on a l'impression que le morceau avait un plus gros potentiel que cette version finale.

"She taught me how to fly" c'est un peu l'inverse. Les couplets, c'est du NG en roue plus que libre, le refrain en revanche est bien sympa, avec une référence directe à Oasis ("Put your money where your mouth is..."). La production est toujours (sur)chargée, on aime ou pas, question de goût pour le coup. Par contre, j'ai beaucoup de mal à comprendre comment on peut kiffer "Be careful what you wish for", sur laquelle, en résumé, il ne passe rien. Pendant 5 minutes 40, c'est long, très long...

"Black & white sunshine": tiens, une inédite de R.E.M.! Le petit gimmick de guitare sonne comme celui de "Shiny happy people" (entre autres), c'est assez flagrant. Après l'emprunt du riff de "The one I love" sur "Morning glory", ça va finir par se voir... Morceau pas déplaisant, pas inoubliable non plus.

Premier interlude instrumental ensuite: bien foutu, sort des sentiers rebattus de manière convaincante. On valide. Validation aussi pour ma part pour "If love is the law". Alors oui, c'est du Gallagher à 101%, mais j'adore. On commence à retrouver les guitares acoustiques, les deuxièmes voix... En terrain connu pour le coup, certes, mais tellement bien tourné qu'on s'y laisse prendre.

Et ensuite badaboum, "The man who built the moon". Sorte de générique de James Bond oublié. Une énorme tuerie. Pourtant la production est une nouvelle fois éléphantesque (cordes, cuivres, choeurs, tout y passe), mais voilà, quand la musique est bonne (merci JJG) ça le fait. Noel Gallagher a le bon goût de ne pas forcer sa voix en plus. Réussite totale. Certitude: il sait toujours écrire de grands morceaux.

Le deuxième interlude ensuite, puis pour terminer une version "live acoustique guitare / piano" jouée à une radio dublinoise en 2015 d'un morceau intitulé "Dead in the water". Pas de doute, il a gardé le meilleur pour la fin. Certes, c'est évidemment du déjà entendu pour tout amateur d'Oasis qui se respecte, il ne réinvente rien...mais c'est beau quoi, y'a pas à tortiller.


Et voilà comment se termine cet album en forme de montagnes russes. Noel Gallagher a eu le mérite d'aller voir ailleurs, de sortir de sa zone de confort, mais honnêtement, la mayonnaise ne prend pas tout le temps, voire est parfois franchement indigeste. En revanche, toute la fin du disque est de très très haute volée, et prouve que ce gars est malgré tout l'un des songwriters les plus doués de sa génération.

mercredi 13 décembre 2017

La nouveauté du jour: MGMT - "When you die"

Nouvel extrait de l'album à venir. Pour faire simple: la chanson et le clip sont complètement barrés!


Vieilles Charrues: l'affiche se dessine

Les principales têtes d'affiche sont donc les suivantes:

19 juillet: Depeche Mode
20 juillet: Jain, IAM, Liam Gallagher
21 juillet: Gorillaz, Massive Attack
22 juillet: Orelsan, Véronique Sanson (qui fera la clôture a priori)

Affiche complète et infos ici.

mardi 12 décembre 2017

The Cure + guests à Hyde Park le 7 juillet 2018





Tout est sur l'affiche! "Only european show" par contre... Mise en vente des places vendredi 15 décembre au matin.

Lollapalooza Paris 2018

Programmation annoncée vendredi, certaines formules de pass sont déjà en vente depuis hier au prix de 129 €.

lundi 11 décembre 2017

La pépite du jour: Johnny Hallyday & Chris Isaak - "Blueberry hill" (live 2006)

Histoire de clôturer la salve des hommages à Johnny, sa reprise du standard "Blueberry hill", avec un des maîtres du genre, j'ai nommé Chris Isaak. C'était à La Cigale en 2006, et ça swinguait!


samedi 9 décembre 2017

La pépite du jour: Bright Eyes - "First day of my life"

Le groupe Bright Eyes est surtout le projet d'un seul homme, l'américain Conor Oberst, qui, en 2005, publie un magnifique album, I'm Wide Awake, It's Morning, qui contient le plus gros succès du groupe, et accessoirement un morceau comme on n'en pond pas dix par an. "First day of my life", magnifique exercice de songwriting, avec en prime un clip de toute beauté. Ca dure à peine trois minutes, savourez.


Paroles & musique: Conor Oberst.
Production: Mike Mogis.

vendredi 8 décembre 2017

La pépite du jour: Noel Gallagher's High Flying Birds - "God help us all"

Vous aurez droit un de ces jours à la chronique du dernier album de Noel Gallagher, mais juste pour le plaisir, cette pépite qu'il a mise en bonus track de l'édition...japonaise du CD! Une demo qu'il trimballait depuis dix ans maintenant, qu'on entendait vaguement dans le rockumentaire "Lord don't slow me down", hé ben en voici la version définitive. Et pas de doute, en mode ultra dépouillé, il a de beaux restes...


Paroles & musique: Noel Gallagher.

jeudi 7 décembre 2017

The Cure: quelque chose se prépare pour les 40 ans...

Tim Pope, ci-devant réalisateur de la majorité des clips des Cure, évoque sur twitter une très grosse sortie à venir célébrant les 40 ans de la création du groupe... Coffret CD? DVD? Les deux? A suivre... C'est ici, et si seulement la parution du DVD du fabuleux concert à Orange de 1986 (pour l'instant seulement disponible en VHS...) pouvait faire partie du lot...

mercredi 6 décembre 2017

Johnny Hallyday 1943-2017

Pas question de se lancer ici dans une rétrospective de la carrière de notre Johnny national, mais malgré les moqueries (souvent justifiées !) qu'il pouvait susciter, il restera un interprète hors du commun, capable de dynamiter n'importe quel morceau. A titre tout personnel, le morceau que je retiens de lui est "L'envie". Taillée sur mesure par Jean-Jacques Goldman, cette chanson, dans laquelle Hallyday disait se reconnaître volontiers, demeure un tour de force vocal et musical. La version donnée à Bercy en 1987 flanque des frissons, même après des dizaines d'écoutes. 


Tears For Fears en concert

Pour célébrer la parution d'un énième best of (avec deux titres inédits à la clef, mais bon...), les Tears For Fears repartent sur la route, et ils seront à Paris (Palais des Sports) le 18 mai prochain dans le cadre de ce "Rule the world tour". Pré-ventes disponibles dès ce matin ici.

mardi 5 décembre 2017

Main Square Festival (Arras): l'affiche se dessine

6 juillet: Queens Of The Stone Age / Nekfeu / Gojira / Paul Kalkbrenner / The Breeders
7 juillet: Depeche Mode / Liam Gallagher / Oscar & The Wolf / Feder / The Blaze / BB Brunes / Wolf Alice
8 juillet: Orelsan / IAM / Portugal The Man / Girls In Hawai / Loïc Nottet

D'autres noms à venir, mise en vente des places ce matin 10h sur http://www.mainsquarefestival.fr


lundi 4 décembre 2017

Bertrand Cantat: tournée confirmée

1er mars: La Rochelle (La sirène)
7 mars: Strasbourg (La laiterie)
9 mars: Dijon (La vapeur)
14 mars: Grenoble (La belle électrique)
16 mars: Istres (L'usine)
17 mars: Clermont-Ferrand (La coopérative de mai)
21 mars: Lyon (Le transbordeur)
23 mars: Rouen (Le 106)
29 mars: Bordeaux (Le rocher de Palmer)
30 mars: Bordeaux (Le krakatoa)
20 avril: Lausanne (Les docks)
21 avril: Nancy (L'autre canal)
23 avril: Esch-sur-Alzette (Rockhal)
3 mai: Nantes (Stereolux)
4 mai: Lille (L'aéronef)
6 mai: Bruxelles (L'ancienne Belgique)
23 mai: Toulouse (Le bikini)
24 mai: Marseille (Le silo)
29-30-31 mai: Paris (Olympia)

Mise en vente le 7 décembre à 10h.