jeudi 14 décembre 2017

La petite chronique du jour: Noel Gallagher's High Flying Birds - Who Built The Moon?


Entre les déclarations du père Noel et les premiers extraits distillés ça et là, on attendait beaucoup de ce troisième album de celui que les fans surnomment amicalement "The chief". Allait-il franchir le Rubicon et nous livrer un album psychédélique complètement débridé? Hé bien la réponse est "pas complètement". Et c'est bien dommage. Car, de ce fait, le disque n'est lui non plus "pas complètement" convaincant.

"Fort Knox" en ouverture, en mode "instrumental surgonflé" comme "Fuckin' in the bushes" pouvait l'être sur l'album d'Oasis Standing On The Shoulder Of Giants fait le job en tant qu'intro. "Holy mountain", premier single extrait, déboule derrière, et il faut bien l'admettre, au bout d'un moment on l'a dans la tête ce morceau. Malgré le flûtiau débilos, la production un peu trop fouillis et la voix un brin forcée de Noel, ça sent le futur classique des concerts.

Tout le contraire de "Keep on reaching". Alors là, désolé, mais on s'emmerde royalement, ça se mord la queue tout le long, Noel Gallagher chante trop haut pour sa tessiture naturelle, bref à oublier très vite. "It's a beautiful world", et là on comprend que Noel Gallagher a beaucoup traîné avec U2 ces derniers temps. Les parties instrumentales sur l'intro et entre les couplets semblent directement provenir des sessions d'Achtung Baby. Pas désagréable du tout, sauf que le refrain lui sonne comme du Coldplay de ces dernières années, pas tant dans la mélodie, plutôt jolie, mais surtout dans la production hyper FMisée, avec effets sur la voix et tout le toutim. Et que dire du pont scandé en français par une femme débitant un texte complètement abscons? Bref, on a l'impression que le morceau avait un plus gros potentiel que cette version finale.

"She taught me how to fly" c'est un peu l'inverse. Les couplets, c'est du NG en roue plus que libre, le refrain en revanche est bien sympa, avec une référence directe à Oasis ("Put your money where your mouth is..."). La production est toujours (sur)chargée, on aime ou pas, question de goût pour le coup. Par contre, j'ai beaucoup de mal à comprendre comment on peut kiffer "Be careful what you wish for", sur laquelle, en résumé, il ne passe rien. Pendant 5 minutes 40, c'est long, très long...

"Black & white sunshine": tiens, une inédite de R.E.M.! Le petit gimmick de guitare sonne comme celui de "Shiny happy people" (entre autres), c'est assez flagrant. Après l'emprunt du riff de "The one I love" sur "Morning glory", ça va finir par se voir... Morceau pas déplaisant, pas inoubliable non plus.

Premier interlude instrumental ensuite: bien foutu, sort des sentiers rebattus de manière convaincante. On valide. Validation aussi pour ma part pour "If love is the law". Alors oui, c'est du Gallagher à 101%, mais j'adore. On commence à retrouver les guitares acoustiques, les deuxièmes voix... En terrain connu pour le coup, certes, mais tellement bien tourné qu'on s'y laisse prendre.

Et ensuite badaboum, "The man who built the moon". Sorte de générique de James Bond oublié. Une énorme tuerie. Pourtant la production est une nouvelle fois éléphantesque (cordes, cuivres, choeurs, tout y passe), mais voilà, quand la musique est bonne (merci JJG) ça le fait. Noel Gallagher a le bon goût de ne pas forcer sa voix en plus. Réussite totale. Certitude: il sait toujours écrire de grands morceaux.

Le deuxième interlude ensuite, puis pour terminer une version "live acoustique guitare / piano" jouée à une radio dublinoise en 2015 d'un morceau intitulé "Dead in the water". Pas de doute, il a gardé le meilleur pour la fin. Certes, c'est évidemment du déjà entendu pour tout amateur d'Oasis qui se respecte, il ne réinvente rien...mais c'est beau quoi, y'a pas à tortiller.


Et voilà comment se termine cet album en forme de montagnes russes. Noel Gallagher a eu le mérite d'aller voir ailleurs, de sortir de sa zone de confort, mais honnêtement, la mayonnaise ne prend pas tout le temps, voire est parfois franchement indigeste. En revanche, toute la fin du disque est de très très haute volée, et prouve que ce gars est malgré tout l'un des songwriters les plus doués de sa génération.

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