Morceau assez peu connu de Lou Reed, datant de 1979, mais qui mérite d'être redécouvert. Alors certes, jusqu'à 5'28, ça tient plus de la musique concrète qu'autre chose (m'enfin ça reste audible par rapport à Metal Machine Music), mais alors après, c'est grand. Très grand. Frissons livrés sur mesure à partir de 7'27.
Décidément, ils n'arrêtent jamais! Alors que leur CD/DVD Live In Sao Paulo / Live In Buenos Aires / A Head Full Of Dreams s'apprête à sortir le 7 décembre (plus d'infos ici), les membres du quatuor ont crée un nouveau collectif, Los Unidades, avec d'autres artistes (dont Pharrell Williams) et un EP 4 titres sortira dès le 30 novembre. On peut déjà entendre comme premier extrait le duo avec Pharrell Williams, "E-lo", qui ressemble à du Police sous Tranxène (oui j'ai pas accroché du tout).
- Phil Collins donnera son seul concert en France en 2019 à Lyon, au Groupama Stadium, le 4 juin prochain. Préventes sur le site de Ticketmaster dès le mercredi 28 novembre à 10h.
- Le Hellfest a dévoilé son affiche pour 2019, et une nouvelle fois c'est du très lourd, tant en terme de volume sonore que de notoriété et qualité des groupes annoncés:
- Et enfin M a annoncé plein de dates supplémentaires pour sa tournée de l'an prochain. Vous pouvez voir ces nouvelles dates ici. Mise en vente de ces places ce matin 10h.
Il faudra un jour que certains artistes expliquent leurs choix consistant à faire figurer certains morceaux sur leurs albums, et à en reléguer d'autres en faces B. Ainsi, The Cure en 1992 publient, en B-side du single "High" (morceau tout-à-fait honorable), ce petit bijou qu'est "This twilight garden". Il faudra attendre la parution près de 15 ans plus tard du coffret de raretés/B-sides et autres joyeusetés Join The Dots pour redécouvrir cette chanson, qui vaut largement certains morceaux de Wish (et qui surpasse beaucoup de morceaux de l'album suivant Wild Mood Swings).
Paroles: Robert Smith.
Musique: Boris Williams, Perry Bamonte, Porl Thompson, Simon Gallup & Robert Smith.
Grandaddy, de par son histoire et son rythme de production, est rare et précieux. Alors quand ils nous font un cadeau comme ce morceau mis en ligne hier, là comme ça, il faut le savourer. Attention: très beau moment de musique, à déguster au calme et sans aucune modération.
Le "US No Filter Tour 2019" est donc bien confirmé, avec 13 dates au printemps prochain. Date de mise en vente: 30 novembre. Et quand même, Charlie Watts aura 78 ans à la fin de cette tournée là... Ne serait-il pas temps d'arrêter messieurs???...
Second extrait de l'album Somnium, à venir le 23 novembre, et il est instrumental comme le premier. Et en fait, tout l'album sera instrumental! Osé comme pari, commercialement surtout, mais ça explique pourquoi Gardner a présenté ça comme un album devant s'écouter d'une traite avant de s'endormir... Par contre, pas dit qu'il parte en tournée pour défendre un tel projet...
Où l'on apprend que le Loner est l'une des victimes collatérales des incendies qui ravagent la Californie ces derniers jours, puisque sa maison a disparu dans les flammes. L'occasion pour lui de répondre par tweets interposés à Donald Trump... C'est à lire ici.
Neil Young a mis en ligne il y a quelques jours cette version live récente de "Ohio", sur laquelle il est seul à la guitare. Attention grand moment, surtout niveau son... Mais quel son de guitare de malade il a quand même...
Voici donc le premier extrait du nouvel album de Polnareff, et ô surprise, il est plutôt de bonne tenue. Ballade piano/cordes assez "simple" mais assez jolie, ça s'écoute bien. A voir ce que le reste de l'album va donner!
Le concert que donnera Indochine ce soir à l'AccorHotels Arena sera diffusé en direct sur TMC à 21 heures. Aux non-fans, je conseille malgré tout de regarder au moins le début du spectacle, la scénographie y est tout bonnement hallucinante...
Hier a été diffusé dans plusieurs cinémas un peu partout sur la planète "A head full of dreams", rockumentaire retraçant les vingt années de carrière de Coldplay. Pour les abonnés à Prime Video, le film sera disponible dès le 16 novembre, et il y a fort à parier que le DVD sortira bientôt!
C'est à lire ici dans un article très intéressant sur le nouvel album, la conception de celui-ci, et la tournée à venir, qui pourrait être la dernière de Knopfler...
La bande à Robert Smith avait annoncé une vingtaine de festivals en Europe l'été prochain, et nous y sommes donc presque puisque, outre les deux dates en Afrique du Sud les 16 et 21 mars, les Cure sont annoncés aux endroits et dates suivants:
- 8 juin: Dublin (Irlande)
- entre le 13 et le 15 juin: Nickelsdorf (Autriche)
- 16 juin: Florence (Italie)
- entre le 21 et le 23 juin: Southside Festival (Allemagne)
- mêmes dates: Hurricane Festival (Allemagne)
- 28 juin: Werchter (Belgique)
- 4 juillet: Exit Festival (Serbie)
- 11 juillet: Nos Alive - Lisbonne (Portugal)
- entre le 12 et le 13 juillet: Mad Cool - Madrid (Espagne)
- 17 juillet: Ejekt Festival - Athènes (Grèce)
- entre le 18 et le 20 juillet: Ostrava (République Tchèque)
- 16 août: Glasgow (Royaume-Uni)
- 23 août: Rock en Seine (Paris)
On peut donc tabler sur environ 8 dates supplémentaires... Elles devraient tomber d'ici la fin de l'année, maximum en janvier prochain... Faîtes vos jeux!
Vous n'avez jamais entendu de la musique classique revisitée en ska? Madness l'avait osé, et réussi, en 1979, avec cette adaptation ahurissante du "Lac des cygnes".
Musique: Piotr Tchaikovski (arrangements Mike Barson)
1979: les Undertones, groupe irlandais pratiquant une musique à mi-chemin entre le punk et la new wave, claque ce single imparable. En à peine deux minutes et vingt secondes, ces cinq jeunes gens signent un classique absolu, faussement simple et totalement jouissif. Leur premier album paru la même année regorge d'autres très bons morceaux, mais celui-là, qu'est-ce que vous voulez... C'est une vraie chanson rock parfaite.
Ce sera un album live, témoignage de ses derniers mois de résidence à Broadway, où il s'est produit seul avec sa guitare. Il s'intitulera On Broadway (logique) et sortira le 14 décembre.
La tracklist est la suivante:
CD 1:
Growin'up (introduction)
Growin'up
My hometown (introduction)
My hometown
My father's house (introduction)
My father's house
The wish (introduction)
The wish
Thunder road (introduction)
Thunder road
The promised land (introduction)
The promised land
CD 2:
Born in the USA (introduction)
Born in the USA
Tenth avenue freeze-out (introduction)
Tenth avenue freeze-out
Tougher than the rest (introduction)
Tougher than the rest
Brilliant disguise (introduction)
Brilliant disguise
Long time comin' (introduction)
Long time comin'
The ghost of Tom Joad (introduction)
The ghost of Tom Joad
The rising
Dancing in the dark (introduction)
Dancing in the dark
Land of hope and dreams
Born to run (introduction)
Born to run
16 vrais titres seulement, les introductions étant les speeches prononcés par le Boss pour présenter le morceau à venir. Ces concerts broadwayesques étaient l'occasion pour Springsteen de retracer sa vie en chansons, d'où ce côté très narratif, peut-être même trop pour les non anglophones... A écouter pour se faire une idée! Et déjà un premier extrait, "Land of hope and dreams":
En prélude à la parution la semaine prochaine de la luxueuse réédition du White Album, voici donc le clip de "Glass onion" remixée. A la première écoute, j'ai l'impression qu'on entend davantage les cordes que dans la version d'origine, mais la différence n'est pas vraiment flagrante...
La formation electro-rock a annoncé une tournée européenne au cours de laquelle l'intégralité de leur mythique album Mezzanine sera jouée chaque soir. Les dates françaises sont les suivantes:
Et hop, une nouvelle discographie complète! Avantage chez Queen: leur chaîne officielle YouTube, qui permet d'avoir en excellente qualité tous leurs morceaux. En cliquant sur les titres, vous pourrez donc les écouter, et à la fin de la chronique de chaque album studio, vous trouverez un lien vous permettant d'écouter l'intégralité de l'album en question.
Prêts pour un voyage au pays de la Reine? Allons-y...
ALBUMS STUDIO
Queen
13 juillet 1973
Production: John Anthony, Roy Thomas Baker & Queen
Comme beaucoup de groupes "légendaires", le premier album de Queen ressemble en quelque sorte à un brouillon de ce que le quartet publiera par la suite. Un beau brouillon, certes, mais un brouillon quand même. On sent que le groupe, dont les membres sont encore étudiants à la parution de ce disque, cherche encore sa voie, entre glam et rock, voire rock progressif. Les membres, parlons-en: Queen se compose(ra) donc de Freddie Mercury au chant et au piano, Brian May aux guitares et aux choeurs, Roger Taylor à la batterie et aux choeurs, et John Deacon, le dernier arrivé dans cet étonnant attelage, à la basse. Dès le premier morceau, "Keep yourself alive" (May), l'originalité du son Queen saute aux oreilles. Guitare passée dans une cabine Leslie avant de se dédoubler, voire détripler, un chanteur à la tessiture hors du commun, des choeurs hyper puissants, un p'tit solo de batterie, une ligne de basse de première bourre... Le titre, pourtant bien calibré pour la radio, ne rencontrera qu'un succès tout relatif. Les autres titres de la première face mélangent un nombre de styles assez incroyable, y compris à l'intérieur de leurs propres structures. Chaque nouvelle écoute de "Doing all right" (co-écrite par May et Tim Staffell, membre du groupe Smile, sorte de première mouture de Queen), "Great king rat" (Mercury) et "My fairy king" (Mercury) révèle de nouveaux détails, mais il manque à ces morceaux un petit quelque chose pour être vraiment réussis de bout en bout. En gros, c'est très intéressant pour un début, mais ce ne sont pas les futurs "Bohemian rhapsody" ou "Innuendo". Idem pour la longue (6'26) "Liar" (Mercury) qui ouvre la face B: il y a de très bons passages, mais pas assez pour faire un morceau palpitant de A à Z. May signe en revanche sur cette face une jolie ballade, presque "simple", avec "The night comes down". Au rayon des anecdotes, signalons le premier morceau signé et chanté par Taylor, le très rock et très court "Modern times of rock'n'roll", zeppelinien en diable. Et le disque de se clôturer par un délicat instrumental, "Seven seas of rhye", que le groupe trouvera tellement bien, qu'il en fera une vraie chanson (et un p'tit tube) sur l'album suivant. Au final, Queen n'est pas désagréable du tout à écouter et permet également d'apprécier la fulgurance des progrès des quatre lascars dans les années qui viendront en terme de compositions et de production. Album en entier ici.
Queen II
8 mars 1974
Production: Roy Thomas Baker, Robin Geoffrey Cable & Queen
Pour ce deuxième album, les membres du groupe bénéficient d'un plus grand temps en studio, ce qui s'entend nettement au niveau de la production, et notamment au niveau du son de batterie, beaucoup plus puissant que sur le disque précédent. Rétrospectivement, on peut considérer Queen II comme l'album le plus complexe musicalement de toute la discographie de Queen. On a l'impression que le groupe regorgeait d'idées et voulait toutes les caser dans ce disque, quitte à perdre parfois un peu l'auditeur en chemin. La première face, parfois baptisée "white side", est l'oeuvre de Brian May, à l'exception de "The loser in the end", écrite et chantée par Taylor, et qui sonne Bowie comme pas permis. May propose donc une magnifique mais trop courte "Procession" en ouverture, avant de signer "Father to son", avec de très belles parties chantées, "White queen (as it began)" et ses guitares acoustiques et autres sitars, et enfin la jolie ballade "Some day one day", qu'il interprète en entier, et montre à cette occasion qu'il possède une très jolie voix, évidemment moins exceptionnelle que Mercury, mais capable de véhiculer de vraies émotions. La face B ("black side") est entièrement composée par Mercury, qui en fait parfois un peu trop niveau compositions. Quand il arrive à s'auto-dompter, c'est très bon, comme en témoignent "Ogre battle" (l'intro sonne comme du Metallica avant l'heure) ou la mini-ballade qui tue "Nevermore". Par contre, la longue pièce "The march of the black queen", bien qu'étant un tour de force technique, est un peu too much. Taylor le reconnaîtra par la suite: 11 mouvements en à peine 6 minutes, c'est très, voire trop complexe, et ça fait beaucoup (trop?) d'informations à intégrer pour l'auditeur. L'album s'achève intelligemment par une note plus légère avec le single du disque, "Seven seas of rhye", qui offrira au groupe son premier passage à Top Of The Pops et un mini-tube. Au final, Queen II apparaît comme un disque très abouti musicalement, mais parfois trop exigeant. Le groupe rectifiera le tir dès l'album suivant, le très convaincant...
Neuf mois seulement se sont écoulés depuis la sortie de Queen II, et pourtant le chemin parcouru par le groupe apparaît énorme. Malgré des conditions d'enregistrement pas des plus simples, avec notamment le pauvre Brian May terrassé pendant de longues semaines par une vilaine hépatite, le quatuor semble avoir mûri d'un coup, et avoir aussi compris ce qui clochait (enfin tout est relatif n'est-ce pas...) sur les deux premiers albums. Plus de morceaux à rallonge, des chansons beaucoup plus courtes, resserrées et nerveuses (trois sont inférieures à deux minutes, et une seule franchit la barre des cinq minutes), et en prime le premier très gros tube de la carrière du groupe, bref Sheer Heart Attack est le premier tournant de l'histoire de Queen. Comme d'habitude, le groupe tape dans tous les styles: toutes guitares dehors sur le "Brighton rock" d'ouverture (May gardera plus tard uniquement la partie solo du milieu en concert) et sur le signé collectivement (une première) "Stone cold crazy", qui influencera grandement toute la scène metal à venir. Taylor fait du Taylor sur "Tenement funster", mais n'oublie pas cette fois de convoquer des guitares acoustiques, tout comme Deacon, qui signe avec le charmant "Misfire" son premier titre pour Queen. L'album contient également deux versions d'un même titre, "In the lap of the gods": si la première version n'est pas impérissable, la seconde, baptisée "In the lap of the gods...revisited", est une ballade mercuryenne totalement imparable. Et puis, il y a donc deux tubes sur ce disque. Un signé Brian May, qui sera surtout un classique dans les concerts ultérieurs, et qui sonne il est vrai comme un rock taillé pour les stades, j'ai nommé "Now I'm here". Et puis LE tube de l'album, un truc qui sonne un peu comme si les Beatles avaient joué du jazz des années 30: "Killer queen", qui parle de champagne, de Krouchtchev, de gélatine, de geisha et de dynamite. Ca sonnerait n'importe comment chez n'importe qui, mais sous la plume et le piano de Freddie Mercury, ça sonne divinement bien. Excellent disque.
Album en entier ici. C'est lors de la tournée qui suit que le groupe se rend compte d'un problème de taille: leur manager de l'époque leur a fait signer un contrat lésant totalement les membres du groupe, qui sont donc complètement sur la paille malgré le succès de "Shear Heart Attack". Le quatuor vire donc son manager, mais se retrouve dans l'obligation de réaliser un album qui marche, sous peine de devoir mettre définitivement la clef sous la porte. L'enregistrement de l'album va donc se révéler très long (pour l'époque!), les membres de Queen fignolant encore plus que d'habitude chaque détail pour être sûr de ne rien laisser au hasard. Et c'est peu dire que le résultat va se montrer à la hauteur des espérances...
A Night At The Opera
21 novembre 1975
Production: Roy Thomas Baker & Queen
Avec son titre emprunté aux Marx Brothers, A Night At The Opera marque l'entrée de Queen dans la cour des très grands. Sous pression du fait de leur situation financière calamiteuse, les quatre larrons semblent avoir, consciemment ou pas, tiré le meilleur d'eux-mêmes pour accoucher de cette oeuvre. Brian May d'abord, qui picore dans tous les styles qu'il affectionne: rock de stade ("Sweet lady"), truc léger à l'ukulélé mais aux arrangements hyper chiadés quand on écoute bien ("Good company") ou encore long format où le guitariste s'amuse avec ses effets préférés, mais les applique à la voix de Mercury à la place de sa guitare (hypnotique "The prophet's song"). Mais c'est surtout avec sa ballade acoustique exceptionnelle de beauté "'39" que Brian May scotche tout le monde, et signe ce qui demeure peut-être sa plus belle composition. Roger Taylor n'est pas en reste, avec un rock mid-tempo bien puissant et aux paroles marrantes comme tout, j'ai nommé "I'm in love with my car". Quant à John Deacon, il délivre une pop-song parfaite, "You're my best friend", qui deviendra même un single. Mais le grand bonhomme du disque, c'est sans conteste Freddie Mercury. Après avoir craché son fiel sur leur ancien manager ("Death on two legs (dedicated to...)"), puis avoir redémontré son amour du cabaret-jazz avec deux vignettes mignonnes comme tout ("Lazing on a sunday afternoon" et "Seaside rendez-vous"), il signe d'abord un truc qui arrache des larmes à n'importe qui de normalement constitué, et qui sera un rendez-vous incontournable de leurs concerts à venir ("Love of my life"). Et puis, il pond LE morceau de Queen. Un des plus grands morceaux du 20ème siècle, un truc qui passera à la postérité, un machin complètement barré et qui aurait pu se planter dans les grandes largeurs. Oui mais heureusement non, le public a compris que "Bohemian rhapsody" était un véritable chef d'oeuvre, porté qui plus est par le premier vidéo-clip de l'histoire. N'importe quel groupe aurait terminé son album par ce morceau, Queen non. Ils se permettent en morceau final de glisser une version instrumentale de l'hymne anglais, "God save the Queen". Après ça, tout est dit. L'album fait un carton, les caisses du groupe se remplissent enfin, l'avenir s'annonce sous un jour radieux. A Night At The Opera est l'un des rares albums de Queen à figurer régulièrement dans les classements des meilleurs albums de l'histoire, et c'est amplement mérité.
Le seul défaut avec A Day At The Races, c'est... qu'il ressemble trop à son prédécesseur! C'est dire la qualité de cet album. Débarrassés de toute inquiétude quant à leur avenir au niveau financier, les membres de Queen laissent libre cours à leur créativité, et ce disque brasse une nouvelle fois un nombre de styles extrêmement variés sans jamais que cela ne nuise à sa cohérence. Brian May nous rejoue une "'39" légèrement électrisée avec "Long away", pond une ballade à allumer les briquets avec "Teo torriatte (Let us cling together)", et claque deux rocks de stade, l'un efficace en diable et qui deviendra un pilier de leurs concerts ("Tie your mother down"), l'autre en revanche un peu balourd ("White man"). Deacon, toujours je-suis-discret-mais-mine-de-rien-je-sais-composer-moi-aussi, livre "You and I", pop song lègère sans être mièvre. Taylor surprend avec un morceau extrêmement original, mid-tempo aux accords inattendus, et faisant certainement partie des meilleurs qu'il ait composés, à savoir "Drowse". Mais le grand bonhomme de l'album, c'est (encore) Mercury. Quatre titres, quatre merveilles absolues. Ballade à littéralement se pendre ("You take my breath away"), valse dézinguée ("The millionaire waltz"), pastiche de McCartney valant l'original ("Good old fashioned lover boy"), et enfin tube universel avec une composition ahurissante (un rock-gospel!) que Mercury considérait comme supérieure à "Bohemian rhapsody", j'ai nommée "Somebody to love". Bref, si A Night At The Opera n'avait pas existé, c'est A Day At The Races qu'on retrouverait dans les classements des meilleurs albums de tous les temps.
Estimant avoir fait (temporairement) le tour de la question des chansons hyper travaillées, les membres de Queen vont travailler sur News Of The World avec la volonté de revenir à un son plus brut, plus direct, en réaction consciente ou pas de l'émergence de la scène punk. May et Mercury veulent également offrir à leurs fans une chanson qui leur permettrait de donner de la voix à la fin des concerts, au lieu d'entonner des hymnes à la gloire de l'équipe de foot locale. Et là, c'est le jackpot: May signe "We will rock you", et Mercury "We are the champions". Rien que ça. Et le groupe place ces deux titres en ouverture de l'album. Deux des plus grands tubes universels sur le même album et placés en ouverture de celui-ci. Ou comment tuer un disque d'entrée. Forcément, derrière, toutes les chansons ne sont pas de ce calibre. News Of The World alterne ainsi très bons passages et morceaux très quelconques. Commençons par ce qui fâche: "Fight from the inside" (Taylor) se traîne malgré un riff efficace, la sauce de "Get down, make love" (Mercury) ne prend jamais vraiment malgré les changements de rythme, on a l'impression que n'importe quel groupe aurait pu pondre le blues mollasson "Sleeping on the sidewalk" (May), et Deacon nous la joue bossa-nova avec le charmant mais inoffensif "Who needs you". Le reste de l'album en revanche est de haute tenue: Taylor fait la nique aux punks avec "Sheer heart attack", May livre une splendide ballade ("All dead, all dead") et un morceau à tiroirs queenesque en diable ("It's late"), et Mercury nous claque son habituelle ballade au piano avec "My melancholy blues". Mais la pépite du disque, c'est le discret Deacon qui en est l'auteur. Pourquoi, alors qu'elle est sortie en single, "Spread your wings" n'est-elle pas devenue un tube? Paroles pleines d'espoir, refrain imparable, solo de guitare final... Il y avait tout, et pourtant... Elle reste l'une des chansons préférées des fans, mais demeure méconnue du grand public. Au final, News Of The World est plus irrégulier que ses deux prédécesseurs, mais est sans conteste un très bon disque de Queen.
Pour cet album, Queen renoue avec son producteur fétiche, mais soyons honnêtes, le résultat n'est pas à la hauteur des attentes. Pour caricaturer, on pourrait résumer Jazz à trois tubes...et c'est (presque) tout. Les tubes, parlons-en: "Fat bottomed girls", d'abord, rock hyper efficace de May, un poil plus longue dans sa version originale que la version single. "Bicycle race" ensuite, pièce montée de Mercury d'à peine trois minutes mais hyper riche, avec un clip qui fit scandale et des paroles à prendre au 125ème degré ("You say smile, I say cheese / Cartier, I say please / Income tax, I say Jesus / I don't want to be a candidate for Vietnam or Watergate / All I wanna do is...bicycle!"). "Don't stop me now" enfin, toujours de Mercury, chanson fantastique de dynamisme, et véritable manifeste hédoniste du chanteur ("I am a sex machine ready to reload"!). Trois tueries, trois succès internationaux, rien à dire. Mais pour le reste de l'album, c'est bien poussif. Passée la blague arabisante d'intro ("Mustapha", de Mercury), le reste manque cruellement d'inspiration et de souffle. Si on est de bonne humeur, on sauvera la ballade sympathique "Jealousy" (Mercury), la pop song électrisée "If you can't beat them" (Deacon) et la délicate "Dreamers ball" (May). Si on est vraiment dans un jour euphorique, on ne trouvera pas trop mièvre "In only seven days" (Deacon). Mais pour le reste, on a l'impression d'entendre Queen tristement s'auto-parodier. Lorsque Mercury harangue son public sur "Let me entertain you", on n'a pas l'impression qu'il y croit beaucoup. May est en pilotage automatique de gros rock ("Dead on time", qui cite "Keep yourself alive" à la fin) et de slow ("Leaving home ain't easy"). Quant à Taylor, c'est la catastrophe: il livre un brouillon d'ébauche d'esquisse de la future "Another one bites the dust" avec "Fun it" et conclut le disque avec la très poussive "More of that jazz", malgré le mini-medley final. Disque très moyen donc, que les détracteurs de Queen adoreront détester!
The Game marque très clairement un tournant dans la discographie de Queen. Ayant peut-être conscience de la qualité moyenne de l'album précédent, le quatuor prend de grandes décisions. Un disque plus ramassé (10 titres, 35 minutes, envoyé c'est pesé) et surtout l'arrivée d'un nouveau producteur, l'allemand Reinhold Mack, très porté sur les nouvelles sonorités et qui va convaincre le groupe d'utiliser pour la première fois un synthétiseur! Le tournant des années 80 est pris, et Mack va devenir le compagnon de route du groupe pour la quasi-totalité de la décennie à venir, pour le meilleur (des tubes à gogo) et pour le moins bon (une production parfois hyper lourdingue). Le synthé en question est audible dès les premières secondes de l'album avec l'intro de "Play the game" (Mercury), qui rencontrera son petit succès en single. Mercury justement, signe deux autres titres: la décalée "Don't try suicide" (avec une intro allègrement pompée sur celle du "Walkng on the moon" de Police) et l'un des deux gros tubes de l'album, avec la quasi country "Crazy little thing called love", composée en dix minutes à la guitare alors qu'il prenait un bain (!!!) et pour laquelle May fait des infidélités à sa Red Special. May, parlons-en: il livre un rock bien lourd, qui prendra toute sa mesure sur scène ("Dragon attack"), une ballade mélancolique à souhait ("Sail away sweet sister (To the sister I never had)" et un truc absolument magnifique, à la fois nostalgique et puissant, qui sortira en single et ne sera pourtant pas un énorme tube ("Save me"). Taylor est fidèle à ses amours wock'n'woll, et sans être des tueries, ses deux morceaux ("Rock it (prime jive)" et "Coming soon") sont tout-à-fait honorables. Mais le roi de l'album, c'est le p'tit Deacon. Non content de signer peut-être les plus belles lignes de basse de toute la discographie de Queen, il écrit deux morceaux. L'un, "Need your loving tonight", stonien en diable avec ce riff d'enfer, est d'une efficacité redoutable. Et que dire du second? L'un des plus gros tubes de l'histoire du groupe, qui était pourtant dubitatif de son potentiel en tant que single... Heureusement que Michael Jackson les persuada du contraire... Allez-y, tapez du pied, et on y va tous en choeur pour "Another one bites the dust". Bref, The Game, c'est du costaud.
Comme beaucoup de leurs illustres collègues, les membres de Queen vont avoir le souci de diversifier leur palette musicale, et vont ainsi, pour ce faire, se frotter à l'écriture de la musique de film. Bingo: le long-métrage "Flash Gordon", inspiré du comics du même nom, dispose d'un budget maousse, ce qui va permettre au réalisateur, Mike Hodges, de solliciter le quatuor pour écrire la BO. En réalité, c'est surtout Brian May qui va être porteur de ce projet, en grand fan de science-fiction (et futur docteur en astrophysique!) qu'il est. Le guitariste chevelu va ainsi écrire seul sept des titres qui composent l'album, dont le thème principal, et en co-signer un huitième. Il est également crédité comme producteur avec Reinhold Mack, le groupe étant simplement mentionné comme "producteur exécutif". Et au final qu'avons-nous? Déjà, un film qui, à l'heure actuelle, pourrait être qualifié de délicieusement kitsch, avec des effets spéciaux et des maquillages ayant mal supporté le poids des ans. Et on a une BO qui est une...vraie BO. Explication: autant les musiques des films "More" (Pink Floyd), "Local Hero" (Mark Knopfler) ou "La dernière tentation du Christ" (Peter Gabriel) peuvent s'écouter comme des albums "normaux", autant la BO de "Flash Gordon" est trop intimement liée aux images du film pour être appréhendée comme un disque de Queen à part entière. Morceaux souvent très courts (moins de 2'30 le plus souvent), beaucoup de dialogues et de bruitages du film incorporés (les sons des armes valent le détour, on se croirait dans un épisode de Capitaine Flam), bref c'est pas facile à écouter en musique de fond. En eux-mêmes, les morceaux sont plutôt bons et agréables, notamment "In the space capsule (The love theme)" (Taylor), "Vultan's theme (Attack of the hawk men)" (Mercury), Richard Wagner détourné par Brian May sur une marche nuptiale ("The wedding march") et bien évidemment le thème principal du film, qui aura son succès en single et offrira à Queen une super intro pour ses concerts à venir ("Flash's theme"). Mais l'ensemble manque singulièrement de consistance pour vraiment accrocher l'oreille de l'auditeur. Un album pour fans uniquement donc, et qui servira de leçon au quatuor: lorsqu'on les contactera pour la musique du film "Highlander", ils y mettront leurs conditions, ce qui aboutira à un album beaucoup plus "normal", A Kind Of Magic.
Album en entier ici. Suite au relatif insuccès de cette BO, le groupe décide de faire une mini-pause et, pour faire patienter les fans, publie son premier best of, le fameux 'Greatest Hits', qui deviendra l'album le plus vendu de tous les temps en Angleterre. Le quatuor prend ensuite la direction des studios Mountain basés à Montreux, en Suisse, pour commencer à travailler sur leur futur album. Or, au même moment, un certain David Bowie se trouve dans les mêmes locaux. Le groupe et lui jamment joyeusement, puis un jour, John Deacon joue une ligne de basse qui plaît à tout le monde... Et c'est ainsi que naît "Under pressure", qui sera publié en single et rencontrera un immense succès. Pas grand-chose d'autre naît de ces sessions helvétiques, le groupe repart donc à Munich dans les Musicland Studios.
Et là, pour la première fois depuis dix ans, de très sérieuses tensions commencent à naître au sein du quatuor entre, d'un côté, Freddie Mercury et John Deacon, et, de l'autre, Brian May et Roger Taylor. Les deux premiers veulent continuer à creuser dans le sillon funk-disco de "Another one bites the dust" et du Michael Jackson des débuts, les seconds veulent au contraire revenir au son plus rock et plus brut des débuts. De l'avis général, ça frotte sévère, et le fait que Mercury passe ses nuits dans les boîtes interlopes munichoises n'arrange pas les choses, loin de là. De cette période mouvementée va naître l'album le plus controversé de toute la discographie de Queen...
Il est toujours courageux pour un artiste ou un groupe de se mettre en danger, d'aller explorer de nouvelles contrées musicales, de rechercher de nouvelles sonorités, histoire de se bousculer un peu et de ne pas s'endormir sur ses lauriers, quitte à dérouter les critiques et les fans. Parfois c'est réussi (citons au hasard Radiohead avec Kid A), parfois en revanche le résultat se révèle frustrant, comme si le groupe n'était pas parvenu à aller au bout de sa démarche et était resté au milieu du gué. C'est le sentiment que peuvent faire naître Pop de U2 et donc ce Hot Space queenesque et ses tentatives disco-funkoïdes. Cet album a été régulièrement dézingué par les critiques, alors que, si on y regarde de plus près, il y a certes des passages assez catastrophiques, mais d'autres excellents. Commençons par le vraiment pas top: déjà, deux des compositions de Mercury, à savoir "Staying power" (où est la mélodie?) et surtout l'effroyable "Body language", sonnant comme une BO de parodie de téléfilm érotique. C'est horrible (et ce clip!). Les deux compositions de Taylor ("Action this day" et "Calling all girls") et deux des trois titres de May ("Dancer" et "Put out the fire") souffrent du même mal: ils semblent assis le derrière entre deux chaises, entre le Queen d'avant (grosses guitares, gros choeurs) et le Queen funk (son de batterie étouffé, lignes de basse trampoline). Enfin l'hommage de Mercury à John Lennon, "Life is real (Song for Lennon)", sans être infâmant, n'est pas vraiment à la hauteur des espérances. Alors vous me direz, ça fait beaucoup de morceaux pas bons / moyens. Certes, c'est indéniable. Mais n'oublions pas le reste: outre "Under pressure" (cf. paragraphe précédent), rajoutée à l'arrache en fin d'album, il y a trois excellents morceaux. "Back chat" (Deacon), dansant en diable, qui annonce le futur "You don't fool me", mais qui souffre un peu de cette production d'époque (le son de batterie sur le pont...). "Las palabras de amor (The words of love)" (May) ensuite, jolie ballade comme tout, avec une très belle mélodie (admirez le play-back de May au synthé sur la vidéo!!!). Et enfin "Cool cat" (Mercury/Deacon), sur laquelle le bassiste joue de tous les instruments (sauf le piano électrique), et qui contient une performance vocale ahurissante de Mercury. Ce morceau fait nourrir beaucoup de regrets car il montre ce qu'aurait pu être un Hot Space réussi de A à Z. Bien sûr, c'est pas du rock, c'est pas du Queen traditionnel, mais ça a le mérite d'être justement à la fois en-dehors des clous et très intéressant. Au final, Hot Space n'est certes pas une grande réussite, mais présente l'intérêt d'entendre Queen chercher à faire autre chose que du Queen, ce qui ne sera malheureusement pas le cas sur les deux paresseux albums suivants. Album en entier ici. Queen part en tournée le reste de l'année 1982 et, malgré les tensions internes et le relatif échec commercial et critique de 'Hot Space', le quatuor livre des prestations extrêmement intenses. Pour la première fois de son histoire, le groupe prend une année sabbatique quasi complète en 1983, histoire de recharger les accus et aussi de tenter quelques aventures en solo ou accompagnés d'autres musiciens. C'est finalement en août 1983 que Queen se retrouve, et décide d'enregistrer un nouvel album, principalement sous le soleil de Los Angeles (et un peu à Munich aussi). Taylor aurait dit au début de ces sessions qu'il fallait que le groupe se "remette au travail"; cela va leur donner une idée pour le titre de l'album à venir...
The Works
27 février 1984
Production: Queen & Mack
L'échec de Hot Space a quand même été dur à avaler pour Queen et, lorsqu'on écoute The Works, on se dit que c'est surtout Mercury qui a pris un gros coup sur la patate, lui qui se rêvait en "Michael Jackson blanc" pour schématiser. Ses compositions pour cet album sentent fortement le recyclage et la panne d'inspiration. Ainsi, "It's a hard life", ballade certes bien jolie et qui sortira en single, sonne comme un "Play the game" à peine remanié. "Man on the prowl", c'est "Crazy little thing called love" sans l'inspiration. Quant à "Keep passing the open windows", on attend que ça se passe gentiment et on s'ennuie ferme (à noter que Deacon signe une ligne de basse très voisine de la future "A kind of magic"). C'est finalement le morceau que Mercury cosigne avec May, l'acoustique toute mimi "Is this the world we created?", qui sonne le mieux, sans pour autant arriver à la hauteur de, au hasard, "Love of my life". May, justement, parlons-en: pour cet album, monsieur fait dans le rock de stade bien bourrin. Une fois ça passe ("Hammer to fall", THE chanson taillée pour les concerts), une fois ça casse ("Tear it up", complètement inutile et entendue des milliers de fois sur les albums précédents). Le guitariste cosigne en outre avec Taylor un morceau étrange, "Machines (Or back to humans)", qui démarre de façon très originale façon "Kraftwerk meets AC/DC", avant de malheureusement se perdre en longueur. L'album est finalement sauvé par les deux "outsiders" du groupe: Taylor, bien aidé par Mercury et le clavier additionnel Fred Mandel, livre avec "Radio ga ga" un véritable hymne à stade, bien aidé en plus par le clip qui va bien. Et en parlant de clip, que dire de celui qui accompagne la chanson de Deacon, la fabuleuse "I want to break free"? Bourré d'humour, il sera malheureusement censuré aux Etats-Unis, ce qui précipitera le déclin du groupe outre-Atlantique. A noter que la version de cette chanson qui figure sur The Works diffère de celle proposée par le single et le clip (pas d'intro au clavier et un tour de solo en moins au milieu). Au final, même si The Works sera un plus grand succès commercial que son prédécesseur, il est assez décevant, étant quasi uniquement sauvé par ses singles.
Album en entier ici. Les années 1984-1985 ne sont pas de tout repos pour Queen. En effet, sur la tournée qui suit la parution de 'The Works', ils ont la mauvaise idée de se produire en Afrique du Sud, jusque là boycottée par les artistes internationaux en raison de la politique d'apartheid alors en vigueur. Et tout ça pour "le paquet de pognon" qui leur était offert dixit leur manager de l'époque... Episode pas très glorieux donc, et dont le quatuor reconnaîtra rapidement qu'il s'agissait d'une énorme bourde. En 1985, Mercury, persuadé qu'il peut faire aussi bien tout seul qu'en groupe, publie son premier album solo, 'Mr Bad Guy'. S'il rencontre un vrai succès au Royaume-Uni, il fait un four partout sur la planète, la faute (peut-être) à la production dansante-mais-très-kitsch de l'inévitable Mack. Mercury est assez blessé dans son amour-propre, et l'ambiance au sein de Queen est donc assez morose. Heureusement intervient un événement totalement imprévu et qui va redorer le blason du groupe. En 1985, Bob Geldof organise son fameux Live Aid, et Queen est contacté pour y participer. Alors même que Mercury souffre d'une angine, la quatuor va délivrer devant des millions de téléspectateurs une performance de 20 minutes ahurissante, souvent considérée comme "le plus grand concert de tous les temps", ce qui ne veut rien dire mais qui donne quand même une idée du niveau de la chose, visible ici.
Ces 20 minutes donnent envie au groupe de retourner en studio. Ca tombe bien, le réalisateur Russell Mulcahy contacte la bande pour que cette dernière signe la BO de son film à venir, "Highlander". Les Queen sont moyennement chauds, ayant le souvenir de l'expérience mitigée de "Flash Gordon". Les deux parties parviennent à un deal: Queen fera un album en ayant en tête le film, et le réalisateur incorporera ce qu'il voudra dans son film. Cela aboutira donc au disque suivant:
A Kind Of Magic
3 juin 1986
Production: Queen, Mack & David Richards
L'album s'ouvre par une composition collective, la très rock "One vision", écrite dans la foulée du Live Aid, et qui servira de générique au film "Iron Eagle" l'année suivante. Les huit titres suivants sont ceux écrits avec 'Highlander' en tête, et, si le niveau est globalement supérieur à The Works, il manque un réel souffle à A Kind Of Magic pour être vraiment intéressant d'un bout à l'autre. Un très gros tube porte l'album, à tel point que cette chanson va donner son nom au disque: "A kind of magic", signée Taylor (mais avec un bon coup de main de Mercury encore une fois...), très pop et assez imparable sans verser non plus dans le putassier. Très bon équilibre. Le second titre de Taylor, "Don't lose your head", malgré une jolie mélodie, est plombé par des arrangements "j'ai mis ma boîte à rythme en marche" et par l'insertion des voix des comédiens de "Highlander". Côté Deacon, le bassiste propose un slow langoureux et un peu supermarchesque, "One year of love", avec un solo de saxophone qui ne sert pas vraiment la chanson, et c'est rien de le dire. Deacon et Mercury signent ensemble deux titres. Le premier, "Pain is so close to pleasure", reprend les choses là où Hot Space les avait laissées, avec Mercury en voix de falsetto tout le long et un p'tit groove funky. Le second, "Friends will be friends", est une tentative de renouer avec les grands hymnes de fin de concerts type "We are the champions" / "We will rock you". C'est pas mal certes, mais ça fait déjà entendu, et en mieux. Brian May propose deux titres: si son rock bourrin "Gimme the prize (Kurgan's theme)" ne restera pas dans les annales, sa ballade "Who wants to live forever" est une vraie réussite et rencontrera d'ailleurs un joli succès en single. Enfin, Freddie Mercury signe l'excellent "Princes of the universe", chanson à plusieurs mouvements d'à peine trois minutes, et qui renoue avec les morceaux échevelés d'antan, à tel point qu'il deviendra le thème du film "Highlander". A Kind Of Magic est donc un album assez attachant, malgré ses faiblesses indéniables.
Album en entier ici. Le "Magic tour" qui suit est un succès, mais en coulisses, les rumeurs sur la santé de Mercury commencent déjà à circuler. Ce dernier est diagnostiqué séropositif en 1987, mais il passe la consigne de garder la nouvelle secrète. En vue des Jeux Olympiques de 1992, il compose avec l'aide de Mike Moran une chanson, puis tout un album intitulé 'Barcelona' en duo avec la cantatrice Montserrat Caballé, et lorgnant du côté de la musique classique.
C'est John Deacon qui bat le rappel du groupe en 1988 pour l'enregistrement du nouvel album de Queen. Mercury leur annonce que son état de santé est ce qu'il est, et le groupe va alors prendre deux décisions importantes. D'une part, il est déjà acquis qu'ils ne tourneront pas pour promouvoir le disque à venir. D'autre part, ils décident également que tous les morceaux seront désormais signés collectivement, ce qui évitera les bisbilles liées aux royalties reversées à ceux qui signent les singles à succès (on sait désormais à qui attribuer les chansons en question à la suite des différentes interviews données par les Queen survivants). Et, alors qu'on aurait pu craindre que ce contexte plombe l'ambiance créative du quatuor, c'est tout l'inverse qui va se produire, Queen accouchant d'un disque particulièrement lumineux, à défaut d'être un grand disque.
The Miracle
22 mai 1989
Production: Queen & David Richards
Premier constat: Mack n'est plus de la partie au niveau de la production, et ça s'entend. Le son est beaucoup moins synthétique que les albums précédents, même si certains passages frottent un peu les oreilles. The Miracle est un album qui, certes, a ses faiblesses, mais qui possède aussi une véritable personnalité, ce qui manquait cruellement aux deux albums précédents. Pourtant ça démarre mal avec "Party", morceau issu d'une jam entre Mercury, May et Deacon, et qui ne présente aucun intérêt. Heureusement, la punchy "Khashoggi's ship" (vraiment écrite par le quatuor pour le coup) redresse bien la barre derrière. Et derrière, youpla boum, quatre singles, aux styles très disparates. Mercury et Deacon osent une compo hyper chiadée, qui va d'ailleurs donner son titre à l'album, et qui est une véritable réussite, y compris le clip. Elle ne rencontrera pas un grand succès en single, peut-être justement à cause de cette complexité pas forcément à la mode en cette fin des années 1980. Taylor creuse son sillon de rock'n'roll bien efficace avec "The invisible man" et "Breakthru" (l'intro de cette dernière est de Mercury), chansons à taper du pied joyeusement. Mais celui qui décroche le pompon niveau single c'est Brian May, qui avec son "I want it all" totalement imparable, claque un tube universel (à noter que la version de l'album, audible ici, est à mon avis supérieure à la version single, avec une intro et un pont assez renversants). Un cinquième titre paraîtra en single, et c'est encore un excellent titre de May, "Scandal", un peu gâché toutefois par des sonorités flirtant avec une annonce de promotion à Super U. Mercury et Deacon en binôme signent deux titres plus soft-funky, "Rain must fall" et "My baby does me", plus anecdotiques. Enfin, l'album se termine par son meilleur morceau. Oeuvre de Mercury, "Was it all worth it" est à ranger dans les meilleurs titres de Queen. Ca part dans tous les sens tout en restant maîtrisé, il y a du riff de guitare, de la batterie puissante, un gimmick de piano, une ligne de basse comme on les aime, bref c'est du grand Queen. Un petit "miracle" finalement... Album en entier ici. Le succès de 'The Miracle' ne fait toutefois pas cesser les rumeurs alarmantes sur l'état de santé de Mercury, rumeurs dont se délectent les tabloïds londoniens... Et cela ne va pas s'arranger avec ce qui sera la dernière apparition publique de Mercury lors de la cérémonie des Brit Awards en 1990, au cours de laquelle il apparaît particulièrement amaigri. Les membres du groupe savent pertinemment que les jours de leur chanteur sont comptés. Alors ils mettent les bouchées doubles pour mettre en boîte l'album suivant, et celui-ci, comme un symbole, va se révéler l'un des tout meilleurs de leur discographie.
Innuendo
5 février 1991
Production: Queen & David Richards
Ce sera donc le dernier album du groupe publié du vivant de Freddie Mercury, et le quatuor en a parfaitement conscience. Et ce disque s'ouvre par ce qui est, à mon humble avis bien évidemment, la plus grande chanson de leur discographie, et qui donne son titre à l'album. Portée en plus par un clip formidable, "Innuendo", avec ses 6 minutes et des brouettes, ses différents mouvements, ses styles abordés (rock, hard, flamenco, opéra), est quasiment un concentré de toute l'oeuvre de Queen à elle toute seule. Ecrite principalement par Mercury et Taylor, avec des paroles extrêmement sombres, cette chanson est d'une puissance assez ahurissante, et annonce la couleur: l'album sera grand. Et ce n'est pas "I'm going slightly mad (Mercury), avec ses changements d'accords bizarres et ses arrangements d'une grande originalité, qui va dire le contraire. On entend clairement le groupe jeter toutes ses forces dans la bataille contre le temps qui est engagée, et d'ailleurs le tempo s'accélère avec la rock en diable "Headlong" (May), l'autre morceau bien bourrin de l'album étant "The hitman", qui renvoie bon nombre de groupes de p'tits jeunes métalleux dans leurs bacs à sable. Mercury parvient à signer des compositions variées, que ce soit du quasi-gospel ("All God's people", co-écrite avec Mike Moran et échappée du projet Barcelona), de la blaguounette ("Delilah", qui évoque ses chats!!!) ou de la ballade déchirante ("Don't try so hard"), il montre toute l'étendue de sa palette musicale. Notre ami Taylor fait toujours dans la chanson speed qui parle de gros moteurs ("Ride the wild wind"), mais se fait aussi nostalgique le temps d'un "These are the days of our lives" assez bouleversant, dans le clip duquel Mercury fait clairement ses adieux à son public. May tout seul signe un titre qui avait l'étoffe d'un single ("I can't live with you") et, avec Mercury, arrache des larmes à n'importe quel être humain à peu près normalement constitué avec la somptueuse "Bijou". Et puis... Le même May, en guise de clôture, offre à Mercury un chant du cygne exceptionnel. "The show must go on", où comment Mercury annonce sa mort prochaine, sans pathos et avec une rage teintée de désespoir. En plus, en terme de composition, la chanson est loin d'être évidente. Innuendo est à mettre sur le podium des albums queenesques, et quand on connaît le contexte dans lequel il a été enregistré, sa qualité n'en est que plus remarquable.
Album en entier ici. Et ce qui devait arriver arriva: le 24 novembre 1991, un jour après avoir officiellement annoncé qu'il était atteint du virus du SIDA, Freddie Mercury décède. Les trois Queen survivants vont alors organiser six mois plus tard un gigantesque concert avec plein de copains à Wembley, dont nous reparlerons plus tard. Ils se retrouvent ensuite avec des bandes de morceaux enregistrés avec Mercury après la parution de 'Innuendo'. Problème: il n'y en a pas assez pour faire tout un album. Et en même temps, Mercury lui-même souhaitait que ces morceaux en question soient publiés. Que faire?
Deacon, May et Taylor vont trouver la solution: ils vont aller piocher dans les faces B de certains singles (en les réorchestrant), dans certains morceaux écartés de certains albums, dans les démos non finalisées, et aussi dans l'album solo de Mercury 'Mr Bad Guy' en en réorchestrant complètement deux titres, pour aboutir à dix vraies chansons, auxquelles ils en rajouteront trois assez...originales. L'ensemble constitue ainsi l'album...
Made In Heaven
6 novembre 1995
Production: Queen
Comme expliqué précédemment, cet album est vraiment fait de bric et de broc, et on aurait pu craindre une trop grande hétérogénéité qui aurait pu nuire à l'ensemble. Et pourtant, à la grande surprise de beaucoup, Made In Heaven tient bien la route. Et surtout, il permet de réentendre Queen s'essayer à un peu tous les styles. Du quasi-planant ("It's a beautiful day" de Deacon et Mercury), du mid-tempo puissant ("Made in heaven" de Mercury, "Heaven for everyone" de Taylor), de la ballade gospel qui aurait dû être enregistrée avec Rod Stewart ("Let me live"), du tube à la Hot Space ("You don't fool me"), du Mercury bien pêchu ("I was born to love you"), du Deacon typique ("My life has been saved")... Mais là où on dresse l'oreille, c'est sur les trois ballades proposées. L'une date de 1988 ("Too much love will kill you") et a été assez inexplicablement écartée de The Miracle alors qu'elle y avait largement sa place. La deuxième est le dernier morceau composé par Mercury seul, et sonne curieusement très apaisé ("A winter's tale"). La troisième, co-composée par Mercury et May, prend en revanche aux tripes, surtout quand on sait que le pont, sur lequel Mercury propose une performance vocale exceptionnelle, est la dernière chose qu'il ait enregistrée, raison pour laquelle c'est May qui chante la fin du morceau. Pas de doute, "Mother love" est LE morceau habité de ce disque, vraiment un grand truc. Tout cela fait donc dix chansons. Deacon, May et Taylor vont en ajouter trois: d'abord une reprise de "It's a beautiful day", nettement moins convaincante que la version qui ouvre le disque. Ensuite, une chanson de...quatre secondes, au cours de laquelle on entend juste Mercury dire "Yeah". Moui. Et enfin, un instrumental planant ésotérique de plus de vingt minutes, évoquant sans doute l'esprit de Mercury. Très curieusement, ce morceau s'écoute très bien, alors qu'au cours des premières secondes on se dit qu'on va décrocher rapidement. C'est ainsi que s'achève ce Made In Heaven varié, et qui est donc la conclusion de la discographie studio de Queen sous ce nom.
On pensait Queen définitivement mort après un ultime single publié par Deacon, May et Taylor, la ballade "No one but you (Only the good die young)"en 1997. Les comptes en banque du trio restant demeuraient alimentés par les sorties de compilations et de lives antérieurs au décès de Mercury exhumés régulièrement, sans parler de la comédie musicale 'We Will Rock You' montée à Londres. Bref, les Queen s'occupaient. Oui mais voilà, l'appel du live fut trop fort, et c'est ainsi que May et Taylor contactèrent leur vieux pote Paul Rodgers, auteur d'une belle carrière, tant en solo qu'au sein de Free ou Bad Company, pour tenir le micro pour une tournée sous le vocable prudent 'Queen + Paul Rodgers'. Deacon, goûtant les joies de la retraite, n'était en revanche pas intéressé pour remettre le couvert.
La tournée fut commercialement un succès, et même si l'organe de Rodgers était considérablement éloigné de celui de Mercury, les critiques des concerts donnés étaient plutôt bonnes. Cela conforta le trio dans l'idée de fournir un nouvel album studio, qui sera donc...
The Cosmos Rocks 15 septembre 2008 Production: Brian May, Roger Tayor & Paul Rodgers
Quand on voit la pochette, légitimement, on a des craintes. Ca va ressembler à quoi, "Queen + Paul Rodgers"? On glisse le CD dans la chaîne, et une heure plus tard, on a la réponse: ça ressemble à Paul Rodgers, Brian May et Roger Taylor qui jouent ensemble du rock sans grand éclat, mais en aucun cas ça ressemble à du Queen. Ou plutôt, quand ça y ressemble, c'est à grands coups de clin d'oeil trop appuyé pour être honnête (la rythmique de "We will rock you" qui arrive en plein milieu de "Still burnin'"). Pour le reste... On ne va pas reprocher au trio d'avoir fait cet album, car ils ont sans doute pris beaucoup de plaisir à le réaliser. Mais soyons honnêtes: The Cosmos Rocks n'a aucun intérêt. On entend du rock en pilotage automatique, certes parfaitement exécuté (Rodgers sait chanter, May et Taylor savent jouer), mais dont on ne retient rien. A la rigueur, le single "Say it's not true" (ballade très FM mais pas mal fichue) capte un peu l'attention, mais le reste... L'autre single, "C-lebrity", rock balourd, est assez nul, il faut bien le reconnaître. Tout l'album est sensiblement du même tonneau: insipide, inintéressant, on se surprend à faire régulièrement autre chose même à la première écoute. On sauvera quand même l'intro marrante "Cosmos rockin'" (coucou "One vision" pour l'intro) et la très jolie "Small", dont le thème est d'ailleurs repris en fin d'album. Et c'est à peu près tout. On laissera le soin aux complétistes et aux curieux de jeter une oreille sur la chose pour se faire une idée, mais, de l'avis général, cet album ne s'imposait pas... Il n'a d'ailleurs pas eu de suite, May et Taylor décidant ensuite d'embaucher le jeune Adam Lambert pour assurer les tournées mondiales, mais, pas fous, sans aucun nouvel album à la clef. The Cosmos Rocks restera donc sans doute l'ultime album studio de Queen...
ALBUMS LIVE (+ DVD CORRESPONDANTS)
Les albums live seront présentés suivant leur date de parution, et non leurs dates de captation.
Live Killers
22 juin 1979
Enregistré un peu partout en Europe entre janvier et mars 1979
Production: Queen
Pour leur premier album live, les Queen ont décidé de prendre à contre-pied bon nombre de leurs fans. Au lieu de présenter un disque hyper léché comme leurs albums studios, ils optent pour un double album live enregistré les deux doigts dans la prise, sans aucune retouche, et avec un mixage rudimentaire. On a donc un son hyper agressif, très aigu (que regrettera d'ailleurs publiquement Taylor plus tard), et si ça rend pénible une écoute sur un matériel "normal" (exemple type: dans la voiture), l'écoute au casque rend justice à l'incroyable cohésion du groupe, qui jouait alors sans aucun musicien additionnel. L'occasion aussi de retrouver des morceaux en concert peu connus ("Spread your wings", "Dreamer's ball"...) et surtout une incroyable "fast version" de "We will rock you". A noter un set acoustique au milieu du concert, qui préfigure ce que bon nombre d'artistes feront dans les années à venir. Un disque brutal, sans concession, mais, pardonnez-moi l'expression, sacrément couillu.
Live Magic
1er décembre 1986
Enregistré à Knebworth, Budapest et Wembley en juillet et août 1986
Production: Queen & Trip Khalaf
Vous voulez savoir ce que c'est qu'un disque live complètement foiré de A à Z? Hé bien écoutez Live Magic, vous ne serez pas déçu! Les concepteurs de ce disque, censé être un témoignage du 'Magic Tour', ont d'abord décidé de ne pas proposer un concert en entier. Bon, ça, soit. Ca devait tenir sur un seul vinyle, on a donc à peine 45 minutes de concert, c'est sûr que c'est pas terrible, mais on se dit qu'on va survivre. Sauf que les gars n'ont pas tronçonné que le concert, ils ont aussi tronçonné...les morceaux. Et là, c'est un carnage. L'intro de "I want to break free" saute, et le morceau démarre donc par la foule chantant a cappella. La fin de "Tie your mother down" est bidouillée. Plus grave encore, "Friends will be friends" et "We are the champions" sont réduites chacune à un couplet et un refrain. Et le pompon ultime: "Bohemian rhapsody" est amputée de toute la partie "opéra". Grotesque, totalement grotesque, et totalement indigne de Queen. Ce disque est d'autant plus dispensable que les parutions ultérieures de Live At Wembley 86 et Hungarian Rhapsody: Queen Live In Budapest l'ont rendu totalement obsolète. Bref, un conseil: fuyez!
At The Beeb
4 décembre 1989
Enregistré les 5 février et 3 décembre 1973
Production: Bernie Andrews
Comme son nom l'indique, cet album regroupe huit titres - dont sept extraits du premier album du groupe - enregistrés en deux temps pour la BBC en 1973. A réserver bien évidemment en priorité aux fans, mais à l'écoute de ce disque, on se rend compte que le quatuor possédait déjà un sacré bagage technique alors qu'il n'en était qu'à ses débuts.
Live At Wembley '86
26 mai 1992
Enregistré le 12 juillet 1986 à Wembley
Production: Queen
Sorti six mois après le décès de Mercury, cet album était un peu attendu comme le graal par tous les fans du groupe, eu égard à la piètre qualité du Live Magic jusqu'alors seul témoignage de cette tournée. Là, attention: on a l'avant-dernier concert donné par Queen dans sa formation originale dans son intégralité, et ça envoie sévère. Alors oui, certains sons de synthés font frémir, Mercury pioche un peu vocalement sur certains passages, mais l'ensemble est galvanisant. Notons la performance de May sur son "Brighton rock solo", qui seul sur scène pendant près de dix minutes, joue avec ses effets sans sombrer dans la démonstration gratuite, en ayant le souci de créer de vraies mélodies.
Le DVD de ce concert est hautement recommandable. En effet, l'équipe technique s'était fait les dents sur le concert de la veille (rendu compliqué par les trombes d'eau s'abattant sur Wembley ce soir-là) et savait donc précisément qui filmer et à quel moment. Malgré un grain d'image qui a un peu vieilli (forcément), c'est donc une très bonne réalisation. Le deuxième DVD contient en outre un reportage passionnant sur les coulisses du concert.
Queen On Fire: Live At The Bowl 25 octobre 2004 Enregistré le 5 juin 1982 à Milton Keynes
Production: Brian May, Roger Taylor & Justin Shirley-Smith
Alors là, attention. Bien sûr, il n'y a pas les tubes issus de The Works et A Kind Of Magic. Mais alors mes aïeux, quelle prestation! Pourtant, l'ambiance n'est pas au beau fixe dans le groupe le soir de ce concert. Ils viennent de passer des mois douloureux en studio pour accoucher de Hot Space, sorti quinze jours auparavant, et au cours de l'enregistrement duquel ils se sont écharpés sérieusement. Cerise sur le gâteau, l'album est éreinté par la critique. Bref, sur le papier, il y avait tout pour que le concert donné à Milton Keynes ce soir-là soit en mode "soupe à la grimace". Ben c'est tout l'inverse qui se produit. Mercury chante extraordinairement bien (cf. la version ahurissante de "Somebody to love"), et les trois autres jouent comme si leur vie en dépendait, et ce même si Brian May rencontre des problèmes avec son jack capricieux pendant son "Brighton rock". La scène sied à ravir à "Back chat", et on notera des versions dantesques de "Fat bottomed girls" et "Sheer heart attack", et ça permet aussi de voir Deacon jouer de la guitare sur un titre ("Staying power"). Moins mythique que le Live At Wembley, certes, mais s'il fallait finalement retenir un seul album live dans la carrière de Queen, ce serait peut-être bien celui-là.
Le DVD est hautement recommandable: certes, on est en 4:3 et les projecteurs blancs laissent des traînées quand les caméras bougent, mais l'intensité de la prestation est palpable. Rien que pour le "Fat bottomed girls" avec simulation de coït par Mercury sur le final, ça vaut le détour!
Return Of The Champions
19 septembre 2005
Enregistré le 9 mai 2005 à Sheffield
Production: Josh Macrae, Justin Shirley-Smith & Peter Brandt
Qu'on s'achète une place de concert pour aller applaudir Queen + Paul Rodgers, pourquoi pas. On sait qu'on va entendre du tube au kilomètre (ceux de Queen et de Rodgers, qu'ils soient pour ce dernier issus de sa carrière solo ou de ses aventures avec Free et Bad Company), que ça va être parfaitement exécuté, bref qu'on va passer une bonne soirée. Par contre, surtout à l'ère du numérique / digital / streaming, quel intérêt d'acheter le CD ou le DVD de cette prestation donnée à Sheffield? Entendre Rodgers courir après "The show must go on"? Ou s'en sortir nettement mieux sur "Fat bottomed girls"? Bref, ne pas cesser, inconsciemment ou pas, de comparer les prestations de 2005 avec celles de 1986 et avant? Résumons nous: seuls les complétistes acharnés voudront avoir dans leur cdthèque ou leur dvdthèque ce Return Of The Champions (ce titre en plus...), les autres iront sur Deezer ou YouTube et s'en contenteront...et ce sera difficile de leur en vouloir.
Cette fois, nous sommes sur la tournée 1981, qui suit la parution de The Game. Une set-list qui présente beaucoup de similitudes avec celle de Queen On Fire, un concert plus "propre" et peut-être moins intense que celui de Milton Keynes, mais en revanche une qualité d'image nettement supérieure (exemple ici), donc à chacun de faire son choix! A noter que ce live contient également la fameuse prestation du groupe au Live Aid.
Live At The Rainbow '74
8 septembre 2014
Enregistré le 31 mars et les 19 et 20 novembre 1974 à Londres
Album (et DVD) live très intéressant, car présentant le groupe jouant des extraits de ses trois premiers albums, soit avant l'explosion de notoriété liée au succès de A Night At The Opera. Et ça décapsule sévère les enfants. Si les tenues vestimentaires piquent les yeux, il n'en est absolument pas de même pour la musique, qui montre un groupe d'une cohésion affolante pour si peu d'années d'existence. Rien que la version de "Stone cold crazy" donne le vertige, et c'est le même topo pour toute la prestation. Certes, pour le "grand public", il y a peu de tubes en magasin (que "Killer queen" et "Now I'm here" finalement), mais c'est évident que cette prestation vaut le détour.
A Night At The Odeon - Hammersmith 1975 20 novembre 2015 Enregistré le 24 décembre 1975 à Londres Production: Justin Shirley-Smith, Kris Fredriksson & Josh Macrae
Concert donné la veille de Noël 1975 à l'Hammersmith Odeon de Londres. Intéressant car contient la première version live de "Bohemian rhapsody", A Night At The Opera étant sorti un mois auparavant. Après, c'est le seul titre extrait de ce dernier album en date, ce qui provoque un effet doublon non négligeable avec le Live At The Rainbow '74 évoqué juste avant.
On Air 4 novembre 2016 Enregistré un peu partout entre 1973 et 1986 Production: Justin Shirley-Smith, Kris Fredriksson & Josh Macrae
Cet album existe en deux versions: 2 CD ou 6 CD. La version 2 CD, et les deux premiers CD de l'édition 6 CD, proposent l'intégralité des prestations de Queen données à la BBC entre 1973 et 1977, donc pas mal de doublons avec le At The Beeb évoqué plus haut. Le CD 3 contient divers morceaux enregistrés live entre 1973 et 1986, sans qu'on ait de trucs vraiment exceptionnels. Et les trois derniers CD contiennent des...interviews! Autant dire qu'on est là sur un disque à réserver aux fans purs et (très) durs.
COMPILATIONS
Ne seront ici évoquées que les compilations les plus connues et les plus facilement trouvables (et abordables!) dans le commerce et sur le net.
Greatest Hits
26 octobre 1981
Best of des singles les plus célèbres du groupe sur la période 1973-1981. Disque le plus vendu de l'histoire en Angleterre. 25 millions d'exemplaires vendus à travers le monde. Indispensable? Oh que oui!
Greatest Hits II
26 octobre 1991
Ironie de l'histoire, c'est un mois avant le décès de Freddie Mercury que sort cette compilation, qui regroupe les singles les plus vendus du groupe sur la période 1981-1991. Peut-être moins de tubes universels que sur le Greatest Hits mais ça reste quand même de haute volée, et cela permet aussi d'avoir sur CD les versions singles de "I want to break free", "I want it all", "Who wants to live forever" et "I'm going slightly mad".
Queen Rocks
3 novembre 1997
Pochette hideuse, mais concept rigolo pour cette compilation: regrouper toutes les chansons qui déménagent de la discographie queenesque. Et un inédit en prime, qui pour le coup est une...ballade, à savoir "No-one but you (Only the good die young)". Le disque idéal pour se réveiller rapidement le matin!
Greatest Hits III
8 novembre 1999
Bon, là par contre, ça commence à sentir sérieusement le réchauffé et le "sortons un nouveau best of avant les fêtes". Concrètement, cette compilation ne ressemble à rien: entre des morceaux interprétés par le trio restant avec d'autres interprètes (Elton John, George Michael...), des morceaux solo de Mercury et May, et le single inédit de 1984 "Thank God it's christmas", il n'y a aucune cohérence sur ce disque. En plus de ça la pochette est lourdingue à souhait!
The Platinum Collection: Greatest Hits I, II & III
13 novembre 2000
Tout est dans le titre de cette compilation: les trois Greatest Hits regroupés dans un seul coffret, souvent à un prix très attractif. Peut intéresser donc les néophytes.
Absolute Greatest
11 novembre 2009
Encore un best of à l'approche d'un Noël... Pari de cette compilation: regrouper les titres les plus connus de Queen sur un seul disque et en 20 titres. C'est forcément incomplet et imparfait, mais très objectivement, au vu du choix des titres, c'était difficile de faire mieux (même si on aurait bien échangé "One vision" contre "Innuendo", mais à quelques secondes près ça ne rentrait pas sur le disque!).
Deep Cuts Volume 1 1973-1976
14 mars 2011
Deep Cuts Volume 2 1977-1982
27 juin 2011
Deep Cuts Volume 3 1983-1995
5 septembre 2011
Alors ça, pour le coup, ce sont des compilations extrêmement intéressantes, puisque ce sont en quelque sorte les "best of" des chansons moins connues de Queen. Ou comment retrouver "'39", "The millionnaire waltz", "In the lap of the gods...revisited", "Spread your wings", "It's late", "Bijou" ou "Was it all worth it" sur des compilations. Bien agréables et bien pensées!
Queen Forever
10 novembre 2014
Grosse pub pour cette compilation, car on allait découvrir trois inédits, dont le fameux duo Freddie Mercury / Michael Jackson! Et alors? Ben... Grosse déception. Les deux premiers inédits sont des morceaux retravaillés dans les très grandes largeurs par May et Taylor, quant au duo Mercury / Jackson, ben... C'est la preuve que deux personnes talentueuses travaillant ensemble ne créent pas forcément quelque chose de génial. Parce que bon, "There must be more life than this" est bien mimi, mais il n'y a pas de quoi faire le moonwalk. Pour finir, les 18 autres titres de cette compilation ont été choisis sans aucun souci de cohérence, mélangeant gros succès et morceaux obscurs. Compilation très peu convaincante malgré son titre pompeux.
DVD
Là aussi, ce seront les principaux DVD qui ne font pas l'objet de leur équivalent en CD, qui seront évoqués.
The Freddie Mercury Tribute - Concert For Aids Awareness
Le fameux concert donné le 20 avril 1992 à Wembley en hommage à Freddie Mercury. Sur la première partie, les invités jouent essentiellement leurs propres morceaux, à l'exception de Def Leppard, qui interprète "Now I'm here" avec Brian May, et surtout Extreme, qui exécute un medley queenesque totalement ahurissant. La première partie est aussi l'occasion de voir les Guns'n'Roses au faîte de leur gloire, et de découvrir le goût de Bob Geldof pour les vestes à fleurs... Sur la seconde partie, les invités jouent uniquement du Queen (sauf Bowie, qui case "Heroes" et "All the young dudes"), épaulés par Deacon, May et Taylor. Et là, c'est globalement stratosphérique. Les interprètes ne jouent pas à imiter Mercury, et des gens comme Seal, Zucchero ou Roger Daltrey parviennent à s'approprier leurs morceaux. Seul le pauvre Paul Young passe totalement à côté de son sujet en massacrant "Radio ga ga" (à noter que Robert Plant a interprété deux morceaux ce soir-là, et s'il s'en est bien tiré sur "Crazy little thing called love", il a en revanche planté dans les très grandes largeurs "Innuendo", et a demandé à ce que cette dernière ne figure pas dans le DVD). Et puis il y a les moments inoubliables. Le "Under pressure" de David Bowie et Annie Lennox. Le "Too much love will kill you" interprété par Brian May avec une émotion non feinte. Et puis évidemment LE moment ultime. La chanson où, même au bout du 150ème visionnage, on reste bouche bée devant la performance du chanteur et des musiciens qui l'accompagnent, galvanisés qu'ils sont par ce que ce gars en veste flashy parvient à faire. "Somebody to love" par George Michael: il faut le voir pour le croire. Un concert à l'image de Queen: complètement too much, parfois à côté de la plaque mais souvent absolument génial. A noter qu'un DVD bonus permet de visionner les répétitions du concert, et c'est très instructif.
Greatest Video Hits 1
Greatest Video Hits 2
Comme leurs noms l'indiquent, ces DVD regroupent la quasi totalité des clips du groupe. "Quasi" car contrairement à la VHS, les clips issus de l'album Innuendo sont curieusement absents. Dommage car, de ce fait, il n'existe pas d'intégrale des clips de Queen, alors même que le groupe était assez précurseur en la matière.
Hungarian Rhapsody - Live In Budapest
Concert capté fin juillet 1986, mais qui fait donc totalement doublon avec le Live At Wembley '86. Seule différence: un medley fifties raccourci et un traditionnel hongrois chanté à la place. Pas un intérêt phénoménal donc.
Pour terminer, je ne saurais trop conseiller deux autres DVD:
- l'inévitable "Classic Album" consacré à 'A Night At The Opera": May, Taylor, les ingénieurs du son et producteurs de l'époque témoignent des coulisses de l'enregistrement de ce disque, et c'est tout bonnement passionnant (comme d'ailleurs tous les "Classic Albums" de cette série de documentaires)
- le rockumentaire "Days Of Our Lives", commandé par la BBC, et qui en 2 heures (+ 40 minutes de bonus) retrace la carrière de Queen, avec là encore les interviews de tous les protagonistes de l'aventure. Détail appréciable: les détails qui fâchent ne sont pas occultés, ce qui rend les quatre membres du groupe très humains.