mardi 8 janvier 2019

L'autobiographie du jour: Bruce Springsteen - Born to run


Ayant déjà lu les autobiographies de Keith Richards (Life) et Neil Young (Une Autobiographie), j'ai abordé celle de Bruce Springsteen en m'attendant à trouver les mêmes qualités et défauts que les deux susnommées, à savoir plein d'anecdotes croustillantes et intéressantes sur la vie de groupe / les techniques de composition et d'enregistrement de certains morceaux, mais aussi des divagations pas toujours palpitantes sur tel ou tel point (à ce titre, Neil Young et ses dizaines de pages sur son système audio "po-no" soi-disant révolutionnaire ou sur sa bagnole électrique, c'est un peu relou à la longue).

Hé ben pas du tout.

Et pourtant, je pense être plus "fan", même si ça ne veut pas dire grand-chose, de l'oeuvre de Richards et Young que de celle du Boss. Mais franchement, l'autobiographie de ce dernier est tout bonnement remarquable. Springsteen se met à table, et accessoirement pose ses tripes sur ladite table. Où l'on apprend que c'est sa relation ultra complexe avec son père qui a finalement sous-tendu toute sa carrière, voire toute sa vie, qui lui a donné à la fois cette puissance ahurissante en live et sa tendance à la dépression profonde, dont il n'est toujours pas complètement sorti. Springsteen se livre sans fard, a le bon goût de reconnaître ses erreurs, et aussi de ne pas balancer nommément les membres du E Street Band qui ont pu parfois le décevoir (genre ceux qui voulaient être davantage rémunérés que les autres...).

C'est bien écrit, clair, totalement chronologique, avec des chapitres très courts. L'importance de Patti Scialfa dans son équilibre professionnel et personnel est largement soulignée, et les passages dans lesquels il évoque ses trois enfants comptent parmi les plus émouvants. Springsteen décrit également le contexte de l'enregistrement de chaque album, ce qui permet de les apprécier pleinement - à l'exception de Human Touch et Lucky Town, qu'il évoque à peine et dont on sent qu'il n'est pas hyper satisfait.

Bref, même si l'on n'est pas un fan hardcore de Springsteen, je ne saurais que trop recommander ce livre, qui montre un songwriter avant tout profondément humain, et en proie à des tensions internes difficilement soupçonnables à la seule écoute de ses chansons. 

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