vendredi 21 juin 2019

Mark Knopfler, Lyon, Halle Tony Garnier, 19 juin 2019

Après être allé applaudir la (très bonne) copie en mars (The Dire Straits Experience), nous voici donc dans la Halle Tony Garnier pour voir une dernière fois l'original, j'ai nommé Mark Knopfler. Il l'a dit et répété: cette tournée est sa dernière, il continuera certes à composer des disques mais pour les concerts, ce sera rideau à la fin de ce tour. Et en même temps, difficile d'en vouloir à un musicien qui va sur ses 70 printemps, qui a été sur la route quasiment non-stop depuis ses 25 ans, et qui a toujours été d'une honnêteté sans failles à l'égard de son public, n'hésitant pas à saborder en pleine gloire son joujou Dire Straits, qui devenait tellement énorme qu'il lui échappait, pour se consacrer à une carrière solo parfaitement intègre.

L'âge de Knopfler se ressentait également sur deux points en ce mercredi soir: l'horaire inhabituel du concert (19h30, en semaine et sans première partie...du jamais vu!) et les cheveux blancs, voire l'absence de cheveux, d'un grand nombre des spectateurs présents. La Halle était pleine comme un oeuf mais en configuration "fosse assise", c'était donc 7.000 personnes qui attendaient de recevoir la bénédiction de saint Stratocaster.

C'est finalement à 20h pétantes que le concert démarre, et démarre au quart de tour avec deux rocks bien solides d'emblée, j'ai nommé "Why aye man" et "Corned beef city". En plus de Knopfler, on a 10 (!) musiciens sur scène, soit deux claviers (dont Guy Fletcher, ex-Dire Straits), deux multi-instrumentistes à dominante violon-flûte traversière-uiellan pipes, un bassiste, un batteur, un percussionniste (Danny Cummings, ex-Dire Straits lui aussi), deux cuivres et un guitariste. Ca fait beaucoup de monde. Surtout pour la Halle Tony Garnier. Vous me voyez venir...

Hé oui, si le light-show était hyper efficace sur ces deux premiers morceaux, avec ces rampes de LED horizontales, le son était en revanche atroce. Une véritable bouillie sonore, d'où n'émergeait...pas grand-chose, et surtout pas la voix de Knopfler, totalement inaudible sur "Corned beef city". Et pourtant nous étions à côté de la console, donc on entendait la même chose que l'ingé-son, mais le pauvre gars bataillait comme il pouvait avec l'acoustique capricieuse de cette salle.

Heureusement, la délicate "Sailing to Philadelphia" arrive. Et là ça va nettement mieux. Déjà le morceau est splendide, ça aide. Et puis Knopfler s'empare de sa Strat, et lors de la pose du premier accord, les 7.000 spectateurs ont tous eu le même frisson au même moment. Très belle version, avec des solos de différents instruments à la fin. Si Knopfler se déplace désormais avec une lenteur certaine et apparaît bien raide du dos, il n'a pas d'arthrose au niveau des mains, je vous le garantis. Son jeu reste fluide, délié, d'une musicalité rare, sans non plus en faire des tonnes, toujours en servant la mélodie de base sans chercher à la couvrir. De l'art du savant dosage...

Première incursion chez Dire Straits ensuite avec une belle surprise: mais qu'est-ce que c'est que cette intro à la flûte traversière? Mais, mais c'est celle de l'album Alchemy Live! Mais c'est donc "Once upon a time in the west" qui arrive! Très bonne version, avec un tempo certes assez lent, mais un batteur hyper pêchu qui dynamisait bien le tout.

Oh oh, une intro au saxophone bien reconnaissable maintenant... Tac, "Romeo and Juliet" en version On The Night cette fois. Pas de doute, même au bout de la 120000ème écoute, cette intro reste une pure merveille... Et le reste de la chanson aussi, ça va de soi.


Knopfler nous explique ensuite pourquoi il a pris la décision d'arrêter les tournées (je vous la fais en français): "je suis un vieil homme maintenant, il est temps que je m'en aille avant de finir comme un arbre (mime l'arbre en train de tomber). Mais j'ai adoré jouer toutes ces années devant vous"... En deux minutes, il a plus parlé que pendant les trois concerts auxquels j'avais assisté lors de ces différentes tournées! Le Knopfler devient prolixe et touchant en vieillissant...

Il attaque ensuite le quart d'heure des ballades acoustiques tirées de son dernier album, avec "My bacon roll" et la très jolie "Matchstick man", avant laquelle Knopfler nous raconte la génèse de cette chanson, souvenir lointain d'un jour de Noël où il revenait d'un concert, où il avait cru faire le malin en faisant de l'auto-stop, et où il s'était retrouvé tout seul dans la campagne anglaise avec sa guitare, son sac, et de la neige à perte de vue...

Retour en terres irlandaises ensuite avec une de mes préférées, la faussement joyeuse "Done with Bonaparte", puis retour en terres tranquillou-acoustiques avec "Heart full of holes" et "She's gone". Très joli, mais ça commençait à ronronner un petit peu. Et c'est là où, malin, le père Knopfler nous sort "Your latest trick". Alors certes, ce n'est (vraiment) pas ma préférée de Dire Straits, mais faut reconnaître, c'est super bien fichu, et en concert ça le fait.


Après ça, Knopfler sort l'arme fatale pour mettre l'ambiance à un concert avec "Postcards from Paraguay" et son rythme tropical qui fait se lever toute la fosse. Là, clairement, le concert est passé à un cran supérieur.


Après le traditionnel "Oe oe-oe-oe", Knopfler s'approche du micro et lance: "there's gonna be a record of you some place"... Nom d'une pipe, "On every street"! Si je m'y attendais! Version à tomber par terre, frissons garantis à certains passages ("a three chord symphony crashes into space", j'ai toujours adoré cette phrase, ne me demandez pas pourquoi). Et les instruments ont à peine le temps de refroidir qu'ils balancent "Speedway at Nazareth". Aaaaaah... MA chanson préférée de la carrière solo de Knopfler. Version à décorner les boeufs, sur le final instrumental, le batteur fait un solo en continu, ça bastonne de partout, le son est cette fois puissant sans être brouillon, c'est THE panard les amis.


Ils quittent la scène, mouahaha, moi je dis qu'ils bluffent. Et évidemment qu'ils bluffent puisque les voilà pour une version bien rock de "Money for nothing", avec l'intro et l'outro qui vont bien. C'est que du bon les copains.


Ils repartent, puis reviennent avec une jolie surprise, la très jolie "Piper to the end" que j'aime beaucoup. Sur d'autres dates de la tournée, certains ont eu droit à "Brothers in arms" à la place, bon OK soit, mais quand même, joli morceau.

Et pour finir, pour "aller à la maison"..."Going home", le thème de "Local hero", avec une intro inédite, la faute à une oreillette capricieuse!


Et cette fois c'est fini pour de bon, après 2h10 de concert. Les spectateurs étaient tous ravis - on croisera d'ailleurs à la sortie de la Halle un certain Michael Jones, venu en voisin. Alors oui, il n'y a pas eu de "Sultans of swing", ni de "Telegraph road", ni de "Brothers in arms". Et en même temps, on les avait eues sur toutes les tournées précédentes ou presque. Knopfler a préféré (se) faire plaisir pour cette ultime tournée en balayant toute sa carrière en ne privilégiant pas forcément ce que le grand public attendait, mais qui lui en voudrait? A l'exception de Tracker, tous ses albums solos ont été représentés hier soir, et il y a eu des morceaux de Dire Straits pas joués depuis un long moment.

Un orfèvre s'en va, indéniablement. Souvent moqué pour son look dans les années 80 (ah le bandana en éponge...), critiqué aussi pour être devenu, quasiment malgré lui, le leader du groupe le plus important des années 80 en terme de ventes de disques, Knopfler est parvenu, avec sa carrière solo, à faire ce qu'il avait vraiment envie de faire, et ce dernier tour de piste est venu le confirmer. Il laisse derrière lui une ribambelle de tubes bien sûr, mais surtout un sens de la musicalité hors du commun. Tout a l'air évident, et pourtant tout est hyper travaillé et réfléchi.

Grand bonhomme. Merci pour tout mister Knopfler et bon vent!

Why aye man
Corned beef city
Sailing to Philadelphia
Once upon a time in the West
Romeo and Juliet
My bacon roll
Matchstick man
Done with Bonaparte
Heart full of holes
She's gone
Your latest trick
Postcards from Paraguay
On every street
Speedway at Nazareth

Money for nothing

Piper to the end
Going home - theme from "Local Hero"

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