lundi 20 janvier 2020

Les Innocents, Décines-Charpieu, Le Toboggan, 17 janvier 2020

En ce pluvieux vendredi d'hiver, c'est peu dire que nous avons passé une soirée plus que chaleureuse avec JP Nataf, Jean-Christophe Urbain et leurs trois acolytes. C'était l'un de ces concerts qui fait profondément du bien, qui met la musique et le partage en avant, bref un de ces concerts grâce auxquels on se dit que, si la musique ne peut pas changer les choses, elle peut permettre en revanche de passer de merveilleux moments.

Déjà, le cadre aidait. Le Toboggan est une chouette salle de la banlieue lyonnaise, extrêmement accueillante avec son bar-mini restau à l'entrée, un peu calquée sur le mode du Radiant à Caluire. Pour le concert des Innocents, c'est l'option "tout le monde assis" qui a été retenue, ce qui a ajouté au côté convivial de l'affaire.

A 20 heures pétantes, la première partie fait son entrée, à savoir John M. Un chanteur-guitariste aidé d'un pad au pied pour reproduire le son de la grosse caisse, et un bassiste-choriste. Ce dernier ayant une basse Hofner "violon" type McCartney, ça sentait bon dès le départ... Sans être renversant non plus, c'était pas mal du tout, avec des chansons majoritairement en anglais et très bien fichues. A voir ce que ça donne sur disque avec une formation plus étoffée de ce qu'ils nous ont dit.

A 20h50, les choses sérieuses commencent, enfin sérieuses... Ca commence par un éclat de rire général puisque les Innocents se permettent de démarrer par "Un monde parfait", pas forcément la plus facile de leur répertoire (surtout vocalement). Sauf que JP Nataf avait mis son capodastre sur la mauvaise case de sa guitare, ce qui a fait que son petit gimmick d'intro était complètement faux par rapport au reste du groupe. Grosse poilade. En revanche après, ça a déroulé, et pas qu'un peu.

Déjà vocalement, Nataf nous a indiqué rapidement au cours de la soirée qu'il avait arrêté de fumer. Ben ça s'entend nettement. Sur les notes (très) hautes, il a été impeccable toute la soirée, c'était impressionnant de maîtrise et de justesse.

Ensuite, au niveau cohésion, le quintet sonne d'enfer. Le duo Nataf / Urbain est désormais secondé par un batteur, un bassiste-choriste avec une voix d'enfer, et un multi-instrumentiste en mode claviers / guitares / harmonica / percussions. Et le groove d'ensemble est impressionnant. A posteriori, on se rend compte que JP Nataf et Jean-Christophe Urbain avaient besoin de faire la tournée 2015-2016 qui avait suivi la parution de Mandarine uniquement en duo afin de retrouver leurs marques après près de 20 ans sans avoir partagé de scène. Pour les avoir vus lors de cette tournée, le spectacle était superbe mais sur les morceaux pêchus on regrettait parfois de ne pas avoir de groupe au complet pour les soutenir.

Là, c'est tout le contraire. C'est à la fois très carré, et à la fois ils laissaient une vraie place à l'improvisation. Quand Nataf se met à chanter à tue-tête "Qui c'est celui-là" de Pierre Vassiliu en plein milieu de "Fous à lier" ou quand il se met à faire le quasi grand écart en plein milieu de "J'ai couru", on a intérêt à être un musicien souple pour s'adapter rapidement.

Et puis ce qui a fait plaisir, c'est le bonheur visible des duettistes de se retrouver et de retrouver leur public. Nataf donc très exubérant, Urbain plus en retenue mais s'autorisant quand même des sauts, voire du headbanging maison sur certains passages, des échanges directs avec les spectateurs, des modifications de paroles pour coller au moment ("la toile de Nîmes" de "L'autre Finistère", qui devient "La toile de Décines", mouarf) bref une vraie bouffée d'air frais.

Dernière chose, et pas des moindre: le répertoire. Soyons lucides, honnêtes, et totalement objectif (même si avec les Innocents, j'ai beaucoup de mal à être objectif, je l'avoue): sur la période 1990-2020, quel autre groupe ou artiste français, à part peut-être Etienne Daho, peut se targuer d'avoir un répertoire pareil? C'est bien simple, vendredi soir, il n'y a pas eu un seul temps mort ou un seul déchet. Pas un seul. Ils nous ont joué les meilleurs titres de leur dernier album, soient, outre les singles "Quand la nuit tombe" et "Apache", les merveilleux "De quoi suis-je mort?", "Slow #1" et surtout "Les cascades", vrai petit chef d'oeuvre. Tous les tubes ont été de la revue évidemment, avec le luxe de caser "L'autre Finistère" en plein milieu du concert, et pas en toute fin ou au rappel comme on aurait pu s'y attendre. Le plus beau morceau français de la décennie écoulée (si si), "Love qui peut", n'a pas été omis, et la version était à se faire dresser tous les poils des spectateurs présents. Et puis deux morceaux ont été joués en mode deux guitares / deux voix, à savoir "Dentelle" et "Jodie" au rappel. Juste des moments de pur bonheur, tout simplement.

A 22h30, l'affaire était entendue. On sort de la salle, on papote au bar, quand soudain au bout de 10 minutes qui voit-on arriver? Je vous le donne en mille: le duo himself, venu discuter avec les spectateurs. Si ça c'est pas de la vraie classe, je ne m'y connais pas... L'occasion donc de discuter 5 minutes avec eux, de se rendre compte qu'ils n'ont pas que l'air sympa, ils le sont vraiment, et de repartir avec un billet dédicacé... Leur tournée continue au printemps, franchement, même si vous n'êtes pas des fans hardcore, ça vaut VRAIMENT le coup d'y aller, parole de Pif Floyd.



Un monde parfait
De quoi suis-je mort?
Les cascades
Danny Wilde
Fous à lier
Dentelle
Love qui peut
Apache
L'autre Finistère
Les cailloux
Slow #1
Quand la nuit tombe
J'ai couru
Colore

Rappel
Jodie
Une vie moins ordinaire
Un homme extraordinaire

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