vendredi 7 août 2020

En passant par la discographie de...The Who

Comme d'habitude désormais pour cette rubrique, un clic sur le titre du morceau vous permettra de l'écouter. Et sous la chronique de (presque) chaque album, un lien pour écouter ce dernier en entier! Bonne lecture!



Il serait fastidieux d'énumérer les péripéties ayant amené Roger Daltrey (chant), John Entwistle (basse), Keith Moon (batterie) et Pete Townshend (guitare) à finalement se baptiser The Who. Il apparaît quand même important de souligner qu'à leurs tout débuts, leur manager, Pete Meaden, leur avait imposé un autre nom, The High Numbers, sous le nom duquel ils avaient enregistré un titre, "Zoot suit", écrit par le même Meaden, et qui s'était allègrement planté dans les charts. Il faut dire que le morceau, pas mauvais en soi, n'avait rien d'extraordinaire non plus, surtout par rapport à ce que les Beatles ou les Kinks commençaient à pondre au même moment.

Le quatuor, constatant cet échec, vire Meaden, se rebaptise illico The Who, et engage Kit Lambert et Chris Stamp comme producteur et manager. Townshend, très fortement influencé par Ray Davies et le riff de "All day and all of the night", écrit le premier single, et accessoirement le premier tube, des Who, l'ultra-efficace "I can't explain". Tout ce qui fera le succès des Who est déjà en germe: riff de guitare agressif, batterie explosive, chant hyper viril, basse qui remplit absolument tous les trous voire plus, bref les Who débarquent!

Mais nous sommes en 1965, et l'heure est encore au single roi, l'album n'étant alors vu que comme une simple suite de chansons, dont les singles en question sont d'ailleurs souvent absents. Les Who publient un autre single, "Anyway, anyhow, anywhere", co-écrit par Townshend et Daltrey, et dont le fracas bruitiste au milieu fait directement écho aux prestations live des quatre furieux. Car la réputation des Who en concert n'est désormais plus à faire. Non seulement ils jouent tous à 101 % tout le temps, non seulement ils jouent à un volume sonore extrêmement élevé pour l'époque, mais en plus ils pulvérisent leurs instruments à la fin de leurs prestations. Succès garanti!

C'est finalement à la fin de l'année 1965 que les Who publient leur premier "long format" comme on disait, et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est une sacrée réussite...

(à noter que tous les liens renvoient vers la chaîne officielle YouTube des Who, donc pas de souci de qualité audio a priori!)



ALBUMS STUDIO



My Generation
3 décembre 1965
Production: Shel Talmy

Sur la pochette de ce premier album, les quatre lascars regardent l'auditeur en mode "descends donc si tu l'oses". Et c'est vrai qu'il fallait oser, en 1965, écouter cette musique sauvage, violente, explosant de rage même plus contenue. Comme c'était l'usage à l'époque, les Who proposent trois reprises, à savoir deux titres de James Brown ("I don't mind" et "Please, please, please") et un de Bo Diddley ("I'm a man"). Si ces relectures n'ont rien de honteux, elles sonnent un peu trop "tendres", comme si le groupe hésitait à lâcher les chevaux sur ces standards américains. En revanche, sur les compositions de Townshend, désormais songwriter en titre du groupe, c'est une autre affaire. Le gratteux sait se montrer délicat mélodiste sur des titres comme "La-la-la lies" ou "It's not true", ou encore sur la merveilleuse "The kids are alright", qui rencontrera un grand succès comme single. Townshend interprète tout seul comme un grand la super efficace "A legal matter", qui traite pourtant d'un sujet assez éloigné des préoccupations adolescentes, à savoir le divorce. Mais là où le groupe s'impose naturellement, c'est sur les morceaux pêchus. "Out in the street" d'abord, qui ouvre l'album, avec ce son de guitare noyé d'écho, et qui deviendra l'une des signatures caractéristiques du "son" Who. L'instrumental furieux "The ox" ensuite, sur lequel Townshend, Moon, Entwistle et le pianiste Nicky Hopkins semblent jouer comme si ces 4 minutes étaient les dernières de leurs existences respectives. Plus de 50 ans après sa parution, ce morceau demeure totalement fascinant, notamment pour la partie de batterie de Keith Moon. Et puis enfin, évidemment, le morceau qui donne son titre à l'album... Un riff accrocheur, un boucan de tous les diables au final, le bégaiement calculé de Daltrey, les interludes de basse d'Entwistle, une phrase en forme de slogan définitif ("I hope I die before I get old")... "My generation" avait tout pour marquer les esprits et rester dans l'histoire. Ca tombe bien, c'est exactement ce qu'il s'est passé. Un premier album incontournable donc.

Album à écouter en entier ici.

En 1966, Townshend continue à créer du single à foison. On se dit d'ailleurs que, si ces derniers avaient tous été inclus dans les albums, on aurait eu des disques d'une qualité encore supérieure, ce qui laisse rêveur. Qu'on en juge: au cours de la même année, les Who sortent d'abord "Substitute", morceau porté par un riff imparable, et qui contient un texte de haute volée, dans lequel Townshend commence à aborder ce qui irriguera tout le reste de son oeuvre, à savoir la fameuse question "qui suis-je vraiment?" ("I look all white but my dad was black"...). Ensuite, c'est "I'm a boy", au refrain lumineux, et qui narre les aventures d'un ado qui se plaint du fait que sa mère aurait bien voulu avoir une fille à sa place (quête identitaire, rebelote). Enfin, c'est la rigolote "Happy Jack", avec un clip qui ne l'est pas moins (rigolo), qui sort au cours de cette même année 1966. N'importe quel groupe aurait inclus ces trois singles dans son album à paraître, hé bien les Who se paieront le luxe de ne pas procéder ainsi. Aucune trace de ces trois chansons donc sur...





A Quick One
9 décembre 1966
Production: Kit Lambert


Pour cet album, la maison de disques avait promis au groupe une confortable (pour l'époque...) avance si chaque membre composait au moins un titre. D'où le fait que Townshend ne se retrouve compositeur "que" pour quatre des dix titres qui composent l'album, étant précisé que ce dernier comporte une reprise, à savoir la fameuse "Heat wave" de Martha & The Vandellas, chanson interprétée par la suite par un nombre difficilement calculable de groupes. Pour le reste, on se rend compte que Daltrey est un bien meilleur chanteur que compositeur, son "See my way", bien qu'honorable, ne déchaînant guère les passions. Côté Keith Moon, le fantasque batteur livre deux compositions: d'abord une chanson presque normale, "I need you", qui tient pas mal la route, malgré le mix des cymbales, mises TRES en avant. Ensuite, un instrumental complètement farfelu, "Cobwebs and strange", qui sonne comme si la fanfare municipale du coin avait pris trop de LSD. C'est pas mauvais, c'est juste que, hors contexte, personne de normalement constitué n'écoutera ça. Les deux titres composés par Entwistle, seul musicien du groupe ayant une formation classique, sont en revanche très intéressants: que ce soit les harmonies de "Whiskey man" ou le riff de basse de "Boris the spider", futur classique de leurs concerts, c'est du très bon niveau. Mais bon, le boss reste Townshend. D'abord parce qu'avec "Run run run", "Don't look away" et surtout "So sad about us", le guitariste prouve qu'il semble capable de pondre des classiques pop rien qu'en claquant des doigts. Ensuite et surtout avec "A quick one while he's away", longue de 9 minutes et 6 mouvements, Townshend montre également qu'il commence à se sentir trop à l'étroit dans le format classique de la chanson de 3 minutes. Quand bien même le thème de la chanson (une jeune fille ne voyant pas son conjoint revenir se console dans les bras du mécanicien du coin) ne casse pas trois pattes à un canard, et quand bien même aussi ce sont surtout les versions live de ce morceau qui lui donneront toute sa dimension, "A quick one while he's away" demeure un sacré tour de force. Au final, un album un peu bancal parfois mais doté d'un vrai charme.

Album à écouter en entier ici.

1967 démarre, et Townshend continue de produire du single qui tue à tour de bras. Cette fois, c'est "Pictures of Lily" qui est publiée et qui rencontre un franc succès, avec des paroles suffisamment elliptiques pour passer sous le radar de la censure (aborder de front le sujet de la masturbation chez l'adolescent risquait de moyennement plaire...). Mais Townshend voit beaucoup plus loin. Il a clairement l'idée d'un album qui ne serait plus simplement une enfilade de titres, mais qui constituerait un tout cohérent. Les Beatles lui grilleront la politesse de quelques mois avec 'Sgt Pepper's Lonely Hearts Club Band', mais il n'empêche que les Who réussissent leur coup fin 1967 en sortant...





The Who Sell Out
15 décembre 1967
Production: Kit Lambert & Chris Stamp

Les Who se déclarent donc "à vendre", et tout l'album va être traversé par cette idée, puisque les morceaux seront reliés entre eux par des faux jingles de publicité composés pour l'occasion, donnant ainsi à l'auditeur l'illusion d'écouter un véritable programme radiophonique. Et le résultat est bluffant, et ce dès le premier morceau, "Armenia city in the sky", écrit par un copain du quatuor (Speedy Keen), et magnifiquement psychédélique. Townshend continue de progresser en terme de songwriting: il arrive tantôt à sonner comme les Byrds ("Mary Anne with the shaky hand", pas besoin d'un dessin), tantôt comme les Beatles psychédéliques ("Tattoo"), tantôt et surtout comme les Who, avec LE single de l'album dans lequel Townshend fondait énormément d'espoir en terme de succès commercial. Malheureusement, même si le morceau est excellent et qu'il atteint la dixième place des charts anglais, Townshend va considérer "I can see for miles" comme un échec, étant persuadé qu'il tenait là un numéro 1, et cela va l'inciter à revoir fondamentalement sa manière de composer. Le gratteux en chef compose également un long format qui clôt le disque, "Rael", dont le thème de la seconde partie sera repris à plusieurs endroits dans Tommy. Côté Entwistle, ce dernier signe 3 titres, dont le très bon "Silas Stingy". Globalement, et même si certains morceaux sont un peu en-deça ("Sunrise" ou "Odorono"), The Who Sell Out est d'un très bon niveau, et marque clairement la transition entre les Who "groupe à singles" et les Who "groupe à albums-concepts".

L'échec dans les charts de "I can see for miles" a clairement mis un gros coup au moral de Townshend. Il en a désormais la certitude: les Who en tant que groupe à singles sont morts, il faut désormais qu'ils se concentrent sur des albums dits 'conceptuels". Histoire d'occuper le marché en 1968, les Who publient trois singles quand même, mais ils n'y sont clairement pas. Si "Magic bus" est un très bon cru, il n'en va pas de même des deux autres singles, "Call me lightning" et  "Dogs", clairement en mode pilotage automatique. Townshend a la tête ailleurs: il travaille sur un projet de grande envergure, et a d'autant plus la pression que le groupe, à la suite d'une gestion plus que discutable de la part de leurs managers, est dans une situation financière des plus délicate. Townshend, encouragé par le producteur Kit Lambert, propose alors aux trois autres un album qui raconterait une histoire qui aurait un début, un milieu et une fin, un peu comme le livret d'un opéra. Cela va donc déboucher sur l'appellation pompeuse d'"opéra-rock", mais ça va surtout déboucher sur...





Tommy
17 mai 1969
Production: Kit Lambert

Bon, alors, oui, l'histoire de Tommy, gamin qui devient sourd, muet et aveugle à la suite de la vision de son père (qu'on croyait décédé à la première guerre mondiale) tuant l'amant de sa mère, qui se fait martyriser par son cousin Kevin et son oncle Ernie, qui devient champion du monde de flipper, qui recouvre tous ses sens quand sa mère pète un miroir, et qui veut encourager la jeunesse du monde à l'imiter sauf qu'au final la jeunesse en question se retourne contre lui, bref cette histoire flirte avec le grotesque, on est bien d'accord. Sauf que, niveau composition et production, les Who ont franchi un cap énorme. Dès l'instrumental d'ouverture, judicieusement baptisé "Overture", le ton est donné: la tonalité d'ensemble sera plus acoustique, avec des cuivres ça et là (merci Entwistle), mais surtout on entend que Townshend a laissé libre cours à son talent de mélodiste, délaissant - pour un temps - le côté rebelle / destructeur de guitare. Alors oui, les amoureux des Who des débuts pourront regretter cette évolution. Mais les autres savoureront cet album qui regorge d'excellents morceaux pouvant être parfaitement écoutés indépendamment du concept de l'album: "Christmas", "Cousin Kevin", "The acid queen", "Sensation", l'instrumental halluciné "Underture"... Mais trois morceaux vont porter l'album aux sommets des charts mondiaux. D'abord le thème intitulé "See me feel me / Listening to you", que l'on retrouve en réalité dans deux morceaux, à savoir "Go to the mirror!" et "We're not gonna take it", et qui sera aussi l'un des grands moments du film "Woodstock (visible ici). Ensuite, "I'm free", et son riff de guitare 100% Townshend. Enfin, et surtout, "Pinball wizard", avec cette intro jouée au moins une fois par tous les guitaristes du monde entier, et qui deviendra un incontournable total du répertoire scénique des Who. Alors oui, l'histoire de Tommy est too much par certains côtés. Mais le nombre de grandes chansons présentes sur ce disque fait que, finalement, on n'y fait plus vraiment attention. Le succès sera colossal, bien plus important que pour n'importe lequel des albums précédents des Who, qui peuvent désormais envisager l'avenir sereinement.
(Question sérieuse: je n'ai trouvé aucune explication quant au fait que, sur la pochette de l'album, chaque membre apparaît dans deux fenêtres, sauf Daltrey, dans une seule. Si quelqu'un sait pourquoi, merci de me l'indiquer!)

La tournée qui suit est triomphale et, globalement, sur la période 1969-1972, on peut affirmer sans grand risque que les Who sont le meilleur groupe de la planète sur scène. Pour l'album suivant, Townshend voit encore plus grand, avec un projet baptisé 'Lifehouse'. Un truc qui serait interactif avec le public, qui raconterait l'histoire d'un futur proche dans lequel (en gros) tous les humains seraient dans des combinaisons qui les isoleraient et les conditionneraient totalement, et où seule la musique pourrait les libérer. Townshend traverse indiscutablement la plus grande phase créatrice de toute sa carrière, composant des dizaines de morceaux à tour de bras. Le groupe commence à entamer des répétitions 'live', rôdant ces nouveaux morceaux en public.

Mais deux problèmes majeurs vont rapidement se poser. D'abord, Kit Lambert, producteur des Who depuis leurs débuts, s'enfonce dans la toxicomanie et se révèle totalement incapable de superviser le projet, ce qui déstabilise sérieusement Townshend, qui avait l'habitude de beaucoup compter sur lui pour les arrangements des morceaux. Ensuite, et surtout, personne ne comprend où Townshend veut en venir. L'histoire est incompréhensible, et même le reste du groupe n'arrive pas à voir où Townshend veut les mener.

L'enregistrement s'enlise, le groupe sort un single, le sublime "The seeker", pour combler l'attente du public. En désespoir de cause, ils font appel au producteur Glyn Johns, collaborateur technique régulier des Rolling Stones et des Beatles, pour mettre de l'ordre dans tout ça. Johns, se rendant compte à la fois de la qualité ahurissante des compositions de Townshend, et du côté totalement incompréhensible du concept de 'Lifehouse', va alors proposer la chose suivante: on oublie le concept et on sort un album "normal" en sélectionnant des chansons pour remplir un seul vinyle. Townshend est mortifié de voir son oeuvre ainsi amputée, mais comprend qu'il s'agit de la seule solution possible. Et c'est dans ce contexte assez tendu que sort LE chef d'oeuvre des Who, j'ai nommé...



Who's Next
14 août 1971
Production: Glyn Johns & The Who


C'est assez extraordinaire de se dire que ce qui est communément admis comme étant le meilleur album des Who est en fait un disque enregistré "par défaut", alors que chacun des neuf titres le composant oscille entre le très bon et l'exceptionnel. Déjà, la pochette pose son homme, les Who semblant faire un gros doigt d'honneur à à peu près tout le monde. On démarre l'album avec le synthé fou de "Baba O'Riley". Puis le piano arrive. Puis Moon. Puis Daltrey et Entwistle. Puis enfin Townshend. Et un chef d'oeuvre défile dans nos oreilles. Tout est parfait, y compris les paroles, à la fois pleines de rage ("I don't need to fight to prove I'm right") et désabusées ("Teenage wasteland"), avec en prime un solo de violon dingo pour finir. Les six morceaux suivants sont de première bourre, que ce soit du Who rageur ("Bargain"), du Who acoustique ("Love ain't for keeping") ou semi-acoustique ("Going mobile"), du Who grandiose ("The song is over", qui aurait du terminer Lifehouse), du Who free ("Getting in tune") ou encore du Entwistle sublime ("My wife" et ses enchaînements d'accords inattendus). Bref, c'est somptueux. Et puis les deux derniers titres achèvent littéralement l'auditeur. "Behind blue eyes" d'abord, alternant passages acoustiques à tomber par terre (ces harmonies vocales, argh...) et pont électrique plein de colère. "Won't get fooled again" enfin. Plus de huit minutes pleines de hargne, mais aussi s'achevant sur un constat complètement désabusé ("Meet the new boss / Same as the old boss") juste après que Daltrey ait poussé un hurlement à faire dresser les poils de n'importe qui normalement constitué. Townshend, lucide, comprend que les idéaux des années 60 sont morts et enterrés, que sa génération, qui avait juré de ne plus se faire avoir ("We don't get fooled again") reproduit exactement les mêmes travers que la génération précédente. Constat amer donc, mais qui débouche sur un album exceptionnel, marqué par l'utilisation révolutionnaire de synthés et par des compositions d'une qualité hors du commun. Townshend est ici touché par la grâce et ne retrouvera plus que très sporadiquement une telle inspiration. Et quand on voit les titres qui ont été écartés (cf. ci-dessous), on ne peut s'empêcher de penser que, si Lifehouse avait vu le jour, peut-être qu'on n'aurait rien compris au truc, mais ça aurait été une collection de chansons qui aurait pu rivaliser pour le titre de meilleur album de l'histoire du rock...

Album à écouter en entier ici.

Durant les années 1971-1972, les Who ralentissent le rythme, notamment en matière de tournées, et se "contentent" de sortir trois singles, mais alors attention. Quand on se dit que ces titres faisaient initialement partie du projet 'Lifeouse'... Jugez plutôt: la fantastique "Let's see action", la très intéressante "Relay" et enfin la "on reprend tous en choeur au refrain" "Join together", c'est pas ce qu'on appelle du petit calibre.

Pour l'album suivant, Townshend aurait très bien pu piocher dans les chutes de son projet échoué ("I don't even know myself", "Pure and easy", "Water"...) mais, et c'est tout à son honneur, il décide de repartir de zéro et d'imaginer un nouvel album-concept, qui cette fois soit compréhensible par tout le monde. Pendant qu'il s'attelle à son écriture, Daltrey et Entwistle enregistrent chacun leur premier album solo, preuve que certains membres ont un peu envie de s'aérer l'esprit. C'est finalement à la fin de 1973 que sort...





Quadrophenia
26 octobre 1973
Production: The Who (et Glyn Johns sur deux titres)

Revoilà donc les Who avec un nouvel "opéra-rock", qui narre cette fois l'histoire de Jimmy, un jeune mod du milieu des années 60, qui se cherche beaucoup beaucoup, à tel point qu'il développe un quadruplement de la personnalité, d'où le titre de l'album. Initialement, chaque Who devait représenter un des aspects de la personnalité de Jimmy, mais imaginons une face entière de vinyle chantée par Keith Moon, brrrr... Et cet album demeure un mystère. Musicalement parlant, c'est certainement ce que les Who (voire Townshend, qui signe seul pour la seule fois dans l'histoire du groupe tous les titres) ont fait de mieux. Les compositions sont hyper travaillées, les arrangements hyper chiadés, notamment au niveau des claviers... Cela s'entend surtout sur les deux instrumentaux de première bourre "Quadrophenia" et "The rock", aux structures très sophistiquées. Daltrey, de son côté, n'a jamais aussi bien chanté. Ecoutez ses performances sur "Helpless dancer", "Sea and sand" ou encore l'homérique "Love reign o'er me", qui deviendra un passage quasi obligé des concerts à venir, le gars est bluffant. Il sera d'ailleurs très mécontent du mix original de l'album, qui ne mettait pas du tout sa voix en avant... Quant à Entwistle, il signe une des plus grandes lignes de basse de l'histoire du rock sur "The real me". Bref, il y a de très bons moments sur ce disque, c'est indéniable. Mais... Mais voilà, il n'y pas l'équivalent de "Pinball wizard", "I'm free", "Baba O'Riley" ou "Won't get fooled again". Pas de chanson qui foudroie sur place, pas de riff qui assassine (le seul marquant est celui de "The punk and the godfather", qui décalque celui de "The acid queen"...)... C'est formellement remarquable, mais ça manque de trucs qui déchirent leur race. Mention très bien quand même pour deux morceaux, le doux-amer "I'm one" et le long format "Doctor Jimmy". Certains préfèrent Quadrophenia à Tommy. Vous aurez compris que, même si l'histoire du premier tient nettement plus la route que celle du second, ce n'est pas mon cas.

Album à écouter en entier ici.

La tournée qui suit va très rapidement virer au cauchemar. Les répétitions se déroulent déjà dans un climat hyper tendu, Townshend étant régulièrement fortement alcoolisé, ce qui va fortement déplaire à Daltrey, qui mettra au cours d'une altercation le guitariste KO pour le compte. De plus, 'Quadrophenia' étant rempli de synthés, le groupe décide de jouer sur scène avec des bandes préenregistrées, comme il le faisait déjà sur "Baba O'Riley" et "Won't get fooled again". Sauf que ce qui était faisable sur deux morceaux va rapidement se révéler injouable sur toute la durée d'un concert. Entre les bandes qui partaient trop tôt ou trop tard et Keith Moon qui pétait une pile à force de devoir "jouer au click", ce qui était une hérésie vu son jeu, les concerts sombrent peu à peu dans le chaos. La palme revenant au concert donné à San Francisco au cours duquel Moon, ayant absorbé trop de substances diverses, s'évanouit en plein concert, revient au bout de 30 minutes d'interruption, se re-évanouit, ce qui aboutit au fait que Townshend demande si un spectateur sait jouer de la batterie! Ce sera la chance de la vie du dénommé Scott Halpin, qui va ainsi terminer le concert en lieu et place de Moon (cet épisode totalement surréaliste est visible ici). Si cela peut prêter à sourire, cela prouve surtout combien le groupe était en sale état à l'époque.

Townshend se remet à écrire, mais sombre de plus en plus dans l'alcoolisme. Et les chansons qui vont naître de cette période sombre vont être teintées d'une nostalgie, voire d'une franche tristesse, assez inédite chez les Who. Cela va donner naissance au disque sans conteste le plus sombre de leur carrière...





The Who By Numbers
3 octobre 1975
Production: Glyn Johns

Lors de sa sortie, cet album fut descendu en flammes par la critique, cette dernière reprochant entre autres à Townshend le fait que The Who By Numbers sonne comme un véritable retour en arrière, sans aucune volonté d'innover. Et il est indéniable que ce disque est simplement une collection de dix chansons, sans aucun concept derrière, sans tentatives d'y inclure de nouvelles sonorités - il n'y a d'ailleurs aucun synthé présent -, bref un truc ultra basique, chose à laquelle les Who n'avaient pour ainsi dire jamais habitué leur public. L'état dépressif latent de Townshend fait que, non seulement les chansons sont globalement nostalgiques, voire douce-amères, mais en plus la tonalité générale de l'ensemble est très fortement acoustique, peu de guitares électriques zébrant le paysage sonore. Pour ne rien arranger, la chanson choisie comme single, "Squeeze box", sonne comme une blague potache, sympathique certes, mais qui est très, TRES éloignée de "Won't get fooled again" ou autre... Bref, The Who By Numbers apparaît de prime abord comme une véritable déception. Pourtant, avec des décennies de recul, on se rend compte que cet album est loin d'être mauvais. Pas renversant certes, mais comportant plusieurs très bons morceaux, notamment "Slip kid", "However much I booze", "Imagine a man" (magnifiques harmonies sur le refrain) et surtout "How many friends", sur lequel Townshend s'interroge sur ceux qu'il peut considérer comme ses véritables amis au sein du music-business... Alors oui, des trucs comme "They are all in love" ou la compo d'Entwistle "Success story" sonnent faiblards, oui les mauvaises langues diront que ce qu'il y a de mieux dans cet album c'est sa pochette (création d'Entwistle d'ailleurs), mais The Who By Numbers, malgré ses imperfections, est doté d'un vrai charme, ce qui sera malheureusement loin d'être le cas de tous les albums suivants...

Album à écouter en entier ici.

Durant les deux années qui vont suivre, après une petite tournée, les Who vont chacun vaquer à des projets solo, sauf Keith Moon. Et c'est là que le bât va blesser. On se rendra compte a posteriori que ce qui tenait le fantasque batteur, c'était l'activité du groupe. A partir du moment où celui-ci entrait en hibernation, Moon était livré à lui-même, donc à ses démons (instabilité psychologique et addictions diverses), et la période 1976-78 va se révéler désastreuse pour lui. Alcool, drogues, tout y passe, et lorsque les Who se retrouvent en studio en 1977, si Daltrey et Entwistle tiennent encore la route, il en va différemment de Townshend, toujours en proie à un alcoolisme important, et surtout de Moon, réduit à l'état d'épave. Comme un rockumentaire est en préparation sur le groupe pour retracer ses 15 années d'existence (qui deviendra 'The Kids Are Alright'), les Who remontent une ultime fois sur scène en 1977 pour deux concerts au Kilburn Theater et aux Shepperton Studios pour fournir des images supplémentaires au réalisateur. Et le constat est édifiant: Townshend surjoue ses moulinets et sauts habituels pour masquer ses faiblesses musicales, et Moon apparaît bouffi par l'alcool, et surtout plante certains breaks, ce qui était encore impensable quelques années auparavant. L'album qui allait ainsi naître ne pouvait être un bon album, et ce fut malheureusement le cas de...





Who Are You
18 août 1978
Production: Glyn Johns & Jon Astley

Un simple coup d'oeil aux crédits de l'album, et déjà on sent qu'il y a un lézard. Sur 9 titres, 6 seulement sont signés par Townshend, les 3 autres étant l'oeuvre d'Entwistle, qui signe donc là un tiers d'un album des Who, ce qui ne lui était jamais arrivé, et qui montre accessoirement la panne d'inspiration rencontrée alors par le guitariste. On lance le disque, et là c'est l'horreur: "New song" jaillit des enceintes, et on se demande si on est en train d'écouter les Who où un groupe les parodiant. Pas de mélodie, des guitares bourrées d'effets moches comme tout, et surtout un synthé pouet-pouet dont Townshend s'était malheureusement entiché à cette période. Daltrey a beau beugler tout ce qu'il peut pour essayer de faire décoller le morceau, c'est peine perdue. Sans doute un des plus mauvais titres des Who, toutes périodes confondues. Les trois titres d'Entwistle sont de qualité très variable: "905" est très bon, "Trick of the light" est pas mal, et "Had enough" bien foirée, avec des synthés sonnant comme le générique de "Champs-Elysées"... Quant à Townshend, c'est peu dire que c'est un peu tout ou rien à cette époque. "Love is coming down" sonne comme un slow de l'été raté, "Guitar and pen" est intéressante sans être renversante, "Sister disco" sonne enfin comme du Who malgré encore une fois le double maléfique de Charly Oleg aux claviers, et "Music must change" est très surprenante, avec ce côté jazzy inattendu chez les Who. C'est malheureusement cette chanson qui va mettre un peu plus en exergue l'état de Moon, incapable de tenir le rythme en 6/8, ce qui va obliger Townshend à remplacer les percussions par des bruits de pas... Enfin, bien sûr, l'album se clôture par "Who are you", redoutablement efficace et qui connaîtra une seconde jeunesse dans les années 2000 grâce à une célèbre série américaine... Mais malgré ce sursaut, Who Are You est clairement un échec sur le plan artistique, et à l'heure où le punk et la new wave émergent, les Who sonnent définitivement largués avec cet album...

Sur la pochette de 'Who Are You', Keith Moon pose sur une chaise portant la mention "Not to be taken away" (littéralement "à ne pas emporter"). Et pourtant, à peine trois semaines après la parution de l'album, le fantasque batteur meurt des suites d'une trop grande absorption de médicaments destinés à soigner son alcoolisme. La lecture des autobiographies de Townshend et Daltrey ne laisse guère de place au doute: pour eux, il s'agit bien d'un suicide, Moon étant parfaitement conscient de son alcoolisme, de sa bipolarité sévère, et de la dégradation irrévocable de son jeu de batterie. La question était donc: qu'allaient faire les trois survivants?

La réponse ne tarda guère, et le trio décida de continuer, pour des raisons aussi bien bonnes (ils n'étaient jamais aussi bons que quand ils se retrouvaient tous les trois sur scène) que mauvaises (divers impératifs financiers). Restait un léger problème: qui pour "remplacer" Keith Moon? Les trois survivants jetèrent leur dévolu sur Kenney Jones, ancien batteur des Small Faces, qui présentait plusieurs avantages: c'était un proche de longue date du groupe, et c'était accessoirement un excellent batteur.

Les Who nouvelle formule vont donc s'embarquer pour une tournée mondiale en 1979-80, qui sera marquée par un tragique concert à Cincinnati, puisque 11 spectateurs trouveront la mort juste avant le concert suite à un mouvement de foule incontrôlé... Bref, c'est un groupe plus mort que vif qui rentre en studio en juillet 1980, et le moins que l'on puisse dire c'est que ça s'entend à l'écoute de l'album qui va naître de ces sessions, à savoir...





Face Dances
16 mars 1981
Production: Bill Szymczyk

Confucius, ou l'un de ses disciples, l'a dit: "il faut toujours se méfier d'un album qui s'ouvre par son single phare, car c'est souvent l'arbre qui cache la forêt". Et cette maxime s'applique malheureusement parfaitement à Face Dances. Car ce disque débute par une tuerie, l'excellente "You better you bet", meilleur morceau des Who depuis des lustres, qui swingue terriblement et qui est porté par une mélodie simple mais d'une efficacité imparable. Et même si Kenney Jones à la batterie ne fait pas oublier Keith Moon, on se dit que c'est d'excellent augure pour la suite de l'album. Sauf qu'en fait, pas du tout. Les huit titres suivants sont tout simplement totalement dénués d'intérêt, les Who sonnant, c'est un comble, comme n'importe quel autre groupe. La faute sans doute à un Towsnshend qui n'a plus grand-chose à dire (et qui se garde en plus certains excellents morceaux pour ses albums solo...), à une production de Bill Szymczyk ultra aseptisée (il avait travaillé auparavant pour les Eagles et le J Geils Band), et puis, il faut bien le dire, à un Kenney Jones ne lâchant jamais vraiment les chevaux. Le résultat est d'une triste banalité, les morceaux quelconques s'enchaînant les uns aux autres sans aucune lueur d'espoir pour l'auditeur. Allez, on va dire que "You" est presque potable, et que "Don't let go the coat" peut s'écouter si on roule sur l'autoroute et qu'on n'arrive pas à capter autre chose. Mais le reste, non franchement, c'est pas possible. "Did you steal my money" avec Townshend qui répète le titre comme un mantra mais au final qui sonne comme un 33 tours rayé... Entwistle qui est responsable de "The quiet one", un titre d'une faiblesse inhabituelle de la part du génial bassiste... "Another tricky day" qui sort en single, et on se demande bien pourquoi... Avec Who Are You, les Who sonnaient largués. Avec Face Dances, ils sonnent comme n'importe qui. A vous de choisir...

Album à écouter en entier ici.

On peut reprocher plein de choses aux Who, sauf d'être idiots. Et Townshend et sa bande en ont bien conscience: les carottes commencent sérieusement à être cuites, le groupe n'ayant plus grand-chose d'intéressant à dire. Sauf que leur maison de disques ne voit pas les choses du même oeil, les Who connaissant notamment un très net regain de popularité aux Etats-Unis depuis la fin des années 70. Il est donc instamment demandé au quatuor d'enregistrer un ultime album, qui servirait de prétexte à une tournée d'adieux fort lucrative... Autant dire que c'est un groupe pas forcément complètement concerné qui rentre en studio en juin 1982... Heureusement, Townshend fait appel au fidèle Glyn Johns pour produire le disque en question, ce qui va permettre de limiter un tout petit peu la casse...





It's Hard
4 septembre 1982
Production: Glyn Johns

Quand on jette un oeil à la pochette de It's Hard, on craint le pire, entre les références appuyées aux années 80 - la typologie de la police employée, le look du groupe - et le clin d'oeil hyper lourdingue à Tommy, avec l'enfant en train de jouer à la borne d'arcade qui rappelle le champion de flipper créé 13 ans plus tôt par Townshend. Pourtant, les deux premiers titres de l'album, "Athena" et "It's your turn" (morceau d'Entwistle), sonnent plutôt bien, ou en tout cas pas de façon catastrophique. La suite du disque est malheureusement beaucoup plus aléatoire: "Cooks county", "Dangerous" (Entwistle), "One at a time" (Entwistle encore) ou "It's hard" (dont le refrain sonne comme une version balourde du "Badlands" de Springsteen) sont très faiblardes et sonnent comme du remplissage. Assez curieusement, le single qui va connaître le plus gros succès, notamment aux Etats-Unis, est "Eminence front", qui ne sonne pas du tout Who, avec une rythmique quasi funky, assez originale et pas désagréable, quoiqu'un peu longuette. Par contre, plutôt une bonne surprise: les trois derniers morceaux de l'album, à savoir "Why did I fall for that", "A man is a man" et "Cry if you want" redressent pas mal la barre. Au final, cet album, qui devait donc être le dernier des Who, est certes extrêmement inégal et plutôt faible au regard du reste de leur discographie, mais se révèle plus audible que son prédécesseur.

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Comme prévu, les Who font leur tournée d'adieu à la suite de la parution de cet album, avec notamment les Clash en première partie sur certaines dates. Les années 80 s'égrènent donc au rythme de la parution d'albums solos des membres du groupe, de diverses compilations... Et puis en 1989, les Who remontent sur scène pour une tournée mondiale au cours de laquelle 'Tommy' est rejoué en intégralité sur certaines dates. On apprendra plus tard que ce retour scénique était motivé essentiellement par des considérations financières, notamment du côté d'Entwistle, qui avait la fâcheuse habitude de continuer à mener grand train alors même que son groupe ne sortait plus de disques... Idem dans les années 90 et au début des années 2000: les Who sillonnent régulièrement les routes du monde entier, remontent 'Quadrophenia' de temps en temps, bref la tournée d'adieux de 1982 semble bien loin.

Et puis le 27 juin 2002, alors même que le groupe allait entamer une tournée américaine, John Entwistle décède d'une crise cardiaque à la suite d'une soirée au cours de laquelle il avait consommé quelques substances illicites de trop... Ce type d'événement n'étant pas couvert par les compagnies d'assurances, Daltrey, Townshend et Zak Starkey (fils de Ringo Starr et filleul de Keith Moon, désormais batteur régulier du groupe) assurent quand même les dates américaines, Pino Palladino, redoutable bassiste de studio, tenant la place de "The ox".

Est-ce que cet événement qui va décider Townshend et Daltrey à enregistrer un nouvel album des Who? En tout cas, cela a certainement pesé dans la balance, et c'est ainsi que, de 2004 à 2006, ce qui reste des Who va se croiser régulièrement en studio pour accoucher de ce qui deviendra...



Endless Wire
30 octobre 2006
Production: Pete Townshend (avec Bob Pridden & Billy Nicholls)

Passons rapidement sur les choses qui dérangent: la pochette d'abord, absolument hideuse, et qui veut rappeler très maladroitement le verso de celle de Tommy. Certaines erreurs de production ensuite: le fait d'avoir enregistré l'album dans divers endroits, à divers moments, avec la voix de Daltrey produite carrément complètement à part par Billy Nicholls, cela donne un mixage curieux, soit à l'intérieur même d'un morceau (on sent bien que les musiciens n'étaient pas tous dans le studio au même moment), soit entre les morceaux ("It's not enough" notamment, mixée beaucoup plus forte que tout le reste de l'album). Mais pour tout le reste, ce disque est une excellente surprise. Les neuf premiers titres sont "normaux", et passé le titre d'ouverture d'échauffement ("Fragments", à l'intro babaorileysque), l'album aborde différents styles avec efficacité. Que ce soit dans le registre punchy ("Mike Post theme"), le mid-tempo (formidable "Black widow's eye"), acoustique élaboré ("In the ether", "Two thousand years) ou dépouillé ("God speaks of Marty Robbins" ou l'émouvant "You stand by me"), les Who réussissent leur pari de proposer des choses plus que potables 40 ans après leurs débuts. Seul le lourdingue "It's not enough" rappelle les heures sombres du début des années 80, avec une production bien FM et Daltrey s'époumonant pour essayer de donner du pep's à la chanson. Et puis, après ces neuf titres, dix secondes de blanc et...un mini-opéra, 40 ans après "A quick one, while he's away". Paf, comme ça. Et c'est la plus belle surprise de l'album: "Wire & Glass" (en version raccourcie ici) passe crème pour parler franchement. C'est varié, ça ralentit, ça accélère, c'est du Who efficace sans sombrer dans l'auto-parodie, ça finit sur le bouleversant "Tea & theatre", bref c'est du très très bon boulot. Endless Wire reçut d'ailleurs un très bon accueil, tant critique que commercial, et les Who purent ainsi continuer leur aventure...

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On aurait pu légitimement s'attendre à ce que 'Endless Wire' marque la fin ferme et définitive de la discographie des Who. Pourtant, à l'aube d'aborder une énième tournée mondiale, Towshend annonce à son tourneur qu'il refuse de faire une tournée best of et qu'il veut défendre un nouvel album des Who. C'est donc cet état d'esprit qui va présider à l'élaboration de ce qui va devenir...



Who
6 décembre 2019
Production: Pete Townshend & Dave Sardy (avec Bob Pridden & Dave Eringa)

Même principe que pour l'album précédent: Townshend et les autres musiciens ont d'abord enregistré toutes leurs parties avant que Daltrey ne vienne poser sa voix avec d'autres producteurs. Le disque sonne malgré tout de façon assez homogène mais se révèle au final moins convaincant que Endless Wire. Non pas que les titres soient mauvais, non, simplement il ne se passe pas grand-chose à l'écoute de ces onze titres. "All this music must fade" démarre de façon un peu forcée, et "Ball and chain" qui suit sonne de façon assez hargneuse malgré des paroles manquant singulièrement de finesse par rapport à ce à quoi Townshend a pu habituer ses fans. Le reste du disque est assez plat, sans relief. Parfois, au détour d'un clin d'oeil appuyé (la fin de "Detour" qui rappelle "Won't get fooled again"), l'auditeur sourit, amusé, mais ça ne va pas beaucoup plus loin. Les titres s'enchaînent assez paresseusement, manquent de mélodies mémorisables, et, très curieusement, c'est "Break the news", oeuvre du petit frère de Pete Townshend, Simon, qui retient le plus l'attention, malgré le fait qu'elle soit construite sur une grille d'accords entendue environ 2843 fois chez d'autres artistes. Etait-ce une si bonne idée que ça d'enregistrer cet album? Pas sûr, malgré une pochette nettement plus réussie que celle de son prédécesseur.

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ALBUMS LIVE ET DVD CORRESPONDANTS

Ne seront évoqués ici que les albums live les plus pertinents et les plus facilement trouvables, que ce soit dans le commerce ou en streaming.



Live At Leeds
23 mai 1970
Enregistré le 14 février 1970 à l'université de Leeds

Attention, truc énormissime. Enregistré lors d'un concert donné le jour de la Saint-Valentin à l'université de Leeds, plus exactement dans son réfectoire (!!!), cet album est régulièrement cité comme étant le plus grand album live de l'histoire du rock. Et franchement, on ne voit pas trop qui pourrait venir lui contester cette première place. Curieusement, alors que ce concert se déroule dans le cadre de la tournée qui a suivi la parution de Tommy, on aurait pu s'attendre à quelque chose de travaillé, de léché, de soigné... Tu parles Charles. La pochette, qui singe celles des disques pirates qui fleurissaient à l'époque, donne le ton: ce sera du violent, du brut. Lors de ce concert, les Who jouèrent une flopée de tubes et de reprises, puis l'intégralité de Tommy avant un rappel constitué de "My generation" et "Magic bus". L'édition originale ne comportait que six titres. Pourquoi donc? Parce que "My generation" à elle seule dure près de 15 minutes. Oui vous avez bien lu. D'un titre durant au départ à peine 3 minutes, les Who en font quelque chose de fabuleux, un medley où se télescopent des bouts de Tommy, d'inédits pas encore sortis ("Naked eye" notamment), le tout avec les quatre musiciens jouant chacun à 101%. 50 ans après son interprétation donnée ce soir-là, ce titre demeure la quintessence de ce que pouvaient être les Who en concert à cette époque. Et tout le reste du concert est du même acabit. Au fur et à mesure des années et des dépoussiérages de bandes, les rééditions de cet album ont permis de disposer de l'intégralité des titres joués ce soir-là. Mais quelle que soit la version que l'on écoute, ce qui sort des enceintes est ahurissant. Comment seulement quatre gars, avec seulement trois instruments, pouvaient créer un boucan mélodique et agressif pareil? Les versions de "Substitute", "Summertime blues" ou encore "Magic bus" (finir un concert sur un zinzin pareil!) sont proprement démentielles. Alors oui, clairement, sur scène, à cette époque là, il y avait les Who et les autres, cet album le prouve formellement.

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Who's Last
Novembre 1984
Enregistré les 10 octobre 1982, 27 octobre 1982 et 14 décembre 1982 à East Rutherford, San Diego et Cleveland

Comme son nom l'indique, cet album devait être le dernier des Who puisqu'il fut enregistré lors de ce qui devait être l'ultime tournée du groupe, à l'automne 1982. Déjà, on sent la grosse ambiance puisque tous les morceaux extraits de Face Dances et It's Hard et joués ces soirs-là n'apparaissent pas sur le disque. Ensuite, le son de la guitare de Townshend est beaucoup moins agressif que d'habitude, plus gras, plus ricain bref, en tout cas ça ne convient pas vraiment au répertoire des Who. Enfin, et surtout, il y a Kenney Jones. Et là, c'est en écoutant cet album que l'on se rend compte qu'il lui était vraiment totalement impossible de remplacer Keith Moon. Dès le "My generation" d'entrée, on sent que ça va pas le faire. Bien sûr qu'il est très bon, mais il sonne désespérément "normal". Et si on ajoute à ça le son de Townshend (et aussi d'Entwistle) et le sentiment de pilotage automatique que dégage le groupe (à aucun moment on a l'impression qu'ils donnent leurs ultimes concerts), on s'ennuie ferme à l'écoute de ce disque. On notera une version rallongée mais pas impérissable de "Won't get fooled again", une bonne surprise avec la présence de la rarement jouée "Dr Jimmy" (mais ces synthés, ouille!) et la reprise de "Twist and shout" pour finir. Album très hautement dispensable donc.

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Join Together
Mars 1990
Enregistré durant la tournée nord-américaine, été 1989

Et pourtant ils avaient dit qu'ils arrêtaient... Mais à l'été 1989, les Who remontent sur scène pour une tournée nord-américaine, au cours de laquelle ils rejouent Tommy, avec parfois la participation d'invités prestigieux. Kenney Jones a été remplacé par Simon Phillips (ex Mike Oldfield, futur Toto), qui visiblement s'éclate bien et qui parvient à adapter son jeu à la musique des Who. Le double CD propose Tommy dans le premier volume, et un second volume mélangeant grands classiques et chansons moins connues, dont trois tirées de la carrière solo de Townshend ("Face the face", "Dig" et "A little is enough"). Pour la légèreté des arrangements, on repassera (cuivres, choristes, c'est parfois franchement indigeste...), mais globalement c'est un album qui s'écoute mieux que son prédécesseur. A noter qie son équivalent est sorti en DVD sous le titre The Who Featuring Tommy, avec la participation de Billy Idol, Patti LaBelle, et surtout Phil Collins (très grand fan du groupe) qui campe un oncle Ernie absolument formidable!

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Live At The Isle Of Wight Festival 1970
29 octobre 1996
Enregistré le 29 août 1970 à l'île de Wight

Nous sommes donc six mois après le Live At Leeds, et la set-list est donc globalement identique à ce dernier, si ce n'est que les Who testent de nouveaux morceaux qui étaient destinés à finir sur Lifehouse. On a donc droit à des versions de "I don't even knwo myself", "Water" et "Naked eye", qui prouvent une nouvelle fois que le songwriting de Townshend était à son zénith à cette époque là. Pour le reste, c'est toujours aussi bon que le set de Leeds, avec cet avantage que la quasi-totalité du concert a été filmé, ce qui a donné l'occasion à un DVD de sortir pour l'occasion. Alors certes, certains morceaux manquent à l'appel, certes le montage est parfois un peu aléatoire (ce qu'on voit à l'écran ne correspond pas pile poil à ce qu'on entend), mais ça reste un documentaire de premier ordre pour qui veut savoir à quoi ressemblaient les Who sur scène à leur glorieuse époque. Et puis le costume de squelette d'Entwistle vaut à lui seul le visionnage! A titre d'exemple de ce que ça peut donner, un petit "Summertime blues" tiens.

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Live At The Royal Albert Hall
Juin 2003
Enregistré le 27 novembre 2000 au Royal Albert Hall de Londres

Roger Daltrey étant particulièrement engagé dans la lutte contre les cancers touchant les enfants, c'est fort logiquement que les Who donnèrent en l'an 2000 un concert dans ce cadre, avec plein d'invités en prime. Cette fois c'est Zak Starkey, fils de Ringo Starr et filleul de Keith Moon, qui officie derrière les fûts, et ça le fait grave. Le seul défaut de ce live, mais il est majeur, c'est la piètre forme vocale de Daltrey. Il allait bientôt lui être diagnostiqué des polypes aux cordes vocales, et ça s'entend, le pauvre piochant dès le début du concert pour atteindre les notes les plus hautes. Et c'est vraiment dommage car la set-list est splendide, mêlant incontournables et pépites ("Relay", "Heart to hang onto" de Townshend en solo, "Let's see action" en duo avec Eddie Vedder...). En plus, les invités semblent sincèrement ravis et honorés d'être là: Bryan Adams assure grave sur "Behind blue eyes", Noel Gallagher...gallagherise "Won't get fooled again", et que dire de Nigel Kennedy, qui catapulte "Baba O'Riley" à des hauteurs stratosphériques. Le DVD est excellent, avec des images et une réalisation soignées comme pas permis. S'il n'y avait eu cette méforme vocale de Daltrey, on aurait eu droit à un live de référence, mais c'est ceci dit tout à l'honneur du groupe d'avoir laissé sa prestation telle quelle.



Live At Hull 1970
6 novembre 2012
Enregistré le 15 février 1970 au City Hall de Hull

Hé oui, vous avez bien lu, nous sommes au lendemain du concert donné à Leeds. On a donc exactement la même set-list, et ce concert était resté dans les cartons car la basse d'Entwistle n'avait pas été enregistrée à la suite d'un problème technique. Sauf que la technologie de maintenant est performante, et les producteurs ont donc pris les lignes de basses d'Entwistle jouées la veille à Leeds et les ont collées aux morceaux joués à Hull. On peut tiquer sur ces retouches, mais cela permet de constater à quel point, en ce début d'année 1970, les Who étaient totalement intouchables sur scène. A noter le petit changement dans les paroles de "I'm a boy", Townshend chantant "The other was Rog' / And he's a boy"!

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Quadrophenia: Live In London
9 juin 2014
Enregistré le 8 juillet 2013 à la Wembley Arena de Londres

Sorti également en DVD, ce concert est on ne peut plus honnête. Musicalement, ça déroule grave avec la pléiade de musiciens additionnels supplémentaires qui épaulent Daltrey, Townshend, Palladino et Starkey. Certes, vocalement, Daltrey est loin de 1973 mais s'en tire avec les honneurs. Réalisation soignée pour le DVD. Bref, recommandable. A noter en guise de rappels les plus grands tubes du groupe et le délicat "Tea & Theatre" en guise de clôture.

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COMPILATIONS

Les Who ont fait l'objet d'une multitude de compilations, parfois intéressantes, souvent redondantes. Ne seront évoquées ici que les plus pertinentes.



Meaty Beaty Big And Bouncy
30 octobre 1971

On est donc juste après la parution de Who's Next pour cette première compilation, mais Townshend, responsable du tracklisting de ce best of, fit le choix de n'y inclure aucun morceau de cet album. On est donc sur le Who "mod", avec en prime des versions légèrement modifiées de "Magic bus" ou "I'm a boy". A recommander donc aux amoureux de la première période des Who. A noter une pochette absolument splendide.

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Odds & Sods
4 octobre 1974

Cette fois c'est Entwistle qui s'occupe du tracklisting, qui consiste en regrouper plein de faces B / chutes de studio / reprises entassées par le groupe au cours de ses dix premières années d'existence. Si tout n'est pas impérissable, cette compilation (surtout avec sa réédition de 1998 qui en augmente considérablement le nombre de titres) permet la découverte de morceaux très intéressants, notamment "Pure and easy". On notera également la reprise bien marrante de "Under my thumb" des Rolling Stones.

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The Ultimate Collection
11 juin 2002

Si un néophyte cherche par quoi commencer pour découvrir l'oeuvre des Who, c'est cette compilation qu'il lui faut. 2 CD, 40 titres, tous les albums pré-2002 représentés, "The seeker", "Pure and easy", "Let's see action" de la partie... Pas grand-chose à redire pour cette compilation qui porte bien son nom.



Then And Now!
3 mai 2004

Seul intérêt de cette compilation, la présence de deux inédits enregistrés pour l'occasion: "Real good looking boy" (hommage à Elvis Presley) et "Old red wine".



Hits 50!
27 octobre 2014

Là aussi, un inédit, l'assez inoffensif "Be lucky". Et accessoirement, une version de "Won't get fooled again" ramenée à la durée ridicule de 3 minutes 40, ce qui justifierait la mise au pilori de la personne responsable de ce sacrilège!


VIDEOS



Tommy

En 1975, Ken Russell se met en tête de livrer une version cinématographique de Tommy, sous la forme d'un film chanté qui ne soit pas non plus une comédie musicale. Niveau distribution, ça envoie: Daltrey joue donc Tommy, et autour de lui on trouve à la fois des acteurs confirmés (Oliver Reed, Ann-Margret, Jack Nicholson) et des rockstars (Tina Turner, Eric Clapton, Elton John et Keith Moon dans le rôle du pervers oncle Ernie). Les critiques ont souvent évoqué ce film comme étant grand-guignolesque, excessif, foutraque...et c'est totalement vrai. Attention, ce n'est pas un mauvais film, c'est juste un truc complètement too much, à déconseiller aux fans de Wim Wenders. Rien que la scène du "pinball wizard" donne un aperçu de la chose... Mais c'est à voir au moins une fois dans sa vie! A noter qu'une B.O. sera également tirée de ce film.



The Kids Are Alright

Présenté au festival de Cannes en 1979, ce film propose des extraits de plusieurs concerts donnés par les Who de leurs débuts jusqu'au concert donné à Kilburn en 1977, le dernier avec Keith Moon derrière les fûts. Le choix des titres est judicieux, tout juste peut-on regretter qu'entre les morceaux le réalisateur ait choisi de mettre des extraits d'extraits d'interviews. On aurait aimé davantage écouter les Who répondre à certaines questions de divers journalistes, mais tant pis... Bien sûr, internet et YouTube ont rendu ce type de documentaire obsolète, mais la réédition en blu-ray du DVD est d'excellente qualité et vaut vraiment l'achat.


 
Thirty Years Of Maximum R&B Live

Très bonne surprise que ce documentaire datant de 1994 et qui propose de retracer l'histoire des Who de façon chronologique avec des prestations rares et les commentaires des trois (à l'époque) survivants entre les morceaux. On notera notamment la séquence où Kenney Jones répète les titres pour sa première tournée avec le groupe, et où on sent que tout le monde est un peu tendu (et pas qu'à cause de Jones, c'est l'ambiance générale)...



At Kilburn 1977

Voici donc le dernier concert donné par les Who du vivant de Keith Moon. Et il est d'une tristesse infinie. Parce que le fantasque batteur passait du rôle du clown déconneur à celui de poids embarrassant pour les autres membres du groupe... Incroyable mais vrai: bouffi par l'alcool et les médicaments, Moon fait de la peine tellement il semble à côté de la plaque. Ses pitreries ne parviennent plus à masquer la pauvreté de son jeu, voire ses errements. Ecoutez la version de "Won't get fooled again" et vous comprendrez. 15 frappes de cymbales à la seconde, ça devient suspect à force... Par contre, ce DVD propose en bonus un concert quasi complet (l'audio est complet, et il y a une bonne moitié captée en vidéo) donné au London Coliseum en 1969. Et là, c'est le très gros panard, malgré la qualité aléatoire de la vidéo. On a l'impression d'avoir Live At Leeds sous les yeux, et c'est un vrai bonheur (rien que "A quick one while he's away"...). Le contraste n'en est d'ailleurs que plus grand avec le concert de Kilburn...



Amazing Journey: The Story Of The Who

Attention, DVD indispensable! Documentaire datant de 2007 retraçant l'histoire du groupe par ceux qui l'ont vécu, sans langue de bois, avec des images d'archives rares et c'est absolument passionnant de bout en bout. A posséder absolument pour tout fan qui se respecte!



Classic Albums: Who's Next


Sensation: The Story Of Tommy

Comme toujours dans ces collections ("Classic Albums" et "The story of..."), les albums auxquels les documentaires sont consacrés sont replacés dans leur contexte, puis disséqués par ceux qui les ont faits, avec souvent l'écoute de pistes isolées qui permettent de (re)découvrir des détails sonores. Indispensables là aussi!


LIVRES




Pete Townshend: Who I Am
Roger Daltrey: My Generation

Deux autobiographies totalement complémentaires et à l'image de leurs auteurs respectifs. Celle de Townshend, très travaillée, très réfléchie, avec beaucoup d'analyses sur divers points. Celle de Daltrey, beaucoup plus directe, percutante, en mode sujet - verbe - complément - phrase suivante. Dans les deux cas, elles sont très intéressantes à lire et montrent bien comment le groupe parvenait à fonctionner (et on voit que ça tenait du miracle au vu des quatre personnalités totalement différentes qui le composaient!)



7 commentaires:

  1. Bravo Pif Floyd pour cette discographie! Je suis en gros d'accord avec toi, sauf que je préfère Quadrophenia à Tommy, et que je trouve le Live At Kilburn très bon..

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  2. Il y a des oublis dans cette discographie comme les Lives 'Tommy Live at The Royal Albert Hall 2017' ou "Live In Hyde Park 2015" ou bien encore "Isle Of Wight 2004" ou " Who's better, Who's Best" entre autres...

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    1. Tout à fait, mais j'ai bien précisé que j'avais fait une sélection subjective des albums live et des compilations. Seuls les albums studios sont au complet. Si j'avais traité la totalité de la discographie, j'en aurais eu pour quelques mois de plus !!!...

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  3. Il manque aussi le formidable "Live At The Fillmore East 1968" sorti il y a 2 ans

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  4. Les Who ne figurent pas vraiment dans mon panthéon personnel de l'histoire du rock, malgré des morceaux imparables (effectivement, les singles marquants des années 60-70 ainsi que les temps forts de Tommy, Who's Next, Quadrophenia) mais je vous félicite pour ce travail d'archives car j'ai pris beaucoup de plaisir à lire votre article!

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  5. Super article, merci! Pour ma part, c'est par le film Tommy que je les ai découverts, j'aime toujours autant l'album et le film qui m'ont permis de découvrir ensuite who's next notamment

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  6. Bravo pour ce dossier, très intéressant à lire !
    Syl

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