Nouveau titre pour Suede, et surtout nouvel album, Autofiction, annoncé pour le 16 septembre prochain. Le morceau, d'excellente facture, s'écoute ici.
mardi 31 mai 2022
lundi 30 mai 2022
Andrew Fletcher 1961 - 2022
On a donc appris en fin de semaine dernière le décès d'Andrew Fletcher, dit Fletch, membre fondateur de Depeche Mode, et qui faisait toujours partie du groupe avec Dave Gahan et Martin Gore. Fletcher avait une place très particulière au sein de la formation, que lui-même résumait parfaitement dans le rockumentaire "101": "Dave est le chanteur, Martin le compositeur, Alan (Wilder, qui a quitté le groupe en 1994) le musicien, et moi...je m'occupe de la caisse".
Ce n'est pas faire injure à sa mémoire que de dire que Fletcher n'était pas un grand musicien, n'ayant jamais été crédité pour une composition au sein de Depeche Mode, tenant vaguement les claviers et la basse en studio, et ne faisant pour ainsi dire quasi rien sur scène (vaste débat sur le fait de savoir si ses claviers étaient vraiment branchés...). Oui mais voilà, Fletcher, outre le fait d'être l'ami d'enfance de Gore, était un habile diplomate et un gestionnaire redoutable. Lorsque des frictions importantes avaient lieu entre Gahan et Gore, c'est lui qui déminait le terrain, et fut une période où cela arrivait régulièrement - il n'avait pu en revanche empêcher Wilder de quitter le groupe. Et au niveau management / aspects commerciaux de Depeche Mode, c'est clairement lui qui tenait la baraque.
Alors, le groupe continuera-t-il sans lui? J'aurais tendance à répondre par l'affirmative. Musicalement, il n'était absolument pas indispensable, et en terme de relations humaines, celles unissant Gahan et Gore se sont quand même nettement apaisées depuis une quinzaine d'années. Et puis ce serait un bel hommage de la part du duo restant de boucler la boucle sur un album ou une tournée d'adieu, puis de fermer définitivement la boutique depechemodienne. L'avenir nous le dira...
Histoire de se souvenir de Fletcher, une petite interview donnée avec Gore au moment de la sortie de Spirit, c'est à voir ici.
jeudi 26 mai 2022
mercredi 25 mai 2022
Le Boss à Paris
Bruce Springsteen a annoncé hier la tenue d'une tournée européenne au printemps-été 2023, avec une date française, en l'occurrence la Défense Arena à Paris le 13 mai. Billets en pré-vente sur le site www.gdp.fr le 31 mai prochain, mise en vente publique le lendemain à 10h.
mardi 24 mai 2022
La nouveauté du jour: Bertrand Belin - "Lavé de tes doutes"
Le nouvel album de Bertrand Belin, Tambour Vision, est sorti au début de ce mois, et la critique est unanime pour saluer la qualité de ce nouvel opus. On y retrouve "Lavé de tes doutes", où l'on pense certes à Bashung sur les premières secondes, mais au fur et à mesure Belin impose sa patte, et c'est vraiment très bon. C'est à écouter ici.
lundi 23 mai 2022
La nouveauté et la reprise du jour: Rover - "Wicked game" (Chris Isaak cover)
Quand Rover s'attaque à ce grand classique de Chris Isaak, c'est bô comme tout et ça s'écoute ici.
vendredi 20 mai 2022
Vangelis 1943 - 2022
On a appris hier le décès de Vangelis, de son patronyme complet Evangelos Odysseas Papathanassiou, qui restera dans l'histoire de la musique du 20ème siècle comme un compositeur éclectique, pouvant passer de la pop progressive des Aphrodite's Child à la composition de musiques de films. Certaines passeront à la postérité ("Chariots de feu" pour ne pas la nommer) mais je dois avouer avoir un faible pour celle de "Blade Runner", assez sombre (et en raccord en cela avec le film) et ayant des accents parfois presque indus. C'est à écouter ici.
jeudi 19 mai 2022
La pépite du jour: Afghan Whigs - "Gentlemen"
Back to 1994: dans la lignée de Nirvana / Pearl Jam, les Afghan Wings publient un album remarquable, Gentlemen, certes mâtiné de grunge, mais avec un espèce de groove rappelant parfois le funk des Red Hot, le tout porté par un excellent chanteur et songwriter en chef Greg Dulli. Le morceau qui donne son titre à l'album est bien représentatif de ce dernier, et c'est à écouter ici.
mercredi 18 mai 2022
En passant par la discographie de...The Cure
Alors que le groupe sera en tournée en Europe à l'automne prochain, il est donc temps de se pencher sur sa riche et variée (et aussi un peu inégale...) discographie. En cliquant sur les titres, vous avez accès aux liens officiels YouTube correspondants comme d'habitude.
The Cure, c'est avant tout le groupe d'un homme, à savoir Robert Smith, qui en est le seul membre permanent depuis les tout débuts, alors même que le groupe s'appelait encore Easy Cure et écumait les petites salles de la ville de Crawley, située au sud de l'Angleterre. Après plusieurs changements de personnel, et notamment le passage d'un certain Simon Gallup et d'un certain Porl Thompson dont nous reparlerons par la suite, les Cure se stabilisent autour de la formation suivante:
Robert Smith: chant, guitares
Michael Dempsey: basse
Laurence (dit Lol) Tolhurst: batterie
C'est ce trio qui va enregister un premier 45 tours qui sortira en décembre 1978, avec un titre pour le moins curieux: "Killing an arab". Pas de panique, il ne s'agit bien évidemment pas d'un appel au meurtre raciste, mais d'un hommage au roman "L'étranger" d'Albert Camus, et ce sans équivoque possible ("I'm alive / I'm dead / I'm the stranger / Killing an arab"). Et déjà, le groupe se taille un petit succès avec ce morceau au son très personnel. Guitare noyée de reverb, la batterie (minimale) et la basse étant mixées très en avant, et la voix de Robert Smith déjà très singulière, limite désincarnée. Forts de cela, le manager / producteur du groupe, Chris Parry, va aider le trio à enregistrer son premier album - sur lequel ne figure pas "Killing an arab". Et c'est ainsi que l'aventure discographique des Cure débute...
ALBUMS STUDIO
Three Imaginary Boys
8 mai 1979
Production: Chris Parry
Régulièrement cité comme étant l'un des "meilleurs premiers albums de l'histoire", Three Imaginary Boys marque déjà les esprits par sa pochette, à la fois très classe et très froide. Et dès qu'on débute l'écoute de l'album, on se rend compte qu'il n'y a pas que la pochette qui vaut le détour. "10.15 saturday night" reprend les choses où "Killing an arab" les avait laissées. Energie punk, vrai sens mélodique, mixage extrêmement original (chaque instrument prend tour à tour la première place de l'espace sonore, notamment la guitare, qui débute très très loin mais dont le solo acéré saute à la gorge) et texte déjà un peu dépressif. Les Cure impriment d'emblée leur identité sonore, et cela ne fera que se confirmer tout au long de l'album. Le disque peut être divisé en deux catégories suivant la vitesse des morceaux. Quand ceux-ci sont rapides, pas besoin de tergiverser, ce sont des tubes pop-punk en puissance: "Grinding halt", "Object", "So what", "Fire in Cairo", "It's not you", il n'y a strictement rien à jeter. On mettra seulement de côté la reprise du "Foxy lady" de Jimi Hendrix, enregistrée au cours d'une balance en mode blague potache (et chantée par Michael Dempsey), et que Chris Parry a cru malin d'insérer sur l'album sans vraiment demander son avis au groupe... Et puis il y a les morceaux plus lents. Et c'est là qu'on se rend compte de ce que les Cure ont en réserve. Il y a d'abord un morceau construit comme un mini film d'horreur ("Subway song", qui narre l'agression d'une jeune femme dans le métro à minuit). Il y a ensuite une ballade qui semble toute patraque, avec une mélodie splendide ("Another day"). Et puis, évidemment, il y a la chanson qui clôt l'album et qui lui donne son titre. Et là, on a en condensé tout le Cure des trois années suivantes. C'est dépressivement beau, Smith commençant à évoquer des visions dont on ne sait pas très bien si elles sont uniquement le fruit de son imagination... Et ce solo de guitare formidable, pas compliqué du tout techniquement mais qui sonne tellement bien... Bref, "Three imaginary boys" est à l'évidence un premier sommet dans l'oeuvre curesque. Et quand bien même l'album se termine par un mini-instrumental caché débilos ("The Weedy Burton"), ce dernier ne peut permettre d'oublier le spleen profond du morceau précédent, spleen qui va irriguer, et pas qu'un peu, les trois albums suivants.
Album à écouter en entier ici.
Les Cure vont ensuite publier deux 45 tours: le premier, paru en juin 1979, n'est autre que "Boys don't cry", morceau pop absolument parfait, et qui rencontrera un bon petit succès - mais c'est surtout avec sa réédition en 1986 que ce titre atteindra le statut de classique qu'on lui connaît désormais. Le second 45 tours, "Jumping someone elses's train", bien que moins connu, n'en est pas moins excellent lui aussi, et confirme la montée en puissance du groupe.
Pourtant, les morceaux que compose Smith pour le futur album prennent une tournure beaucoup plus sombre, tournure qui ne plaît pas forcément à Michael Dempsey, qui quitte le groupe. Pour le remplacer, pas moins de deux musiciens, à savoir comme bassiste le copain de Smith, Simon Gallup, dont on avait parlé plus tôt, et comme clavier le dénommé Matthieu Hartley. Les Cure "Mark II" sont donc désormais ainsi composés:
Robert Smith: chant, guitares
Simon Gallup: basse
Matthieu Hartley: claviers
Lol Tolhurst: batterie
Et c'est ce quatuor qui va sortir...
Seventeen Seconds
22 avril 1980
Production: Mike Hedges & Robert Smith
Premier titre: on se demande s'il s'agit bien du même groupe que celui responsable de tous les titres cités plus haut. Il faut dire que "A reflection" se présente comme un instrumental ambient, splendide mais à l'ambiance glaciale, clinique. Et ce ne sera pas le seul titre dénué de paroles de l'album, puisque "Three" et "The final sound" tapent dans le même registre. L'auditeur s'angoisse alors: y a-t-il des tubes quand même dans ce disque? Oui, deux, et pas des moindres: "Play for today" d'abord, avec son refrain instrumental à reprendre en choeur et qui fera le bonheur des fans en concert pour les quarante années qui suivent. "A forest" ensuite (dont l'intro est malheureusement amputée dans la version single), avec sa mélodie imparable et son solo final qui peut durer plusieurs minutes en live. Mais ces tubes ne masquent pas le début de dépression de Robert Smith, car derrière leur côté sautillant, il y a des paroles qui ne respirent pas la joie de vivre. "I wait for something to happen...", "It's always the same / I'm running toward nothing / Again and again and again...". En clair, c'est pas du Bézu. Sur le reste de l'album, c'est bien simple, il n'y a rien à jeter. "Secrets", "In your house" (adorée des fans), "M" (pour Mary, le seul et unique amour de Robert Smith, qui deviendra son épouse), "At night" et enfin "Seventeen seconds" pour terminer ce voyage d'à peine 35 minutes. Le groupe affirme son son bien particulier, avec notamment la basse qui est très souvent l'instrument mis le plus en avant et le chant fragile de Smith, sans parler de la batterie en mode tchick-poum. Mais on perçoit très nettement que les morceaux énervés des débuts sont en train de laisser place à des titres plus lents, plus vaporeux, et surtout beaucoup plus sombres. Et la suite ne va faire que confirmer ladite impression...
Album à écouter en entier ici.
Exactement comme Dempsey un an plus tôt, c'est cette fois Matthieu Hartley qui est en désaccord avec l'orientation prise par Robert Smith pour l'album à suivre. Les trois membres restants décident cette fois de ne pas embaucher de nouveau musicien, Smith assurant les parties de clavier en studio. Les Cure "Mark III" sont donc désormais composés de:
Robert Smith: chant, guitares, claviers
Simon Gallup: basse
Lol Tolhurst: batterie
Et le trio va continuer doucement mais sûrement à créer une musique de plus en plus mortifère, ce qui va aboutir à...
Faith
14 avril 1981
Production: Mike Hedges & The Cure
La pochette du disque représente l'église de Bolton Priory noyée dans le brouillard. Et effectivement, on a l'impression que le groupe joue dans le brouillard en question, tellement l'ambiance qui se dégage du disque est cotonneuse, ouateuse. Plus de réelles fulgurances pop pour éclaircir un peu le paysage, là on est franchement dans le gris. D'ailleurs, les deux seuls morceaux "rapides" du disque, "Primary" (qui sortira en single) et "Doubt", n'ont pas l'évidence tubesque d'un "Play for today" ou d'un "A forest". L'autre single tiré de l'album, "Other voices", est en revanche beaucoup plus révélateur de l'ambiance de ce dernier: voix noyée dans la reverb, basse en avant, synthés lugubres... On a l'impression d'une BO pour film de vampires malades. Mais c'est très beau. Et c'est le cas de tous les autres morceaux de l'album: "The holy hour" avec sa lourde basse, "All cats are grey", totalement hypnotique, "The drowning man", ultra flippante, où on a vraiment le sentiment que Smith est en train de se noyer avec sa voix sépulcrale et sa guitare malingre, et bien sûr "Faith", qui clôt l'album avec sa mélodie lancinante. Mais le sommet du disque, c'est l'extraordinaire "The funeral party". Sur trois accords et demi, Smith et ses deux acolytes élèvent un monument de tristesse, à base de synthés réfrigérants, de voix dépressive, de basse qui pète et de batterie ultra-répétitive. Si le gris devait avoir une chanson, c'est celle-là qu'il faudrait choisir. Très bon disque donc, mais si Seventeen Seconds était pâlichon et Faith était gris, l'album suivant ne pouvait qu'être noir. Et pas qu'un peu.
Album à écouter en entier ici.
Avant de s'attaquer à l'enregistrement de son nouvel album, le groupe publie en 45 tours le titre "Charlotte sometimes", inspiré du roman du même nom. Très beau titre, qui n'aurait pas dépareillé sur 'Faith'. Mais les membres du groupe vont de plus en plus mal mentalement parlant. Tolhurst perd sa grand-mère, dont il était très proche, Smith erre la nuit dans les jardins des hôpitaux psychiatriques de la région, et le trio s'alcoolise de façon plus que déraisonnable. C'est dans cette ambiance qui rendrait des points à un film des frères Dardenne que les Cure vont donc enregistrer un des albums les plus sombres de toute l'histoire du rock...
4 mai 1982
Production: Phil Thornalley & The Cure
Tout a été écrit sur ce disque, et sur l'ambiance abyssale qui s'en dégage. Un peu comme pour The Wall de Pink Floyd, Pornography ne s'écoute pas de la même manière à quinze ans et à quarante ans. Mais si l'adolescent sera plus sensible que le quadragénaire au côté "crise existentialiste" de l'album, il n'en demeure pas moins qu'avant tout, Pornography regorge tout simplement d'excellents morceaux. L'album s'ouvre par "One hundred years", et on sent tout de suite qu'on n'est pas là pour rigoler. Les guitares ont l'air de dégueuler, Smith commence en chantant "It doesn't matter if we all die", la batterie semble bloquée et prise de folie...et ça a beau durer plus de six minutes, on ne voit pas le temps passer tellement le morceau est dense, et tellement on sent que le trio ne fait pas semblant, extériorisant un mal-être profond à travers cette chanson. "A short term effect" est un chouïa plus lumineuse (ou moins sombre, au choix), mais toujours marquée par cette rythmique martiale. "The hanging garden" arrive derrière, choisi un peu en désespoir de cause par la maison de disque comme unique single issu de l'album, et si c'est effectivement le morceau qui fait le moins peur de tout le disque, ce n'est pas non plus son meilleur, disons-le. "Siamese twins", tellement lente, semble à tout moment pouvoir s'arrêter pour cause d'épuisement, mais quelle belle mélodie, et quelle rage et quelle tension dans la voix de Smith (ah, ce "Is it always like this?" final!). Et alors après, le brelan imparable. Trois des meilleures chansons des Cure abattues à la file, laissant l'auditeur pantelant. "The figurehead" d'abord: refrain instrumental, avec un changement d'accord sur le pont qui étonne encore après des centaines d'écoutes. Génial. "A strange day" ensuite. Texte sur la fin du monde mais refrain instrumental (encore) étonnamment léger (enfin léger, on se comprend hein), avec là encore une vraie belle mélodie. "Cold" enfin, sorte de "The funeral party" poussée à l'extrême, qui tourne sur deux accords avec une ambiance quasi morbide, et Smith de mettre en mots tous ses maux (ah fallait la faire celle-là): "Everything is cold as life / Can no one save you?". Difficile de ressortir indemne de l'écoute de ce titre. Et derrière, pour finir l'album, un véritable cauchemar sonore. Sur fond de dialogues de télé mal réglée, un truc glaçant avec des arrangements annonçant Nine Inch Nails avec quinze ans d'avance. On n'écoutera pas "Pornography" tous les jours, mais cette chanson charrie une ambiance tellement glauque qu'on se demande comment des gars âgés d'à peine vingt ans ont pu pondre un machin pareil. Mais à la toute fin de ce titre, une lueur d'espoir apparaît (ne riez pas): voilà que Smith hurle "I must fight this sickness! Find a cure!". Ultime soubresaut d'un disque aux relents d'apocalypse sonore, mais dont Smith saura se souvenir, puisqu'il combattra bien cette "maladie" en faisant table rase du Cure passé et en repartant sur de toutes nouvelles bases, des bases très largement pop, au grand dam de certains.
Album à écouter en entier ici.
Le trio part en tournée et à la fin de celle-ci Gallup, complètement éreinté par les mois qui viennent de s'écouler, décide de quitter le groupe. Robert Smith quant à lui devient pour quelques semaines membre à part entière de Siouxsie & The Banshees, bref les Cure semblent, si ce n'est terminés, du moins en mode "pause longue durée". Pourtant, à l'automne 82, lorsque Smith retrouve Tolhurst pour envisager la suite du groupe, voilà que le batteur lui annonce qu'il...se met aux claviers. Or Tolhurst, à ce moment précis, n'a aucune base concernant cet instrument, donc autant dire que les Cure se résument à cet instant au seul Robert Smith.
Ce dernier prend deux décisions radicales: continuer The Cure (ce qui était quand même loin d'être évident) et se mettre à écrire des choses plus légères car, de toutes façons, le groupe ne pouvait guère aller plus loin dans son exploration de climats sombrissimes. C'est donc dans ce contexte que les Cure vont publier trois 45 tours résolument pop, qui vont rencontrer un succès allant crescendo. Sortiront ainsi "Let's go to bed" (novembre 82), "The walk" (juillet 83) et "The love cats" (octobre 83), ce dernier titre étant le premier à se classer dans le top 10 des charts anglais (7ème) et aussi le premier titre des Cure a être signé du seul Robert Smith, les chansons étant jusque là créditées à l'ensemble du groupe.
Même si certaines des faces B de ces singles rappellent les trois albums précédents par leur noirceur (ces trois 45 tours seront regroupés dans la compilation 'Japanese Whispers', voir plus bas), les fans sont totalement déroutés par ce brusque changement (essayez d'enchaîner "Cold" avec "The walk" et vous comprendrez le choc qu'ont pu ressentir les amateurs du groupe à l'époque!) et bon nombre d'entre eux tournent le dos à leur groupe favori. Mais inversement, les Cure gagnent de très nombreux adeptes, séduits à la fois par le côté "pop tubesque" de ces nouveaux titres et par le look gothique de Robert Smith. Cette nouvelle orientation va donner le ton du futur album, pour lequel Smith et Tolhurst recrutent un nouveau batteur, le dénommé Andy Anderson. The Cure "Mark IV", c'est donc:
Robert Smith: à peu près tout sauf la batterie
Lol Tolhurst: claviers avec deux doigts
Andy Anderson: batterie
Et c'est ce drôle d'attelage qui va enregistrer un non moins drôle d'album...
The Top
30 avril 1984
Production: Dave Allen, Chris Parry & Robert Smith
The Top inaugure la liste des albums "patchwork" des Cure, soient des albums mélangeant les ambiances et contenant des titres abordant des styles extrêmement variés. C'est aussi le premier album sur lequel va intervenir Dave Allen à la production, et c'est enfin le premier album (et l'avant-dernier!) dont tous les titres sont crédités au seul Robert Smith, même si on apprendra plus tard que Tolhurst a participé à l'élaboration de certains d'entre eux. Si la majorité des titres de The Top sont plutôt bons, ils souffrent en revanche tous d'une production très datée 80's, et qui a mal supporté le poids des ans. Le démarrage est, comme très souvent sur les albums des Cure, excellent. "Shake dog shake" est à la fois inquiétante et violente, et deviendra au fil des ans un incontournable des concerts du groupe. Après, c'est un peu les montagnes russes: "Birdmad girl", "Dressing up" et "Bananafishbones" sont certes des morceaux pop bien sympathiques, mais loin d'être impérissables non plus. "Wailing wall" en revanche est très intéressante, explorant pour la première fois chez les Cure les contrées orientales. "Give me it" en morceau énervé et foutraque fait le job, tout comme "The caterpillar", seul single extrait de l'album et tube de poche parfait. "Piggy in the mirror", plus mélancolique, est ma foi assez réussie, avec un solo central mélodiquement magistral. Mais la pépite méconnue de ce disque est sans nul doute "The empty world", qui retrouve parfois les accents des titres des albums précédents, même si le côté "j'ai réglé mon synthé sur flûte de pan" peut faire tiquer quarante ans après. The Top (à traduire par "la toupie", et non "le sommet") se termine par la chanson qui donne son titre à l'album, chanson qui tente de renouer avec une ambiance type "Faith", mais c'est loupé car elle se traîne en longueur comme pas permis. Bilan donc un peu mitigé pour cet album, mais certains morceaux méritent clairement qu'on s'y attarde.
Album à écouter en entier ici.
Une tournée à trois musiciens n'était pas envisageable, c'est pourquoi le trio va devenir quintet, avec les arrivées de Porl Thompson, multi-instrumentiste ami de longue date de Smith (et accessoirement son beau-frère, puisqu'il a épousé sa soeur), et de Phil Thornalley, le co-producteur de 'Pornography'. On a donc The Cure "Mark V", à savoir:
Robert Smith: chant, guitares
Porl Thompson: guitares, claviers (et trois notes de saxophone)
Lol Tolhurst: claviers
Phil Thornalley: basse
Andy Anderson: batterie
La tournée remporte un vif succès, mais avant de rentrer en studio pour s'attaquer au nouvel album, les Cure doivent se séparer d'Anderson, dont le comportement totalement imprévisible devenait problématique. Le batteur sera diagnostiqué des années plus tard épileptique, et c'est vraisemblablement cette maladie non traitée couplée à l'absorption de diverses substances qui expliquait qu'il pouvait complètement partir en vrille. Il est remplacé par le dénommé Boris Williams. Quant à Phil Thornalley, il se rend compte qu'il est beaucoup plus à son aise comme producteur que comme musicien, et il décide de ne pas continuer l'aventure avec le groupe. Smith rappelle alors Gallup, qui accepte de revenir au sein de The Cure "Mark VI", soit:
Robert Smith: chant, guitares
Porl Thompson: guitares, claviers
Lol Tolhurst: claviers
Simon Gallup: basse
Boris Williams: batterie
Et c'est sous cette forme que les Cure vont exploser commercialement parlant avec l'album qui va suivre...
26 août 1985
Production: Dave Allen & Robert Smith
Avec cet album, le dernier dont tous les titres sont crédités au seul Robert Smith, les Cure assument définitivement leur passage du côté pop de la force, puisqu'à l'exception de la sombre "Sinking" qui clôt le disque, tous les autres morceaux sont empreints d'une légèreté insoupçonnée chez le groupe quelques années auparavant. Mais légèreté ne veut pas dire mièvrerie, et, si on oublie la heureusement très courte "Screw", les titres de The Head On The Door tiennent fort bien la route. Deux différences notables avec The Top: d'abord, c'est un vrai groupe de vrais musiciens qui jouent ensemble, et ça s'entend, le disque sonnant nettement moins "bricolage" que son prédécesseur. Ensuite et surtout, The Head On The Door est porté par deux des plus gros tubes des Cure, à savoir "In between days" et "Close to me" (dont la version album diffère de la version single, les cuivres en étant absents). Même entendus des dizaines de fois, ces morceaux conservent une efficacité intacte, efficacité d'autant plus renforcée par les clips extrêmement réussis de Tim Pope. Mais au-delà de ces deux singles, on a d'autres bons morceaux pop, qu'ils soient un peu tristounets ("Kyoto song", "Six different ways") ou plus pêchus ("The blood", "The baby screams"). The Head On The Door renferme également deux merveilles, vénérées par les Curistes. "Push" d'abord, avec sa construction originale (première moitié instrumentale, seconde moitié chantée) et ses paroles fédératrices. "A night like this" ensuite, certainement un des dix meilleurs titres de la discographie du groupe, à tonalité franchement rock, et avec là encore un texte aux paroles définitives ("Oh oh oh, I want to change it all"). Bilan des courses avec cet album: évidemment, ceux qui ne juraient que par Pornography sont partis, mais le grand public lui, va se presser désormais en masse aux concerts des Cure, et notamment en France, où c'est à partir de The Head On The Door que la "curemania" va débuter.
Album à écouter en entier ici.
Le groupe part en tournée, et cette dernière va se révéler un succès énorme, culminant les 8, 9 et 10 août 1986 par trois concerts donnés au théâtre antique d'Orange, qui donneront lieu à la parution de la VHS 'The Cure In Orange'. Le groupe va rester dans le sud de la France (les studios Miraval) pour y enregistrer une bonne partie du nouvel album, nouvel album qui, au vu du nombre de morceaux créés pendant cette période, sera double. Avec sa pochette iconique, voici donc...
25 mai 1987
Production: Dave Allen & Robert Smith
Double album donc, et comme tout double album qui se respecte, il y a à boire et à manger dans Kiss Me Kiss Me Kiss Me même si, pris dans sa globalité, l'album est d'un excellent niveau. Commençons par liquider ce qui fâche: "Torture" et "Hey you!" (écartée de l'édition CD par manque de place) et leurs faux cuivres qui font pouet-pouet, "The snakepit", trop longue pour vraiment retenir l'attention, "Icing sugar" qui pompe éhontément le "Sweet dreams" de Eurythmics et enfin "Shiver and shake" qui s'énerve pour pas grand-chose. En revanche, pour tout le reste, et dans des styles souvent très différents, les Cure assurent totalement. Vous voulez de la pop débilo-rigolote? Ecoutez "Why can't I be you?" (single), "Hot hot hot!!!" (single bis) ou encore "The perfect girl". De la pop un peu plus mélancolique? "Catch" (single ter) et "How beautiful you are" sont là pour vous. Du slow qui tue et qui fait mal parce qu'il/elle est parti(e)? "A thousand hours" et surtout la splendide "One more time" vous aideront à vous flinguer joyeusement. Du bon rock pour gueuler un coup? Pas de problème, "All I want" ("All I want is to hold you like a dog", ah ben alors Robert, on est beaucoup moins romantique d'un coup!?) et l'hymne pour stades "Fight" sont là pour que vous puissiez vous défouler. Vous avez toujours rêvé de visiter un "Nature et découvertes" en mode gothique? Allez fureter vers "Like cockatoos". Et puis il y a les trois énormes tueries de l'album. "The kiss" d'abord, ouverture fantastique quasi instrumentale avec un solo de guitare acéré (enregistré en une seule prise par Smith d'après la légende). "If only tonight we could sleep", lente mélopée orientale majestueusement désespérée. Et puis enfin et évidemment, ZE tube de l'album, dont l'intro servira de générique aux "Enfants du rock", j'ai nommé "Just like heaven", chanson pour ainsi dire parfaite. Alors oui, 18 titres, plus de 74 minutes de musique, c'est beaucoup, voire même un peu trop. Mais peu de groupes ont réussi à faire un album de cette longueur qui soit à la fois aussi varié et aussi cohérent.
Album à écoute en entier ici.
Tout semble donc aller pour le mieux, sauf que nous sommes chez les Cure, et que le psychodrame n'est jamais loin. En l'occurrence, c'est le brave Lol Tolhurst qui commence à poser problème. Si tous les autres membres du groupe ont, comme dirait l'autre, 'l'alcool festif', Tolhurst commence à devenir franchement alcoolique et sa participation musicale, déjà assez réduite du fait de son niveau aux claviers, devient pour ainsi dire nulle. Les Cure embauchent donc pour la tournée un clavier à temps complet pour doubler Tolhurst, et c'est le dénommé Roger O'Donnell qui est choisi. Nous avons donc les Cure se présentant sous un forme de sextet pour leur "Mark VII", à savoir:
Robert Smith: chant, guitares
Porl Thompson: guitares
Simon Gallup: basse
Boris Williams: batterie
Roger O'Donnell: claviers
Lol Tolhurst: "autres instruments" (véridique, c'est comme ça qu'il est crédité sur l'album suivant!)
Smith est déjà pas en forme en voyant ce que son ami de longue date devient, et se demande bien comment il va pouvoir gérer la situation. En plus, le voilà qui, voyant le 21 avril 1989 approcher, se tape une crise de la trentaine carabinée. Lui qui avait réussi à mettre de côté ses vieux démons replonge dans la dépression, gérant cette dernière en...s'essayant au LSD, méthode assez originale mais rarement recommandée par le monde médical. Et enfin, contrairement à 'Kiss Me Kiss Me Kiss Me', qui avait été une véritable oeuvre de groupe, Smith va clairement être le maître à bord de l'album à naître, dont il donne le titre aux autres membres du groupe dès le début des sessions d'enregistrement histoire de les mettre au parfum. Ce sera...
2 mai 1989
Production: Dave Allen & Robert Smith
L'album démarre. Des clochettes tintinabulent. Elles se taisent. Bref silence. Coup de cymbale. Et BLAM, O'Donnell et ses claviers débarquent. Et là l'auditeur se dit "ouh, c'est quoi ça?". Ca, c'est "Plainsong", qui donne d'emblée la couleur du disque. Ce sera grandiose, mélancolique, nostalgique, souvent assez lent, mais jamais franchement mortifère comme pouvait l'être Pornography. Ce sera tout simplement beau. "Pictures of you" (futur classique des concerts) et "Closedown", très semblables l'une à l'autre, creusent le même sillon. Le synthé et la basse enveloppent tout, les guitares sonnent comme du cristal, et Smith chante magnifiquement bien. Puis vient "Lovesong", seule chanson pop de l'album (ce sera d'ailleurs un tube, repris par plein d'artistes, Adele notamment), mais de la pop sous Tranxène, et ce alors même que cette chanson est un cadeau de mariage de Smith à sa Mary bien-aimée... "Last dance" fait office de pause avant l'arrivée de l'OVNI total qu'est "Lullaby", courageusement choisie comme premier single alors que rien (paroles glauquissimes, pas de réel refrain...) ne l'y destinait, et qui en plus de ça sera un succès planétaire. Seul morceau rock de l'album, "Fascination street" et son empilement progressif d'instruments est à tomber par terre. Arrivent ensuite les deux morceaux les plus majestueux, vaporeux, quasi floydiens du disque, "Prayers for rain" et "The same deep water as you". Le contraste est d'autant plus saisissant avec le bris de verre qui débute "Disintegration", chanson qui vaut surtout pour son texte (totalement désespéré). On ne voit en revanche pas trop le lien existant entre "Homesick", vague tentative jazzy un peu bancale, et le reste de l'album. Heureusement, tout cela est balayé par la très belle "Untitled", qui vient clore ce disque de près de 72 minutes dont on n'a jamais vraiment fini l'exploration, de nouveaux détails se révélant au fil des écoutes. S'il est totalement déplacé de se réjouir du malheur des uns, force est de constater que c'est dans ses périodes les plus difficiles à traverser que Robert Smith s'est montré le plus créatif. Pour beaucoup d'observateurs, Disintegration est le disque le plus abouti de la discographie des Cure, voire même un des meilleurs de l'histoire du rock. Et c'est difficile de leur donner tort...
Album à écouter en entier ici.
Avant de partir en tournée, ce qui devait arriver arriva: Smith vire Tolhurst, devenu un poids mort ingérable. En bons membres de groupe anglais incapable de communiquer entre eux (à part chez Genesis, il y a rarement eu de séparations se passant bien...), Smith annonce à Tolhurst son départ du groupe...par lettre recommandée. S'ensuivra un procès sur plusieurs années, Tolhurst estimant avoir été lésé sur le paiement de certaines royalties - il sera débouté au final - avant que les deux compères se rabibochent dans les années 2010. Nous avons donc un The Cure "Mark VIII":
Robert Smith: chant, guitares
Simon Gallup: basse
Porl Thompson: guitares
Roger O'Donnell: claviers
Boris Williams: batterie
Mais pour l'instant, c'est le 'Prayer Tour' qui se déroule, tournée qui reste, de l'avis général, la plus réussie de toute la carrière des Cure, les concerts étant d'une intensité rare. Toutefois, cela ne va pas aller sans casse, et à la fin de la tournée c'est O'Donnell qui quitte le navire, lassé des tensions entre lui d'un côté et le tandem Gallup/Williams de l'autre. Toujours à la fin de la tournée, Smith annonce qu'il s'agissait peut-être bien de la dernière du groupe... Phrase qu'il répétera désormais quasiment à chaque fin de tournée mondiale!
Le groupe se met en pause, un album de remixes totalement dispensable sort (voir plus bas dans les compilations), puis finalement Smith et ses copains reprennent le chemin des studios. Pour remplacer O'Donnell, Smith a l'idée d'embaucher un musicien qui était jusque là un roadie du groupe, en la personne de Perry Bamonte. Ce dernier est incontestablement moins un virtuose des claviers que son prédécesseur, mais il présente l'avantage, comme Thompson, de passer indifféremment des claviers à la guitare, ce qui, sur scène, peut se révéler très efficace. C'est donc parti pour The Cure "Mark IX":
Robert Smith: chant, guitares
Simon Gallup: basse
Porl Thompson: guitares
Perry Bamonte: claviers, guitares
Boris Williams: batterie
C'est donc ce quintet qui va enregistrer l'album qui paraîtra le jour du 33ème anniversaire de Robert Smith, soit...
Wish
21 avril 1992
Production: Dave Allen & Robert Smith
Wish sonne comme si Disintegration n'avait jamais existé, et reprend les choses là où Kiss Me Kiss Me Kiss Me les avait laissées. Retour donc à un album multicolore, où se mêlent plusieurs ambiances. Avantage par rapport à Kiss Me...: la production sonne nettement moins datée, notamment au niveau des claviers voulant sonner comme des cuivres. Il y a malgré tout quelques couacs: chose rarissime chez les Cure, l'entrée en matière, en l'occurrence "Open", est un peu ratée et tourne vite en rond. "Wendy time" est vraiment trop légère pour être honnête, et "Cut" s'énerve mais oublie complètement la mélodie en route. Tout le reste de l'album oscille en revanche entre le pas mal du tout et l'excellent. Côté pop, on a un truc sympa ("Doing the unstuck"), un single pas mal du tout ("High") et un tube royal avec mélodie imparable ("Friday I'm in love"). Si on est plus tristounet, "Apart" et "A letter to Elise" nous satisferont grandement. Si on est énervés, la très bonne et sombre "End" qui clôt l'album sera un excellent défouloir, avec ses paroles totalement smithiennes ("Please stop loving me / I'm none of these things..."). Et puis il y a les trois merveilles de l'album. "From the edge of the deep green sea", désormais incontournable à chaque concert, portée par une ligne de basse mammouthesque et un solo de guitare au son hallucinant. "Trust" (composée essentiellement par le petit nouveau Bamonte), et sa mélancolie chevillée au corps. Et puis LA chanson de l'album. Inconnue du grand public, elle est pourtant l'une des plus belles choses créées par Smith et sa bande, et fait la part belle à un instrument très peu usité chez les Cure, à savoir le violon. "To wish impossible things", à la fois complètement désespérée et très aérienne, est de ces chansons où le temps semble suspendu à chaque écoute. Au final, Wish est un très bon disque, certainement le meilleur que les Cure vont pondre avant un moment...
Album à écouter en entier ici.
A la suite de la tournée, le groupe enregistre deux nouveaux départs, ceux de Porl Thompson (qui va rejoindre la formation Page & Plant) et de Boris Williams (qui va créer un groupe avec son épouse). Pour remplacer Thompson, Robert Smith...rappelle Roger O'Donnell, mais pour remplacer Williams, ça va être plus compliqué, puisque pas moins de six batteurs seront auditionnés. C'est finalement le dénommé Jason Cooper qui va décrocher la timbale, même si les prestations de certains des "recalés" figurent sur l'album à suivre. On a donc The Cure "Mark X", soit:
Robert Smith: chant, guitares
Simon Gallup: basse
Perry Bamonte: guitares
Roger O'Donnell: claviers
Jason Cooper: batterie
Et c'est cette formation qui va créer l'album incontestablement le plus inégal de la discographie du groupe, voire franchement le plus faible, à savoir...
7 mai 1996
Production: Steve Lyon & Robert Smith
Quatre des cinq derniers albums des Cure parus alors étaient très variés, mais conservaient malgré tout une certaine cohérence. Avec Wild Mood Swings, non seulement le groupe part dans tous les sens (ceci dit le mixage de l'album a été réparti entre une dizaine de personnes, ça n'aide pas à l'unité sonore...), mais en plus l'inspiration semble s'être subitement tarie, la moitié des titres proposés (au moins...) étant de piètre qualité. Petite revue de détail: "Want" en introduction, absolument géniale, riff de guitare imparable, excellentes paroles, titre régulièrement joué en concert d'ailleurs. "Club America": presque une parodie de rock, avec Smith forçant son chant. Ca peut passer, mais tout juste. "This is a lie": sublime, déchirante, un des meilleurs morceaux des Cure, tout simplement. "The 13th": premier single issu de l'album, blague hispano-potache qu'on trouvera rigolote ou horripilante selon l'humeur. "Strange attraction": sans aucun intérêt. "Mint car": tente de refaire le coup de "Friday I'm in love" jusque dans le clip, mais en beaucoup moins réussie. "Jupiter crash": très belle balade acoustique, tout en finesse, excellent titre. "Round and round and round": cf. "Strange attraction". "Gone!": tentative de truc jazzeux totalement foiré. "Numb": grande première, les Cure arrivent à faire une balade chiante. "Return": cf. "Strange attraction". "Trap": vivement que le disque se termine. "Treasure": ciel, une merveille! Tout n'est donc pas perdu. "Bare": belle conclusion (acoustique en l'occurrence) comme le groupe sait le faire. Bilan des courses: un disque en forme de montagnes russes, avec plus de bas que de hauts (le milieu de l'album est assez éprouvant), qui va d'ailleurs peu se vendre comparé aux précédents. C'est d'ailleurs à partir de Wild Mood Swings que les Cure vont entamer un certain déclin artistique et commercial, qui ne prendra fin que dans les années 2010 où, de groupe un peu has been, il va acquérir le statut de groupe culte sans rien proposer de vraiment neuf à son public... Concernant Wild Mood Swings, le principal regret vient du fait que bon nombre de morceaux choisis pour être des faces B des singles étaient largement supérieurs à certains de ceux retenus pour la tracklist de l'album. D'ailleurs, Robert Smith l'a confié en 2021, s'il devait refaire ce disque, le choix des morceaux serait différent. Trop tard malheureusement...
Album à écouter en entier ici.
Le déclin de notoriété du groupe commence à se faire sentir lors de la tournée qui suit. Oh certes, ce n'est pas un four complet, loin de là, mais n'empêche, les salles sont moins garnies qu'avant. Et ça ne fait que se confirmer lors de la tournée 98 des festivals. Une tournée vendangée dans les grandes largeurs par un Robert Smith désormais totalement largué. Ceux qui, comme votre fidèle serviteur, ont assisté au concert donné par le quintet aux Nuits de Fourvière cet été là s'en souviennent encore... Un Robert Smith beurré comme un petit Lu, titubant sur scène, oubliant la moitié des paroles, s'emmêlant dans les fils des micros (merci les roadies qui venaient régulièrement à son secours) et étant à deux doigts de dégobiller sur scène (tout est visible ici, notez la prestation de Smith sur "Disintegration" à 1:21:30, c'est effroyable). Bref, Smithounet ne va pas bien du tout. Coup de bol, ça lui donne une idée : puisqu'il a fait une crise de la trentaine, aucune raison qu'il ne fasse pas une crise de la quarantaine ! Et voilà donc la communication du groupe axée sur le thème: "vous allez voir l'album qui va arriver, c'est 'Disintegration II', ça va être hyper sombre, hyper dense...". La communication idéale pour décevoir son public en résumé. Car on ne donne pas une suite à un très grand disque comme ça en claquant des doigts, et les Cure vont s'en apercevoir même si, disons-le tout de suite, le disque en question n'a rien d'infâmant non plus. Et ce disque, c'est...
15 février 2000
Production: Paul Corkett & Robert Smith
Premier constat: la pochette veut rappeler celle de Disintegration, avec le visage de Robert Smith bien en évidence, mais elle est objectivement beaucoup moins réussie, voire franchement ratée. Deuxième constat: les Cure savent toujours aussi bien démarrer leurs albums. Car "Out of this world", tout en délicatesse, avec des interventions magnifiques de O'Donnell au piano, est une pure merveille, et on se dit que, tiens donc pourquoi pas, la relève de Disintegration est assurée. Sauf qu'en fait pas du tout. car le titre suivant, "Watching me fall", est une véritable purge de plus de 11 minutes (!), où il n'y a pour ainsi dire rien à sauver et qui est d'un ennui mortel. Et le reste de l'album confirme le côté "dents de scie" de ses deux premiers titres. Trois morceaux, à savoir "Where the birds always sing", "The last day of summer" et "The loudest sound", sans être mauvais, sont loin d'être transcendants non plus, ne décollant jamais vraiment, et on les écoute poliment en attendant que ça passe. Accessoirement, les Cure ont décidé qu'aucun single ne serait tiré de cet album, mais nul doute que s'ils avaient du en choisir un, ils auraient jeté leur dévolu sur "Maybe someday", faux tube basé sur une progression d'accord maintes et maintes fois entendue mais qui fait toujours son effet. Robert Smith montre en outre qu'il sait encore écrire de vraies ballades poignantes, avec ce "There is no if..." de très haute volée. "39" évoque directement cette fameuse crise de la quarantaine ("The fire is almost out / And there's nothing left to burn") et sonne comme une petite soeur de "From the edge of the deep green sea", avec une basse monstrueuse qui tient tout l'ensemble. Enfin, "Bloodflowers" conclut l'affaire de fort belle manière, avec l'ensemble des instruments qui semble avoir été passé dans une cabine Leslie. Au final, un disque qui manque de constance, indéniablement inférieur à Disintegration, mais qui contient son lot de très bons passages, redorant en cela un peu le blason du groupe, bien terni après la parution de Wild Mood Swings. Smith (se) prouve qu'il a encore des choses à dire, ce qui va d'ailleurs se confirmer avec l'album suivant.
Album à écouter en entier ici.
Au cours d'une interview donnée en 2003, et visible dans les bonus du DVD 'Trilogy', Robert Smith confie son envie de livrer "l'album le plus heavy qui n'ait jamais été enregistré". Et histoire de joindre le geste à la parole, le producteur embauché pour ce futur album n'est autre que Ross Robinson, qui avait à ce moment-là déjà travaillé avec ses faiseurs de berceuses que sont Korn, Sepultura, Machine Head ou encore SlipKnot. Le résultat de cette collaboration va déboucher sur un disque pas exempt de défauts mais extrêmement intéressant, au titre on ne peut plus révélateur...
29 juin 2004
Production: Ross Robinson & Robert Smith
Incroyable mais vrai: après 25 ans d'existence, les Cure, et en premier lieu Robert Smith, assument une vraie prise de risque en remettant en question leur mode de fonctionnement, en enregistrant dans des conditions live ce nouvel album, et en confiant la réalisation de ce dernier à un producteur officiant d'habitude avec des groupes évoluant dans des registres nettement plus "metal". Toutefois, et on l'apprendra a posteriori, les relations entre Robinson et Smith ont été très tendues durant l'enregistrement, Smith, en bon control freak qu'il sera toujours, n'arrivant pas à laisser complètement la bride à Robinson, ce qui va avoir pour conséquence des incursions en territoire pop un peu saugrenues au milieu du déluge électrique qu'est The Cure. Ce titre d'ailleurs dit tout: ce disque, ce sont les cinq membres du groupe jouant dans des conditions live, avec les potards à 11, et point barre. Et pour bien le faire comprendre, l'album démarre sur "Lost", morceau phénoménal tournant en boucle sur trois accords et sur lequel Smith livre sa prestation vocale la plus habitée depuis l'époque Pornography, carrément. A tomber. "Labyrinth" ensuite tourne un peu en rond, mais "Before three" remonte le niveau, mêlant habilement une composition pop à des sonorités abrasives. The Cure contient même un mini-tube, "The end of the world", qui passera pas mal en radio et sera régulièrement joué en concert par la suite. Morceau le plus intéressant musicalement de l'album, "Anniversary" est une petite merveille, avec des changements d'accords très inventifs. Par contre, "Us or them" rate complètement sa cible, le type même de morceau gueulard pour pas grand chose. Pour deux des deux morceaux qui suivent, les Cure font dans l'auto-recyclage: "alt.end" repompe le riff de "In your house" et "Taking off" pille sans vergogne "Just like heaven" (le démarrage de la guitare à 0'14, c'est flagrant). "(I don't know what's going) on" (ce titre!) fait un peu pop en pilotage automatique, alors que sur "Never", on sent clairement la patte Robinson, ça défouraille sévère. La fin de l'album est d'un excellent niveau: "The promise" d'abord réussit là où sur l'album précédent "Watching me fall" s'était planté: long morceau (plus de 10 minutes), mais cette fois on ne s'ennuie guère, car la tension, palpable dès les premières secondes, grandit jusqu'à l'explosion finale extraordinaire (à 8'40). Le disque aurait pu s'arrêter là, mais les Cure n'ont pas résisté à la tentation de finir sur une ballade dont ils ont le secret. Ce sera "Going nowhere", bien venue pour reposer les tympans après ces plus de 60 minutes d'électricité quasi non stop. Alors oui, il y a deux ou trois morceaux pas top, oui on sent bien que le groupe a hésité à franchir le pas d'un album 100% metal, mais il n'empêche que The Cure reste un disque sacrément courageux, recelant d'excellents titres, et est certainement le meilleur album du groupe depuis Wish.
Album à écouter en entier ici.
Cela faisait près de dix ans qu'il n'y avait pas eu de changement dans le line-up des Cure, c'était suspect! Plus sérieusement, Smith dit en 2005 vouloir changer l'orientation musicale du groupe et revenir au trio guitare/basse/batterie originel. Exit donc Perry Bamonte et Roger O'Donnell mais très vite, en répétant pour la tournée 2005 des festivals, le groupe sent bien qu'il manque quelqu'un. Et qui donc est rappelé par Smith, dix ans après avoir quitté les Cure? Mais oui, Porl Thompson! On l'avait quitté chevelu, il revient rasé et bardé de tatouages, mais toujours aussi complet. C'est donc la naissance de The Cure "Mark XI", soit:
Robert Smith: chant, guitare
Simon Gallup: basse
Porl Thompson: guitares
Jason Cooper: batterie
Pour la première fois depuis plus de vingt ans, les Cure comptent donc moins de cinq membres dans leur effectif ce qui, malgré la technologie de studio, va clairement s'entendre sur l'album qui suit.
27 octobre 2008
Production: Keith Uddin & Robert Smith
Par rapport à tous les albums publiés depuis une vingtaine d'année par les Cure, 4:13 Dream sonne de façon un peu creuse, l'absence de cinquième membre se faisant nettement sentir. Alors oui, comme d'habitude, l'affaire démarre très bien, avec un "Underneath the stars" majestueux, mais on ne peut pas s'empêcher de penser qu'avec des nappes de claviers à la O'Donnell, le morceau aurait carrément pu tutoyer les cîmes. Et puis le reste de l'album se déroule et, soyons honnêtes, on n'en retient pas grand-chose. Ce n'est pas mauvais non, c'est juste que c'est sans réel intérêt. Il y a de bons morceaux pop, comme "The only one", "The hungry ghost" et "The perfect boy", une espèce de valse minimaliste mignonne comme tout ("Sirensong") et un morceau rock bien foutu ("The real snow white"). Mais le reste du disque ne casse pas des briques, ni quoi que ce soit d'autre. Quand Smith et ses copains s'énervent ("Freakshow", "The scream", "Switch", "It's over") ça tourne à vide, voire frise l'autoparodie. Les autres morceaux, un peu plus calmes ("The reasons why", 'This. Here and now. With you" et "Sleep when I'm dead") ne décollent jamais vraiment, et on sent, pour la première fois sur une telle durée, que les Cure n'ont plus grand chose à dire, ni musicalement, ni au niveau des paroles. L'album fera d'ailleurs un gros flop dans les charts mondiaux, comme si tout le monde était déjà passé à autre chose.
Album à écouter en entier ici.
Les années qui suivent vont voir tout d'abord le - second - départ de Porl Thompson et le - second - retour de Roger O'Donnell, ce qui va nous donner un The Cure "Mark XII" complètement bancal, à savoir:
Robert Smith: chant, guitares
Simon Gallup: basse
Roger O'Donnell: claviers
Jason Cooper: batterie
Bancal car le retour du seul O'Donnell ne peut masquer l'absence de deuxième guitare, et cela va se révéler problématique lors de la tournée 2011 des festivals (voir les albums live plus bas). Smith se résout à l'évidence selon laquelle les Cure n'ont jamais aussi bien joué que sous la forme d'un quintet. Il ne va pas pour autant rappeler Thompson, ni Bamonte, mais va faire appel à Reeves Gabrels, collaborateur de longue date de David Bowie et qui avait déjà bossé avec Smith pour un single inédit issu d'une compilation (voir plus bas aussi).
C'est donc un The Cure "Mark XIII" qui naît en 2012 et qui, chose extraordinaire, est toujours d'actualité dix ans après, à savoir:
Robert Smith: chant, guitares
Reeves Gabrels: guitares
Simon Gallup: basse
Roger O'Donnell: claviers
Jason Cooper: batterie
Et c'est cette formation qui écume donc les salles mondiales depuis dix ans au gré des tournées "best of" du groupe. Parce que côté nouveautés, Smith balade le fan de base depuis des lustres à coup de déclarations contradictoires. La suite de '4/13 Dream' ('4:14 Scream') devait sortir. Puis finalement non. Puis finalement il y aura un double album. Non, deux simples. Non, deux simples et un album solo de Smith. Le premier album est terminé, il s'appellera 'Live From The Moon'. Non, il y a des paroles à reprendre. Il durera 67 minutes. Il est mixé. Ah non finalement, le mixage commencera le 1er avril (!) 2022. Et l'album s'appellera "Songs From Another World". C'est le plus sombre jamais créé par le groupe. Puis Gallup annonce qu'il quitte le groupe via Facebook. Puis finalement non...
Bref, c'est l'expectative complète. Seule certitude: les Cure seront sur les routes européennes à l'automne 2022. Et même si le temps de leur splendeur musicale est, soyons lucides, vraisemblablement derrière eux, le public aimerait quand même bien entendre des nouveautés au cours de cette tournée!
ALBUMS LIVE
16 octobre 1984
Enregistré le 5 mai 1984 à Oxford et les 9-10 mai 1984 à Londres (Hammersmith Odeon)
Il fut un temps, qui paraît désormais antédiluvien, où les artistes s'inquiétaient de la circulation sous le manteau de disques "pirates", captations de concerts de plus ou moins bonne qualité. Histoire de les concurrencer sur leur propre terrain, les Cure décident de publier en 1984 un disque live officiel mais qui ressemble furieusement à un pirate. Pochette cradingue (imaginée par Robert Smith, sous l'anagramme de toberr!!!), son directement capté depuis la console, aucun overdub, 10 titres 42 minutes, envoyé c'est pesé. Et le plus étonnant, c'est que ce disque est très bon. Sorti à une période charnière du groupe (la bascule vers un univers plus pop), la setlist fait la part belle aux titres les plus sombres, seul "The walk" rappelant l'orientation récente du groupe. Certains morceaux sont transfigurés en live ("Shake dog shake", "One hundred years"), et le final "10.15 saturday night" / "Killing an arab" est assez énorme. Les petites erreurs conservées (un synthé qui démarre trop tôt sur "A forest", une corde de basse qui fait ptoïng pendant l'intro de "Killing an arab") rajoutent au côté "brut de fonderie" de l'album, mais au moins on a vraiment l'impression d'y être, et c'est pas désagréable, loin de là!
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25 mars 1991
Enregistré en juillet 1989 à Londres (Wembley Arena)
Album live cité pour mémoire car il n'a pas été réédité en CD depuis des lustres, mais on le trouve encore d'occasion ainsi qu'en vinyle parfois. Petite explication: c'était au départ un CD promotionnel de huit titres live commercialisé en 1989-90 en France, en Grande-Bretagne et en Irlande mais, du fait qu'il ait été piraté moult fois (décidément!), la maison de disques du groupe décida de le sortir officiellement en 1991. Album curieux car il contient donc huit titres, mais tous issus de Disintegration et présentés dans le même ordre que celui de l'album. Et franchement, les versions présentées sont un peu décevantes, soit à cause d'arrangements curieux (le son de synthés sur "Lovesong"), soit du fait que, pour une raison inconnue, certains titres sont joués à vitesse grand V, ce qui ne leur va pas, mais alors pas du tout (c'est frappant sur "Prayers for rain" et "Disintegration"). Par la suite, ce disque sera augmenté des quatre titres manquants afin d'en faire un vrai Disintegration Live et sera présent dans l'édition Deluxe de Disintegration. Mais il est vraiment à réserver aux p(c)uristes... (et cette pochette, argh!)
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Show
13 septembre 1993
Enregistré les 18-19 septembre 1992 à Auburn Hills (The Palace)
Album live capté lors de deux dates de la tournée américaine de 1992, et histoire de s'adapter à leur public, les Cure ont livré ces soirs-là des concerts qu'on pourrait qualifier de "classiques", à savoir huit extraits du dernier album en date (Wish) et tout plein de tubes à côté ("Pictures of you", "Lullaby", "Just like heaven", "In between days", "Let's go to bed"...). Dommage que les rappels, qui incluaient notamment "To wish impossible things" et "A forest", n'aient pas été inclus. Histoire de proposer un album live vraiment "grand public", le groupe a fait exactement l'inverse de Concert: The Cure Live, et a réenregistré en studio de larges parties du concert. L'auditeur y gagne en confort d'écoute mais y perd clairement en émotion. A noter que le concert démarre par un instrumental inédit, "Tape", en réalité diffusé alors que le groupe n'est pas encore sur scène, et qui devait figurer sur l'album instrumental qui avait été vaguement annoncé en même temps que Wish, mais qui n'est finalement jamais sorti. Show peut donc convenir pour une entrée en matière dans le monde Curesque, les fans préféreront toutefois l'autre album live issu de cette tournée (cf. ci-dessous).
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Paris
26 octobre 1993
Enregistré les 19-20-21 octobre 1992 à Paris (Le Zénith)
Histoire de contenter tous leurs fans, les Cure ont donc publié un autre album live issu de la tournée Wish, mais centré cette fois sur des morceaux plus obscurs (dans tous les sens du terme) de leur discographie. Enregistré au cours des trois concerts parisiens donnés à l'automne 1992, Paris propose douze titres, aucun ne faisant doublon avec Show, et seulement trois tubes ("Play for today", "Lovesong" et "Close to me"). Le son est également beaucoup moins travaillé que Show, bref c'est du dur, du lourd, avec de très bonnes versions de certains morceaux ("The figurehead", "A letter to Elise", "Catch"). Bref, pour les néophytes qui auraient démarré avec Show et qui auraient apprécié la chose, Paris constitue un excellent complément.
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Bestival Live 2011
6 décembre 2011
Enregistré le 10 septembre 2011 à Newport (Bestival)
C'est peut-être bien en écoutant cette prestation que Robert Smith s'est dit qu'il ne pouvait pas décemment continuer les Cure sous la forme d'un quartet. A l'époque, Thompson vient de (re)quitter le groupe et O'Donnell est revenu. Donc un guitariste est parti et un clavier est arrivé. Si, numériquement, le compte y est, musicalement, c'est très loin d'être le cas. Concrètement, la grande majorité des morceaux joués ce soir-là (32 titres, 2h20 de concert quand même) sonnent complètement vides. Ca passe encore sur le "Plainsong" d'intro, les synthés d'O'Donnell faisant le taf. Mais dès "Open", c'est la catastrophe. La deuxième guitare manque cruellement, et ça nuit à toute la dynamique de l'ensemble. Plein d'autres morceaux sont frappés du même mal ("Fascination street", "End"...), et franchement, ça fait mal aux oreilles parfois. Si encore ils avaient opté pour des réarrangements complets, peut-être que ça serait passé, mais là, en voulant recréer des versions proches des versions studios, ça ne le fait pas du tout du tout du tout. Dommage car la setlist, qui balaye la totalité des périodes du groupe, est loin d'être inintéressante.
Album à écouter en entier ici.
Pour l'album '40 Live - Cureation-25 + Anniversary', voir les DVD plus bas.
COMPILATIONS
5 février 1980
Le producteur du groupe à l'époque, Chris Parry, avait eu le nez creux. Sentant que ses protégés allaient prendre une direction plus sombre, il va capitaliser sur le succès du 45 tours alors sorti ("Boys don't cry") et sortir cette compilation qui regroupe donc le premier 45 tours du groupe ("Killing an arab"), les meilleurs titres de Three Imaginary Boys et les deux 45 tours sortis après ce dernier, soient "Jumping someone elses's train" et "Boys don't cry". 12 titres, 31 minutes de musique et hop c'est emballé. Si les sorties de compilations ultérieures rendent Boys Don't Cry un peu obsolète, ce disque constitue quand même une photographie parfaite de ce qu'étaient les Cure à leurs tout débuts. Et puis cette pochette est absolument sublime!
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16 décembre 1983
Un peu le même principe que la compilation précédente pour ce Japanese Whispers. En effet, sur la période 82-83, les Cure sortent leur brelan de 45 tours très pop ("Let's go to bed", "The walk" et "The lovecats") qui rencontrent un vif succès. Histoire de rentabiliser la chose, leur maison de disques décide de regrouper ces trois titres et leurs faces B sur un seul disque, ce qui donne donc naissance à ces "chuchotements japonais". 8 titres, à peine 28 minutes de musique, c'est sûr que c'est du rapide. Et, si les trois titres phare sont des morceaux pop difficilement résistibles, les faces B sont globalement bien poussives. C'est même un accident industriel s'agissant de "The dream", peut-être le titre le plus faible de toute la discographie des Cure. "Just one kiss" sonne comme un sous "Hanging garden" et "The upstairs room" fait déjà entendue des dizaines de fois. Heureusement, "Speak my language", avec son gimmick ultra efficace, et "Lament", qui renoue avec le passé plus sombre du groupe (beaucoup de réminiscences de "The drowning man"), relèvent un peu le niveau. Mais on est donc sur une compilation hautement dispensable, sans parler de la pochette absolument hideuse.
Album à écoute ici.
6 mai 1986
Voici ce qui reste LA compilation de référence s'agissant des Cure, et qui constitue une porte d'entrée idéale dans leur univers. Sont donc regroupés ici les dix-sept 45 tours publiés par le groupe entre 1979 et 1986, de "Killing an arab" à "A night like this", en passant par "Boys don't cry", "A forest", "Play for today", "Charlotte sometimes", "Let's go to bed", "The walk", "The lovecats", "In between days" ou "Close to me". Aucun déchet, un ordre chronologique permettant d'apprécier l'évolution - pour ne pas dire les évolutions - du groupe au niveau du son et des compositions.... Bref, même si la période post-1986 est absente de cette compilation, l'achat de cette dernière est indispensable! A noter que l'homme présent sur la pochette est l'acteur jouant le personnage principal du clip de "Killing an arab".
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20 novembre 1990
Histoire de faire patienter les fans entre la fin du "Prayer tour" et la parution de Wish, les Cure décident de sortir un album composé de remixes de plusieurs de leurs titres, augmentés d'un inédit qui sortira en single, la très rock "Never enough". Et c'est peu dire que cet album est totalement dénué d'intérêt. Les remixes proposés ne consistent souvent que dans le fait que d'étirer plus que de raison les morceaux, et quand ils tentent le relooking total, le résultat n'est vraiment pas convaincant. Un exemple parmi d'autres: le "Close to me (closer mix)", qui se contente de caler une rythmique fadasse de R'n'B déjà ringard en 1990 sur les arrangements initiaux. Aucun intérêt donc, si ce n'est, en étant tout-à-fait honnête, s'agissant du "A forest (tree mix)" qui, pour le coup, apporte vraiment quelque chose à la version originale. Cet album fera l'objet d'une suite en 2018, Torn Down, uniquement disponible en vinyle et comme CD bonus de la réédition de Mixed Up, et c'est tout autant un naufrage!
Album à écouter en entier ici.
28 octobre 1997
Comme son nom l'indique, cette compilation est la suite de Standing On A Beach et couvre dix années de singles. Le niveau est objectivement un peu moins élevé que celui atteint sur la période 1979-1986, mais ça reste plus qu'agréable à écouter. Un inédit en prime, l'électroïde "Wrong number", qui présente la particularité d'avoir été enregistré par les seuls Robert Smith, Jason Cooper et...Reeves Gabrels qui, à l'époque, ne faisait pas encore partie des Cure. Smith saura s'en souvenir 15 ans plus tard lorsqu'il se mettra en recherche d'un nouveau guitariste... Ah si, un gros bémol quand même pour cette compilation: la pochette!!!
Album à écouter en entier ici.
13 novembre 2001
Afin de solder le contrat qui les unissait avec Fiction, leur label depuis leurs débuts, les Cure ont donc publié ce Greatest Hits qui annonce la couleur dès son titre. On a du tube, du tube et encore du tube, c'est vraiment la compilation radio friendly par excellence. Histoire d'appâter le fan, deux inédits sont présents, "Cut here" et "Just say yes" (ce dernier étant un duo avec la chanteuse de Republica, Saffron), inédits qu'on qualifiera de gentillets. Par contre, certaines éditions proposent un CD bonus avec tous les titres enregistrés en mode unplugged (et avec Boris Williams de retour aux percussions), et certaines versions sont splendides ("Friday I'm in love" par exemple). Existe également en DVD, qui consiste donc en une compilation des clips correspondants.
Album à écouter en entier ici.
27 janvier 2004
4 CD, 70 titres, autant dire que le fan de base est comblé par ce coffret dont le contenu est parfaitement résumé dans le titre. Des mixes alternatifs, des inédits, des faces B... Bref, il y a de tout. Par définition, tout n'est pas essentiel, et seuls des grands malades écouteront d'affilée les trois versions du "Hello I love you" des Doors ou le "P2P mix" de "Wrong number". Mais attention, dans cette profusion de titres, il y a de vraies merveilles, notamment les faces B de la période 92-96. "This twilight garden", "A pink dream", "It used to be me" ou encore "Adonais" auraient parfaitement eu leur place sur un album du groupe. Notons également la présence de "Burn", morceau écrit pour la BO du film "The crow", et qui a régulièrement été joué en live ces dernières années, ou encore de la reprise du "World in my eyes" de Depeche Mode. En gros, il faut faire le tri, mais la récompense au bout en vaut la peine!
Album à écouter presque en entier (certains morceaux ne sont pas référencés sur la chaîne YouTube du groupe, ne me demandez pas pourquoi) ici.
DVD
On rappellera ici pour mémoire que certaines VHS n'ont jamais été rééditées en DVD, et c'est TRES dommage. On est donc réduit à regarder sur YouTube le fameux concert donné à Orange en 1986, ainsi que la vidéo du concert correspondant à 'Show' (et qui contenait les rappels, elle!), et c'est assez rageant!!!
3 juin 2003
11 et 12 novembre 2002: les Cure investissent pendant deux soirs le Tempodrom de Berlin pour y jouer leur "trilogie". Lors de l'annonce du concert, tout le monde pensait à celle constituée par les albums Seventeen Seconds, Faith et Pornography mais en fait pas du tout, Smith annonçant que, pour lui, c'était Pornography, Disintegration et Bloodflowers (dernier album alors paru) qui constituaient ladite trilogie. Soit. Quoiqu'il en soit, ce DVD est excellent. Image et son soignés, interprétation habitée (Smith à deux doigts de fondre en larmes sur "Closedown"), même les titres de Bloodflowers, objectivement un cran en-dessous de ceux des deux autres albums, s'en sortent bien, bref c'est superbe. Et le plus fort, c'est qu'après trois heures de concert, le quintet revient sur scène pour un rappel composé de "If only tonight we could sleep" et surtout d'une version hiroshimesque de "The kiss". Gros panard donc que le visionnage de ce DVD, avec en plus dans les bonus des interviews très intéressantes des cinq membres du groupe.
A voir ici.
5 décembre 2006
Eté 2005: O'Donnell et Bamonte partent, Thompson revient, et les Cure honorent de leur présence neuf festivals européens. Ce DVD regroupe des prestations captées lors de cette tournée, captations effectuées dans des conditions très diverses. En effet, si certaines sont de qualité professionnelle, d'autres sont en revanche dignes de films amateurs. Exemple: "The end of the world", filmé en...plan fixe! A l'heure du blu-ray, ça fait un peu tâche... Alors oui, il y a de quoi faire avec ce DVD, qui comporte pas moins de 30 titres, dont certains rarement joués en concert. Mais le côté bricolo bricolette peut rebuter, sans parler de l'absence de clavier, un peu gênante sur certains morceaux.
A voir ici.
18 octobre 2019
Attention, truc immanquable. Petit rappel des faits: en 2018, les Cure fêtent leur 40 ans d'existence. Pour l'occasion, un grand concert est organisé à Hyde Park le 7 juillet 2018, concert faisant l'objet du premier DVD et des deux premiers CD de cet objet. 29 titres, plus de 2h30 de show, set-list best of mais n'oubliant pas le fan de base, avec un rappel "spécial débuts des Cure" consistant en un enchaînement dantesque "Jumping someone else's train" / "Grinding halt" / "10.15 saturday night" / "Killing an arab". La réalisation est excellente, et au niveau du son, le choix a été fait de laisser le côté "live" bien en évidence, ce qui se sent surtout lorsqu'on écoute la voix de Robert Smith (beaucoup d'écho dans les fins de phrases, on entend bien qu'on est en plein air!). Ca, c'est donc la première moitié du zinzin. Et la seconde est tout bonnement exceptionnelle. Il se trouve que cette même année 2018, Robert Smith était le maître de cérémonie du 25ème Meltdown Festival, et forcément, pour clôturer les festivités le 24 juin, il ne pouvait pas faire autrement que donner un concert avec ses 4 acolytes (c'est d'ailleurs comme ça que le concert était annoncé, comme contractuellement celui de Hyde Park était le seul que le groupe devait donner en 2018, il a fallu ruser!). Et alors là, attention les yeux. Première partie du concert: le groupe joue un extrait de chaque album dans l'ordre chronologique, jusqu'à arriver à un inédit magistral, "It can never be the same". Pause. Et on redémarre avec un nouvel inédit, "Step into the light" (bien mais moins flamboyant que le précédent), puis de nouveau un extrait par album dans l'ordre inversement chronlogique, jusqu'au "Boys don't cry" final. Un vrai rêve éveillé. Car en plus, niveau setlist, à part quelques tubes de rigueur ("Pictures of you", "High", "A forest" et "Boys don't cry"), on fait dans la pépite pour fan: "Other voices", "Like cockatoos", "Jupiter crash", "Want", "If only tonight we could sleep", "One hundred years"... N'en jetez plus. Réalisation et son parfaits en plus, rien à redire. 4 CD et 2 DVD à posséder absolument!
Le concert à Hyde Park peut s'écouter ici et celui du Royal Albert Hall là.
Voilà donc qui achève cette petite étude de la discographie curesque, avec plus ou moins de mauvaise foi bien évidemment! Tous les commentaires sont les bienvenus en cliquant sur "Enregistrer un commentaire" ci-dessous. En espérant que les fans ne me lyncheront pas trop et que les néophytes y trouveront leur compte! Bonne écoute à toutes et tous!