Finalement, nous y voilà donc. Un an après la date initiale de ce concert (merci le covid), nous voici donc au Groupama Stadium pour fêter dignement les 40 (mais donc plutôt les 41) ans de la bande à Sirkis.
Aux abords du stade, la foule des grands jours. 73000 personnes mine de rien, ça fait du peuple, mais, bon point pour l'organisation, le système des navettes couplé à des employés de la sécurité assurant la circulation au sein des parkings relais est d'une efficacité redoutable. Arrivés dans la fosse, on se retrouve donc non loin de cet écran cylindrique surplombant la scène centrale, et qui fait son petit effet.
A 19h50, Clara 3000 démarre sa prestation, et manque de bol pour elle, c'est aussi le moment que choisit la pluie pour tomber bien correctement. Pas idéal pour chauffer l'ambiance, d'autant plus que le set de cette DJette, sans être mauvais, n'est pas non plus d'une originalité débordante. On va dire que pour une première partie ça allait, mais personne ne l'a franchement retenue quand elle a quitté la scène à 20h30. Petit miracle: entretemps, la pluie s'était arrêtée et elle ne reprendra pas de tout le concert, alors que l'aspect de certains nuages faisait craindre le pire.
20h50: l'écran s'anime, et un clip retraçant les 40 dernières années défile. L'occasion pour à peu près tous les hommes politiques de se faire copieusement huer par le public présent (la palme revenant à Poutine), avec en point d'orgue le drapeau ukrainien s'affichant sur l'écran. Et poum, on enchaîne avec la vision des cinq lascars se tenant près à monter sur scène, avec le thème de "Nos célébrations" défilant derrière. Ovation. Le morceau démarre, le public réagit au quart de tour, et on sent de façon palpable une envie immense partagée par tout le stade d'oublier toutes les mauvaises nouvelles du quotidien (et en ce moment, il y a le choix) pendant 2h30. Côté son, pour un concert en stade et avec une scène centrale, donc à peu près la pire configuration qui soit, hé bien c'est très honorable, en tout cas de là où nous étions. Certes, il y avait de l'écho, certes c'était parfois un peu brouillon, mais globalement ça allait, et les boules quies sont sagement restées dans la poche. A priori, ce n'était malheureusement pas le cas dans les gradins mais honnêtement, en fosse, on pouvait difficilement faire mieux.
"Station 13" et "Marilyn" suivent, bon soit, on est dans le récent qui bastonne, mais soyons honnêtes, le vieux fan attendait autre chose. Et ses attentes vont être comblées au-delà de toute espérance. "Miss Paramount", un classique certes, mais qui fait toujours du bien. Le light-show commence à bastonner sévère, et, ô surprise, Sirkis chante ma foi beaucoup plus juste que d'habitude. Pas d'autotune pourtant (il y a eu quand même quelques dérapages), mais peut-être que le fait d'espacer de plusieurs jours les concerts, et que celui de Lyon ait été filmé pour une future sortie cinéma/DVD, y est peut-être bien pour quelque chose.
"Canary bay", je dis oui oui (ou plutôt "ouh ouh!") car enfin on a droit au morceau en entier, et pas noyé dans un medley à l'orchestration discutable. Et ce pont instrumental avec le light-show qui va avec, c'est que du bonheur.
Sirkis s'empare d'un harmonica en ré, souffle dedans, et "Punishment park" déboule. Là, ça devient franchement intéressant. Voilà qu'ils nous balancent du vieux morceau pas très connu et excellent. Le concept de la scène centrale est en plus bien exploité, à la Metallica, les membres changeant de place régulièrement pour que tout le monde les voit bien à tour de rôle.
Après ça, six morceaux vont s'enchaîner qui ont fait chavirer de bonheur n'importe quel fan normalement constitué. "Les tzars", là aussi enfin en entier et débarrassé d'arrangements technoïdes qui ne lui allaient pas du tout. Puis "Paradize", morceau vraiment taillé pour la scène comme pas permis. "Le baiser", avec une petite citation du "Heroes" de Bowie en intro (cet accent anglais de Sirkis, ouille...), et qui sonne toujours comme un - très bon - inédit de Daho. "Tes yeux noirs", one more time dans une version proche de l'originale, et mettant en lumière cette magnifique mélodie made in Dominique Nicolas. Et puis alors les deux énormes surprises du chef: "7000 danses" et "La chevauchée des champs de blé"! Je n'aurais jamais pensé en 1999, alors que je voyais Indochine pour la première fois en concert dans une salle de 1500 places et que le groupe commençait lentement à remonter la pente en terme de notoriété, que 23 ans plus tard j'allais entendre ces deux morceaux, si ce n'est obscurs, en tout cas vraiment très peu connus, et en plus dans des très bonnes version!? Sidérant!
Après cet enchaînement à peine croyable, il faut bien rebalancer du récent pour appâter les plus jeunes (qui a dit les moins vieux?), donc hop, "Little dolls", le remix - dispensable - de "3ème sexe" avec Christine & The Queens comme invitée, "Alice & June" (toujours aussi laminant en concert ce morceau, c'est dingue) et "Un été français".
Histoire d'achever tout le monde, "3 nuits par semaine" dans une version normale et pas rallongée inutilement pour faire participer la foule à tout prix, le tout avec un light-show déconseillé aux épileptiques. Excellente idée.
Repassage par la case "vieux fan" avec un medley de quatre titres des années 90 ("Des fleurs pour Salinger", "Kissing my song", "Stef II" et "Drugstar") avant l'arrivée de Dimitru Bodianski et Lou Sirkis (fille de Stéphane et donc nièce de Nicola) pour un "Dizzidence politik" valant plus pour le côté clin d'oeil que pour sa qualité musicale intrinsèque. Le groupe reprend un refrain de "Nos célébrations" puis s'en va.
C'est évidemment pour mieux revenir, entouré de la fanfare de la garde républicaine, et de nous enchaîner "J'ai demandé à la lune", "La vie est belle" et "Atomic sky". Alors Dieu sait que "J'ai demandé à la lune", on l'a (beaucoup) trop entendue, mais là, cette version foutait les poils, il faut l'écrire.
"College boy" a aussi droit à son invité, en l'occurrence le chanteur lyrique Philippe Jaroussky. Tout le monde s'en va, puis tout le monde revient pour l'inévitable "Aventurier", avec cette fois la voix de Sirkis qui commence à prendre des vacances. Mais ce n'est pas bien grave, le stade se transforme en karaoké géant, c'est assez dingue.
Le concert se termine sur "Karma girls" et un feu d'artifice à l'issue duquel les 73000 spectateurs ont regagné leurs pénates des images plein les yeux et des notes plein les oreilles. Alors oui, certes, c'est dommage qu'il y ait cette énième bisbille Nicola Sirkis/Dominique Nicolas, car on aurait bien aimé voir le compositeur historique d'Indochine arpenter la scène pour un ou deux morceaux. Mais il n'empêche. 2h40 de concert, tous les grands tubes joués, tous les albums représentés, des pépites peu connues exhumées, un light-show magistral... Difficile de faire mieux pour fêter les 40 ans du groupe! Rendez-vous en le 24 novembre pour voir le concert au cinéma (et la veille dans les salles dotées du dispositif Imax).
Set-list:
Nos célébrations
Station 13
Marilyn
Miss Paramount
Canary bay
Punishment park
Les tzars
Paradize
Le baiser
Tes yeux noirs
7000 danses
La chevauchée des champs de blé
Little dolls
3SEX
Alice & June
Un été français
Trois nuits par semaine
Medley: Des fleurs pour Salinger / Kissing my song / Stef II / Drugstar
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire