vendredi 2 juin 2023

Depeche Mode, Lyon, Groupama Stadium, 31 mai 2023

Première date française pour Depeche Mode en ce 31 mai, et c'est le Groupama Stadium de Lyon qui les accueille donc pour ce concert inaugural.

Premier constat: il y a du monde - 52000 personnes, difficile de faire plus pour un concert avec scène classique, donc non centrale. Second constat: tout comme le groupe, leurs fans ne rajeunissent pas, et les quadragénaires font crouler la moyenne d'âge. Pas sûr que la jeune génération écoute beaucoup Depeche Mode, ce qui est assez surprenant vu leur influence sur la scène electro actuelle. Mais bon, c'est comme ça, que voulez-vous y faire ma brave dame.

On trouve nos places dans les gradins, dans un virage en face de la scène. A 19h45, les Young Fathers investissent les lieux, et les quitteront à 20h10 après une petite demi-heure d'un magma sonore quasi inaudible. Dommage parce que la formation est originale, mais alors impossible de distinguer le moindre début de mélodie dans ce merdier sans nom.

C'est à 20h45 que le quatuor entre en piste, en attaquant par "My cosmos is mine", premier titre du dernier album en date Memento Mori. Deux problèmes d'entrée: d'abord, choix de morceau peu judicieux car pas connu, pas entraînant, tournant sur quasiment un seul accord...genre pour mettre l'ambiance, "Going backwards" sur la tournée précédente était autrement plus percutante. Ensuite, et surtout, on a eu l'impression que les techniciens n'étaient pas encore à leurs postes. Les écrans ne fonctionnaient pas et, surtout surtout, le son était absolument catastrophique. Là où au même endroit l'an dernier Indochine avait réussi d'emblée à trouver un son tout-à-fait acceptable pour un stade (mais on était en fosse, il faut le préciser), la musique sortant des enceintes était abominablement mal réglée, avec des basses écrasant absolument tout et tournant joyeusement en écho dans tout la stade.

"Wagging tongue" suit, mélodie entêtante, les écrans fonctionnent, on est mieux. Ou moins mal dirons-nous. Les choses vraiment sérieuses démarrent avec "Walking in my shoes", qui réveille un public jusque là un peu hébété. On note quand même que, comme au Stade de France en 2009, la scène fait un peu cheap pour un stade. Autant elle conviendrait pour une Arena, autant pour une enceinte contenant 50000 personnes, c'est un peu juste. Gahan assure toujours autant le spectacle, Gore (qui arbore une tenue étonnamment sobre!) chante toujours aussi juste aussi, à ce niveau là pas de problème.

On reconnaît ensuite l'intro de "It's no good". Joie. Mais joie de courte durée car ce fut un des pires moments auditifs de la soirée, avec des basses laminant absolument tout sur les passages instrumentaux, à tel point que le gimmick de synthé était, de là où on était, à peine audible. A se demander si Gahan n'avait pas aussi des retours pourris dans les oreilles, car sa voix a très méchamment flotté sur les couplets - seul instant du concert où on l'a senti vraiment pas à l'aise.

Très bonne surprise ensuite avec la délicate "Sister of night", qui permet aussi de reposer un peu les oreilles. Dommage de la mettre si tôt dans la setlist, elle arrive un peu comme un cheveu sur la soupe après le déluge des deux titres précédents. Bonne surprise aussi avec la relecture de "In your room", à l'intro un peu gentillette par rapport à l'originale, mais bon, on ne va pas faire la fine bouche, surtout que le son commence à s'améliorer.

C'est finalement "Everything counts", avec une intro rallongée pour l'occasion, qui va vraiment faire décoller le stade (et aussi nos plèvres respectives avec ces basses toujours surdimensionnées). Gahan assure toujours autant en meneur de revue, et arpente enfin l'avancée de la scène. "Precious" est également un gros succès populaire, même si la fosse prend la flotte à cause d'un orage qui, heureusement, ne durera pas trop longtemps.

Arrive ensuite l'horreur du concert, et c'est fort dommage car "Speak to me", qui clôt Memento Mori, est vraiment un très bon titre. Le problème, c'est qu'il est basé sur beaucoup d'infra basses. Vous me voyez venir... C'était absolument innommable, et, fort heureusement, ce fut le dernier moment du concert où le son fut lamentable. Assez miraculeusement, il est finalement devenu relativement passable pour tout le reste du show, mais alors "Speak to me", quelle épreuve...

Intermède Martin Gore ensuite. Très belle version de "A question of lust", suivie de "Soul with me" du dernier album sur laquelle le public a complètement décroché. Ca a clairement été le moment pipi/bière/whatsapp du concert, on a même entendu quelques sifflets jaillir ça et là... 

Gahan revient sur la scène avec un nouveau gilet - le vert ayant remplacé le rose - et "Ghosts again" remet tout le monde dans le sens de la marche. Futur classique du répertoire des Anglais à l'évidence. "I feel you" derrière: j'ai toujours eu du mal avec ce titre, que je qualifierais de "Personal Jesus" avec l'inspiration en moins. En plus, avec un son toujours pas terrible, c'est pas l'extase. Par contre, le light-show commence enfin à prendre une certaine ampleur.

"A pain that I'm used to", joie! Sauf que c'est toujours la version remix, qui est quand même nettement moins dark que l'originale, dommage. Case Violator ensuite avec "World in my eyes" et des photos d'Andy Fletcher projetées en arrière, très sympa.

Et alors après, ça va être du grand, du lourd, du beau. Une intro semblant échappée de "Rencontres du 3ème type" retentit, il s'agit en fait de celle complètement relookée de "Wrong", et qu'est-ce que ça envoie! Malgré un Gahan piochant sur certaines phrases, il faut le reconnaître. Et hop, un moteur qui a du mal à démarrer, "Stripped" évidemment! Light-show rougeoyant de première bourre, son enfin digne de ce nom, on est bien. "John the revelator" remet une pièce dans le juke-box tubesque avant l'inévitable "Enjoy the silence".

Et là, il s'est passé quelque chose d'incroyable. Ce morceau, entendu et réentendu des dizaines et des dizaines de fois, a conservé intacte sa grâce et son efficacité. Osons l'écrire: cette chanson est un véritable coup de génie de Martin Gore, aidé en cela par les arrangements de Wilder (la rythmique et le gimmick de guitare) et la voix de Gahan. Il y a vraiment un équilibre absolument parfait dans ce titre, et le public lyonnais ne s'y trompe pas.

Le quatuor quitte la scène, puis la réinvestit pour ce qui fut peut-être le plus grand moment du concert. Une version de "Waiting for the night" à deux voix, Gahan et Gore au milieu de la petite scène située dans la fosse. Suspension du temps pendant quelques minutes, étreinte des deux compères à la fin du titre. Bô. Très très bô.

Le contraste est un peu violent avec "Just can't get enough" qui déboule derrière et qui fait un peu tâche de gros rouge après un tel moment. Mais bon, tout le monde a la banane, c'est bien l'essentiel. "Never let me down again": bon ben que voulez-vous, c'est toujours la même chose: celui qui ne frissonne pas de tout son être lorsque 52000 personnes balancent les bras dans les airs sur le final wagnérien n'est pas humain, c'est tout.

"Personal Jesus", avec une structure enfin proche de l'originale, vient clore les festivités après 2h15 de concert. Alors oui, malgré un son calamitogène pendant une bonne partie du show, une structure scénique un peu petit bras, et un Gahan qui a parfois (mais rarement) accusé le poids des ans  (il ne finit plus torse nu!), c'était une super soirée, avec un groupe qui est quand même maintenant à la tête d'un sacré répertoire et qui l'interprète de manière irréprochable. La seule question qu'on se posait en regagnant les voitures était la suivante: les reverra-t-on un jour en concert? N'est-il pas temps de tirer leur révérence tant qu'il en est encore temps avant de faire la tournée de trop? Time will tell...

My cosmos is mine / Wagging tongue / Walking in my shoes / It's no good / Sister of night / In your room / Everything counts / Precious / Speak to me / A question of lust / Soul with me / Ghosts again / I feel you / A pain that I'm used to / World in my eyes / Wrong / Stripped / John the revelator / Enjoy the silence

Rappel: Waiting for the night / Just can't get enough / Never let me down again / Personal Jesus

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