17 ans après leur précédent passage au même endroit, Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin refoulaient donc hier soir les planches du théâtre antique de Fourvière dans le cadre de leur tournée célébrant le quart de siècle bien tassé de Moon Safari.
21h20, la première partie, à savoir Lewis OfMan, attaque son set. Une demi-heure de musique largement instrumentale jouée par un batteur au look totalement improbable, un bassiste, une vocaliste-guitariste acoustique, un clavier, et donc Lewis OfMan à la guitare et au chant. C'était très propre, mais ça ne décollait jamais vraiment, on imaginait plus écouter cette musique en fond sonore d'un bar branchouille en sirotant un mojito. Mais bon, on va dire que pour une première partie, ça passait.
Changement de plateau, et on découvre cet espèce de cabine rectangulaire toute blanche avec des vitres/miroirs dans le fond dans laquelle le duo et leur batteur prendront place par la suite. On avait beau avoir rapidement visionné quelques vidéos, c'est autre chose de se retrouver face à ce zinzin.
22h20: un bip-bip se fait entendre, puis un bruit de vague... Jésus, pardon le batteur, tout de blanc vêtu, monte sur la scène et commence à marquer le rythme. Puis Dunckel et Godin, également tout en blanc, arrivent, le premier se met derrière ses claviers, le second s'arme de sa basse, et paf, "La femme d'argent" surgit. C'est sûr qu'attaquer par ce titre, qui d'habitude clôturait les concerts du groupe, ça calme tout de suite. Et c'est ainsi que débute l'interprétation de Moon Safari dans sa totalité et dans l'ordre.
Au lieu des 43 minutes du disque, le set en dure finalement une bonne cinquantaine, avec des versions rallongées de "La femme d'argent" et de "New star in the sky". Le son est excellent, "Sexy boy" en deuxième position claque grave, le light-show est splendide, accompagnant la musique sans la tuer, bref on retrouve la bulle sonore intemporelle que constitue encore aujourd'hui Moon Safari. Seul petit bémol: l'absence de Beth Hirsch sur les deux morceaux qu'elle chantait à l'origine. Si "You make it easy" avec Godin au vocoder passe pas mal, "All I need" mélangeant le chant pré-enregistré de Hirsch et les voix des deux compères sonne un peu bancale. Mais bon, c'est vraiment pour chipoter, parce que quand ils quittent la scène à la fin de ce premier set, on avait l'impression que le concert avait commencé depuis dix minutes.
Le rappel commence par "Radian", qui dévoile vraiment toute sa beauté en live. Puis détour par Talkie Walkie avec les trois titres ouvrant cet album joués dans l'ordre, soient "Venus" (la scène se transformant en vaisseau spatial, forcément), "Cherry blossom girl" et "Run" dans une version longue magnifique. "Highschool lover" vient judicieusement rappeler quelle merveille est la BO de Virgin Suicides avant que "Don't be light" déboule.
Et alors là, fallait s'accrocher. Le concert a décollé à la verticale à partir de ce moment précis, avec un light-show fortement déconseillé aux épileptiques (véridique, les variations de couleurs étaient très intenses et rapides) et un son qui de très bon est passé à exceptionnel. Fantastique version à l'issue de laquelle...le trio vient nous saluer. Ah non hé, déconnez pas, faut pas nous laisser sur un machin pareil!
Heureusement ils reviennent, d'abord pour reposer nos oreilles avec la délicate "Alone in Kyoto". Puis une rythmique electro surgit et voici qu'"Electronic Performers" surgit. Alors là, on a basculé dans une autre dimension. Quand bien même la grille d'accords de ce morceau est décalquée à la note près sur celle d'"Eclipse" de Pink Floyd, il est déjà excellent à la base. Mais alors, avec un light-show de malade, un son qu'on peut qualifier sans exagérer de fantastique (à la fois puissant et parfaitement équilibré), et un final instrumental rallongé, c'était sublime. La vidéo est là pour en témoigner, jugez vous-mêmes.
Et après ça, salut final, il est 23h55, il est temps de se rentrer. Ce fut un excellent concert, avec un duo certes peu bavard - mais ça a toujours été le cas - mais à l'évidence ravi d'être là, et mine de rien finalement assez peu de parties pré-enrgistrées - le batteur ayant un pad électronique, il assurait beaucoup de bruitages par ce biais. Que Dunckel et Godin aient mis sur pied cette tournée parce qu'ils ont du mal à payer leurs impôts ou parce qu'ils en avaient envie tout simplement, peu importe, tant la qualité du show proposé était remarquable. Intéressant aussi de constater qu'aucun morceau de leurs deux derniers albums (Pocket Symphony et Love 2, on mettra à part la musique du "Voyage dans la lune") n'a été joué, comme s'ils avaient parfaitement conscience qu'ils étaient un cran en-dessous du reste de leur discographie. Justement parce qu'ils commençaient à tourner en rond, Dunckel et Godin ne créeront sans doute plus rien de nouveau à quatre mains, mais ce qu'ils laissent derrière eux est déjà assez remarquable, beaucoup s'en contenteraient.
Set-list:
Moon Safari set: La femme d'argent / Sexy boy / All I need / Kelly, watch the stars! / Talisman / Remember / You make it easy / Ce matin-là / New star in the sky / Le voyage de Pénélope
Rappel 1: Radian / Venus / Cherry blossom girl / Run / Highschool lover / Don't be light
Rappel 2: Alone in Kyoto / Electronic Performers
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