lundi 21 juillet 2025

Neil Young, Paris, Adidas Arena, 13 juillet 2025

Par manque de temps, il n'a pas été fait état sur ce blog des derniers concerts auxquels nous avons assisté, à savoir Ghost (super show mais plombé par un son très mal réglé), Fontaines D.C. (très efficace mais le côté "je fais constamment la gueule" des membres du groupe, chanteur excepté, peut lasser) et les Libertines (étonnamment bons, pas de doute, le fromage c'est mieux que l'héroïne).

Mais il ne pouvait pas ne pas être fait état du concert donné il y a une semaine par Neil Young à Paris.

Pour cette inespérée petite tournée européenne - il avait répété qu'il ne voyagerait plus ailleurs qu'en Amérique du Nord pour des raisons essentiellement écologiques -, Neil Young s'est entouré des Chrome Hearts, groupe disparate composé de trois jeunes - Micah Nelson, fils de Willie, à la guitare et aux claviers, Corey McCormick à la basse et Anthony LoGerfo à la batterie - et d'un vétéran - Spooner Oldham aux claviers.

Le concert était annoncé pour 19h, dimanche oblige, mais c'est finalement à 19h40 que les cinq lascars foulent la scène de l'Adidas Arena. Cette dernière est la petite soeur de la LDLC Arena lyonnaise, configurée et pensée exactement de la même manière - très agréable de pouvoir circuler de façon hyper fluide à l'intérieur de l'enceinte - mais en deux fois plus petite.

Ils attaquent par "Ambulance blues", obscur morceau tiré du lugubre On The Beach. Ou comment ne pas attaquer par du facile, parce que démarrer un concert par un titre lent, long - plus de huit minutes - et très peu connu, faut oser. Mais ce titre permet à tout le monde de se positionner et de se placer, c'est finement pensé. Neil Young est toujours le même, force de la nature habillé n'importe comment, et surtout toujours doté de la même voix. A peine fût-elle plus hésitante qu'autrefois à certains moments, mais c'est vraiment pour chipoter. Derrière, les trois jeunes sonnent magnifiquement bien ensemble, et Spooner Oldham, qui faisait déjà vieux il y a vingt ans, fait maintenant très très vieux, et soyons honnêtes, à part deux ou trois morceaux, ses interventions au cours de la soirée étaient à peine audibles.

Fin du morceau, changement de guitares, Young prend sa "old black". Frissons, partie 1. Il fait courir sa main le long du manche, ça fait...le bruit habituel de la old black qu'on caresse. Frissons, partie 2. Et voilà qu'il nous joue l'intro de "Cowgirl in the sand" identique à la version originale. You hou. Frissons, partie 3. LoGerfo fait "one, two, three, four", et là mes verres de lunettes prennent des vacances, l'Adidas Arena semble trembler sur ses fondations, bref le son est ENORME. Mais attention, pas dégueulasse, pas agressif, non non, juste ENORME. Et c'est un pied formidable. J'ai lu ici et là qu'en gradins, le son était très confus et beaucoup trop fort, en fosse nous avons été plusieurs à noter au contraire sa grande qualité. Le débat est ouvert, donc.

"Cowgirl in the sand" est étirée sur plus de dix minutes, ça joue comme en 40, comme avec ses compères de Crazy Horse, Young forme régulièrement un cercle avec le second guitariste et le bassiste, comme pour resserrer les liens existant entre eux. Derrière, LoGerfo assure la rythmique de façon parfaitement adaptée, sachant être punchy quand il fallait ou au contraire plus coolos quand l'atmosphère le réclamait. Osons l'écrire: sur les cinq concerts de Neil Young auxquels j'ai eu le plaisir d'assister - dont deux avec Crazy Horse - ce sont les Chrome Hearts que j'ai préférés comme backing band. Les puristes hurleront sans doute, mais le fait que les trois d'jeuns prennent un pied monstrueux - et le montrent! - dynamise à l'évidence les versions des morceaux du Loner.

Après une telle entrée en matière, ils auraient pu nous jouer l'intégrale de Vianney que ça serait passé crème, mais ils préfèrent (heureusement) enquiller avec cinq autres morceaux électriques piochant dans toutes les périodes de la discographie youngienne, soit "Be the rain" (certainement le meilleur morceau de Greendale), "When you dance I can really love", "Cinammon girl" (deux grands classiques coup sur coup, ça pose son homme), "Fuckin'up" et un "Southern man" millésimé. Les Chrome Hearts arrivent en plus à recréer les harmonies vocales de leurs glorieux aînés, c'est bluffant.

Pause acoustique ensuite: Young tout seul pour un "The needle and the damage done" peut-être encore plus émouvant que la version originale, à cause de l'âge de son créateur et à cause aussi d'un picking moins propre, ce qui rend le titre encore plus humain. Ensuite ça défile: "Harvest moon" (reprise en choeur par le public, incroyable de voir la popularité de ce morceau), la country "Daddy went walkin'" et la sublime "Looking forward", titre offert par Young à Crosby, Stills et Nash pour le dernier album qu'ils ont enregistré ensemble (et qui d'ailleurs porte ce titre, ça veut tout dire).

On repasse à l'électrique avec ce qui restera la seule vraie longueur du concert, "Sun green", tirée de Greendale. Le riff de ce morceau n'est pas assez efficace pour tenir sur la longueur, donc dix minutes c'est trop long les copains. Mais bon, derrière, on a "Love to burn" (McCormick faisant des sauts de cabri sur certains breaks) et surtout "Like a hurricane" avec le synthé en forme d'oiseau descendant des tringles comme tout le temps depuis 1979. Version "courte" (9 minutes à vue de nez), mais tant pis, c'était bon quand même. Surtout que derrière, Young s'installe à l'orgue et joue "Name of love" (morceau là aussi offert à CS&N) et surtout, en guise de dernier morceau avant le rappel, une version exceptionnelle de "Old man". Ca calme, ça calme. Et quand bien même Young n'est toujours pas un grand communicant (on a eu droit à des "How're you doing?" trois fois, et c'est à peu près tout), il était à l'évidence ravi d'être là avec ses copains.

Au rappel, un seul morceau, oui mais c'est "Hey hey my my", donc morceau compte triple. Version démente, le son sur le final était démentiel, à la fin Young a arraché les cordes de sa old black, ce qui a occasionné un orage sonique extraordinaire (version visible ici).

Fin du set. 1h55 d'un concert de très très très haute volée. Si cela devait être le dernier concert donné par Young en Europe, ce serait un magnifique point final. Chapeau l'artiste.

Setlist:

Ambulance blues / Cowgirl in the sand / Be the rain / When you dance I can really love / Cinnamon girl / Fuckin' up / Southern man / The needle and the damage done / Harvest moon / Daddy went walkin' / Looking forward / Sun green / Love to burn / Like a hurricane / Name of love / Old man // Hey hey my my


1 commentaire:

  1. Merci pour ce compte rendu qui permet de se replonger dans la magie de ce concert. C'était inespéré de le revoir à un tel niveau, 9 ans après la dernière tournée en France.

    A noter qu'il a tenu un journal de bord de la tournée sur son site, dans lequel il mentionne la sortie prochaine d'un album live de cette tournée, son plaisir de revoyager en Europe et son souhait d'y refaire des concerts au printemps prochain. Tout cela reste évidemment hypothétique à son âge mais cela permet d'espérer que ce n'était pas le dernier concert en Europe ;)

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