dimanche 22 juillet 2018

MGMT, Lyon, Théâtre antique de Fourvière, 2 juillet 2018

Huit ans après les avoir applaudis au Transbordeur, me revoilà donc à un concert de MGMT, ce duo de faux branleurs auteur désormais d'un chef d'oeuvre absolu (Oracular Spectacular), de deux excellents disques (Congratulations et le dernier album en date Little Dark Age) et d'un ratage complet (leur troisième album dépourvu de titre). Pour rappel, le groupe traîne une très mauvaise réputation en live, ce qui m'a toujours étonné car, il y a huit ans au Transbo, certes je n'avais pas devant moi les futurs Springsteen en terme de charismes, mais l'ensemble tournait bien et surtout le son était fabuleux.

En ce 2 juillet, c'est le groupe Cola Boyy qui assure la première partie du concert. Enfin "assure", c'est vite dit. Ce trio, complètement improbable, est composé d'un batteur-choriste, d'un bassiste préposé aux synthés en même temps, et d'un chanteur...ou d'une chanteuse...enfin on n'a pas réussi à savoir. Mais bon, ça c'est pas le plus grave, le plus grave c'était leur musique. Quasiment tout était pré-enregistré, à tel point qu'ils ont réussi à terminer un morceau en fade-out non pas en jouant moins fort, mais en baissant le volume des parties pré-enregistrées. Ca ressemblait à du sous-sous-sous MGMT, à de la musique pour magasins de fringues, pour bar lounge, enfin bon c'était vraiment pas bon du tout. Voici un aperçu (et je me rends compte que c'était bien un homme qui chantait, mais nous il avait rasé sa moustache):


Au bout d'une demi-heure, ils s'en vont, dans l'indifférence la plus totale, les spectateurs ayant cessé de faire semblant de s'intéresser à eux très rapidement. Et c'est à 22h05 que les MGMT déboulent, à savoir le duo Goldwasser / VanWyngarden et leurs trois musiciens additionnels habituels: un bassiste, un batteur, et le multi-instrumentiste à cheveux longs, vêtu pour l'occasion uniquement d'une cape noire et...d'un slip en cuir. Effet garanti.

Des bruits de glouglous se font entendre... Ah ben d'accord, ils attaquent par "Time to pretend", comme ça direct! Le son est formidable, les écrans vidéos sont totalement psychédéliques (on a droit à des images de synthèse d'un renne en 3D galopant sur un arc-en-ciel et chopant au passage les logos de twitter et Facebook), bref une entrée en matière totalement réussie.

Et disons-là tout de suite, ça va être comme ça pendant 1h20: une set-list parfaite, avec sept titres issus du dernier album, dont "She works out too much" qui voit VanWyngarden enfourcher un vélo d'appartement, et la splendide "When you're small" avec l'utilisation d'un mini-piano pour l'occasion. Ils ont le bon goût de ne jouer aucun morceau du troisième album, en revanche la version de "Electric feel" et un final instrumental hyper punchy est totalement dantesque. Côté charisme, alors c'est sûr que les gars vont pas vous faire un discours de dix minutes à la Bono / Roger Waters sur la paix dans le monde, ils vont pas se jeter dans la foule, ils vont pas nous haranguer à la Bruuuuuuce, non non, ils jouent leur truc, ils disent "thank you" de temps en temps, mais on notera qu'ils ont tout le temps le sourire et qu'ils sont visiblement contents d'être là.

Histoire d'illustrer mon propos, la seule vidéo que j'ai trouvée de ce concert, à savoir la belle version de "Little dark age":


S'il y avait un bémol, ce serait sur "Kids", où ils se sont tapés un (trop) long trip electro sur le pont, qui aurait gagné à être raccourci de quelques minutes.

Ils quittent la scène, tout le monde, comme c'est la tradition désormais, jette en l'air les coussins aimablement prêtés par l'organisation du festival - les Romains devaient avoir des fesses en marbre, c'est pas possible autrement - et là c'est le drame. Un roadie, puis deux, puis trois, puis quatre, accourent vers le synthé de Goldwasser. Pas la partie clavier hein, la partie grosse électronique. Ils en viennent à ouvrir la bestiole au tournevis pour l'inspecter. Bref, on comprend qu'un coussin a dû toucher une zone vitale du zinzin. Et les minutes s'égrènent... 5, 10, 15... Des spectateurs s'en vont déjà... Très gros flottement... Des sifflets fusent...

Et finalement au bout de 20 minutes, le problème est résolu et revoici nos cinq gars. Ils auraient pu être légitimement bougons après cet incident, ben pas du tout, ça les fait hyper marrer. Ils nous gratifient de "The youth", puis VanWyngarden se tourne vers ses acolytes et leur demande (mais suffisamment près du micro pour qu'on entende...): "For the last song, "Hand it over"?". Acclamations. "Or "Siberian breaks"?". Ovation! Ah ben oui, tant qu'àà faire, on préfère finir sur un morceau de 11 minutes plutôt que sur un de 4 minutes (même s'il est très bon).

Et nous voilà parti donc pour ce drôle de voyage qu'est "Siberian breaks", sorte de pop-electro-progressive, avec ses mouvements qui se succèdent et ce final instrumental complètement hypnotique au cours duquel les musiciens, tout en jouant, se couchent sur les coussins qui jonchaient la scène. Très beau moment.

C'est sur cette très belle note que se finit donc ce concert, dont j'ai tiré les mêmes enseignements qu'il y a huit ans:
- certes, c'est pas à cause de leur charisme débordant qu'on va voir ces gars
- mais la qualité de leurs chansons et de leur son justifie à elle seule le déplacement.

Setlist:

Time to pretend
She works out too much
Little dark age
When you die
Weekend wars
When you're small
Flash delirium
James
Electric feel
TSLAMP
Me and Michael
Kids

Rappel:
The youth
Siberian breaks

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