vendredi 11 novembre 2022

The Cure, Lyon, Halle Tony Garnier, 7 novembre 2022

Six ans après leur dernier passage dans la capitale des Gaules, la bande de Robert Smith a donc investi une nouvelle fois la Halle Tony Garnier dans le cadre de son "Lost world tour". Leur passage était extrêmement attendu puisque lors des premières dates de cette tournée, plusieurs nouveaux titres avaient été joués, et les setlists variaient d'un soir sur l'autre - comme souvent avec les Cure - et que bien malin celui qui pouvait prédire avec exactitude ce que le groupe allait bien pouvoir jouer ce soir.

Ayant pris des places en fosse "or", et étant miraculeusement arrivé bien en avance, me voilà à environ quatre mètres de la scène, entre Smith et son fidèle acolyte de bassiste Simon Gallup, ma foi on est bien. Comme musique d'ambiance: de la pluie. Avec parfois un coup de tonnerre. Si si, pendant deux heures non stop. Ca vous pose une ambiance.

La Halle n'est pas encore complètement remplie (12000 spectateurs ont finalement assisté au concert) lorsque débute la première partie à 20h pétantes, assurée par les écossais de The Twilight Sad. 45 minutes d'un set pas désagréable en soi, mais qui manque d'un petit quelque chose pour faire vraiment décoller le zinzin. Le chanteur est un croisement entre Morrissey (pour les intonations), Ian Curtis (pour le jeu de scène épileptique) et Bob le bricoleur (pour la salopette). On ne niait pas le côté "je vis ma musique à 101%" de ce brave garçon, qui en plus chante techniquement remarquablement bien, mais il en faisait quand même beaucoup beaucoup, voire trop il faut bien l'admettre. Musicalement, ses quatre compères délivrent une musique sonnant comme si les House Of Love s'étaient mis à la cold wave. Que des bonnes influences donc, mais voilà, comme écrit plus haut, il manquait l'étincelle qui pouvait vraiment illuminer leur performance.

A 20h45 ils quittent la scène, et l'orage reprend. Les roadies s'affairent et on reconnaît Eden Gallup, le fils de Simon, préparer les basses de son papounet. La tension monte. 21h15: l'orage se fait plus fort, la scène, puis la salle, s'éteignent. Des étoiles apparaissent progressivement sur les écrans du fond de scène. A y est, on y est les z'enfants.

Les membres de la troupe arrivent. Jason Cooper, qui n'a pas lésiné sur le gel (ça me rappelle quelqu'un tiens...) s'installe derrière ses fûts. Reeves Gabrels s'empare de sa guitare. Simon Gallup, toujours aussi en muscles dans son débardeur Iron Maiden, agrippe sa basse. Roger O'Donnell, sosie officiel du sphinx avec une perruque, se pose derrière son clavier. Perry Bamonte...heu...ouhla...

Là, il y a un mystère. Ca avait déjà été une surprise d'apprendre le retour dans le groupe de Bamonte, lui qui en avait été membre de 1990 à 2005 avant d'être lourdé sans trop de ménagement par le chef chevelu. Et les questionnements vont aller grandissants au fur et à mesure que le concert va se dérouler. Car Bamonte ne sert pour ainsi dire quasi à rien. Lorsqu'il est aux claviers, on entend vaguement ses parties. Mais alors quand il est à la guitare, on n'entend RIEN de ce qu'il gratouille. Ceci dit, ça vaut peut-être mieux car lui qui avait un jeu assez nerveux est devenu complétement amorphe. Et c'est là où il y avait un vrai malaise, c'est que Bamonte fait pas bien du tout physiquement. Il marche voûté comme un petit vieux, est franchement maigre, et a surtout un visage creusé avec un ton cireux pas beau à voir. A se demander si Smith ne l'a pas emmené en tournée pour lui faire plaisir, parce que soyons clair, son apport musical est proche de zéro. En plus de ça, il n'a aucune interaction avec les autres membres du groupe (à l'exception de Smith lorsqu'ils sont remontés sur scène au premier rappel), il est totalement isolé dans son coin... Drôle d'impression vraiment.

Si Bamonte ne pète pas la forme, il en va tout autrement du Robert. Le voilà qui arrive avec un grand sourire sur scène, qui donne un mediator à un spectateur du premier rang qui en demandait un... Bref, Robert Smith est visiblement hyper heureux d'être sur scène en ce moment.

Le voyage démarre avec un nouveau morceau, "Alone". Le son est excellent, comme quoi avec un ingé son compétent, on peut avoir un bon son dans la Halle Tony Garnier. Ce nouveau titre est lent et atmosphérique, bref 100% curesque...et c'est un peu le problème, parce qu'il sonne vraiment très TRES Cure, voire trop pour être honnête. Et pour les paroles, idem. Alors on dira que les fans ne sont jamais contents, car quand les Cure font du Cure, ils râlent, et quand ils ne font pas du Cure, ils râlent aussi. Pas faux. Mais donc "Alone" ne me convainct pas totalement.

"Pictures of you" derrière, sur un tempo un poil plus rapide que les tournées précédentes, excellente. Son toujours parfait. Après on s'attendait à "Kyoto song" ou "Closedown", régulièrement jouées en troisième position depuis le début de la tournée. En fait, roulement de toms, Smith fait "ha ha ha", ouh mais c'est "Shake dog shake" que voilà! Inattendue, et magistralement interprétée, avec notamment un Robert Smith très en forme vocalement, beaucoup plus qu'en 2016 en tout cas. Vrai bonheur. "A night like this" suit, et même si Gabrels en fait trop sur le solo, ça reste quand même un sacré morceau.

Un petit tube ensuite ("Lovesong"), avant un nouvel inédit, "And nothing is forever". Même constat que pour "Alone": ça fait déjà entendu des dizaines de fois sur d'autres morceaux, elle aurait pu se trouver sur Bloodflowers ou être une B-side de Wild Mood Swings. C'est mignon, mais pas prenant.

Le groupe choisit ensuite de lâcher les chevaux, avec un enchaînement "39" / "Burn" de première bourre. L'intro à la basse de la première, quel son bon sang... Ca rocke comme pas permis, y compris sur scène, à l'exception de Bamonte, toujours en lice pour le concours de sosie d'Edward aux mains d'argent en mode dépressif.

Râle de plaisir chez les fans ensuite: "The hanging garden" est jouée, Smith toujours très en voix, Cooper à la batterie techniquement irréprochable, on vote pour. "Push" pour faire hurler le public derrière, nickel. Les Cure font ensuite un détour par Seventeen Seconds en enchaînant, s'il vous plaît, "Play for today" et "A forest". Pouh pouh pouh, n'en jetez plus, la coupe est pleine. Ah si mince, ils en jettent encore, "Want" et son intro millésimée derrière, mais où cela s'arrêtera-t-il?

Ah ben si, ça s'arrête là, avec "The hungry ghost" qui arrive comme un cheveu sur la soupe après une telle déferlante. Cette chanson n'est pas mauvaise, mais jouée après tous les poids lourds qui l'ont précédée, elle fait vraiment cheap. Une qui ne fait pas cheap, c'est "From the edge of the deep green sea", toujours aussi magistrale, et bien mieux chantée que six ans auparavant. Le sextet joue enfin un dernier nouveau morceau avant le rappel, "Endsong". Alors là, oui. Là, d'accord, ça le fait. C'est pourtant du Cure pur jus, mais suffisamment habité pour qu'on rentre dedans. Si la production est à la hauteur, ça peut faire un excellent morceau sur disque.

Ils quittent la scène, puis reviennent avec un quatrième inédit, "I can never say goodbye", dédiée au frère décédé de Smith. Mouais, suis pas convaincu là encore, ça manque de vraie mélodie pour emporter le truc. Surtout que la comparaison avec les trois morceaux qui vont suivre va faire très mal. Les voilà qui nous claquent trois extraits de Pornography, à savoir "Cold", "A strange day" et "One hundred years", titre qui fut pour moi l'acmé du concert. Un son démentiel, Smith déchaîné sur le solo final et chantant comme en 82, une tension palpable, un light-show de première bourre... Immense. En tout cas pour les fans, parce que c'est sûr que le grand public qui venait pour entendre "Lovecats" a dû être un peu pris au dépourvu.

Ils requittent la scène, puis reviennent, Smith annonçant qu'il n'est pas le même qu'il y a 40 ans, qu'il avait grandi, et qu'ils allaient maintenant jouer des morceaux plus légers. Et là, bienvenue sur l'autoroute des tubes. "Lullaby" (avec Gabrels qui part un temps trop tôt, O'Donnell se fichant bien de lui!), "The walk", "Friday I'm in love", "Close to me", "In between days", "Just like heaven" et pour finir "Boys don't cry". Assez incroyable de penser que c'est le même groupe qui a créé ces tubes imparables et les trucs hyper glauques entendus juste avant.

Cette fois, c'est fini pour de bon, Smithounet quitte la scène en remerciant moult fois le public, il est tout sourire, il nous fait un double fuck pour rigoler à la fin, bref, comme au début du concert, il est hyper heureux d'être là. Il est 23h50, le concert a duré 2h35, on n'a pas vu le temps passer, ça a été un très très beau moment. Même si Smith nous a dit à la fin "see you again", on ne sait pas si c'est leur ultime tournée, mais si ça devait être le cas, ils partiraient sur une excellente note. Même si je n'aurais jamais eu droit à "The kiss" à ma grande déception...

Un grand malade a filmé tout le concert, c'est visible ici.

Setlist:

Alone / Pictures of you / Shake dog shake / A night like this / Lovesong / And nothing is forever / 39 / Burn / The hanging garden / Push / Play for today / A forest / Want / The hungry ghost / From the edge of the deep green sea / Endsong

Rappel 1: I can never say goodbye / Cold / A strange day / One hundred years

Rappel 2: Lullaby / The walk / Friday I'm in love / Close to me / In between days / Just like heaven / Boys don't cry

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire