Le groupe tenant le haut de l'affiche cet été du fait de leur reformation, il apparaissait opportun de se pencher sur leur discographie, peu importante par rapport à d'autres formations à la renommée équivalente, mais qui comporte un ratio tubes / nombre d'albums assez ahurissant.
L'histoire est archi connue mais ça vaut toujours le coup de la répéter, car c'est là où l'on se rend compte que le destin d'une personne, voire de plusieurs, peut basculer complètement en fonction de tel ou tel événement.
Soient donc les frères Gallagher, dans l'ordre Paul, Noel et Liam, qui vivent seuls avec leur mère, qui a fui la violence maritale. Noel, qui a lui aussi subi de nombreux coups de la part de son père, se fait engager comme roadie "batterie" des Inspiral Carpets, tout en composant sans relâche des morceaux sur sa guitare. Liam vivote quant à lui grâce à divers petits boulots et chante dans un groupe, Oasis, qu'il a formé avec des copains, soient Paul Arthurs, surnommé Bonehead, à la guitare, Paul McGuigan, dit Guigsy, à la basse, et Tony McCarroll à la batterie. Maman Gallagher dit à Noel que ce serait peut-être pas mal qu'il jette une oreille au groupe de son petit frère, étant précisé que la relation entre les frangins est assez tumultueuse. Noel se rend alors compte de deux choses: son frère est doté d'un charisme et d'une voix sortant de l'ordinaire, et les morceaux d'Oasis sont bien faiblards.
Il intègre donc le groupe à une condition: que la formation joue désormais ses morceaux à lui. Les quatre autres le regardent en rigolant, jusqu'à ce que Noel leur joue ses compositions, et là le quatuor est bien forcé d'admettre que leurs chansons font pâle figure par rapport à celles du père Noel. Oasis est donc véritablement né à ce moment-là.
Là où le destin frappe à la porte, c'est le soir où ils vont faire un concert dans une salle minuscule au fin fond de Glasgow. Parmi la petite centaine de spectateurs présente ce soir-là, se trouve Alan McGee, patron du label Creation, qui venait surtout voir son ex qui jouait dans le groupe de la première partie ce soir-là. Il tombe instantanément sous le charme du quintet et leur fait signer un contrat dans la foulée. C'est parti pour quinze années de hauts et de bas...
ALBUMS STUDIO
29 août 1994
Production: Oasis, Owen Morris & Mark Coyle
Le groupe a souvent indiqué qu'ils avaient galéré pour retranscrire sur disque le son qu'ils pouvaient avoir en concert, et qu'ils avaient finalement résolu le problème en demandant à leur ingé son de concert, Mark Coyle, d'intervenir dans la production et le mixage de leur premier album, chose assez inhabituelle pour être notée. Et plus de trente ans après sa parution, cet album sonne toujours de façon aussi spontanée. Que ce soit clair: les Oasis ne sont pas des grands techniciens, et Noel Gallagher ne délivre pas des compositions d'une originalité folle. Oui mais voilà: entre le don de ce dernier pour composer des mélodies imparables, la morgue de son petit frère et l'abattage des trois autres derrière, l'alchimie est réelle. Tout autre groupe qui ouvrirait sa discographie par un morceau s'appelant "Rock'n'roll star" et dans lequel le chanteur affirme que "ce soir, il est une star du rock" aurait été la risée des critiques. Sauf que là, on y croit. Tout, dans ce morceau, s'emboîte parfaitement, y compris ce fabuleux final où Liam ne cesse de répéter que ce n'est que du rock'n'roll... D'emblée, on sait que le disque sera grand. "Shakermaker", mid-tempo des familles, tape dans le mille, avant que "Live forever" ne lui emboîte le pas. Noel Gallagher a toujours dit qu'il avait bien senti que ce morceau avait quelque chose de supérieur aux autres, et il avait vu juste. Désormais véritable hymne en Grande-Bretagne, ce titre à la harangue pourtant on ne peut plus simple ("We're gonna live forever", on ne peut pas dire que ce soit du Rimbaud) touche en plein coeur et est un incontournable de leurs concerts. C'est finalement avec "Up in the sky" que l'auditeur a droit à un premier morceau n'ayant pas l'allure d'un tube, quand bien même il est loin d'être désagréable à écouter. "Columbia" est un titre extrêmement intéressant car il annonce le côté psychédélique vers lequel le groupe lorgnera lors de ses dernières années créatives. Evoluant sur plus de six minutes avec seulement trois accords (la, ré, do), il montre qu'Oasis sait aussi jouer sur les ambiances. Suit LE tube qui a tout changé: premier single du groupe, "Supersonic" est ce qu'on appelle une chanson imparable, avec un refrain défiant l'entendement en terme d'évidence mélodique. "Bring it on down" (qui avait été initialement pressenti comme premier single) montre que Noel Gallagher a également beaucoup écouté les Sex Pistols, et malgré un mixage un peu creux, le morceau sonne d'enfer. "Cigarettes & alcohol", malgré un riff emprunté grossièrement au "Get it on" de T.Rex, a résonné comme l'hymne des jeunes anglais désoeuvrés et demeure un tube énorme outre-Manche. Noel Gallagher a beau ne pas être un parolier exceptionnel, il a le sens de la phrase qui tue ("I was looking for some action / But all I found was cigarettes and alcohol"), et le tout chanté par son petit frère, l'affaire est pliée. "Digsy's dinner" fait office de pause avant un nouveau bidule non parable, "Slide away". Et pourtant, la grille d'accords utilisée par Noel l'a été des centaines de fois par d'autres avant lui, oui mais voilà, c'est tellement bien fait que n'importe qui de normalement constitué dépose les armes. Pour clôturer tout ça, une délicate ballade, "Married with children", où les frères semblent anticiper leurs futurs divorces respectifs... Un premier album magistral, et en plus de ça le groupe défraye la chronique grâce à leurs frasques extra-musicales (bagarre générale sur un ferry, annulations de concerts...). Que demande le peuple? Un deuxième album aussi bon, pardi! Et, incroyable, son voeu sera exaucé.
Oasis va en plus se payer un double luxe: d'abord, mettre en faces B des singles des inédits non présents sur l'album et étant d'un niveau stratosphérique, nous y reviendrons plus bas. Ensuite, faire comme les groupes des années 60 et sortir en single un titre absent de l'album. Ce sera "Whatever", où le groupe invite un quatuor à cordes pour un single de plus de six minutes, et encore une fois c'est un tube parfait. Seul bémol: Noel Gallagher sera juridiquement contraint de partager les royalties de ce titre avec Neil Innes, la mélodie du début du refrain de "Whatever" comprenant de très fortes similitudes avec la chanson "How sweet to be an idiot".
C'est aussi à cette période qu'Oasis subit son premier changement de personnel: Tony McCarroll est ainsi congédié pour diverses raisons (l'officielle: un niveau technique insuffisant, l'officieuse: incompatibilité d'humeur avec les frangins) et est remplacé par Alan White.
Le compositeur en chef d'Oasis semblant véritablement marcher sur l'eau à cette époque, le groupe rentre fissa en studio pour enregistrer le successeur de 'Definitely Maybe', et ce sera...
2 octobre 1995
Production: Owen Morris & Noel Gallagher
La pression sur les épaules du groupe était énorme, car leur premier album avait été un tel carton que le faux pas était attendu par beaucoup de monde pour leur deuxième livraison. Fatale erreur: les gars reclaquent une tuerie. Le disque démarre par une guitare acoustique jouant le thème de "Wonderwall" et qui s'interrompt brutalement pour laisser place à un déluge électrique. C'est ainsi que débute "Hello", mise en bouche parfaite, et qui se conclut par un mantra ("Hello, hello, it's good to be back") cette fois officiellement emprunté à Gary Glitter. Suit "Roll with it", très curieusement choisi comme premier single de l'album, alors qu'il s'agit d'un de ses titres les moins convaincants. Mais tout cela est balayé par la doublette qui suit. Sur News Of The World, Queen enchaînait "We will rock you" avec "We are the champions". Là, Oasis bazarde "Wonderwall" et "Don't look back in anger" à la suite, soit deux des chansons les plus populaires de tous les temps. Pas mal pour des branleurs mancuniens qui, encore à peine deux ans auparavant, jouaient dans un local de répète de 10 m²! Mieux encore, le soufflet ne retombe pas car "Hey now!", qui suit, est elle aussi excellente, quoiqu'un peu longuette. Intelligemment, Oasis sait donner à l'auditeur une pause, en l'occurrence 44 secondes instrumentales (dénuées de titre mais le morceau complet paraîtra plus tard en face B sous le titre de "The swamp song") avant que "Some might say" ne débarque. Noel Gallagher a dit à plusieurs reprises qu'il s'agissait du morceau qu'il considérait comme le plus abouti de tous ceux qu'il avait composés pour Oasis. Et il faut le reconnaître, ce titre, avec son refrain en deux temps distincts, est remarquablement composé et également interprété par un Liam en très grande forme. A noter que ce morceau datant des sessions de l'album précédent, c'est Tony McCarroll qui y tient le rôle de batteur. Détour par la case acoustique ensuite avec la très belle "Cast no shadow", dédiée au leader de The Verve Richard Ashcroft, puis la très Beatles dans l'esprit "She's electric". Retour aux grosses guitares derrière avec un "Morning glory" dantesque, qui dérive le riff de "The one I love" de R.E.M. en passant. Un deuxième bout de "The swamp song" suit, avant la majestueuse conclusion qu'est "Champagne supernova". Ballade électrique tout en nuances, avec Paul Weller en invité guitaristique en passant, des paroles qui veulent à la fois tout et rien dire ("Slowly walking down the hall / Faster than a cannonball", vous avez quatre heures), réussite totale. Oasis a une nouvelle fois réussi son coup, et on ne voit alors pas vraiment ce qui peut entraver la marche du groupe, si ce n'est...le groupe lui-même.
La tournée qui suit casse la baraque, et le groupe se paye le luxe de jouer deux soirs d'affilée les 10 et 11 août 1996 à Knebworth devant un total de 250000 personnes, concerts au cours desquels deux nouveaux morceaux, "My big mouth" et "It's gettin' better (man!!)", seront joués. Cerise sur le gâteau, John Squire, guitariste des Stone Roses, groupe dont l'influence sur Oasis est majeure, illumine "Champagne supernova" de toute sa classe. Bref, le groupe est au sommet, et c'est peu dire que, lorsqu'est annoncé que c'est le 21 août 1997 que sortira le nouvel album, des millions de fans à travers le monde bavent d'envie. Leur attente ne sera malheureusement pas pleinement comblée...
21 août 1997
Production: Owen Morris & Noel Gallagher
Alors que le groupe vient juste de terminer une tournée harassante, Noel Gallagher enregistre avec Owen Morris les demos des prochains titres aux îles Moustique, ce qui aboutira à ce qu'on dénommera les "Mustique Demos". Les morceaux sont prometteurs, mais le groupe va cumuler les choix hasardeux, pas aidé en cela par une consommation de stupéfiants commençant à devenir problématique. Noel Gallagher et Owen Morris l'ont reconnu par la suite: ils auraient dû simplement poser la voix de Liam et les pistes instrumentales des trois autres membres sur les Mustique Demos et sortir l'album ainsi. Au lieu de cela, ils vont prendre deux décisions qui, sur le long terme, vont totalement plomber le disque. D'abord, ils vont étirer à mort les 12 morceaux présents sur l'album et faire en sorte que ce dernier dure plus de 70 minutes. Ensuite, et surtout, ils vont empiler des couches et des couches de guitares, ce qui va aboutir à un espèce de mur du son spectorien foireux. Le morceau d'ouverture, envoyé comme single éclaireur, résume parfaitement la situation: "D'you know what I mean?" est en soi un bon morceau, même s'il recycle totalement "Wonderwall" (même grille d'accords jouée sur le même rythme), mais il est trop long (plus de 7 minutes) et la production, si elle est impressionnante pendant les premières secondes, devient assommante assez rapidement. Et ça va être la même chose sur quasi tous les morceaux. "My big mouth" souffre ainsi de la comparaison avec la version "légère" jouée un an plus tôt à Knebworth, avec des guitares qui dégueulent dans tous les coins. "Magic pie", balade chantée par Noel, n'est pas une grande composition au départ, et le traitement qu'elle subit ne l'arrange pas. En revanche, "Stand by me", autre balade, est excellente, avec un refrain idéal à brailler en choeur. Morceau méconnu, "I hope, I think, I know" aurait mérité d'avoir sa chance comme single, car ses couplets notamment renouent avec l'évidence mélodique des débuts. "The girl in the dirty shirt" voit Noel Gallagher tenter autre chose, avec un rythme un peu claudiquant et des accords chelous, mais c'est partiellement réussi (ou raté), et l'outro trop longue n'arrange rien. "Fade in-out" est en revanche très intéressante, non pas parce que c'est un certain Johnny Depp qui y tient la slide, mais parce qu'on voit le groupe commencer à explorer des contrées psychédéliques, ce qu'ils feront plus régulièrement par la suite. "Don't go away" est une balade sirupeuse et téléphonée complètement tarte dont on se demande vraiment la raison de sa présence sur cet album. Heureusement, la fin de ce dernier est de haute tenue: "Be here now" voit enfin l'adéquation entre la production et le morceau concerné, et c'est bonnard. Même topo pour "All around the world", qui marche sur les plate-bandes de "Hey Jude" de façon un peu trop appuyée mais qui dégage un vrai charme. "It's gettin' better (man!!)" enfin est dotée d'un refrain suffisamment malin pour emporter la conviction de l'auditeur. L'album se termine sur une reprise instrumentale très réussie du thème de "All around the world", à la fin de laquelle on entend une femme marcher, clefs à la main, puis claquer une porte. A la première écoute, on trouve cet album formidable, mais à la dixième on n'en peut plus, à cause de cet espèce de bourdonnement constant de guitares. Dommage, vraiment, car la majorité des chansons présentes ici est de très bonne qualité.
La tournée qui suit n'est pas aussi triomphale que la précédente, malgré quand même six dates londoniennes. Et, autre indice montrant que le groupe marque un peu le pas, les faces B des singles proposées ne sont plus aussi tranchantes et bluffantes que par le passé. Sentant que le quintet doit souffler un peu, la maison de disques va publier une compilation regroupant plusieurs faces B, 'The Masterplan', dont il sera question plus bas.
Lorsque le groupe se retrouve pour enregistrer un nouveau disque, l'ambiance est morose. Noel Gallagher a décidé de ne plus travailler avec Owen Morris, co-producteur des trois premiers albums, et souhaite faire évoluer le son du groupe. Il va ainsi collaborer avec Mark 'Spike' Stent, producteur d'artistes aussi divers que Madonna, Bjork, Depeche Mode, U2 ou encore...les Spice Girls. Sauf que pendant l'enregistrement de l'album, Bonehead et Paul McGuigan, lessivés par six années sous pression constante, jettent l'éponge et quittent l'aventure. Pour éviter tout souci contractuel, Noel Gallagher va donc lui-même réenregistrer les parties des déserteurs... C'est donc dans une ambiance franchement moribonde que va sortir...
28 février 2000
Production: Mark 'Spike' Stent & Noel Gallagher
Malgré une pochette splendide et son titre emprunté à une citation d'Isaac Newton, Standing On The Shoulder Of Giants est considéré comme l'un des albums les moins réussis d'Oasis. Et il faut bien le reconnaître, la mayonnaise a souvent beaucoup de mal à prendre. Be Here Now avait des chansons mais pas de production, et ici c'est exactement l'inverse. Les arrangements sont riches et étonnamment variés pour du Oasis, mais les chansons tournent souvent à vide. Pourtant, l'entrée en matière laisse augurer de belles choses. On a d'abord un instrumental furieux, "Fuckin' in the bushes", qui ouvrira désormais la quasi totalité des concerts du groupe en étant diffusée avant la montée sur scène de ses membres. Derrière suit "Go let it out", premier single extrait de l'album et chanson remarquablement construite et arrangée. Après ce très beau doublé, les choses se gâtent malheureusement sérieusement. Noel Gallagher se met en tête de composer un morceau orientalisant à la George Harrison, "Who feels love?', mais ce dernier rate complètement sa cible et on s'ennuie ferme. "Put yer money where yer mouth is" sort l'artillerie lourde à grands coups de fuzz mais cela ne parvient pas à masquer la pauvreté de la composition. Pour le cinquième titre, on croit d'abord à une coquille dans les notes de pochette, mais non, c'est bien Liam Gallagher l'auteur-compositeur de "Little James". Les critiques ne furent pas tendres avec les paroles, d'une naïveté confondante (le titre est dédié au fils de sa compagne d'alors), et c'est vrai que chanter "Live for your toys / Even though they make noise" après avoir célébré les vertus de la clope et de l'alcool, ça fait bizarre. Mais il faut avouer que la mélodie est instantanément mémorisable et que les "na-na-na-na" finaux font le job. Sur "Gas panic!", on a enfin un vrai bon morceau, très psychédélique et magnifiquement produit. Malheureusement, on déchante très vite avec le premier morceau chanté par Noel, au titre prémonitoire: "Where did it all go wrong?". Ca tourne en rond, sa voix ne colle pas vraiment au titre, bref c'est raté. En revanche, lorsque le même Noel chante "Sunday morning call", c'est autrement plus convaincant, avec une grande présence du mellotron. Suit ce que Noel Gallagher a désormais qualifié de pire morceau qu'il ait écrit pour Oasis, à savoir "I can see a liar", et effectivement ce n'est pas fameux du tout. "Roll it over" en lente clôture psychédélique relève le niveau, mais le constat est là: après six années à marcher sur le toit du monde, Oasis semble être retombé brutalement au sol.
Pourtant, on découvrira que le groupe disposait d'une certaine matière pour publier un album qui aurait été plus consistant. Il est en effet assez incompréhensible que des faces B telles que "Let's all make believe", "(As long as they've got) Cigarettes in hell", voire même "Full on", n'aient pas connu un meilleur sort, mais Oasis a ses raisons que la raison ignore. En parallèle, pour pallier le départ de Bonehead et Paul McGuigan, il est procédé au recrutement de Gem Archer à la guitare et Andy Bell, transfuge de Ride, à la basse. Le quintet part en tournée, qui se déroule pas de la meilleure des manières, entre Noel Gallagher qui plante tout le monde et provoque l'annulation de plusieurs dates, et Liam qui commence à rencontrer de sérieux problèmes de voix. A force de ne pas l'entretenir et d'abuser des bonnes choses, le cadet des Gallagher pioche sévèrement pour atteindre les notes les plus hautes, et ça n'est pas très joli à entendre. Le groupe va quand même trouver l'énergie pour enregistrer un nouvel album tout seul comme des grands, sans producteur extérieur, ce qui est une première dans l'histoire du groupe.
1er juillet 2002
Production: Oasis
Heathen Chemistry dispute souvent à son prédécesseur le titre de moins bon album d'Oasis. C'est certainement le plus disparate, partant un peu dans tous les sens au gré des titres. On sent clairement que c'est l'album d'un groupe en (re)construction, qui cherche encore ses marques. Noel Gallagher a l'intelligence de laisser les trois autres compositeurs du groupe caser certaines de leurs chansons, ce qui motive ces derniers et permet au grand chef de ne livrer "que" ce qu'il estime être ses meilleurs titres, sans être obligé de signer l'intégralité de l'album. Le certain regain de patate de Noel Gallagher s'entend dès le titre d'ouverture, "The hindu times", qui fait également office de premier single. Certes, il ne réinvente pas la roue, certes, il n'est pas d'une originalité folle, mais il fait clairement le job et le gimmick de guitare autour duquel il s'articule s'imprime instantanément dans les neurones. Noel tente en revanche le passage en force (ouaf) sur "Force of nature" et ça le fait moyennement. Avec "Hung in a bad place", Gem Archer livre son premier titre pour Oasis, et c'est un rock carré mais sans grande originalité. "Stop crying your heart out", signée Noel, aurait du être un tube mondial tellement cette balade comporte un refrain totalement imparable. Le fait qu'elle soit passée complètement sous les radars des radios de l'époque démontre combien Oasis faisait alors figure de has-beens complets. "Songbird" est la très belle surprise du disque: en deux minutes et trois accords, Liam Gallagher offre une chanson délicate en diable et dotée d'un charme fou. Bluffant. "Little by little", c'est le mystère de l'album. La version studio de cette chanson, sorte de petite soeur de "Don't look back in anger", est certes efficace mais pas impérissable non plus. En revanche, en concert, ce titre se voit doter d'une puissance extraordinaire, comme quoi tout peut arriver. Heathen Chemistry traverse ensuite un bon trou d'air: "A quick peep", instrumental de 1'17 d'Andy Bell, n'apporte rien, et la doublette "(Probably) All in the mind" et "She is love" sonne comme 58790 autres morceaux signés Noel Gallagher. Par contre, les deux titres de Liam qui clôturent (presque) le disque sont très bons: "Born on a different cloud" d'abord, qui emprunte des voies lennoniennes en diable, et "Better man", rock qui dézingue joyeusement. L'album aurait pu s'arrêter là mais, preuve que le groupe se cherchait un peu, après 33 minutes de blanc surgit "The cage", instrumental vaguement psychédélique et totalement inutile. Album inégal donc, mais qui montre qu'Oasis est encore capable de certaines fulgurances, ce qui se confirmera sur les deux albums suivants.
Après l'enregistrement de cet album, c'est cette fois Alan White, qui officiait derrière les fûts depuis 1995, qui jette l'éponge, lui aussi un peu lessivé par la vie oasisienne. Il va être remplacé par Zak Starkey, le fils de Ringo Starr et filleul de Keith Moon, dont le jeu rappelle nettement plus celui de son parrain que celui de son père. Toutefois, pour des raisons contractuelles - Starkey tourne également avec les Who -, il ne sera pas considéré contractuellement comme un membre d'Oasis. Lorsque le quintet se retrouve pour enregistrer un nouvel album, l'humeur est au beau fixe et cela va s'entendre avec le résultat final, extrêmement agréable à l'écoute.
Don't Believe The Truth
30 mai 2005
Production: Dave Sardy & Noel Gallagher
A la sortir de cet album, Noel Gallagher n'y est pas allé de main morte, qualifiant Don't Believe The Truth de meilleure qualité que Definitely Maybe. C'est évidemment exagéré mais il faut le reconnaître, cet album est certainement celui qui se tient le mieux du début à la fin depuis (What's The Story) Morning Glory?. Pas de production brontausoresque, des chansons qui tiennent la route et un quintet qui déroule musicalement, Don't Believe The Truth est tout simplement un très bon disque de rock. Et on le sent dès le titre d'ouverture, le formidable "Turn up the sun" d'Andy Bell, qui propose une progression harmonique extrêmement originale et parfaitement exploitée. Sur les deux titres suivants, Noel Gallagher paye son dû à ses glorieux aînés, de façon presque trop flagrante. "Mucky fingers" est ainsi un quasi décalque de "I'm waiting for my man" du Velvet Underground, et l'intro de "Layla" n'est pas sans rappeler celle du "Street fighting man" stonien. Mais n'empêche, ces deux titres sont difficilement parables. Liam Gallagher et Gem Archer cosignent "Love like a bomb", sympathique ritournelle, avant que Noel ne se prenne pour Ray Davies le temps d'un "The importance of being idle" magistral. On ne le pensait plus capable d'écrire un titre de ce calibre, on s'est heureusement trompé. Liam dégaine ensuite "The meaning of soul", sorte de "Songbird" électrifiée, avant de se faire plus apaisé avec "Guess God thinks I'm Abel". Finalement seul titre vraiment dispensable de l'album, "Part of the queue" voit Noel verser dans l'autoparodie, dommage. Heureusement Andy Bell, décidément très en forme à cette époque, propose un titre quasi psychédélique, "Keep the dream alive", qui remet le disque sur de bons rails. Gem Archer signe un rock très classique, "A bell will ring", avant que les frangins ne se partagent le micro sur une splendide ballade, "Let there be love", qui vient clôturer de très belle façon ce disque dont la qualité était totalement inespérée au vu des deux dernières livraisons oasisiennes.
Comme d'habitude, certains titres choisis comme singles seront accompagnés de B-sides loin d'être dégueus, notamment "The quiet ones", qui montre que Gem Archer sait composer autre chose que des titres rocks. On reste sur le cycle habituel album-tournée-album et c'est donc en 2008 que sort ce qui est le dernier album d'Oasis en date, à savoir...
Bonjour. Un grand bravo pour ce parcours discographique de l'un des groupes de rock les plus importants dans l'histoire britannique. Mon avis sur chacun des albums chroniqués rejoint le vôtre et avoir vu les frères Gallagher en concert à Bercy le 03 mars 2009 a été un rêve de réalisé pour moi même si ce live n'a pas vraiment été transcendant car gâché par des problèmes techniques (il y a eu deux "blacks out" sur To Be Where There's Life et Slide Away,). Heureusement qu'il n'ont pas quitté la scène ce soir-là!
RépondreSupprimerPetite suggestion: il aurait été amusant que vous chroniquiez Wibbling Rivalry. C'est une interview des frères Gallagher captée le soir du 07 avril 1994 à Glasgow durant laquelle les affreux jojos s'invectivent mutuellement non sans se ridiculiser. Elle a été publiée en single en novembre 1995 via un label indépendant, Fierce Panda je crois et s'est classée 52ème dans les charts britanniques ce qui constitue un exploit pour ce genre de disques! On trouve sur youtube, le déroulé de l'interview avec les paroles retranscrites. Si on comprend un tant soit peu l'anglais, c'est très jouissif!
En tout cas, merci encore pour cette rétrospective très fouillée!