Pour beaucoup d'amateurs de pop-rock et de critiques musicaux, le groupe a signé LE morceau de l'année 2015 avec ce single il est vrai difficilement parable. En plus, ils s'améliorent grandement sur scène et jouent de plus en plus soudés, comme le montre ce passage au Grand Journal de Canal + en début d'année.
Afin de fêter le 25ème anniversaire de la parution de Out Of Time, R.E.M. réédite ce dernier le 18 novembre en de multiples versions et supports contenant, outre le disque d'origine, les demos des morceaux, des chansons de la même période n'ayant fini sur aucun album ni aucune face B, un concert de l'époque également... Détail de tout cela ici.
Les Irlandais sont passés à deux doigts de l'implosion en 1990 lors de l'enregistrement de Achtung Baby. Il en est paradoxalement résulté ce qui demeure leur meilleur disque à ce jour, disque qui, outre les énormes tubes que furent "One" et "Mysterious ways", contient également "The fly". Titre poisseux, malsain, sur lequel The Edge sonne métallique comme jamais (le son de son solo est unique), et sur lequel le contraste entre des couplets oppressants et un refrain libérateur fonctionne parfaitement. La production made in Daniel Lanois est somptueuse. Très grand morceau.
La preuve en un peu plus de 10 minutes que, même sous l'ère Collins, Genesis a créé des morceaux "progressifs", qui plus est de très grande qualité. Une première partie "normale", une seconde instrumentale, et hop, envoyé c'est pesé!
Paroles & musique: Tony Banks, Phil Collins & Mike Rutherford.
Célèbre émission américaine dans laquelle se produisent régulièrement en live des stars internationales, le Tonight Show sera diffusé en semaine sur canal + à 18h15 à partir du 5 septembre prochain.
Groupe discret mais responsable de bon nombre de très bonnes chansons, Teenage Fanclub sort son nouvel album, Here, ces jours ci. En guise de préambule, un très bon premier single power pop en diable audible ici.
A titre tout personnel, j'ai toujours trouvé cette groupe un peu surestimé. Mais sur ce titre, utilisant pourtant une suite d'accords très simples, ils sont stratosphériques. A écouter à plein volume !
Paroles et musique: Kings Of Leon.
Production: Angelo Petraglia & Jacquire King.
Au début de sa carrière solo, Ringo Starr a su parfaitement s'entourer et a signé des albums qui tenaient bien la route. Ainsi en est-il de Ringo, son troisième album solo, auquel ont collaboré (attention les yeux) John Lennon, Paul McCartney, Billy Preston, Marc Bolan, Jim Keltner, Robbie Robertson, Nicky Hopkins...et George Harrison. C'est avec ce dernier qu'il a composé "Photograph", qui reste un de ses plus grands tubes, et qu'il a évidemment joyeusement interprété lors du concert donné en hommage à Harrison en 2002. Admirez là encore le nombre de talents au mètre carré: Eric Clapton, Dhani Harrison, Billy Preston, Jeff Lynne, Jim Keltner... Ca groove!
Certes, ce n'est pas du rock à proprement parler, mais Gaston Lagaffe est un fervent adepte de cette musique (qui a oublié "Le rock à Gaston" ainsi que le groupe fondé avec Bertrand Labévue et Jules-de-chez-Smith-en-face?), donc il me faut mentionner l'exposition à venir au Centre Pompidou du 7 décembre 2016 au 10 avril 2017. Tous les détails ici.
Extraite du 3ème album solo du chanteur des Who (One Of The Boys, paru en 1977), cette reprise bien pêchue du standard de Murray Head permet de voir aux côtés du chanteur à bouclettes ses acolytes des Who John Entwistle à la basse et Keith Moon à la batterie. Et ce sont bien ces deux-là qui tiennent les instruments respectifs sur la version que l'on entend, ce qui est très surprenant concernant Keith Moon car il joue normalement, voire même presque sobrement, chose rarissime s'il en était. On note également la présence de Jimmy McCulloch des Wings à la guitare électrique.
Epitaph (including "March for no reason" and "Tomorrow and tomorrow")
Moonchild (including "The dream" and "The illusion")
The court of the crimson king (including "The return of the fire witch" and "The dance of the puppets")
Paroles & musique: Robert Fripp, Ian McDonald, Greg Lake, Michael Giles & Peter Sinfield, sauf:
"I talk to the wind" & "The court of the crimson king": paroles & musique: Ian McDonald & Peter Sinfield.
Production: King Crimson
Durée: 43:53
Date de parution: 10 octobre 1969
Attention, nous voici en présence d'un véritable OMNI, objet musical non identifié. Bien malin celui qui saura décrire la musique de cet album. Bien sûr, l'étiquette "rock progressif" vient tout de suite à l'esprit: les chansons sont longues, souvent à tiroirs, les paroles sont parfois...particulières (rien que le nom de l'album, "Dans la cour du roi cramoisi", on pressent qu'on ne va pas écouter un album de punk), mais ce constat est extrêmement réducteur. En réalité, les King Crimson condensent sur ce disque (leur premier!!!) en moins de 45 minutes la quasi totalité des styles musicaux.
Bien évidemment, pour cela, il faut des musiciens de haut vol. Leader de la formation, Robert Fripp est un surdoué de la guitare, mais possède un style tellement personnel qu'il est difficile de le considérer comme un véritable guitar hero. Dans le groupe qui enregistre cet album, citons également Greg Lake, futur bassiste de Emerson, Lake & Palmer. Bref, pas des manches les garçons.
Ca commence par cet "homme schizophrène du 21ème siècle". Tout un programme. De drôles de bruits de soufflerie, puis un riff survient. Un truc que Page, Hendrix et consorts n'auraient pas renié. Un truc hyper violent, sale, cradingue. Première claque. La voix débarque. Et quelle voix! Celle de Greg Lake justement, complètement distordue, trafiquée, flippante. Et les paroles qu'elle débite ne sont pas du genre à rassurer l'auditeur. "Innocents raped with napalm fire"... On se marre assez peu. La chanson suit son cours, on arrive au pont, on s'attend à un solo de guitare, et on a bien un solo mais de...saxophone free jazz, avec changement de tempo à la clef.
Là, l'auditeur ne sait plus où donner de l'oreille. Ce passage instrumental est assez hallucinant, tellement il est inattendu et en même temps parfaitement maîtrisé. Une petite pause, puis reprise du riff, dernier couplet, et final cahotique en diable. Fin du 1er round. Autant dire qu'on en redemande.
Et là, le groupe balance tout l'inverse. "I talk to the wind" est une ballade vaporeuse, évanescente, avec une ligne de basse splendide, des harmonies à deux voix de toute beauté, bref un contre-pied total par rapport à la baffe précédente. Fortiches les garçons.
"Epitaph" ensuite. Là, ça redevient sérieux. Le mellotron est de sortie sur cette ballade somptueuse, aux paroles encore hyper sombres ("Confusion will be my epitaph"... "Yes I fear tomorrow I'll be crying"...), mais encore une fois parfaitement menée. Ca pourrait être pompeux et prétentieux, mais ça s'arrête juste à la limite du too much. Fin de la face A du vinyle (hé oui, c'était l'époque).
La face B démarre par "Moonchild". Là, soyons honnêtes, c'est la seule longueur du disque. Si les deux premières minutes chantées sont fort sympathiques, les 10 minutes suivantes où on entend les musiciens improviser à faible volume sur leurs instruments peuvent en rebuter plus d'un. Même si c'est une improvisation moins agressive à l'oreille que, au hasard, le "Interstellar overdrive" de Pink Floyd, on s'embête quand même sévèrement au bout d'un moment. Là on se dit que les gars ont tout donné sur la face A, que la face B va être du remplissage...
Fatale erreur.
Car voici "The court of the crimson king". Et là, dès l'intro avec du mellotron de partout, on sent qu'on tient un grand, un très grand morceau. Et ça va être le cas tout au long des 9 minutes de cette chanson grandiose. Ca n'est jamais lassant, il y a des arrangements d'une beauté stupéfiante (les deux passages instrumentaux sont des modèles du genre), les paroles sont surréalistes à souhait dans la description de la cour du roi cramoisi, les choeurs sont immenses, la partie de batterie Michael Giles est dantesque... Bref, c'est parfait. Et puis il y a même une fausse fin! On croit que tout est terminé, et paf, on remet un coup du thème du morceau, avec Giles faisant 10000 roulements de toms à chaque break. Et là, ça se termine pour de bon.
L'album connut un immense succès, aidé en plus par une pochette démoniaque (son auteur décèdera malheureusement l'année suivante), et influencera pour ainsi dire tous les groupes se réclamant du rock progressif dans les années 70. Mais, comme indiqué plus haut, la musique de King Crimson va bien au-delà du rock progressif, tellement Fripp et ses acolytes semblent évoluer complètement en-dehors des sentiers battus.
La suite de l'aventure crimsonienne sera mouvementée: le groupe connaîtra approximativement 16465132 formations, avec pour seul élément stable Robert Fripp, et connaîtra aussi de longues périodes d'inactivité. Mais il signera également d'autres albums de très grande qualité (Islands et Red pour ne citer qu'eux) et continue actuellement de sillonner les routes du globe en donnant des concerts de très haut vol. Mais s'il ne reste qu'un seul album à retenir de leur discographie, c'est bien celui-là.
A noter que la discographie de King Crimson ne se trouve pas facilement sur les plate-formes de téléchargement, ni sur YouTube. Il vous faudra donc dépenser quelques euros pour découvrir cette merveille, mais promis, vous ne le regretterez pas...
Les musiciens épaulant Roger Waters sur scène le confirment un à un sur leurs profils facebook et autres, l'ancien bassiste de Pink Floyd sera bien sur les routes en 2017. Reste à savoir quelle forme prendront ses concerts, en sachant qu'il ne devrait pas y avoir de nouvel album d'ici là, simplement quelques nouveaux morceaux. Etant donné qu'en 2006-2007, Waters avait rejoué tout Dark Side Of The Moon pendant sa tournée, qu'en 2011-2012 il a remonté The Wall, je pencherais plus sur une tournée du type de celle de 2000 (qui a abouti au CD/DVD In The Flesh), à savoir un concert composé en gros d'1/3 de morceaux tirés de la carrière solo de Waters et de 2/3 de morceaux floydiens. A suivre!!!
Plus de 600.000 visionnages de ce single sur YouTube depuis sa mise en ligne le 3 juin dernier, couverture de Rock'n'Folk... La Femme est le groupe dont on parle en ce moment, alors que son nouvel album va bientôt sortir. Ce morceau est assez curieux, car il y a une distorsion très nette entre les instruments et les voix. On a ainsi une piste instrumentale très surf/rock'n'roll (au sens strict du terme), et des voix typiques des années 80, avec des paroles parfois...curieuses ("Je ne veux plus être la bonne poire", il fallait oser). On aime ou on déteste, mais La Femme a le mérite de proposer quelque chose d'original. C'est déjà ça comme dirait l'autre.
Alors non seulement ce morceau est fantastique (ce refrain...), mais en plus, lorsque Peter Gabriel joint le geste à la parole (à partir de 5'24), ça devient quelque chose d'unique!
Dans la famille "jeune qui fait de la musique de vieux", je demande Israel Nash. Cette chanson, qui ouvre son très bel album Rain Plans, a été enregistrée en 2013 par un type de 32 ans à l'époque. On croirait entendre du Neil Young période Harvest, c'est pas désagréable du tout du tout...
Roger Daltrey avait pourtant annoncé que le concert que les Who donneraient lors du festival Desert Trip cet automne serait le dernier. Pourtant les voici qui annoncent qu'ils vont rejouer Tommy dans une "nouvelle présentation acoustique" lors du Teenage Cancert Trust au Royal Albert Hall de Londres les 30 mars et 1er avril prochains. S'ensuivront 5 dates anglaises, au cours desquelles sera donc présenté ce spectacle "Tommy and more", la seconde partie du concert étant dévolue à d'autres titres des Who. Reste à savoir s'ils feront des dates hors Angletere, tout en rappelant qu'ils sont toujours redevables d'un concert à Paris, l'un des deux prévu l'an dernier ayant été annulé dans des conditions pour le moins discutables...
Histoire de célébrer les 20 ans de la parution de leur excellent album Coming Up, Suede le réédite le 30 septembre prochain en format "super deluxe", avec 4 CD + 1 DVD. Tous les détails ici.
En 2008, est tourné un documentaire intitulé It Might Get Loud, dont le sujet est (en gros) l'histoire de la guitare électrique. Pour illustrer son propos, le réalisateur demande à trois guitaristes de donner leurs points de vue sur la question, en l'occurrence Jimmy Page, The Edge et Jack White. Et au cours des échanges entre les trois musiciens, de temps en temps, l'un d'eux se saisit d'une guitare pour illustrer son propos. Et quand c'est Jimmy Page qui en prend une pour jouer le riff de "Whole lotta love", on assiste à la métamorphose de Jack White et surtout de The Edge qui, le temps de quelques secondes, redeviennent les ados qu'ils étaient, avec certainement un poster de Led Zep dans leur chambre. C'est difficile à décrire, il vaut mieux regarder l'extrait en question!
Alors qu'ils étaient séparés depuis 7 ans, les Oils se sont reformés en 2009 lors d'un concert de charité. L'occasion de jouer notamment leur plus gros tube, dans une version prouvant qu'ils n'avaient rien perdu de leur énergie scénique légendaire!
Paroles & musique: Rob Hirst, Jim Moginie & Peter Garrett.
Il sera diffusé dans des salles anglaises et irlandaises le 2 octobre, puis sera dans les salles le 14 octobre. La sortie du DVD est quant à elle fixée au 31 octobre prochain.
En 1990, Mark Knopfler sort d'une tournée épuisante avec Dire Straits. Le succès colossal de Brothers In Arms a contraint le groupe à tourner longtemps et dans des salles de plus en plus grosses. Knopfler commence tout doucement à se demander si le succès de Dire Straits ne va pas lui causer plus de contraintes que de liberté. Alors, pour prendre du recul, il fonde un nouveau groupe avec ses copains Guy Fletcher (de Dire Straits lui aussi), Brendan Croker et Steve Phillips. Ils se baptisent The Notting Hillbillies et vont enregistrer un album, Missing...Presumed Having A Good Time, composé de reprises (notamment de traditionnels) et de quelques titres originaux. La maison de disques veut un single, et choisit le seul titre composé par Knopfler, "Your own sweet way". Manque de bol pour ce groupe qui voulait rester relativement dans l'ombre, c'est un succès! Les Notting Hillbillies se réuniront pour quelques concerts mais n'enregistreront aucun successeur à cet unique album, pourtant doté d'un charme fou. Quant à Knopfler, il enregistrera encore un disque avec Dire Straits (On Every Street), qui le convaincra de tout plaquer et de partir en solo pour jouer une musique d'abord faite pour lui et non plus pour les stades.
Il s'appellera Revolution Radio, toutes les infos dessus sont disponibles sur http://www.greenday.com/revolutionradio/fr, et il y a même déjà en ligne le premier single, "Bang Bang", plutôt de bonne facture si l'on se souvient des errements du groupe sur leur dernière trilogie d'albums...:
A partir de demain, une petite semaine d'activité au ralenti sur le blog compte tenu de vacances loin de l'ordinateur... Pour vous faire rire d'ici là, cette magnifique prestation d'un guitariste russe, chaleureusement félicité par les membres de son groupe...
Bonnes vacances pour les chanceux, bon courage pour les autres!
C'est sûr qu'on est loin de la production cradingue de l'originale, avec ses arrangements hyper léchés. Mais Bryan Ferry et ses copains savent y faire. Sur la dernière minute, le duo entre la guitare (ce son!) et les sifflements est grandiose.
Le 16 septembre prochain sortira le DVD d'un concert de Deep End, supergroupe composé notamment de Pete Townshend et David Gilmour, qui avait donné quelques concerts en 1985. Au programme, beaucoup de Who/Townshend, quelques reprises et un peu de Gilmour, par contre pas dit que les arrangements aient bien vieilli... Le concert en entier était déjà dispo sur youtube depuis plusieurs années:
Attention chef d'oeuvre! En 1971, alors qu'il est en train d'enregistrer Harvest, Neil Young donne une série de concerts dans son Canada natal, plus précisément dans la magnifique salle du Massey Hall à Toronto. Il est tout seul avec ses guitares, ses harmonicas, et son piano. Coup de bol monstrueux, les concerts sont enregistrés et filmés. Et même s'il faudra attendre 2007 pour avoir le CD/DVD, ça valait le coup d'attendre. Car Young est dans une forme olympique, et surtout, il a une set-list de rêve, entre ses "anciens" morceaux, des qui atterriront dans des albums futurs ("See the sky about to rain" finira sur On The Beach, "Love in mind" sur Time Fades Away), et des qui resteront à jamais inédits ("Journey through the past", "Dance, dance, dance", "Bad fog of loneliness"). Et puis il y a les morceaux qui finiront sur Harvest. Dont le diptyque "A man needs a maid"/"Heart of gold", qui ne forme alors qu'une seule chanson. Et, osons le mot, c'est bouleversant d'intensité. Young, seul au piano, délivre 6 minutes de grâce absolue et, osons l'écrire aussi, deux versions supérieures aux versions définitives des morceaux en question. "A man needs a maid", sans ses flonflons too much, s'apprécie bien mieux. Et "Heart of gold"... Sans harmonica, sans guitare, en do dièse mineur et non plus en mi mineur... On oublie son côté champêtre/country et ça devient un truc immense (à 4'43). Attention chef d'oeuvre, je le répète!!!
Petit hommage à Hubert Mounier (alias Cleet Boris!), ancien leader de l'Affaire Louis'Trop, disparu brutalement au mois de mai dernier. Le grand public se souvient surtout de son personnage cartoonesque et des tubes rigolos du groupe, tels "Chic planète" ou "Tout mais pas ça". C'est oublier le versant plus sombre de la discographie du groupe, notamment les trois derniers albums, et oublier aussi qu'avec l'album Mobilis In Mobile, l'Affaire Louis'Trio a réussi à créer un album de pop à la française plus que remarquable. Après la dissolution du groupe, Hubert Mounier a eu une carrière solo aussi discrète que de qualité, et s'est aussi consacré à sa seconde passion: la bande dessinée. De temps en temps, il se filmait chez lui, une guitare à la main, rejouant les titres de son groupe pour ses fans. Il en va ainsi de ce "Mobilis in mobile", à la mélodie splendide, et pourtant composée d'accords souvent très complexes (il y a des doigtés qui me font mal aux doigts rien qu'en les regardant!).
Après les Easybeats, les Cure furent donc également inspirés par la journée du vendredi. L'occasion pour eux de pondre en 1992 cette excellente pop-song, qui prouve qu'ils n'ont pas écrit que des morceaux pour neurasthéniques dépressifs (et le clip prouve aussi que Robert Smith a eu été svelte, mais ceci est une autre histoire).
Paroles: Robert Smith.
Musique: Perry Bamonte, Simon Gallup, Robert Smith, Porl Thompson & Boris Williams.
En gros, il ne sait pas du tout de quoi l'avenir d'AC/DC (et donc le sien) sera fait à l'issue du dernier concert de la tournée le 20 septembre prochain... Wait and see!
Cinq ans. C'est en gros le temps qu'il aura fallu aux Stone Roses pour sortir ce premier album, en 1989. Entre-temps, il y eut des singles, des changements de personnels à la batterie puis à la basse, un premier album enregistré en 1985 mais que le groupe refusera de sortir, mécontent du résultat, et des singles prometteurs. "Elephant stone", "Sally Cinnamon"... On sentait qu'il y avait du potentiel. Mais rien qui puisse prédire cette déflagration de "l'album aux citrons", un des meilleurs premiers albums de l'histoire du rock, si ce n'est le meilleur (ça peut se jouer avec King Crimson, les Doors et Oasis notamment).
La formation s'articule donc autour de Ian Brown (chant), John Squire (guitares), Gary Mounfield alias Mani (basse) et Alan Wren, alias Reni (batterie). Durant les mois qui précèdent la sortie de l'album, Ian Brown fanfaronne dans les médias anglais: "nous n'allons pas être le meilleur groupe du monde, nous le sommes déjà"... Pas besoin de savoir auprès de qui Liam Gallagher a puisé son inspiration en terme de grande gueule et de déclarations fracassantes! Le phénomène "Madchester" bat son plein, avec tous ces groupes mélangeant rock et acid house, les Happy Mondays en étant jusque là la formation la plus représentative.
Et puis voilà que le 2 mai 1989 arrive. Et là, ça bascule. L'Angleterre entière succombe à cet album exceptionnel. Le groupe réussi l'exploit de réunir l'énergie et la rage punk de leurs débuts avec un sens de la mélodie et de l'arrangement hors du commun.
Ca commence par des sons crades, distordus, d'où émerge une ligne de basse lancinante. La guitare électrique joue des cascades d'arpèges derrière, avant de cisailler un riff rageur en même temps que la batterie débarque. Le charmé opère déjà. Et voici cette voix, à la fois douce, sournoise et pleine de morgue, qui nous parle: "Je n'ai pas à vendre mon âme / Il est déjà en moi / Je veux être adoré...". Voilà le texte de "I wanna be adored", déclaration d'intention parfaitement construite, avec notamment un relâchement avant l'explosion finale du plus bel effet. Les gars auraient pu nous faire dix reprises de Claude François derrière, on n'aurait rien trouvé à redire (enfin presque...)
"She bangs the drums" confirme cet excellent départ, avec un refrain harmonisé à deux voix comme on n'en faisait plus. Et puis voici "Waterfall". Et on comprend pourquoi le groupe a mis cinq ans à faire l'album. Parce que cette chanson, aux arpèges magiques, apparaît toute simple, alors qu'elle est en fait particulièrement complexe dans sa construction (l'outro instrumentale), dans ses arrangements... La cohésion des quatre musiciens est exceptionnelle.
Et ces quatre lascars nous la font au bluff derrière: "Don't stop", dont la musique n'est autre que celle de "Waterfall" mais...passée à l'envers. Certains se seraient cassé les dents à tenter un truc pareil, les Stone Roses en font quelque chose de psychédélique certes, mais totalement maîtrisé. Du très grand art.
On guette un coup de mou, on se dit que c'est pas possible, qu'ils vont bien faiblir à un moment donné. Ben tiens. "Bye bye badman" est elle aussi inattaquable. Interlude de 59 secondes en forme de clin d'oeil derrière avec "Elizabeth my dear", inspirée d'un traditionnel que Simon & Garfunkel avaient déjà adapté ("Scarborough fair"). Des punks oui, mais des connaisseurs.
"(Song for my) Sugar spun sister" est livrée avec refrain qui déboîte (et ce changement d'accord inattendu toujours aussi beau même après des centaines d'écoutes). Et que dire de "Made of stone"? Dans un monde parfait, ça aurait été un tube mondial, un truc qui aurait inondé les ondes. Entre la partition de batterie de Reni, le solo ahurissant de Squire, et ce refrain héroïque, aux paroles pourtant sombres ("Quand les rues sont froides et désertes / Et que les voitures brûlent à côté de moi"), c'est une chanson parfaite, ni plus ni moins.
"Shoot you down" et son mid-tempo fait presque figure de pause avant un final dantesque: "This is the one", totalement irrésistible (encore des arpèges millésimés en intro), et puis ce monstre final. "I am the resurrection". Il fallait quand même un sacré culot pour terminer un premier album par une chanson de plus de 8 minutes, dont un final instrumental de plus de 4 minutes, avec des paroles laissant penser que le chanteur se pose en sauveur du rock. Et pourtant ça fonctionne. Ian Brown chante de façon tellement convaincante que, oui, on l'imagine totalement en Jésus du rock. Et les trois autres tabassent tellement sur le final instrumental qu'on est subjugué. La légende dit qu'ils ont mis plusieurs semaines à écrire cette partie, mais que ce qu'on entend sur le disque provient d'une seule prise, Squire ayant simplement fait quelques re-recordings pour superposer les guitares. C'est dire le niveau de ces gars.
Et voilà, 50 minutes sont déjà passées, et on n'a pas compris comment. Un album brillantissime, exceptionnel, de bout en bout. Si le reste du monde, curieusement, était resté hermétique à ce disque, l'Angleterre y avait donc complètement succombé. Les Stone Roses terminaient ainsi leur tournée de 1990 par un immense concert de 30.000 personnes, et ce malgré les prestations vocales parfois hasardeuses de Brown. L'avenir leur appartenait.
Et puis tout a foiré.
Drogues, querelles d'ego, procès à rallonge avec la maison de disques, il faudra attendre fin 1994 pour que le deuxième album du groupe, Second Coming, paraisse. Plus inégal que le premier, et surtout, entre-temps, Oasis, Blur, Pulp, Suede, Supergrass, tout ce petit monde est arrivé et fait désormais passer les Stone Roses pour des has-been. Reni, puis John Squire quittent le navire pendant la tournée qui suit. Brown et Mani la finissent avec deux musiciens remplaçants, il est vaguement question que Slash remplace Squire (défense de rire) mais en 1996, c'est entériné, les Stone Roses disparaissent. Il faudra attendre 2012 pour qu'ils se reforment pour une tournée mondiale qui a fait chavirer les coeurs des fans qui attendaient ça depuis des années, puis 2016 pour que deux nouveaux morceaux voient le jour. Des morceaux bien gentillets, mais qui n'atteignent pas le petit orteil d'aucune des 11 bombes que contient The Stone Roses...
En guise de cadeau, le quatuor répétant "Waterfall" quelques semaines avant de remonter sur scène en 2012. Difficile à croire quand on les voit ainsi, souriants et détendus, qu'ils ont pu se déchirer pendant des années. Et pourtant, ce sont aussi ces quatre gars, aux personnalités certes opposées, mais à la complémentarité musicale assez unique, qui nous ont offert ce premier album hors du temps. Aux néophytes qui auraient envie d'écouter ce disque à l'issue de cette chronique, profitez bien de la première fois où vous allez l'écouter, grand moment en perspective...