mercredi 22 février 2017

Art Garfunkel, 20 février 2017, Lyon, salle 3000

Treize ans après avoir eu la chance d'applaudir Simon & Garfunkel lors de ce qui reste leur dernier passage en France (2004 à Bercy), me voilà donc me rendant au concert de la moitié du duo mythique, à savoir Art Garfunkel, qui se produisait dans la magnifique salle 3000 à Lyon.

Ce lundi soir, la salle porte bien mal son nom, puisqu'on était plus proche de 1000 - en tapant large en plus - que de 3000. La faute sans doute à des tarifs prohibitifs - de 60 à 90 € en gros - qui font que le public y réfléchit à deux fois avant d'acheter des billets.

Pour cette tournée, Garfunkel est uniquement entouré d'un clavier et d'un guitariste. Cinq projecteurs en guise de décor scénique, bref on est dans le minimalisme à tous les niveaux. Lorsqu'il entre sur scène, même si on avait vu des photos récentes, le choc est rude. Le jeune homme chevelu, élancé et fringant a fait place à un grand-père bedonnant de 74 ans au crâne très largement dégarni. La démarche est également pas toujours très assurée - il passera d'ailleurs 90 % du concert en position semi-assise sur un tabouret de bar - bref le temps a fait son oeuvre sur lui aussi.

Sauf qu'il y a un élément sur lequel les années semblent n'avoir eu qu'une influence très relative, à savoir la voix de Garfunkel. Une voix miraculeusement (quasi) intacte. Lorsqu'il débute le concert, il annonce qu'il trouve cela incroyable d'être encore devant nous à son âgé, et sans attendre la moindre note de ses musiciens, il embraye: "aaaaaaaapril come she will". Même tonalité qu'en 1966, le guitariste est bien évidemment parfait, et Garfunkel a conservé ce timbre unique, d'une pureté incroyable qui fait qu'il pourrait nous raconter le mode d'emploi d'une tondeuse à gazon en ouzbèke, on trouverait ça formidable aussi.

Deuxième morceau. Le gratteux attaque une descente en picking que j'ai dû entendre au bas mot des centaines de fois. "The boxer" là tout de suite. D'accord, OK. En mode "version live", avec le couplet chanté ("now the years are rolling by me...") à la place du solo. Même si les "lie-la-lie" sont un peu moins pêchus qu'il y a 45 ans, c'est de toute beauté.

Et après ce début en fanfare, malheureusement, le concert va osciller entre le merveilleux et le limite foutage de gueule. Le merveilleux, ce fut d'entendre ces merveilles absolues et peu connues du répertoire de Simon & Garfunkel que sont "A poem on the underground wall" et "For Emily, whenever I may find her", ainsi que les classiques "Homeward bound", "Kathy's song", "Scarborough fair" (et sa petite soeur issue du premier album solo de Simon, "The side of a hill") sans parler de "The sound of silence" évidemment... En plus, Garfunkel a eu l'intelligence de choisir les meilleurs morceaux de sa carrière solo ("Bright eyes" et la splendide "Perfect moment" notamment) ainsi que quelques reprises bien senties (Randy Newman, les Everly Brothers...).

Bref, tout ça c'était très beau.

Le souci, c'est que Garfunkel va sortir son autobiographie en septembre, et que son éditeur lui a demandé de profiter de sa tournée pour en faire la promo et en lire des passages. Ce qui fait que tous les 3 ou 4 morceaux, on avait 5 minutes de lecture avec traduction simultanée par une personne qui faisait de son mieux mais qui rendait des points à Google Traduction en terme de pertinence linguistique, c'est dire. Non seulement les passages n'étaient pas passionnants, mais en plus ça cassait complètement le rythme du concert.

Et puis l'autre souci, ce fut la durée: un premier set de 40 minutes, une pause de 20 minutes, un deuxième set de 45 minutes rappels compris et au dodo. 1h25 de concert effectif, à laquelle il faut enlever dix bonnes minutes de lecture... En gros, 75 minutes de musique à plus de 80 € en moyenne la place, cela nous fait la minute de musique à un prix scandaleusement élevé. Dommage au vu de la prestation vocale de Garfunkel, même si ce dernier est quand même obligé de faire certains choix artistiques prenant en compte son âge. On a d'ailleurs assisté à un double sacrilège sur "Bridge over troubled water": pas d'intro au piano et pas de dernier couplet!

Un bilan donc mitigé pour cette soirée, et si le public lyonnais a été très courtois, il n'en a pas été de même pour le public marseillais quelques jours auparavant, comme en atteste la chronique consultable ici.

Les photos et vidéos étant totalement proscrites, un petit extrait du concert de la semaine dernière en Italie:

Set-list (de mémoire et avec le dernier titre non identifié):

April come she will
The boxer
Perfect moment
A heart in New York
A poem on the underground wall
Scarborough fair
The side of a hill
Let it be me
Homeward bound

Real emotional girl
Someone to watch over me
For Emily, whenever I may find her
Bright eyes
The sound of silence
Kathy's song
Bridge over troubled water

Rappel 1:
Now I lay me down to sleep

Rappel 2:
?

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