En ce 3 février, nous venons donc applaudir Renaud, le phénix de la chanson française. Donné perdu pour la chanson (voire perdu tout court) il y a encore quelques mois, le voilà revenu l'an dernier avec un album plus qu'honorable, enregistré sous la houlette de son gendre Renan Luce et de Michaël Ohayon. Et la surprise fut également grande de voir le "chanteur énervant" s'engager pour une énorme tournée nationale sur près d'un an. Pour quelqu'un dont l'état de santé était franchement inquiétant il y a peu, on ne peut que se féliciter de la chose, même si on se doute qu'on ne va pas voir Britney Spears au niveau de la performance scénique.
On ne dira rien de la première partie - Gauvain Sers - pour la bonne et simple raison qu'on ne l'a pas vue, puisqu'on se pose à 20h20 dans les gradins copieusement garnis de la salle Ekinox. Ca changeait de Polnareff il y a trois mois... Là, il y a du monde (plus de 4.000 personnes), et surtout un public qu'on sent viscéralement attaché à l'artiste qu'il vient applaudir. De mémoire, ça faisait très très très longtemps, peut-être bien depuis les concerts de Goldman auxquels j'avais assisté - ce qui ne rajeunira personne - que je n'avais pas vu une telle ferveur pour un artiste français (Indochine mis à part mais c'est un peu différent). On sentait ce jeudi soir qu'on allait voir un artiste "populaire" mais au sens noble du terme, ce qui conférait une ambiance étonnamment chaleureuse à cet amas de tôle qu'est la salle Ekinox.
20h30: les lumières s'éteignent et l'intro de "Toujours debout" résonne. Le son est excellent, et le sera d'ailleurs tout au long de la soirée, ce qui constitue un petit exploit vu la configuration de la salle - qui sert d'ordinaire pour le basket... Le rideau disparaît, laissant voir le sieur Séchan entouré de six musiciens, menés par Michaël Ohayon. Renaud s'approche du micro, et là...
Je m'attendais au pire. Mais c'était au-delà de mes craintes. Sur ce morceau pourtant déjà très monotone niveau vocal, Renaud se montre totalement incapable, non pas de chanter correctement, mais de chanter tout court. En fait, il chantait sur une seule note, ce qui est assez embêtant vous en conviendrez. Leonard Cohen, qui avait beau avoir une voix d'outre-tombe sur la fin de sa carrière, chantait quand même. Là non. Et on a beau avoir toute l'admiration possible pour l'artiste, c'est objectivement hideux.
Fin du morceau. Renaud nous dit "bon, heu... j'ai une rhinopharyngite... et en plus j'ai une oreille bouchée, alors c'est pas terrible pour chanter hein... mais bon, vous êtes pas venus voir Céline Dion ou Florent Pagny hein...ma voix vous vous en foutez hein, donc bon..." Nous voilà prévenus, la soirée risque d'être très très longue.
Et pourtant, deux phénomènes très curieux vont survenir. D'abord, la voix de Renaud va un peu se chauffer au bout de 40-45 minutes, et il parviendra donc à chanter deux, voire parfois trois notes différentes dans un seul morceau, ce qui était un véritable exploit quand on se rappelait des premières secondes du concert. Ensuite et surtout, on va petit à petit "oublier" ce problème vocal, pour profiter de l'ambiance, des arrangements excellents (le violon doublant la guitare sur "Morgane de toi" et doublant le piano sur "Mistral gagnant", c'était une excellente idée), des musiciens de grande classe (à part le batteur, tous changeront d'instrument au fur et à mesure du concert, respect), et d'une set-list trois étoiles.
Renaud a en effet concocté une set-list permettant de satisfaire tout le monde. Furent ainsi joués tous les grands classiques, quelques pépites moins connues (magnifique version pêchue et rallongée de "La ballade nord-irlandaise") et les meilleurs titres du dernier album, notamment la splendide "Les mots", qui rivalise sans problème avec les meilleurs morceaux de sa discographie. L'occasion aussi d'apprendre que "En cloque" est le titre de son répertoire qu'il préfère et qu'il ne comprend pas que "Mistral gagnant" soit la chanson favorite des français ("c'est du pipi de chat par rapport à ce qu'ont écrit Nougaro ou Brassens").
A noter que visuellement, le spectacle était réussi, avec des vues des rues de Paris en mode "animation" bien fichues. Par contre, lorsque des personnages en images de synthèse étaient insérés (sur "Docteur Renaud, mister Renard" notamment), c'était assez foiré visuellement.
Renaud était visiblement sincèrement touché de l'accueil du public, presque étonné que ce dernier lui soit resté fidèle après toutes ces années. Il a joué un peu de guitare, dont une fois une douze cordes ("je vais jouer douze fois plus faux!"), mais là aussi c'était très laborieux. Il jouait un temps sur deux, certes dans la mesure, mais bon c'était très très mou. Quant à sa voix cabossée (et le mot est faible), si elle s'accommodait bien des chansons évoquant justement des destins chaotiques ("Manu" notamment), elle faisait vraiment de la peine sur d'autres, le "tatatiiinnn" de "Dès que le vent soufflera" devenant un "tatatteeeeeeeuuuuuuuaaaaaarrrrrr" flippant.
En guise de dernier morceau, on a eu droit à un long medley, et c'est finalement au bout de 2h25 de concert que les lumières de la salle se sont rallumées, sur un public aux anges. Car, malgré l'insuffisance vocale de Renaud, l'ambiance était profondément chaleureuse. Les spectateurs se sont offerts un voyage dans l'un des plus beaux répertoires de la chanson française, ont chanté à tue-tête des grands classiques, bref se sont fait plaisir et ont fait plaisir à l'artiste présent sur scène. Le tout, c'est bon de le rappeler, pour un prix moyen de 43 €, ce qui est assez bas dans la grille des tarifs pratiqués pour des artistes de ce calibre. Et puis la preuve qu'on était bien dans le concert; lorsque vous regardez votre montre pour la première fois à un concert juste avant que les rappels ne débutent, c'est que vous avez passé une bonne soirée!
En bonus, un extrait du medley final:
Set-list:
Toujours debout
Docteur Renaud, Mister Renard
En cloque
La pêche à la ligne
Marche à l'ombre
Les mots
Etudiant poil aux dents
J'ai embrassé un flic
La médaille
Les aventures de Gérard Lambert
Héloïse
A la téloche
Hyper casher
Dans mon HLM
Ta batterie
Morts les enfants
Manhattan-Kaboul
Manu
La ballade nord-irlandaise
C'est mon dernier bal
Morgane de toi (amoureux de toi)
500 connards sur la ligne de départ
Germaine
Dès que le vent soufflera
Mistral gagnant
Rappel 1:
La vie est moche et c'est trop court
Rappel 2:
Marchand de cailloux
Medley (Chanson pour Pierrot / Hexagone / Laisse béton / Ma gonzesse / It is not because you are / Miss Maggie / La mère à Titi / Fatigué)
20h30: les lumières s'éteignent et l'intro de "Toujours debout" résonne. Le son est excellent, et le sera d'ailleurs tout au long de la soirée, ce qui constitue un petit exploit vu la configuration de la salle - qui sert d'ordinaire pour le basket... Le rideau disparaît, laissant voir le sieur Séchan entouré de six musiciens, menés par Michaël Ohayon. Renaud s'approche du micro, et là...
Je m'attendais au pire. Mais c'était au-delà de mes craintes. Sur ce morceau pourtant déjà très monotone niveau vocal, Renaud se montre totalement incapable, non pas de chanter correctement, mais de chanter tout court. En fait, il chantait sur une seule note, ce qui est assez embêtant vous en conviendrez. Leonard Cohen, qui avait beau avoir une voix d'outre-tombe sur la fin de sa carrière, chantait quand même. Là non. Et on a beau avoir toute l'admiration possible pour l'artiste, c'est objectivement hideux.
Fin du morceau. Renaud nous dit "bon, heu... j'ai une rhinopharyngite... et en plus j'ai une oreille bouchée, alors c'est pas terrible pour chanter hein... mais bon, vous êtes pas venus voir Céline Dion ou Florent Pagny hein...ma voix vous vous en foutez hein, donc bon..." Nous voilà prévenus, la soirée risque d'être très très longue.
Et pourtant, deux phénomènes très curieux vont survenir. D'abord, la voix de Renaud va un peu se chauffer au bout de 40-45 minutes, et il parviendra donc à chanter deux, voire parfois trois notes différentes dans un seul morceau, ce qui était un véritable exploit quand on se rappelait des premières secondes du concert. Ensuite et surtout, on va petit à petit "oublier" ce problème vocal, pour profiter de l'ambiance, des arrangements excellents (le violon doublant la guitare sur "Morgane de toi" et doublant le piano sur "Mistral gagnant", c'était une excellente idée), des musiciens de grande classe (à part le batteur, tous changeront d'instrument au fur et à mesure du concert, respect), et d'une set-list trois étoiles.
Renaud a en effet concocté une set-list permettant de satisfaire tout le monde. Furent ainsi joués tous les grands classiques, quelques pépites moins connues (magnifique version pêchue et rallongée de "La ballade nord-irlandaise") et les meilleurs titres du dernier album, notamment la splendide "Les mots", qui rivalise sans problème avec les meilleurs morceaux de sa discographie. L'occasion aussi d'apprendre que "En cloque" est le titre de son répertoire qu'il préfère et qu'il ne comprend pas que "Mistral gagnant" soit la chanson favorite des français ("c'est du pipi de chat par rapport à ce qu'ont écrit Nougaro ou Brassens").
A noter que visuellement, le spectacle était réussi, avec des vues des rues de Paris en mode "animation" bien fichues. Par contre, lorsque des personnages en images de synthèse étaient insérés (sur "Docteur Renaud, mister Renard" notamment), c'était assez foiré visuellement.
Renaud était visiblement sincèrement touché de l'accueil du public, presque étonné que ce dernier lui soit resté fidèle après toutes ces années. Il a joué un peu de guitare, dont une fois une douze cordes ("je vais jouer douze fois plus faux!"), mais là aussi c'était très laborieux. Il jouait un temps sur deux, certes dans la mesure, mais bon c'était très très mou. Quant à sa voix cabossée (et le mot est faible), si elle s'accommodait bien des chansons évoquant justement des destins chaotiques ("Manu" notamment), elle faisait vraiment de la peine sur d'autres, le "tatatiiinnn" de "Dès que le vent soufflera" devenant un "tatatteeeeeeeuuuuuuuaaaaaarrrrrr" flippant.
En guise de dernier morceau, on a eu droit à un long medley, et c'est finalement au bout de 2h25 de concert que les lumières de la salle se sont rallumées, sur un public aux anges. Car, malgré l'insuffisance vocale de Renaud, l'ambiance était profondément chaleureuse. Les spectateurs se sont offerts un voyage dans l'un des plus beaux répertoires de la chanson française, ont chanté à tue-tête des grands classiques, bref se sont fait plaisir et ont fait plaisir à l'artiste présent sur scène. Le tout, c'est bon de le rappeler, pour un prix moyen de 43 €, ce qui est assez bas dans la grille des tarifs pratiqués pour des artistes de ce calibre. Et puis la preuve qu'on était bien dans le concert; lorsque vous regardez votre montre pour la première fois à un concert juste avant que les rappels ne débutent, c'est que vous avez passé une bonne soirée!
En bonus, un extrait du medley final:
Set-list:
Toujours debout
Docteur Renaud, Mister Renard
En cloque
La pêche à la ligne
Marche à l'ombre
Les mots
Etudiant poil aux dents
J'ai embrassé un flic
La médaille
Les aventures de Gérard Lambert
Héloïse
A la téloche
Hyper casher
Dans mon HLM
Ta batterie
Morts les enfants
Manhattan-Kaboul
Manu
La ballade nord-irlandaise
C'est mon dernier bal
Morgane de toi (amoureux de toi)
500 connards sur la ligne de départ
Germaine
Dès que le vent soufflera
Mistral gagnant
Rappel 1:
La vie est moche et c'est trop court
Rappel 2:
Marchand de cailloux
Medley (Chanson pour Pierrot / Hexagone / Laisse béton / Ma gonzesse / It is not because you are / Miss Maggie / La mère à Titi / Fatigué)
Merci pour ce compte rendu. Je me tatais un peu pour aller le voir et bien plus maintenant . Ce sera soir le zénith en mai ou la fête de l huma . Merci mec
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