Un mois après la sortie du nouvel album de Depeche Mode, que penser de ce dernier finalement? Hé bien, après moult écoutes, on en vient à diviser le disque en deux parties: une première moitié de haut vol, et une seconde plutôt en pilotage automatique.
L'entame de l'album est brillante: "Going backwards" est peut-être la meilleure intro de disque de Depeche Mode depuis "A pain that I'm used to" qui figurait sur Playing The Angel. Rythmique martiale, montée en puissance savamment dosée, petit gimmick de synthé, voix de Dave Gahan et Martin Gore qui s'entremêlent... On pressent des débuts de concerts grandioses sur la tournée à venir! "Where's the revolution", premier single de l'album, suit derrière, et on se retrouve en terrain très connu. Pas de surprise, mais du Depeche Mode bien efficace, avec une filiation avec "Corrupt" (Sounds Of The Universe).
Très belle surprise derrière avec "The worst crime", éthérée, parfaitement arrangée, et qui vient envelopper l'auditeur, un peu à la manière d'un "Waiting for the night". "Scum" ensuite, presque metal dans son approche hyper répétitive, avec un son volontairement crade, fait son petit effet. Pas un morceau facile à appréhender dès la première écoute, mais bien intéressant. Le trio paye ensuite son dû à Kraftwerk, avec "You move", dont le petit thème au synthé semblé sortir de Autobahn. Vrai bon morceau, et on imagine déjà les fans déchaîné(e)s lorsque Gahan prononcera ses mots en concert: "I like the way you move on me tonight...". Détail: ce morceau est un des très rares qui soit cosigné par Dave Gahan et Martin Gore, preuve s'il en est que les deux savent très bien mettre de côté les rancoeurs passées pour pondre du très bon son.
Et puis arrive ce que je tiens à titre tout personnel comme la tuerie de l'album. "Cover me", signée par Dave Gahan, le clavier Peter Gordeno et le batteur Christian Eigner. Alors là, chapeau messieurs. Un truc quasi floydien par moments, avec des nappes de synthé subtilement posées et une guitare aérienne. Ca se finit par une partie instrumentale de plus d'une minute envoûtante, c'est vraiment très très beau. Ca peut potentiellement être un très grand titre en live.
Et après ce sommet, la redescente est brutale. "Eternal", chantée par Gore, se perd en circonvolutions mélodiques et perd aussi l'auditeur au final. "Poison heart" (encore du trio Gahan/Gordeno/Eigner) relève la tête, avec une jolie mélodie au refrain, mais "So much love" qui enquille derrière vient un peu tout mettre par terre, avec DM imitant DM faisant du DM. J'exagère, mais c'est ce que j'appelais du pilotage automatique dans le préambule de cette chronique. Bien sûr que Gahan et ses copains,ne vont pas se mettre à faire du zouk jazzy, mais "So much love" est clairement un titre où ils sont en plein dans leur zone de confort sans se mettre aucunement en danger.
Idem pour "Poorman", on a l'impression que le groupe s'est dit "mince, il nous manque le blues déstructuré/electro de rigueur, faut qu'on en fasse un". Bon ben voilà, c'est fait, et c'est pas terrible. "No more (this is the last time") vaut plus pour ses arrangements tout en bidouillis que pour sa mélodie, mais bon ça s'écoute. Enfin, Gore vient chanter le dernier morceau, "Fail", un peu en roue libre encore une fois.
Bilan donc un peu mitigé au final. Bien sûr, c'est déjà bien qu'après plus de trente ans de carrière, les Depeche Mode parviennent encore à nous sortir un album qui tienne quand même relativement bien la route, et qui contienne même deux vraies merveilles ("Going backwards" et "Cover me"). Mais la deuxième moitié de l'album met en évidence que ça devient aussi dur pour eux d'avoir de l'inspiration sur toute la longueur d'un disque, et le fait que plusieurs morceaux quelconques s'enchaînent renforce cette impression.
Les fans aimeront ce disque, les non-fans ne l'aimeront pas, et il n'est pas forcément conseillé aux néophytes pour découvrir la discographie du groupe (pour ça Music For The Masses et Violator sont autrement plus conseillés).
Bien resumé, pour la dualité évoquée pas particulièrement fan du groupe mais il faudrait en effet être dur d'oreille pour ne pas apprécier Going backwards et Cover Me. Elles sortent en effet du lot (where's the revolution aussi mais là pour le pire) sans que je puisse les qualifier de totalement marquantes comme par exemple Alone ou Wrong si on ne prend que les derniers opus. Et oui Violator of course pour les néophytes, pour ma part j'avais vraiment "découvert" (autrement que les singles) le groupe avec Playing the Angel qui est aussi intéressant car ultra-réussi de bout en bout, tout en étant une petite claque sonore
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