jeudi 25 mai 2017

Air, Lyon, Auditorium, 23 mai 2017

Le suspense était grand: qu'allait nous réserver le duo français pour son passage dans la prestigieuse salle lyonnaise dans le cadre de sa tournée célébrant la sortie de son premier best of, Twenty Years? Car, au cours de ces vingt ans, la trajectoire du groupe n'a pas été des plus rectilignes. Après un premier EP d'échauffement (Premiers Symptômes), Moon Safari et son tube "Sexy boy" les propulse au sommet des classements internationaux. Ils signent juste après une BO totalement floydienne pour le "Virgin suicides" de Sofia Coppola, avant de sortir en 2001 ce que je considère à titre personnel comme leur meilleur album, l'extraordinaire 10000 Hz Legend. Album qui mêle des dizaines d'influences tout en restant cohérent, le tout sur plus de 60 minutes. Trois ans plus tard, Talkie Walkie, plus pop et plus accessible mais tout aussi excellent, confirme tout le talent du duo.

C'est après que les choses vont se gâter: Pocket Symphony (2007) et Love 2 (2009) lorgnent davantage vers le lounge mou du genou que vers l'electro aventureuse des années précédentes. La mise en musique du "Voyage dans la lune" de Méliès (2012) est plus anecdotique qu'autre chose, et le Music For Museum (tout est dans le titre) frôle l'hermétique. Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel multiplient les collaborations en tous genres (souvent réussies par contre) et les projets solo, bref, sur le papier, c'est un groupe moribond que nous venons applaudir.

Fatale erreur.

L'auditorium, plus habitué aux formations classiques, est plein comme un oeuf lorsqu'à 21h35, l'adjoint à la culture de la mairie de Lyon vient faire un speech entouré des organisateurs des Nuits Sonores évoquant le drame mancunien de la veille. Une minute de silence parfaitement respectée plus tard, le concert peut commencer.

Le duo arrive, et premier constat: le temps ne semble avoir aucune prise sur eux. Ils ont toujours la même tête qu'en 1998, c'est impressionnant. Nos deux compères sont accompagnés par un clavier et un batteur: ce dernier tape quatre fois sur ses baguettes et là, paf, "Venus" démarre.

Et là, il se passe un phénomène étrange: au bout de 10 secondes, on a la certitude qu'on vas assister à un grand, un très grand concert. Le son est parfait, le light-show -basé sur trois miroirs disposés en fond de scène - idem, et les musiciens itou. Enfin surtout un, qui va porter le concert quasiment à lui tout seul, en l'occurrence  le batteur. Je ne sais pas d'où ils le sortent, mais ce gars-là est exceptionnel, sorte de Keith Moon sachant ne pas trop en faire, dynamitant tous les morceaux sans pour autant en faire trop. Du très grand art, et en plus il chantait et tapait du pad quand il fallait.

Quant à la setlist, Air va nous pondre un rêve de fan éveillé. Aucun morceau postérieur à Talkie Walkie (aveu implicite de la moindre qualité de leur discographie ultérieure?), un petit crochet par Premiers Symptômes ("J'ai dormi sous l'eau"), par la BO de "Virgin Suicides" ("Playground love"), et leurs trois premiers albums largement revisités.

Des versions grandioses de "Don't be light", "People in the city" (le son de gratte de Nicolas Godin...), un "Alpha beta gaga" stratosphérique grâce au batteur notamment, des très belles surprises ("Talisman", "How does it make you feel?"), bref un panard monstrueux, qui fait oublier l'absence quasi totale de communication avec le public (à part un "merci beaucoup" dans le vocoder, aucun mot!).

Le rappel est somptueux: "Alone in Kyoto" pour poser tout le monde, puis l'inévitable "Sexy boy" sur un tempo nettement plus rapide que l'original et qui déchire tout:


Enfin, "La femme d'argent" vient comme d'habitude clôturer les festivités. Malgré le fait qu'elle soit un décalque de "Cargo culte" de Gainsbourg, elle est quand même totalement envoûtante, surtout que Keith Bonham ne se contrôle plus du tout et balance des breaks de partout en étant sur un fil en permanence.

C'est au bout d'1h30 que ce concert prend fin devant un public en extase. Reste maintenant à espérer que cette mini-tournée redonne envie au duo de composer ensemble, et surtout lui redonne l'inspiration qui lui avait permis de signer des morceaux du calibre de ceux joués hier soir. Coup de bol, quelqu'un a filmé quasiment tous les morceaux et en a mis des extraits bout à bout:


(Vous noterez notamment "People in the city" à 6'24 et "Alpha beta gaga" à 10'57)

Venus
Don't be light
Cherry blossom girl
J'ai dormi sous l'eau
Remember
Playground love
People in the city
The radian
Alpha beta gaga
Talisman
Run
How does it make you feel?
Kelly, watch th stars!

Rappel:
Alone in Kyoto
Sexy boy
La femme d'argent

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