jeudi 18 mai 2017

Petite chronique du jour: Ray Davies - Americana



Il y a des disques dont on n'attend pas grand-chose sur le papier. Ce n'est pas faire injure à Ray Davies que d'affirmer que ses années les plus fécondes en terme d'inspiration semblent depuis longtemps derrière lui. Depuis que les Kinks sont en sommeil, il a publié deux albums solo en 2006 et 2007, pas infâmants certes, mais bien loin des chefs d'oeuvre kinksiens des sixties.

Alors quand est annoncée pour 2017 la sortie de Americana, concept-album dans lequel Davies évoque sa relation plus que complexe avec les USA, on craint légitimement le pire. Les Kinks furent en effet d'abord interdits de territoire américain en 1965 du fait de leur comportement parfois plus que limite sur scène (surtout Dave Davies d'ailleurs), puis Ray fit une véritable fixation sur le fait de conquérir le marché américain une fois cette interdiction levée, ce qui aboutit à la publication d'albums des Kinks ultra lourdingues dans les années 70, avec des arrangements pachydermiques. En plus de ça, c'est à la Nouvelle-Orléans que Davies a été blessé par balle dans les années 2000 après avoir porté secours à une personne agressée...Bref, un album là-dessus, on pouvait légitimement craindre quelque chose d'ultra nombriliste et dénué d'intérêt.

Sauf que deux paramètres sont venus réduire à néant ces a priori. D'abord Davies s'est fait accompagner, non par des requins de studios, mais par un vrai groupe, à savoir les Jayhawks, groupe de country-rock américain, qui existe depuis plus de 30 ans, donc des gars qui se connaissent par coeur. Ensuite, et surtout, Davies a (re)trouvé une belle et grande inspiration.

Dès l'entame avec le titre "Americana", on sent qu'on tient quelque chose de très haut de gamme. En à peine 4 minutes, le gars balaye 5 thèmes différents, il n'y a pas vraiment de couplets ni de refrains et pourtant on se laisse porter. C'est vraiment très très réussi.


Et tout le reste de l'album est du même calibre. Davies a l'intelligence de raconter certes sa propre histoire, mais avec suffisamment de distance, de talent et d'auto-dérision (poilant "I've heard that beat before") pour ne pas gonfler l'auditeur. Deux petits intermèdes parlés avec un petit fond musical ("Silent movie" et "The man upstairs") donnent même l'impression d'écouter la BO d'un film imaginaire.

Côté chansons, Davies est donc en très grande forme. Que ce soit de la country-rock ("Poetry", "The invaders"), de la ballade ("A long drive home to Tarzana"), de la country pur jus ("A place in your heart"), du rock de stade ("The great highway"), tout est réussi. Et puis il y a la pépite absolue. Le truc où on se souvient que Ray Davies est l'auteur de "Waterloo sunset", "Sunny afternoon", "Days", bref de chansons absolument parfaites. Ben là, il nous refait le coup avec "Rock'n'roll cowboys". A écouter d'urgence:


A choisir, entre assister à une réunion des Kinks uniquement motivée par le côté financier de la chose avec les frères Davies se tirant la tronche ou à une tournée de Ray Davies défendant ce magnifique album, je choisis sans hésiter la deuxième hypothèse!

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