lundi 17 octobre 2016

Petite chronique: Green Day - Revolution Radio


On les avait quittés en 2012 au bout du rouleau et, semble-t-il, au bout de leur inspiration. Pourtant, le trio avait tout connu. 2 premiers albums dans le circuit indépendant US au début des années 90 (39/Smooth et Kerplunk!), qui ne marchent pas plus que ça. Puis un tube mondial immense ("Basket case") et deux excellents albums de punk-rock (Dookie et Insomniac) qui vont se vendre par cageots entiers. Ensuite, une chute brutale de leur notoriété, surtout en Europe, alors même qu'avec Nimrod en 1997 et Warning en 2000 ils varient leur musique, explorent de nouvelles voies musicales et signent un paquet d'excellents morceaux, qui ne seront redécouverts pour beaucoup qu'a posteriori.

Et puis le truc invraisemblable: surfant sur la vague anti-Bush de l'époque et musclant (FMisant surtout...) leur son, les Green Day vont sortir en 2004 American Idiot, premier opéra punk-rock répertorié comme tel, et qui va se vendre à pas moins de 14 millions de copies à travers le monde. Pas mal pour un groupe considéré comme has-been quatre ans auparavant... Ils remettent le couvert avec 21st Century Breakdown en 2009, frère jumeau du précédent. Des bonnes chansons toujours, mais un son formaté pour les radios.

Et en 2012, on les perd complètement. Les voilà qui nous sortent trois albums dans la même année, avec des titres pas malins (Uno!, Dos! et Tré!), et surtout une absence quasi totale de bonnes chansons. Les gars sont en pilotage totalement automatique, Bille Joe Armstrong fait 168416 cures de désintoxication, les critiques ne les épargnent pas, bref ça sent fortement le gaz.

Alors quand on apprend que le groupe va sortir un nouvel album, on frémit. Et encore plus quand on voit le titre. Revolution Radio, rien que ça! Mais déjà, deux nouvelles rassurantes se profilent: on n'aura pas deux albums supplémentaires dans l'année, et il n'y a plus de trame narrative comme dans American Idiot et 21st Century Breakdown. Là c'est 12 titres, 44 minutes, envoyé c'est pesé.

Et au bout des 44 minutes, un constat s'impose: voilà que les Green Day nous ont sorti un bon disque de rock! Incroyable mais vrai! Alors bien sûr, tout n'est pas parfait. Il y a parfois de l'inspiration qui confine au plagiat (la descente de "Somewhere now" décalque celle de "The needle and the damage done" de Neil Young), de l'auto-plagiat ("Outlaws" recycle "Wake me up when september ends"), un son toujours fait pour plaire aux radios, deux morceaux où ils se sont pas foulés ("Still breathing" et "Youngblood", qui se suivent en plus) et un Billie Joe qui rajeunit à chaque sortie de nouvel album (il paraît avoir 10 ans de moins que sur les photos de Warning, qui date pourtant de l'an 2000!).

Bon, ça, c'est pour les points négatifs. Mais il y a tout le reste.

D'abord les gars nous tentent des petites nouveautés: un rythme rigolo sur "Say goodbye", une mélodie quasi country sur "Too dumb to die". Et puis surtout il y a des (très bons) morceaux. Les singles "Revolution radio" et surtout "Bang! Bang!" annonçaient la couleur, et ça se confirme. Billie Joe a réappris à jouer des accords mineurs, Tré Cool est toujours le fils caché de Keith Moon et John Bonham, et Mike Dirnt remplit les rares trous que les autres lui laissent. "Say goodbye", "Bouncing off the wall" et son riff, "Too dumb to die", tout ça c'est pas mal du tout.

Et puis il y a les deux derniers morceaux de l'album, qui prouvent que le trio est revenu en grande forme. "Forever now" d'abord, qui renoue avec la période American Idiot, dans le sens où elle dure quasiment 7 minutes et se compose de 3 mouvements. C'est super bien fichu, les thèmes sont excellents (le deuxième fait vraiment partie du haut du panier greendayesque), réussite totale. Et puis "Ordinary world", en ballade mélancolique pour clôturer le disque, remplit enfin parfaitement son job (la preuve ici).

En résumé, et malgré ses défauts, ce disque constitue une surprise inespérée. Comme quoi il ne faut pas enterrer les groupes, quels qu'ils soient, trop vite!

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