mardi 23 juillet 2019

Nick Mason's Saucerful Of Secrets, Lyon, Théâtre antique de Fourvière, 21 juillet 2019

Dernier concert de la saison estivale en ce dimanche soir, avec Nick Mason nous jouant du very early Pink Floyd avec ses copains sous le nom astucieux de Nick Mason's Saucerful Of Secrets. Le débonnaire batteur l'avait bien expliqué, il ne voulait surtout pas jouer dans la même cour que Gilmour et Waters: pas de show démesuré, de cochon qui vole, de lasers de partout: on revient à l'essentiel, avec cinq musiciens sur scène, des lumières psychédéliques comme au bon vieux temps, des morceaux rarement, voire jamais joués par les Pink Floyd (ensemble ou séparément), et emballé c'est pesé.

Le théâtre romain est bien garni mais pas complet-complet lorsque le groupe Siilk investit les lieux à 20h25 pour la première partie. Groupe lyonnais, formé sur les cendres du groupe de rock progressif de la fin des années 70 Pulsar, composé de façon très très disparate. On avait une chanteuse-accordéoniste-à-plat (je ne sais pas comment s'appelle un accordéon dont on joue alors qu'il est posé et non pas porté, désolé), un gratteux qui avait beaucoup beaucoup écouté Gilmour (le son de gratte se voulait à l'identique), un batteur pas mauvais, un bassiste pas mauvais non plus, un clavier qui semblait âgé de 50 ans de plus que les autres membres du groupe, et un chanteur-guitariste acoustique.

Leur musique était loin d'être désagréable, mais tellement bourrée de références que ça en devenait rigolo de retrouver par quel morceau ils avaient été inspirés. On a ainsi eu droit à une relecture de "On an island", à une intro pompée quasi note pour note de "Hey you", sans oublier un final largement repiqué sur celui de "Dancing with the moonlit knight" de Genesis. Et puis le gros maillon faible du groupe, c'était leur frontman. Autant les autres semblaient à l'aise avec leurs instruments respectifs, autant lui avait un jeu hésitant à la guitare acoustique, chantait anglais avec un accent français à couper au couteau, et globalement la scène semblait immense pour lui. Bref, c'était sympa, mais pas fou-fou et on ne peut pas dire qu'on se soit battus pour qu'ils restent après leur demi-heure de set.

A 21h40, des bruits tout bizarres se font entendre, type navette spatiale au décollage / à l'atterrissage, avec les commentaires des astronautes qui vont bien. Le son se fait surpuissant, et on se souvient que c'est Mason qui était le principal préposé aux bruitages chez Pink Floyd. C'est sur ces sons "venus d'ailleurs" que les cinq acteurs de la soirée font leur entrée: Lee Harris (guitares, choeurs), l'abonné floydien Guy Pratt (basse, voix), Gary Kemp (guitares, voix), Dom Beken (claviers), et bien entendu Nick Mason derrière ses fûts.

Bing, les deux gratteux bazardent le riff d'"Interstellar overdrive". Le ton est donné: ce soir, on va jouer du Floyd  râpé à l'os. Du Floyd sans fioritures. Du Floyd originel. Ca va dézinguer. Et ça dézingue sévère, surtout qu'après cette entrée en matière (avec une version un peu raccourcie pour l'occasion de ce morceau qui peut paraître sur disque interminable), ils enchaînent avec "Astronomy domine". Boum badaboum, celle-là j'ai beau l'avoir déjà vue avec Gilmour, ça reste un coup dans le plexus très agréable à prendre. La batterie de Mason claque, et, plus généralement, le son est énorme, très bien équilibré mais (avis personnel) un chouïa trop fort.


Ben tiens, restons sur le tout premier album floydien, voilà que le riff de "Lucifer Sam" déchire la nuit lyonnaise. Ce qui était assez génial, c'est que nous étions, soyons lucides, entre grands malades floydiens, que nous savions pertinemment que nous n'allions certainement plus jamais entendre ces morceaux en live (les Australian-Brit-Bestof-Floyd ne rempliraient pas les salles en tournant sur le mode "on va vous jouer que des morceaux que le grand public ne connaît pas"), et donc, à chaque intro, tout le monde se disait: "noooooon? Pas celle-là?". Hé ben si! Allons-y avec "Fearless" maintenant, et son "You'll never walk alone" comme sur le disque! Vocalement, Pratt et Kemp s'en sortent pas mal, même si le phrasé de Kemp était parfois un peu trop appuyé, mais bon, on chipote.

Par contre, ce qui était évident, c'est que les cinq prenaient un plaisir immense sur scène. Et que ça rigole, et que ça envoie des vannes... Le tout avec Pratt comme chef d'orchestre. Clairement le patron sur scène, c'était lui - ce qui était déjà presque le cas sur la dernière tournée de Gilmour...

Détour par Obscured By Clouds ensuite avec l'enchaînement du début de l'album "Obscured by clouds"  / "When you're in", avant que Pratt n'annonce "Remember a day" en le dédiant "au grand-père de mon fils, Rick Wright" (hé oui, Pratt est en couple avec la fille du clavier floydien). Très belle version, même si Kemp et Pratt se plantent sur la reprise d'un couplet, ce qui les fait se bidonner! Ca faisait tellement plaisir de voir des musiciens détendus, en mettre peut-être une ou deux à côté mais insufflant une telle énergie aux morceaux joués que franchement, même les "plantages " passaient comme une lettre à la poste.

Re-détour par la case Barrett avec "Arnold Layne" (et sa vidéo d'époque projetée!) et "Vegetable man", avant le premier grand moment de la soirée. "If". Ah oui, merci messieurs! Mais, pourquoi vous arrêtez-vous au deuxième couplet? Mais??? Ah ben si c'est pour jouer "Atom heart mother", ah ben là je ne dis plus rien et je me tais! Ohlala, quel panard, entendre ce morceau, certes en version "digeste" (il n'y a notamment pas eu le passage funky), mais quand même, résonner dans un lieu pareil... Et ils le terminent par...la fin de "If". Alors là chapeau messieurs.

Tiens, allons voir du côté de More maintenant! "The Nile song", magnifiquement chantée par Pratt ("c'est la première chanson de Pink Floyd que j'ai su jouer!"), puis "Green is the colour". Que du bonheur. Après ça, ça va bastonner sévère: "Let there be more light" et son intro de basse surgonflée, "Childhood's end" (un de mes morceaux floydiens préférés, joie!), une version dantesque au niveau du son de "Set the controls for the heart of the sun", "See Emily play", "Bike" et "One of these days" pour terminer - temporairement - en apothéose, même si Mason accuse un petit coup de mou sur la fin de "One of these days" en piochant un peu pour tenir le tempo.

Rappel.

Les gars font plein de bruits bizarres avec leurs instruments. Puis Mason fait des roulements caractéristiques. Non. Si. Ils osent. "A saucerful of secrets", et son fabuleux final de "Celestial voices". Bon, là, fallait y être. L'orgue, l'entrée de la guitare électrique, les "oooooh"... On revivait Pompéi!!! Frissons de partout. Et pour clore en beauté ce fantastique concert, le rigolo "Point me at the sky". Après deux heures de vrai bonheur, loin des délires mégalomanes de Waters et de la perfection parfois un peu froide de Gilmour, les cinq musiciens quittent la scène. Les lumières se rallument et..."Jugband blues" sort des enceintes. Le dernier morceau de Pink Floyd interprété par Barrett...

La boucle est bouclée, et de quelle manière! Pas question de dire ici qui est le plus floydien de tous, et c'est ce qui fait le charme de ce groupe. The Wall n'a rien à voir avec The Division Bell, qui n'a lui-même rien à voir avec The Piper At The Gates Of Dawn, mais disons que ce dimanche soir, c'était un véritable hommage à la musique de Pink Floyd, orchestré par le seul membre ayant participé à tous les albums du groupe. Et ce n'est finalement peut-être pas un hasard...

Plusieurs extraits de divers morceaux dans la vidéo ci-dessous:


Interstellar overdrive
Astronomy domine
Lucifer Sam
Fearless
Obscured by clouds
When you're in
Remember a day
Arnold Layne
Vegetable man
If
Atom heart mother / If (reprise)
The Nile song
Green is the colour
Let there be more light
Childhood's end
Set the controls for the heart of the sun
See Emily play
Bike
One of these days
Rappel
A saucerful of secrets
Point me at the sky



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