lundi 15 juillet 2019

Toto + Roger Hodgson, Nîmes, Les arènes, 11 juillet 2019

Soirée "classic rock" en ce 11 juillet dans les arènes de Nîmes, puisque s'y succédaient Roger Hodgson, ci-devant co-leader de Supertramp, et Toto. Autant dire qu'il y allait avoir du tube au mètre carré dans les arènes.

A 20h30, Hodgson et son groupe débarquent. J'avais déjà vu le père Roger il y a maintenant dix ans de cela à l'Olympia, et il était en mode "duo" puisqu'il était à l'époque simplement accompagné d'un seul musicien, qui faisait à la fois les choeurs, un peu de clavier et surtout les instruments à vent. C'était très beau mais malgré tout, notamment sur les morceaux un peu pêchus, l'amplitude sonore de tout un groupe manquait.

En ce 11 juillet, ce fut tout l'inverse, et autant le dire tout de suite, ce fut un ravissement complet de A à Z. Comme Hodgson nous l'a dit en début de set, "je veux que vous jetiez vos problèmes dehors pendant qu'on joue de la musique". Hé ben ce fut exactement ça. 1h30 de pur bonheur musical. Déjà, vocalement, Hodgson n'a strictement rien perdu, c'est bluffant. Pas de tonalités baissées, pas d'auto-tune, c'est tout comme dans les années 70. Et puis ce répertoire... Comme sa tournée célèbre les 40 ans de Breakfast In America, il nous a joué les cinq morceaux portant sa patte figurant sur cet album, soient les tubes ("Take the long way home" d'entrée, "The logical song" et "Breakfast in America"), la ballade splendide ("Lord is it mine") et la cavalcade majoritairement instrumentale qu'est "Child of vision". C'est sur ce type de morceaux qu'on a pu savourer la qualité des quatre musiciens accompagnant Hodgson: un pianiste, un batteur, un bassiste et un saxophoniste/clavier, soit exactement la même formation que le Supertramp d'origine.

Et c'était ça le plus bluffant: on fermait les yeux, on entendait Supertramp. Peut-être plus encore que la formation emmenée par le seul Rick Davies depuis le départ de Hodgson, et qui avait sur sa dernière tournée des choristes, plusieurs cuivres... C'était aussi parfait musicalement, mais plus "chargé" que ce que le quintette d'origine proposait. Là, on se croyait transporté au milieu du live Paris de 1980. Et puis alors, le reste du répertoire bonjour! Un seul emprunt à la carrière solo de Hodgson (le très bon "In jeopardy"), tout le reste piochait dans la discographie de Superclochard. "School", "Easy does it", "Sister moonshine", l'énormissime "Fool's overture", "Dreamer"... C'était parfait.

Et puis il y a eu la cerise sur le gâteau. Et puis pas petite la cerise. Hodgson attaque la douce intro de "Don't leave me now", et juste avant que tous les instruments rentrent, il annonce: "mesdames et messieurs, pour vous ce soir, le seul et unique M!".

Là, il y a eu un flottement de deux-trois secondes dans le public. M, M, heu..."le" M? Le Matthieu Chédid? Hé ben oui, comme il jouait le lendemain au même endroit, il était déjà sur place et arrive donc sur "Don't leave me now". Et là mes enfants, ça a été le grand frisson. Après avoir fait deux tours de solo très Mesques (donc un peu too much à mon goût, mais c'est personnel), il a reproduit à la note près le solo d'origine, en prenant visiblement un pied immense. A mon avis, ce morceau, il le bossait dans sa chambre dans sa jeunesse, il a pas découvert le solo l'après-midi aux balances... C'était grandiose.

Et au rappel, le M revient avec une 12 cordes pour accompagner Hodgson à la guitare et aux deuxièmes voix sur "Give a little bit" avant que le concert ne s'achève sur un "It's raining again" pas de circonstance (et heureusement!), laissant un public totalement KO de bonheur. C'était à n'en pas douter un vrai grand et beau moment de musique.

Quelques vidéos, à savoir "Take the long way home":


"The logical song":


Et, après une minute de "Logical song", les deux interventions de M:


Une demi-heure de pause, et voilà que les Toto arrivent. Alors là, il faut bien avouer que j'y allais un peu en mode découverte avec eux, parce qu'à part un best of et l'album Toto IV, je ne connaissais strictement rien d'eux. Cette soirée était donc une bonne occasion d'avoir un cours de rattrapage en accéléré.

Bon, ben soyons honnêtes, j'ai été déçu. Je ne suis pour ainsi dire jamais rentré dans le concert, et je me demande encore pourquoi. Parce qu'ils ont joué 2 heures à plein régime, que les trois tubes de rigueur étaient présents et judicieusement placés ("Hold the line" au début, "Rosanna" au milieu, "Africa" à la fin) et surtout que c'était au cordeau musicalement.

Mais c'était peut-être ça le problème. C'est que c'était vraiment trop propre, trop "américain" dans le mauvais sens du terme. Et que je te mets des solos à rallonge qui n'apportent rien de partout, et que chaque musicien congratule celui qui vient de claquer le solo en question... Tout ça "tuait" l'émotion que pouvait véhiculer certains morceaux. Parce qu'autant certains m'ont semblé interminables (l'instrumental "Jake to the bone" décrochant pour moi la palme, ça tournait en rond et à la démonstration de "c'est quel musicien qui a la plus grosse"), autant certains avaient vraiment de la gueule (l'autre instrumental "Dune (Desert theme)" mais c'était tellement hyper léché que ça avait un pouvoir anesthésiant redoutable.

Le plus symptomatique fut la reprise de "While my guitar gently weeps", un de mes morceaux préférés. Ah bien sûr, c'était parfait, certainement plus que la version originale des Beatles. Mais justement, on perdait totalement le côté triste, voire désespéré de la chanson, pour ne garder que le côté "démonstration technique". Vraiment dommage, et ce d'autant plus que je ne doute pas de la sincérité de Lukather & co, mais tout cela ne m'a pas beaucoup parlé.

On va dire que c'est l'hôpital qui se moque de la charité, puisque j'étais en pâmoison devant King Crimson il y a deux semaines, qui, au niveau démonstration technique, se pose là. Oui mais. Chez King Crimson, c'est certes parfait mais il y a une volonté de faire péter les canons traditionnels des morceaux pop-rock. Chez Toto, c'est l'inverse, c'est vraiment très très conventionnel, trop pour moi en tout cas. Et puis le contraste avec le père Hodgson juste avant était trop important, et ce d'autant plus que le son pour Toto n'était vraiment pas terrible, la basse et la grosse caisse écrasant le tout - les boules quies sont sorties dès le troisième morceau me concernant.

Bref, je me contenterai de mon best of et de mon Toto IV (dont ils ont joué en plus un morceau que j'adore, "Lovers in the night"), peut-être attendais-je trop de ce concert...

Quelques extraits, voici "Hold the line":


"Rosanna":


Et bien sûr "Africa":


Set-list de Roger Hodgson:
Take the long way home
School
In jeopardy
Breakfast in America
Easy does it
Sister moonshine
The logical song
Lord is it mine
Child of vision
Don't leave me now
Dreamer
Fool's overture
Rappel:
Give a little bit
It's raining again


Set-list de Toto:

Devil's tower
Hold the line
Lovers in the night
I will remember
English eyes
Jake to the bone
Rosanna
Acoustic set:
Georgy Porgy
Human nature
I'll be over you
Stop loving you
Piano solo
Electric set:
Girl goodbye
Lion
Dune (Desert theme)
While my guitar gently weeps
Make believe
Africa
Rappel:
Home of the brave

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