En 1984, le réalisateur Rob Reiner (qui réalisera par la suite des films aussi différents que "Quand Harry rencontre Sally" et "Misery"!) décide de tourner une comédie avec le script suivant: faire un vrai rockumentaire sur un faux groupe de hard rock qui accumulerait tous les clichés du genre. Querelles d'egos, groupies décérébrées, manager foireux, batteurs décédant dans des circonstances louches, textes sexistes... Le groupe sera baptisé Spinal Tap ("ponction lombaire"!!!) et le film "This is Spinal Tap". Et un film culte est né! Reiner a eu l'intelligence de confier les trois rôles principaux à des comédiens capables de composer, jouer et chanter eux-mêmes les morceaux, ce qui contribue à renforcer la crédibilité de la chose. Et puis soyons honnêtes: sous couvert de potacheries, les morceaux en question sont, dans leur genre, excellents! Ainsi en va-t-il de ce mystique "Stonehenge", dont le final dérape quelque peu à la suite d'une malencontreuse erreur de calcul quant aux dimensions du rocher...
Pour ceux qui ne l'auraient jamais vu, "This is Spinal Tap" doit absolument être visionné en VO, la VF souffrant d'un doublage calamiteux. A noter que généralement, la BO est vendue avec le DVD, ce qui est très bien vu. Enfin, sachez que le bassiste, Harry Shearer, est également un des doubleurs historiques des Simpson (Mr Burns, Skinner et Flanders en VO, c'est lui!)
Paroles & musique: Christopher Guest, Harry Shearer, Michael McKean & Rob Reiner.
Production: Christopher Guest, Harry Shearer & Michael McKean.
Certes, Elton John ferait désormais passer Michou pour un modèle d'élégance et mériterait d'être cloué au pilori pour avoir écrit la scie faisant office de bande originale pour le dessin animé "Le roi Lion". Mais il a aussi (et surtout) pondu dans les années 70 de sacrés disques, notamment Goodbye Yellow Brick Road (un double album en plus!) et Madman Across The Water. Extraite de ce dernier, "Holiday Inn" est un modèle du genre. Ca commence l'air de rien, ça finit sur un passage instrumental lorgnant vers le meilleur des Beatles. Comme quoi, quand il veut le Elton, il envoie du bois.
Une date déjà annoncée, à savoir le 5 août dans un festival écossais. Reste à savoir si ce retour scénique s'accompagnera d'un retour discographique après leur escapade réussie avec les Sparks.
Leur magnifique "Fuzzy" avait envahi les (bonnes) ondes de l'année 1993, mais, ce qui est moins connu, c'est que tout l'album (intitulé lui aussi Fuzzy) était rempli de morceaux splendides. Ce n'est pas n'importe quel groupe qui peut claquer un truc comme "Stars 'n' stripes" dès son premier disque. Où le meilleur de R.E.M. flirte avec du grand Neil Young, bref c'est du très très bon son.
En 1977 paraît le premier album de la "trilogie berlinoise" de David Bowie, en l'occurrence Low. Le public et la critique seront en majorité désarçonnés par la sonorité de l'album, marquée notamment par la participation de Brian Eno à l'enregistrement de nombreux titres. Ce n'est que bien plus tard que l'on se rendra compte que Bowie avait une nouvelle fois des années d'avance sur la concurrence. En témoigne ce "Always crashing in the same car", qui aurait pu sortir en 2016 sans qu'on trouve cela incongru.
Steve Hackett, ci-devant guitariste de Genesis de 1970 à 1977, repart en tournée en 2017 avec un spectacle baptisé "Genesis revisited with Hackett classics 2017 tour". Autant dire qu'on aura droit, comme lors de ses précédentes et excellentes tournées, à une relecture des vieux standards de Genesis, ainsi qu'à quelques titres tirés de sa carrière solo.
Les dates sont disponibles ici. Une seule date française donc pour l'instant, à savoir le 26 mars au Trianon à Paris.
Dernier jour aujourd'hui pour regarder à la demande sur France 4 cet excellent documentaire sur la bande à Aubert. Plein d'informations, d'images d'archives rares, d'interviews très intéressantes... A ne pas manquer !
Ils n'ont pour l'instant enregistré qu'un seul et unique album, et c'est bien dommage, car ce supergroupe, initié par Damon Albarn (Blur, Gorillaz) et regroupant, outre ce dernier, Paul Simonon (The Clash), Simon Tong (The Verve) et Tony Allen (Fela Kuti), avait de très belles choses à dire. La preuve en est ce délicat "Green fields".
Reprise ô combien casse-figure, mais que Green Day a inscrit à son répertoire quasiment depuis ses débuts. Autant dire qu'ils maîtrisent la chose, comme en atteste cette version live à Tokyo captée en janvier 2010.
Nous y voilà donc. Vingt ans quasiment jour pour jour après avoir véritablement découvert ce groupe dans cette même salle, me revoici à un concert des Cure. En 1996, du haut de mes 16 ans, j'avais pris une énorme baffe musicale en assistant à la prestation de ces cinq chevelus. Moi qui ne possédais alors que le dernier album en date (l'inégal Wild Mood Swings) et le seul best of disponible à l'époque (Staring At The Sea), j'avais été subjugué par le charisme de Robert Smith, certaines chansons que je ne connaissais donc point et qui m'avaient retourné ("Cold" et "Push" notamment), bref j'étais devenu un fervent curiste.
Deux ans plus tard, le concert que les Cure donnèrent à Fourvière fut une douche froide. La faute à un Robert Smith passablement éméché qui ne se souvenait plus de la moitié des paroles, qui titubait sur scène, bref un véritable naufrage. A tel point que je n'avais pas assisté à la totalité du concert, partant au moment des rappels tellement cela était pathétique (les quelques vidéos disponibles de ce concert sur YouTube montrent l'ampleur de la catastrophe). Je les reverrai malgré tout à Lyon en 2004 dans un contexte bien particulier, puisqu'il s'agissait d'un concert organisé par MCM (qui à l'époque diffusait de la musique!), et les Cure avaient clôturé la soirée. Auparavant, il avait fallu assister à des prestations de groupes et artistes TRES divers, puisque s'étaient succédés De Palmas, Franz Ferdinand, Keane, Sinsemilia et No One Is Innocent. Les Cure avaient joué 9 titres (tous les tubes en fait), bref ce n'était pas des conditions optimales.
Et nous voici donc 12 ans plus tard dans cette même Halle, prêts à applaudir ce groupe inclassable, souvent imité, parfois parodié, mais toujours unique, pour ce qui ressemble fort à un dernier tour de piste avant extinction définitive des feux - rappelons que le dernier album studio, 4:13 Dream, remonte à 2008...
Depuis le début de la tournée, le groupe alternait les set-lists, les morceaux joués (plus de 80 différents déjà joués!), orientant la soirée, soit vers le versant pop du groupe, soit vers des rivages beaucoup plus sombres. Autant dire que j'espérais nettement la seconde option. Et je n'allais pas être déçu...
Pour cause d'arrivée tardive, je n'assiste qu'à la fin de la prestation de la première partie, les Twilight Sad. "Pas mal pour une première partie" comme dirait l'autre, bref ça s'écoute, sans pour autant se dire qu'on va se ruer sur leur disque en sortant de la salle. La salle justement: pleine comme un oeuf, 16.000 spectateurs présents, toutes les générations représentées, bref ça s'annonce bien.
21h05: les lumières s'éteignent, sauf celles du haut de la rangée de spots surplombant la scène, qui défilent lentement, un peu comme de la neige horizontale... C'est tout doux... Et là je me dis qu'on va entendre les clochettes de "Plainsong", le morceau qui ouvre l'album Disintegration, généralement considéré comme le meilleur du groupe. Et bingo, on commence à les distinguer par-dessus les hurlements de la foule.
Les cinq larrons en profitent pour rentrer sur scène: Reeves Gabrels (ex musicien de Bowie notamment) aux guitares, Jason Cooper à la batterie, l'inamovible Simon Gallup à la basse, Roger O'Donnell aux claviers, et bien évidemment le seul, l'unique Robert Smith. Toujours l'air d'un nounours tombé dans un pot de maquillage et qui aurait pris du jus dans les cheveux, mais en plus joufflu qu'avant, mais on s'en fiche, c'est comme ça qu'on l'aime.
Cooper fait claquer quatre fois ses baguettes, et pan, le morceau démarre et décolle direct, avec cette nappe de synthés millésimée, puis cette basse très mise en avant, avant que Robert Smith ne murmure ses premiers mots de la soirée: "I think it's dark, and it looks like rain" you said... C'est splendide, et le light-show en raccord ne fait que rajouter au côté majestueux du morceau. En plus de ça, le son est exceptionnellement bon pour la Halle Tony Garnier, ne touchez à rien les gars, on est biens.
Et histoire de bien nous faire comprendre qu'on va avoir du sombre ce soir, les voilà qu'ils nous jouent la suite de l'album en question dans l'ordre, soit les magnifiques "Pictures of you" et "Closedown". Tout est parfait, même si Smith n'est toujours pas un grand communiquant, à part parfois un "mewci" entre les morceaux. "A night like this" déboule derrière, ah mais c'est que c'est que du bonheur ça madame. Même si le solo de Reeves Gabrels est presque trop techniquement parfait pour du Cure, même si Smith ne va plus hurler son "I want to change it aaaaaaaall" à la fin, c'est du costaud.
Pas le temps de refroidir que l'intro de "Push" jaillit, avec un écran géant derrière qui prend sa pleine mesure. Sur ce morceau, comme sur tous les autres, Cooper à la batterie est énorme. Même si les p(c)uristes regrettent son côté technique et froid, ce type est un véritable monstre rythmique, qui tient toute la baraque avec Gallup à la basse. Le morceau déménage comme c'est pas permis, avec ce riff simple et efficace et ces paroles fédératrices ("Go go go", "No no no"). "In between days" ensuite comme premier gros tube de la soirée, et même si on se rend bien compte que Smith ne cherche plus à atteindre les notes les plus hautes, ça reste de très bonne facture. Et puis soudain le premier grand truc de la soirée: Smith s'approche du micro et annonce: "this is called "Three imaginary boys"". Ravissement général et grande surprise car morceau rarement joué et pourtant ô combien chéri des fans. Frissons tout le long du morceau, en plus Gabrels a pile poil le même son de gratte que la version originale pendant le solo. Et même si les "can you help me?" finaux sont moins hurlés qu'il y a 40 ans, on n'est pas loin de la syncope. La vidéo ci-dessous contient ce fabuleux enchaînement, accrochez vos ceintures.
Après un tel démarrage, soufflons un brin. Les Cure nous jouent un morceau peu connu et récent, l'honorable "Before three", un tube pour le grand public ("Lovesong"), et un autre morceau récent peu connu ("Sleep when I'm dead").
Puis voici un autre très grand moment de la soirée: les voilà qu'ils nous jouent "If only tonight we could sleep", morceau arabisant qui, sur scène, prend une dimension insoupçonnée. Surtout que Smith a l'air particulièrement ému en la chantant, et retrouve une profondeur de voix qu'on ne lui soupçonnait plus (ah ce "and the rain will cry, don't let it end..."). A noter un son de guitare grandiose sur son solo (à 1'55). Très beau moment de musique, avec encore un Jason Cooper au four et au moulin sur ce morceau.
Smith prend ensuite un flûtiau et un rythme militaire se fait entendre: je crois d'abord à "Empty world", c'est en fait "Burn", excellent morceau qu'ils avaient écrit pour la BO du film "The Crow". Ils nous jouent ensuite trois longs formats, et pas des moindres: "From the edge of the deep green sea" d'abord, parfait musicalement même si Bobby n'arrive plus à monter sur les "I wish I could just stop", "Prayers for rain" ensuite, où là par contre il arrive à nous faire cette fameuse note tenue, et "Disintegration" enfin, où malheureusement le clavier de O'Donnell, pourtant primordial sur ce titre, s'est retrouvé un peu sous-mixé.
Ils quittent la scène et reviennent pour un rappel, et quel rappel! 4 titres de Seventeen Seconds siouplaît, à savoir "At night", la trop rare "M", la "ooooooh oooh ooooooooh ooooooh" "Play for today", et bien évidemment l'inévitable "A forest" avec son intro, son solo, son final avec Gallup à la basse tout seul, bref toute la salle a de nouveau 15 ans et ça fait un bien fou.
Ils repartent, reviennent pour un nouveau rappel cette fois orienté pop. Nouvelle surprise avec l'apparition de la charmante "Catch", rarement jouée. Après, c'est l'usine à tubes: "The walk", "Friday I'm in love" (Smith très en voix), "Just like heaven" (idem) et enfin "Boys don't cry" (là moins par contre). On a toujours cette impression de voyage dans le temps réussi, et même pas nostalgique, c'est du grand art.
Ils s'en vont et...reviennent pour un troisième rappel, toujours en mode "on vous a gardé les tubes pour la fin histoire de vous donner la patate". "Lullaby" d'abord, avec un light-show magnifique et un Smith faisant l'andouille sur le final.
"Hot hot hot!!!" ensuite, qui passe bien mieux en version rock qu'avec les synthés cheap de la verison originale. "C'est la chenille qui...", ah non pardon "The caterpillar" derrière, tout le monde fait "ouh ouh ouh", grosse ambiance. Sur "Let's go to bed" en revanche, Smith va vraiment coincer vocalement (et il va montrer sa gorge en riant d'ailleurs), on sent qu'il a atteint ses limites, m'enfin après 2h35 de concert c'est pas un scandale non plus.
Heureusement "Close to me" qui suit est moins exigeante vocalement, et puis pour terminer "Why can't I be you?" qui nous fait nous égosiller une dernière fois. A la fin, Robert Smith arpente la scène tout seul, saluant et remerciant longuement le public, faisant ainsi comprendre que, même s'il ne communique pas beaucoup entre les morceaux, il est ravi d'être sur scène. Ca se ressentait aussi chez Gallup et Gabrels, très complices pendant le concert. Cooper et O'Donnell sont par contre toujours en lice pour le concours du "visage le plus inexpressif du monde pendant un concert", mais ils ont toujours été comme ça, donc...
2h40 de concert, 30 morceaux, sachant que les 2/3 de la set-list sont remaniés entre deux concerts histoire de varier les plaisirs, pour un tarif "raisonnable" pour un groupe de ce calibre (les places étaient à 60 € en moyenne), franchement il n'y avait strictement rien à dire. On peut évidemment regretter que tel ou tel morceau n'ait pas été joué, que Smith ne chante plus vraiment comme avant, mais par rapport au véritable bonheur ressenti pendant 2h40, ça ne compte pas beaucoup. Je suis prêt à parier que les 16.000 spectateurs de jeudi soir ont, pendant le concert, non seulement oublié leurs soucis du quotidien, mais en plus fait une plongée revigorante dans leur jeunesse. Si jamais les Cure s'arrêtaient à l'issue de cette tournée, ce serait sur le papier dommage, mais ils partiraient sur une merveilleuse note et un formidable cadeau fait à leurs fans.
Vraiment, un TRES grand bravo à eux cinq, et mon vilain souvenir de Fourvière 1998 est désormais balayé!
Plainsong (Disintegration)
Pictures of you (Disintegration)
Closedown (Disintegration)
A night like this (The Head On The Door)
Push (The Head On The Door)
In between days (The Head On The Door)
Three imaginary boys (Three Imaginary Boys)
Before three (The Cure)
Lovesong (Disintegration)
Sleep when I'm dead (4:13 Dream)
If only tonight we could sleep (Kiss Me Kiss Me Kiss Me)
Extrait de leur très bon album Street Fighting Years (1989), ce morceau voit les Simple Minds inviter Lou Reed à poser sa voix sur le pont de la chanson. Et ça fonctionne ma foi très bien, alors que sur le papier, l'association des deux peut surprendre!
Paroles & musique: Jim Kerr, Charlie Burchill & Mike MacNeil.
Premier morceau du premier album de Joy Division, "Disorder" pose déjà les bases du son du groupe. Batterie hyper sèche, basse mise très en avant, guitares caverneuses, et puis bien évidemment la voix de Ian Curtis, désincarnée et happant l'auditeur. On connaît la suite, le suicide de Curtis, le succès post-mortem de "Love will tear us apart", la mutation de Joy Division en New Order... N'empêche, peu de groupes claquent un tel titre au début de leur premier album.
Paroles & musique: Ian Curtis, Peter Hook, Stephen Morris & Bernard Sumner.
Via le facebook des premiers et la communication du label des seconds, on peut s'attendre à ce que les Fleet Foxes et, plus surprenant, les Jesus & Mary Chain, publieront leur nouvel album au printemps 2017.
Sur Fantaisie Militaire, il y a bien évidemment "La nuit je mens". Mais il y a aussi (et surtout?) ce "Aucun express", d'une beauté désespérée extraordinaire. Un chef d'oeuvre, un vrai.
Moment rare saisi par la caméra ayant suivi les Stones sur leur tournée sud-américaine: les frères ennemis Jagger et Richards entonnant "Country honk" (la version country de "Honky tonk women") dans les coulisses d'un de leurs concerts. C'est un peu le souk rythmiquement - Richards commence à avoir un sens du rythme qui lui est vraiment très très très personnel - mais la complicité entre les deux lascars fait plaisir à voir.
11 novembre un peu particulier, puisque non seulement je retournais voir Michel Polnareff six mois après son passage à l'Accor Hotels Arena à Paris, mais en plus, à la suite d'un gain au concours organisé par le quotidien local, j'avais le priviliège de "rencontrer l'artiste dans sa loge après le concert" (sic).
En réalité, on nous a rapidement indiqué que la rencontre se ferait AVANT le concert, ce qui semblait plus logique - les musiciens s'éternisent rarement dans une salle après un concert -, mais qui signifiait aussi que la "rencontre" allait être très brève. Et cela s'est confirmé puisque c'est à 20h15 qu'on est venus nous chercher. Avec les autres gagnants - une dizaine de chanceux -, nous avons donc découvert les loges de l'Ekinox, qui sont aussi et surtout les vestiaires des équipes de basket qui y jouent. Après avoir passé deux loges sur lesquelles les affiches "musiciens" étaient placardées, nous nous retrouvons devant une porte baptisée "Michel". Ca se rapproche, surtout quand on voit son agent venir à notre rencontre...
Et puis au bout de quelques minutes d'attente, Polnareff est sorti de sa loge. Et là, grand silence. Parce qu'entre voir le bonhomme sur un écran, sur une scène, en photo...et le voir à 10 cm de soi, c'est pas pareil. Le gars dégage quelque chose, c'est indéniable. Et le coup des lunettes, comme on ne voit que très peu, voire pas du tout son regard, c'est assez déstabilisant, On ne parvient pas du tout à savoir ce qu'il peut penser le garçon. En plus de ça, il avait déjà revêtu sa tenue de scène type "pianiste de l'an 3000", qui renforçait son côté un peu extra-terrestre. Pour quelqu'un âgé de 72 ans, et malgré son look toujours improbable, il se défend encore très bien. Toujours peut-on noter une certaine raideur, conséquence sans doute de la hernie dont il s'est fait récemment opérer (et cette raideur sera d'ailleurs palpable à la fin du concert).
Après s'être fait prendre en photo avec les gagnants (et avoir remis en place un photographe qui continuait à le prendre en photo alors que la séance était terminée...), Polnareff a eu la gentillesse de dédicacer les objets que chacun avait apporté. Il nous a bien précisé qu'il ne faisait pas ça souvent avant un concert compte tenu de la concentration à avoir - ce qui se comprend aisément - mais s'est plié de bonne grâce à l'exercice en sortant deux, trois blaguounettes en prime.
Autant dire que, vu le contexte, je ne me suis pas amusé à lui demander s'il comptait rejouer un jour sur scène "Mes regrets", quelle marque de guitare utilisaient ses gratteux ou où en était son futur album, son staff nous ayant fait comprendre que ce serait bien qu'on ne reste pas trois plombes dans les loges. Nous avons donc laissé Polnareff rejoindre son épouse, que nous avons entraperçue, dans sa loge, et nous avons rejoint la salle. Ma foi, j'avais mon petit livret de dédicacé, j'étais déjà bien content.
Mais autant dire que nous étions bien éloignés du cliché sexe, drogue et rock'n'roll des loges de concert... Là c'était vraiment austère, voire monacal, mais en même temps, les musiciens embauchés par Polnareff sur cette tournée sont des pointures internationales, on les imagine mal ivres morts à dix minutes de monter sur scène. Par contre, ils ont intérêt à bien s'entendre, car ils sont une bonne douzaine sur scène, et seulement deux loges pour contenir tout ce beau monde, bonjour la proximité.
Nous rejoignons donc la salle, en fosse, et là...c'est le drame. Au vu des promos des dernières semaines, à savoir d'abord des rabais sur les tarifs les plus élevés, puis carrément une opération "une place achetée une place offerte" ces derniers jours, on se doutait que la salle n'allait pas être remplie. Sauf que là, c'était objectivement une catastrophe. Pas tellement dans les gradins, qui étaient par contre bien remplis, mais la fosse... Un quasi désert! La preuve avec cette photo prise quelques minutes avant le début du concert:
Plusieurs raisons à ce vide important: une date qui tombe mal avec ce pont de trois jours, un Polnareff qui a déjà fait deux dates à Lyon à 60 km d'ici, et surtout des tarifs prohibitifs (de 50 à 100 €) qui, s'ils sont presque communs pour des grands concerts parisiens, sont totalement disproportionnés pour des villes de province lambdas. Même si Polnareff a indiqué qu'il ne pouvait pas grand-chose pour voir ces tarifs diminuer, et quand bien même les effets spéciaux du concert peuvent expliquer en grande partie ces prix, ces derniers sont objectivement beaucoup trop élevés pour le Burgien moyen. Résultat: 2000 billets vendus sur 5000 billets mis en vente, forcément ça fait mal...
C'est à 20h45 que le concert débute, et il sera en majeure partie identique au spectacle vu à Paris en mai dernier. Un démarrage "soft" avec "Je suis un homme", puis "La poupée qui fait non" et "L'amour avec toi" pour ravir les vieux fans. Les lumières sont absolument magnifiques, le son plus qu'honorable pour une salle complètement métallique, et vu le peu d'affluence nous sommes à moins de 10 mètres de la scène avec, sans exagérer, 2 mètres qui nous séparent de notre plus proche voisin. Bref, on est bien.
"Sous quelle étoile suis-je né?" est complètement relookée, et ça lui va toujours aussi bien, Polnareff adressant au passage un doigt d'honneur à ses détracteurs qui soutiennent qu'il n'a plus de voix. Autant dire qu'à de très rares dérapages de débuts de phrases, il a été totalement irréprochable vocalement, maîtrisant à la perfection cette voix si reconnaissable.
"Ophélie flagrant des lits" version bien rock ensuite, avec un petit passage flamenco au milieu. Bon, y'a rien à faire, cette chanson, elle ne le fait pas. La faute sans doute à des paroles d'une niaiserie sans nom et à une mélodie d'une grande pauvreté, surtout quand on connaît le talent du bonhomme en la matière. Tout l'inverse de "Tam-tam" qui suit: comme à Paris, le concert a véritablement décollé à ce moment-là. Morceau qui bastonne sévère, les musiciens sont au millipoil là-dessus, le refrain est imparable, les éclairages avec ces fameux jeux avec la 3D partent dans tous les sens, bref très très grosse ambiance.
Ensuite attention, un piano à queue s'avance. Un écran transparent tombe sur la scène. Polnareff s'installe derrière son instrument de prédilection, et confirme par la même occasion qu'il n'y a pas que vocalement qu'il a de beaux restes. Quelque chose de certain, c'est qu'il n'a pas d'arthrose aux articulations des doigts le garçon: quelle maîtrise! On n'est pas premier prix de conservatoire national à 12 ans par hasard... Le gars fait ce qu'il veut quand il veut, c'est bluffant. Et puis surtout, il se permet d'enchaîner "L'homme qui pleurait des larmes de verre", "Qui a tué grand-maman?" et "Lettre à France". Et là, on se dit, respect. Oubliées les polémiques, Cetelem, le look improbable... Là, c'est du génie à l'état pur. En plus le light-show est à la hauteur de ces trois merveilles, c'est tout simplement grandiose.
"L'homme en rouge" derrière fait un peu cheap, mais finalement se révèle plus convaincant en live qu'en version studio. En revanche Polnareff est vocalement moins à l'aise sur ce morceau que sur les autres, on sent qu'il est plus récent. Très très bonne surprise avec "I love you because", Polnareff s'excusant à le fin de son interprétation (pourtant excellente!) en nous disant que cette chanson lui rappelait des souvenirs personnels...
Allez hop, une paire de tueries derrière, "Love me please love me" enchaîné au "Bal des Laze", ça c'est fait. Je ne suis toujours pas convaincu des arrangements presque heavy sur ce dernier morceau, je leur préfère le côté liturgique de la version originale, mais bon, ça reste du haut de gamme.
Histoire de souffler un peu, Polnareff se retire ensuite de scène et laisse ses deux guitaristes se lâcher complètement avant que les autres musiciens n'embrayent avec eux sur une reprise instrumentale du "Smoke on the water" de Deep Purple. Bien sympathique, même si le duo de guitar heroes tournait parfois à la démonstration technique sans réelle mélodie.
Polnareff revient ensuite, et on va avoir du tube jusqu'à la fin. On notera une version rock de "La mouche" excellente, des lumières sublimes sur le bien drôle "Où est la Tosca?", une partie instrumentale splendide sur "Goodbye Marylou", une impro au piano dantesque sur le final de "Ame câline" et l'inévitable karaoké géant sur le "On ira tous au paradis" final. Sur ce morceau, il descend d'ailleurs saluer le premier rang de la fosse, en empruntant, non pas un escalier, mais une sorte de monte-charges miniature. Ses difficultés (relatives!) de déplacement observées plus tôt dans la loge expliquent sans doute l'utilisation de cet engin.
Concert parfaitement maîtrisé, public ravi à la fin, 2h10 d'une démonstration musicale réussie quasi de bout en bout ("Ophélie...", je me répète, oui mais non). Et au vu de la forme vocale et pianistique du monsieur, ce serait quand même très dommage qu'il n'enregistre plus rien de nouveau, car il en a encore sous le coude.
Au vu du succès de leur tournée 2016, les Insus remonteront sur scène en 2017 pour plusieurs concerts, le dernier d'entre eux se déroulant au Stade de France. Les réservations ouvriront le 22 novembre, certaines pré-réservations pourront se faire via le site officiel du groupe dès le 21.
Les dates annoncées (pour le moment?) sont les suivantes:
- 30 juin: festival "La nuit de l'Erdre" (Nort-sur-Erdre)
- 8 juillet: American Tours Festival (Tours)
- 13 juillet: festival Les Nuits Bressanes (Louhans)
Extrait du coffret tout juste sorti, ce "Nothing part 14" permet d'entendre le groupe en plein processus de création de ce qui deviendra "Echoes". Chose rassurante, on se rend compte quand même qu'on ne pond pas un morceau pareil en 10 secondes, et que ça demande un paquet de travail!
Musique: David Gilmour, Nick Mason, Roger Waters & Rick Wright.
Morceau très peu représentatif du reste de la discographie des Smiths, mais ô combien génial, "How soon is now?" bénéficie d'une production ahurissante de John Porter. Extrêmement en avance sur leur temps (la chanson a été enregistrée en 1984!), les arrangements sont quasiment noisy, avec des guitares tournoyant de partout. Morrissey signe quelques-uns de ses vers les plus réussis ("I'm a human and I need to be loved / Just like everybody else does"), pendant que Johnny Marr empile les couches de guitares cradingues. Morceau qui a connu une seconde jeunesse dans les années 90, la reprise qu'en avaient fait les obscurs Love Spit Love ayant servi de générique à la série "Charmed".
Peut-être savait-il lui-même, à l'instar de David Bowie plus tôt cette année, que sa fin était proche. Partir sur You Want It Darker, album très sombre et très réussi restera donc le dernier coup d'éclat de la carrière de Leonard Cohen.
Pour le grand public, il est souvent synonyme de "Suzanne" et de guitares autour de feux de camp, mais Cohen était bien évidemment beaucoup plus que ça. Un poète d'abord, ses textes étant avant tout des poèmes plus que des paroles (il a d'ailleurs commencé sa carrière d'artiste en tant qu'écrivain et non comme chanteur). Un remarquable mélodiste ensuite, bon nombre de ses compositions ("Bird on the wire", "Last year's man", "Who by fire"...) étant basées sur des musiques remarquables. Il sut également au début de sa carrière s'entourer d'arrangeurs-producteurs lui donnant un son caractéristique, avec une guitare jouée en picking mixée très en avant et des choeurs féminins angéliques derrière.
Dans les années 80, il a écrit un paquet de grandes chansons, malheureusement un peu plombées par des arrangements très marqués par leur époque. Il faudra ainsi attendre les années 90 et la reprise de son "Hallelujah" par Jeff Buckley pour que tout le monde se rende compte de la qualité et de la puissance de cette chanson.
Il se retirera ensuite au sein d'une communauté bouddhiste, devenant même moine (!) avant de revenir sur scène, notamment suite aux malversations financières de son agent, qui vont le laisser sur la paille. Sa tournée en 2008 sera un véritable triomphe, et lui donnera l'envie de revenir en studio. Trois albums ont ainsi vu le jour ces dix dernières années, n'ayant pas à rougir de la comparaison avec les premiers enregistrés par l'artiste.
A titre tout personnel, j'ai eu la chance d'aller l'applaudir au théâtre antique de Fourvière à Lyon en 2008. Lorsque "If it be your will" fur interprétée de la façon qui suit, ce fut un moment quasi mystique, le temps semblant s'être suspendu le temps que les Webb Sisters chantent cette chanson qui s'apparente davantage à une prière. Ce fut un moment bouleversant, au sens premier du terme.
Merci pour tout, monsieur Cohen.
Paroles & musique: Leonard Cohen.
Adaptation française du texte par Graeme Allwright lisible ici.
Chanson d'actualité, initialement écrite par Woody Guthrie en réponse au "God bless America" qu'il trouvait particulièrement tarte. Springsteen l'a reprise moult fois, voici la version présente sur le triple live Live 1975-85. Frissons garantis à 3'13 lorsque tout le E Street Band débarque.
Ils annoncent en tous cas leur participation au festival de l'île de Wight le 11 juin prochain, pour une unique date anglaise. Reste à savoir si d'autres dates européennes seront annoncées!
Initiative très intéressante de la part des Insus (Téléphone sans Corinne Marienneau pour ceux qui n'auraient pas suivi): finir leur tournée par un concert "surprise" dans une petite salle (le Trabendo) en annonçant d'emblée qu'ils ne joueraient que des titres...non joués durant la tournée! Ca a donné la set-list consultable ici, avec effectivement que du rare, sauf pour ce qui est du dernier rappel. L'occasion de réentendre cet excellent titre, aux paroles qui trouvent une certaine résonance plus de 20 ans après la génèse du morceau.
World in my eyes
Sweetest perfection
Personal Jesus
Halo
Waiting for the night
Enjoy the silence
Policy of truth
Blue dress
Clean
Paroles & musique: Martin Gore
Production: Depeche Mode & Flood
Durée: 47:02
Date de parution: 19 mars 1990
La mue avait été lente et progressive. Depeche Mode avait commencé comme un groupe type boys band au début des années 80, avec des titres dansants et arrangés de façon assez cheap, "Just can't get enough" en étant le symbole. Puis Vince Clarke, compositeur quasi exclusif du premier album du groupe (Speak & Spell) quitte le navire, Alan Wilder arrive et Martin Gore prend le relais au niveau compositions. Et l'évolution se fait, morceau après morceau, album après album. Même si des cohortes de jeunes filles continuent de s'intéresser davantage au physique des membres du groupe qu'à leurs compositions, celle-ci changent progressivement d'orientation. Des tubes dansants du début, on arrive à des chansons plus sombres, plus travaillées, avec des accords mineurs qui viennent ajouter de la tristesse et de la mélancolie à des rythmes toujours assez sautillants. Les morceaux "Everything counts" et surtout "Shake the disease" en sont ainsi les preuves les plus éclatantes.
Et puis deux albums coup sur coup vont venir enfoncer le clou: Black Celebration (1986) d'abord, qui annonce dès son titre la couleur, et qui contient une palanquée de morceaux de grande classe ("Black celebration", "A question of time" et "Stripped" pour ne citer qu'eux). Music For The Masses l'année suivante ensuite, album quasi parfait, qui contient certains des titres les plus connus et les plus réussis du groupe ("Never let me down again" et "Behind the wheel" notamment), et qui aborde des sujets pas franchement comiques (la drogue entre autres). La tournée suivante est triomphale (cf. le film 101 et la version hallucinante de "Never let me down again") mais laisse le groupe lessivé. Il faudra attendre trois ans pour voir un nouvel album arriver, mais c'est peu dire que l'attente en valait la peine.
Pour l'élaboration de ce disque, la répartition des rôles va être la suivante, en caricaturant bien évidemment à l'extrême: Martin Gore va se charger des compositions, avec des demos très dépouillées (cf. celle de "Enjoy the silence" qui se trouve sur YouTube), Alan Wilder s'occupera avec le producteur Flood du gros des arrangements, Dave Gahan posera sa voix là-dessus, et Andy Fletcher va...ben...va faire semblant de jouer du synthé sur scène et s'occuper de la caisse (on schématise mais c'est un peu ça, d'ailleurs c'est toujours ça 25 ans après). En précisant que Gore commençait tout doucement à avoir un penchant problématique pour la bouteille et que Gahan commençait de son côté à confondre sucre en poudre et substances illicites... Bref, l'énorme succès de la précédente tournée n'avait pas eu que des répercussions positives.
L'album s'ouvre par "World in my eyes", et dès les toutes premières secondes, on est saisi par l'énorme évolution du son du groupe depuis l'album précédent. Si Music For The Masses était déjà bien arrangé, il souffrait d'un manque d'amplitude du son, on avait un peu l'impression que le groupe jouait au fond d'une boîte à chaussures. Là, c'est tout l'inverse. Le son tournoie, il y a des petites trouvailles sonores qui jaillissent de partout, le gimmick de synthé fait dodeliner de la tête juste ce qu'il faut, et Gahan est impérial par là-dessus. Une entrée en matière de toute beauté.
"Sweetest perfection" lorgne davantage du côté du mid-tempo, avec un rythme infernal, tout en à-coups, et une très belle mélodie. L'occasion de rappeler combien Martin Gore est un mélodiste doué, quand bien même le son de Depeche Mode se caractérise par un côté synthétique/industriel.
Et puis arrive la première grosse baffe du disque. "Personal Jesus" et son riff de guitare bluesy, futur grand classique du groupe et énorme tube mondial, qui fut même repris par Johnny Cash himself. Tout y est dans ce morceau: riff imparable, rythmique dantesque (la reprise avec les halètements est un coup de génie), paroles à faire soulever les stades ("reach out and touch faith!"), bref c'est du très lourd. A noter que la version diffusée en radio diffère sensiblement de la version album, puisque toute la dernière minute est modifiée. Si le single se "contente" de faire durer le "reach out and touch faith", la version album offre un final démentiel, quasiment 100% instrumental, avec des loopings sonores extraordinaires, une utilisation maximale de la stéréo, et des coups de boutoirs rythmiques hyper puissants. La preuve aussi que Martin Gore est aussi un guitariste, certes limité (il recyclera le riff en question sur bon nombre de morceaux: "I feel you", "Dream on", "Goodbye"...), mais qui assume ses inspirations blues.
"Halo" fait presque pâle figure après cette gifle, alors qu'il s'agit d'un très bon morceau, là encore très travaillé niveau production, avec une voix de Gahan encore parfaite.
Et puis voilà qu'arrive LE joyau du disque. "Waiting for the night" (initialement intitulée "Waiting for the night to fall", mais il y a eu erreur d'impression!). Ballade déchirante, portée par des arrangements quasi "aquatiques" (on se croit en immersion dès l'intro), des paroles faussement apaisantes, des voix qui se répondent et s'entremêlent... C'est clair que le groupe a dû passer de solides heures à arranger cette chanson, mais le résultat est exceptionnel... Et alors même que les derniers choeurs s'évanouissent, voici que retentit l'intro reconnaissable entre mille d'"Enjoy the silence".
De la ballade acoustique initialement écrite par Gore, on arrive à un morceau certes rythmé, voire dansant, mais aussi sombre, avec des accords mineurs de partout, des paroles pas franchement à se taper les fesses par terre ("Les mots sont particulièrement inutiles / Ils ne peuvent que causer du mal"). Le résultat donne une alchimie parfaite, et le plus gros tube de toute la carrière de Depeche Mode. En plus de cela, le clip, dans lequel Dave Gahan erre en tenue de roi dans des paysages vides de tout autre occupant, est lui aussi une réussite totale. Les innombrables passages radio n'y font rien: "Enjoy the silence" est un véritable classique de la musique pop-rock, et qui va rameuter de nouveaux adeptes à la galaxie Depeche Mode.
Le morceau se termine avec un "intermède caché" (en tout cas non mentionné sur la pochette), "Crucified", avec la voix de Martin Gore complètement déformée. Ce petit interlude de moins de 2 minutes aboutit à l'intro de "Policy of truth". Et là, on se demande où ils vont s'arrêter. Le petit riff de synthé est une nouvelle fois complètement imparable, les paroles sont brillantes - Gore prévient l'auditeur qu'il verra ses problèmes se multiplier s'il s'évertue à rechercher uniquement la vérité - et contiennent encore une fois une affirmation qui claque (""Never again" is what you swore the time before"). Encore une réussite totale.
Martin Gore s'empare ensuite du micro et interprète la mélancolique "Blue dress", portée par une jolie mélodie et, une énième fois, des arrangements splendides, avec notamment en fin de mesure ce son évoquant la porte d'un sous-marin se refermant. Passé un nouveau petit interlude caché, "Clean" vient conclure l'album de façon bien sombre, avec une intro décalquant au passage celle du "One of these days" de Pink Floyd. C'est donc sur cette note lugubre que se referme Violator, qui montre un groupe véritablement au sommet de son art et de sa créativité. Si, incontestablement, les Depeche Mode publieront par la suite de très bons morceaux, voire de très bons albums (Ultra notamment), il est difficile de ne pas voir dans la doublette Music For The Masses / Violator ce que ce groupe a publié de mieux.
En cadeau, la version originale de "Personal Jesus", avec ce final apocalyptique (à partir de 3'22) que le groupe a jugé risqué pour les passages en radio, d'où une version single édulcorée.
Groupe souvent catalogué comme faisant du rock progressif alors que, si leurs chansons étaient certes souvent assez longues, elles étaient surtout lentes et obéissaient le plus souvent à une structure classique couplets/refrain. Extrêmement populaire en Europe sur la période 1975-85, le groupe s'est ensuite délité, ses deux leaders John Lees (guitares) et Les Holroyd (basse) ayant chacun monté une formation incluant le nom Barclay James Harvest dedans (Barclay James Harvest through the eyes of John Lees et Barclay James Harvest featuring Les Holroyd !!!!). Leur apogée fut ce concert donné en 1980 devant le mur de Berlin devant plus de 100.000 personnes. Alors certes, le look de John Lees n'est pas possible, certes les incrustations d'images d'actualités sont lourdingues, mais le morceau tient sacrément la route.
Sur ce morceau, premier succès du groupe emmené par Alex Turner, la communion entre le quatuor et son public atteint des sommets. Grand moment de musique.
Ancien co-leader de Supertramp, Roger Hodgson a sorti 3 albums sous son nom. Le premier (In The Eye Of The Storm), paru en 1984, s'ouvre sur cet excellent morceau. Dommage entre parenthèses que Hodgson joue aussi peu de la guitare électrique sur scène car, sans être un virtuose de l'instrument, il possède un style bien à lui qui est extrêmement intéressant et mélodique.