lundi 14 novembre 2016

Michel Polnareff, Bourg-en-Bresse, Ekinox, 11 novembre 2016

11 novembre un peu particulier, puisque non seulement je retournais voir Michel Polnareff six mois après son passage à l'Accor Hotels Arena à Paris, mais en plus, à la suite d'un gain au concours organisé par le quotidien local, j'avais le priviliège de "rencontrer l'artiste dans sa loge après le concert" (sic).

En réalité, on nous a rapidement indiqué que la rencontre se ferait AVANT le concert, ce qui semblait plus logique - les musiciens s'éternisent rarement dans une salle après un concert -, mais qui signifiait aussi que la "rencontre" allait être très brève. Et cela s'est confirmé puisque c'est à 20h15 qu'on est venus nous chercher. Avec les autres gagnants - une dizaine de chanceux -, nous avons donc découvert les loges de l'Ekinox, qui sont aussi et surtout les vestiaires des équipes de basket qui y jouent. Après avoir passé deux loges sur lesquelles les affiches "musiciens" étaient placardées, nous nous retrouvons devant une porte baptisée "Michel". Ca se rapproche, surtout quand on voit son agent venir à notre rencontre...

Et puis au bout de quelques minutes d'attente, Polnareff est sorti de sa loge. Et là, grand silence. Parce qu'entre voir le bonhomme sur un écran, sur une scène, en photo...et le voir à 10 cm de soi, c'est pas pareil. Le gars dégage quelque chose, c'est indéniable. Et le coup des lunettes, comme on ne voit que très peu, voire pas du tout son regard, c'est assez déstabilisant, On ne parvient pas du tout à savoir ce qu'il peut penser le garçon. En plus de ça, il avait déjà revêtu sa tenue de scène type "pianiste de l'an 3000", qui renforçait son côté un peu extra-terrestre. Pour quelqu'un âgé de 72 ans, et malgré son look toujours improbable, il se défend encore très bien. Toujours peut-on noter une certaine raideur, conséquence sans doute de la hernie dont il s'est fait récemment opérer (et cette raideur sera d'ailleurs palpable à la fin du concert).

Après s'être fait prendre en photo avec les gagnants (et avoir remis en place un photographe qui continuait à le prendre en photo alors que la séance était terminée...), Polnareff a eu la gentillesse de dédicacer les objets que chacun avait apporté. Il nous a bien précisé qu'il ne faisait pas ça souvent avant un concert compte tenu de la concentration à avoir - ce qui se comprend aisément - mais s'est plié de bonne grâce à l'exercice en sortant deux, trois blaguounettes en prime.

Autant dire que, vu le contexte, je ne me suis pas amusé à lui demander s'il comptait rejouer un jour sur scène "Mes regrets", quelle marque de guitare utilisaient ses gratteux ou où en était son futur album, son staff nous ayant fait comprendre que ce serait bien qu'on ne reste pas trois plombes dans les loges. Nous avons donc laissé Polnareff rejoindre son épouse, que nous avons entraperçue, dans sa loge, et nous avons rejoint la salle. Ma foi, j'avais mon petit livret de dédicacé, j'étais déjà bien content.



Mais autant dire que nous étions bien éloignés du cliché sexe, drogue et rock'n'roll des loges de concert... Là c'était vraiment austère, voire monacal, mais en même temps, les musiciens embauchés par Polnareff sur cette tournée sont des pointures internationales, on les imagine mal ivres morts à dix minutes de monter sur scène. Par contre, ils ont intérêt à bien s'entendre, car ils sont une bonne douzaine sur scène, et seulement deux loges pour contenir tout ce beau monde, bonjour la proximité. 

Nous rejoignons donc la salle, en fosse, et là...c'est le drame. Au vu des promos des dernières semaines, à savoir d'abord des rabais sur les tarifs les plus élevés, puis carrément une opération "une place achetée une place offerte" ces derniers jours, on se doutait que la salle n'allait pas être remplie. Sauf que là, c'était objectivement une catastrophe. Pas tellement dans les gradins, qui étaient par contre bien remplis, mais la fosse... Un quasi désert! La preuve avec cette photo prise quelques minutes avant le début du concert:


Plusieurs raisons à ce vide important: une date qui tombe mal avec ce pont de trois jours, un Polnareff qui a déjà fait deux dates à Lyon à 60 km d'ici, et surtout des tarifs prohibitifs (de 50 à 100 €) qui, s'ils sont presque communs pour des grands concerts parisiens, sont totalement disproportionnés pour des villes de province lambdas. Même si Polnareff a indiqué qu'il ne pouvait pas grand-chose pour voir ces tarifs diminuer, et quand bien même les effets spéciaux du concert peuvent expliquer en grande partie ces prix, ces derniers sont objectivement beaucoup trop élevés pour le Burgien moyen. Résultat: 2000 billets vendus sur 5000 billets mis en vente, forcément ça fait mal...

C'est à 20h45 que le concert débute, et il sera en majeure partie identique au spectacle vu à Paris en mai dernier. Un démarrage "soft" avec "Je suis un homme", puis "La poupée qui fait non" et "L'amour avec toi" pour ravir les vieux fans. Les lumières sont absolument magnifiques, le son plus qu'honorable pour une salle complètement métallique, et vu le peu d'affluence nous sommes à moins de 10 mètres de la scène avec, sans exagérer, 2 mètres qui nous séparent de notre plus proche voisin. Bref, on est bien.


"Sous quelle étoile suis-je né?" est complètement relookée, et ça lui va toujours aussi bien, Polnareff adressant au passage un doigt d'honneur à ses détracteurs qui soutiennent qu'il n'a plus de voix. Autant dire qu'à de très rares dérapages de débuts de phrases, il a été totalement irréprochable vocalement, maîtrisant à la perfection cette voix si reconnaissable.

"Ophélie flagrant des lits" version bien rock ensuite, avec un petit passage flamenco au milieu. Bon, y'a rien à faire, cette chanson, elle ne le fait pas. La faute sans doute à des paroles d'une niaiserie sans nom et à une mélodie d'une grande pauvreté, surtout quand on connaît le talent du bonhomme en la matière. Tout l'inverse de "Tam-tam" qui suit: comme à Paris, le concert a véritablement décollé à ce moment-là. Morceau qui bastonne sévère, les musiciens sont au millipoil là-dessus, le refrain est imparable, les éclairages avec ces fameux jeux avec la 3D partent dans tous les sens, bref très très grosse ambiance.


Ensuite attention, un piano à queue s'avance. Un écran transparent tombe sur la scène. Polnareff s'installe derrière son instrument de prédilection, et confirme par la même occasion qu'il n'y a pas que vocalement qu'il a de beaux restes. Quelque chose de certain, c'est qu'il n'a pas d'arthrose aux articulations des doigts le garçon: quelle maîtrise! On n'est pas premier prix de conservatoire national à 12 ans par hasard... Le gars fait ce qu'il veut quand il veut, c'est bluffant. Et puis surtout, il se permet d'enchaîner "L'homme qui pleurait des larmes de verre", "Qui a tué grand-maman?" et "Lettre à France". Et là, on se dit, respect. Oubliées les polémiques, Cetelem, le look improbable... Là, c'est du génie à l'état pur. En plus le light-show est à la hauteur de ces trois merveilles, c'est tout simplement grandiose.


"L'homme en rouge" derrière fait un peu cheap, mais finalement se révèle plus convaincant en live qu'en version studio. En revanche Polnareff est vocalement moins à l'aise sur ce morceau que sur les autres, on sent qu'il est plus récent. Très très bonne surprise avec "I love you because", Polnareff s'excusant à le fin de son interprétation (pourtant excellente!) en nous disant que cette chanson lui rappelait des souvenirs personnels...

Allez hop, une paire de tueries derrière, "Love me please love me" enchaîné au "Bal des Laze", ça c'est fait. Je ne suis toujours pas convaincu des arrangements presque heavy sur ce dernier morceau, je leur préfère le côté liturgique de la version originale, mais bon, ça reste du haut de gamme.


Histoire de souffler un peu, Polnareff se retire ensuite de scène et laisse ses deux guitaristes se lâcher complètement avant que les autres musiciens n'embrayent avec eux sur une reprise instrumentale du "Smoke on the water" de Deep Purple. Bien sympathique, même si le duo de guitar heroes tournait parfois à la démonstration technique sans réelle mélodie.

Polnareff revient ensuite, et on va avoir du tube jusqu'à la fin. On notera une version rock de "La mouche" excellente, des lumières sublimes sur le bien drôle "Où est la Tosca?", une partie instrumentale splendide sur "Goodbye Marylou", une impro au piano dantesque sur le final de "Ame câline" et l'inévitable karaoké géant sur le "On ira tous au paradis" final. Sur ce morceau, il descend d'ailleurs saluer le premier rang de la fosse, en empruntant, non pas un escalier, mais une sorte de monte-charges miniature. Ses difficultés (relatives!) de déplacement observées plus tôt dans la loge expliquent sans doute l'utilisation de cet engin.

Concert parfaitement maîtrisé, public ravi à la fin, 2h10 d'une démonstration musicale réussie quasi de bout en bout ("Ophélie...", je me répète, oui mais non). Et au vu de la forme vocale et pianistique du monsieur, ce serait quand même très dommage qu'il n'enregistre plus rien de nouveau, car il en a encore sous le coude.


Set-list:

Je suis un homme
La poupée qui fait non
L'amour avec toi
Sous quelle étoile suis-je né?
Ophélie flagrant des lits
Tam-tam (l'homme préhisto)
L'homme qui pleurait des larmes de verre
Qui a tué grand-maman?
Lettre à France
L'homme en rouge
I love you because
Love me, please love me
Le bal des Laze
Interlude "Guitar heroes"
La mouche
Holidays
Où est la Tosca?
Je t'aime
Dans la rue
Y'a qu'un ch'veu
Goodbye Marylou

Rappel:
Kâma-Sutra
Ame câline
Tout, tout pour ma chérie
On ira tous au paradis

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