Cela faisait très longtemps que je n'étais pas allé à un concert de grande envergure en quasi touriste. Explication: pour une raison non déterminée, je suis très longtemps passé à côté de Metallica. A part le slow qui tue "Nothing else matters", je ne connaissais l'oeuvre des four horsemen que de très loin. C'est finalement grâce à l'insistance de mon frangin (mec, si tu me lis, encore merci!) que je m'y suis mis en écoutant attentivement leurs deux albums les plus (re)connus, à savoir Masters Of Puppets et le Black Album (que je connaissais un peu quand même dans ce dernier cas). Et j'ai trouvé ça très bon, surtout Masters Of Puppets, espèce de metal progressif mélangeant le meilleur du metal et le meilleur du progressif.
Et même si, en picorant ailleurs dans leur discographie, je n'étais pas forcément autant transporté d'allégresse, leur réputation de bêtes de scène a fait le reste, et me voilà donc hier soir à la Halle Tony Garnier pour applaudir la bande à Hetfield.
J'ai raté la première partie (et d'après les avis recueillis, je n'ai pas raté grand-chose), mais on a eu droit dehors à un pompier jouant "Nothing else matters" sur le balcon de la caserne pendant qu'on faisait la queue! Très bon esprit, y compris chez les spectateurs. Des passionnés, des vrais, ayant fait pour beaucoup plusieurs centaines de kilomètres (les plaques d'immatriculation des voitures garées aux alentours ne trompaient pas), et peut-on trouver ailleurs des mecs chevelus arborant sur leur torse nu des blousons en jean datant à vue de nez des années 80 et flanqués des logos d'Iron Maiden ou de Thin Lizzy?
Scène centrale donc, la Halle est pleine à craquer, je me demande bien où je vais me placer... Mais en prenant de la hauteur, je constate que, "derrière" la scène (côté sud de la Halle pour ceux qui connaissent), il y a beaucoup d'espace, les spectateurs n'ayant pas visiblement la présence d'esprit de faire le tour de cette espèce de croix (à leur décharge, c'était beaucoup plus évident de faire le tour lorsqu'on avait vu la chose du haut des gradins). Me voilà donc dans la fosse, à environ 6-7 mètres de la scène. On peut y aller les petits.
21h15: lumières éteintes, la musique d'Ennio Morricone envahit la salle avec des images de film qui vont avec, projetées sur tous les petits cubes surplombant la salle. Ca pose tout de suite les choses. Les quatre Mets montent sur scène et attaquent d'emblée par deux extraits du dernier-né, "Hardwired" et "Atlas, rise!". Le son est énorme, mais je sors tout de suite les boules quies (alors que je suis à deux mètres de la console...) car les basses sont beaucoup trop présentes. La faute à l'acoustique de la salle certes, mais en plus quand les fréquences de basses correspondent à la double grosse caisse de Lars Ulrich et aux lignes de basse éléphantesques de Robert Trujillo, vous imaginez le carnage. Heureusement, grâce à mes boules quies "spécial musique" (je vous en parlerai plus spécifiquement un jour), j'ai l'impression d'entendre un disque - avec des basses mal réglées quand même... - et ça va nettement mieux.
Le light-show est magnifique, avec ces cubes qui vont de haut en bas, qui servent aussi d'écrans vidéos (mélange d'images en direct et d'images d'illustration), ça s'appelle une entrée en matière réussie.
"Seek and destroy et "Of wolf and man" suivent, puis arrive mon premier moment de ravissement: "Welcome home (Sanitarium)", morceau que je trouve somptueux avec ses différents mouvements et ses splendides mélodies, nous est délivré. C'est magnifique, malgré un petit plantage de Hammett sur l'intro! Il a claqué des solos de malade toute la soirée, mais là, sur un truc pas forcément hyper technique, un petit loupé qui s'entend beaucoup (à 0'42)! Il est donc humain, ça rassure...
Les musiciens, parlons-en. Hetfield, malgré un début d'embonpoint et une puissance vocale peut-être moins importante que par le passé, est un frontman de haut vol. Il arpente la scène de long en large constamment, utilise tous les micros disposés à tous les coins de la scène, dialogue beaucoup avec le public, bref c'est le patron. Trujillo a toujours cette position très particulière sur la basse, et s'il est souvent très concentré sur ce qu'il fait, il sourit aussi beaucoup au public, notamment entre les morceaux. Hammett, c'est la classe internationale. Guitariste de metal peut-être, mais hyper élégant, racé, mélodique, avec parfois des faux airs de Brian May (plus d'une fois je me suis dit "tiens, on dirait "Stone cold crazy" de Queen!), très sympa aussi avec le public. Le duo Trujillo/Hammett s'est même fendu d'une reprise du "Antisocial" de Trust pendant un intermède... Ou comment se mettre le public dans sa poche! Lars Ulrich détonne très nettement avec le reste du trio: haranguant curieusement la foule, souriant peu, il a aussi eu parfois du mal à tenir le tempo. Ca s'est entendu sur la chanson suivante, "Now that we're dead" - conclue par des solos de percus rigolos des quatre membres.
"Confusion" ensuite, et puis après "For whom the bell tolls". Et là, à partir de là, et bien que ne connaissant donc que très très peu ce répertoire, j'ai trouvé que le concert devenait énorme, à tous les points de vue. Déjà, "For whom the bell tolls", rien que le light-show mettait tout le monde d'accord.
"Halo on fire", ça c'est du lourd, et ensuite une reprise des Misfits (ça s'entendait tout de suite que c'était pas du Metallica!), la presque rigolote "Die, die my darling". Ensuite, formidable morceau avec "The memory remains" et son final taillé pour la scène.
"Moth into flame" m'a surtout marquée par une idée...lumineuse de mise en scène, avec des mini drones lumineux s'invitant au-dessus de la scène. Magnifique rendu.
Après ça, le triplé "Sad but true" / "One" / "Master of puppets". Bon ben là, y'a rien à dire, y'avait juste à en prendre plein les yeux et les oreilles.
Rappel: "Battery" pour mettre tout le monde d'accord, puis l'inévitable "Nothing else matters". Sur l'intro, Hetfield et Hammett, à l'opposé l'un de l'autre, se marchent un peu dessus musicalement, heureusement sur le solo du milieu ils corrigeront parfaitement le tir.
Le marchand de sable arrive, donc "Enter sandman" forcément. Et là, après 2h15 de show, les quatre gars vont passer dix minutes montre en main à saluer le public, à jeter les mediators non utilisés dans la foule, à discuter avec les gens, à les remercier au micro et hors micro aussi... J'avais rarement vu ça pour un groupe de ce calibre, un tel respect de son public, de la "Metallica family". Les types ont vendu des centaines de milliers de disques, remplissent les stades dans le monde entier, et pourtant on les sent heureux de jouer ensemble, heureux de jouer pour leur public, soucieux de faire plaisir aux spectateurs... Vraiment remarquable comme démarche.
Bilan des courses: Metallica n'usurpe pas du tout sa réputation de monstre scénique. Même en ne connaissant qu'une partie infime du répertoire, on ne voit pas les 2h15 du concert passer, et ça c'est extrêmement révélateur de la qualité du show!
Ste-list:
Hardwired
Atlas, rise!
Seek & destroy
Of wolf and man
Welcome home (Sanitarium)
Now that we're dead
Confusion
For whom the bell tolls
Halo on fire
Die, die my darling
The memory remains
Moth into flame
Sad but true
One
Master of puppets
Rappel:
Battery
Nothing else matters
Enter sandman
Bon je suis jaloux grave là. Et il manque beaucoup de hits dans cette set list... Donc je te le dis mon Pif, le meilleur album reste Ride the lightning.
RépondreSupprimerJe regrette presque de ne pas avoir été les voir à Bercy après lecture de ton compte-rendu. Et c'est vrai que sur scène, ils restent une sacrée machine de guerre (oui malgré Lars, décidément plus businessman que batteur de métal!). La seule chose qui m'a refroidi, c'est le prix des tickets. 100 euros, c'est une limite que je me refuse à franchir, quel que soit le groupe. Je les ai vus à Bercy en 2009, pour 67 euros, au SDF en 2012 pour 89 en catégorie 1. Mais là, j'ai dit stop. Ces gars sont multimillionnaires, ils ont certes bossé dur pour y arriver, mais eux qui parlent à leurs fans de la "Metallica family" se laissent déborder par leur avidité. La crise du marché du disque n'explique rien dans leur cas, et c'est d'autant plus dommage que, sur scène, ils ne lésinent pas sur la sueur et l'énergie.Ils jouent systématiquement 2 heures a minima, Hetfield sait communiquer avec le public, il y a du métier, de l'expérience. Pourtant, je n'ai pas réussi à franchir cette barrière psychologique des 1OO euros. Je les aime et les écoute depuis plus de trente ans, et leur dernier album contient une bonne moitié d'excellents titres, mais, même avec de gros regrets, j'ai refusé de sortir l'argent cette fois-ci. Je suis malgré tout bien content pour toi, on n'est rarement déçu par le groupe sur scène. Continue ton travail, c'est toujours un plaisir de te lire.
RépondreSupprimerPour info les places à Lyon étaient à 89,50 €. Et merci pour les compliments !
SupprimerOh putain que c etait bon ce concert. En plus j ai chopé un mediator lancé dans la foule pour vous faire baver.
RépondreSupprimerTon compte rendu est fidele a mon ressenti avec un decollage complet a compter de The Memory Remains. Que c est bon de le revivre avec ta chronique.
J'en étais aussi :)
RépondreSupprimerJ'ai trouvé Trujillo très en retrait. Franchement entre les passages à la double et les deux guitares, je trouve qu'il ne perce pas assez dans le mix. D'ailleurs il manque Anesthesia (pulling teeth) dans la set list. Si tu ne connais pas ce morceau, je te le conseille. Dommage qu'il ne l'ai pas joué en plein.
Le passage faux tambour du Bronx m'a moins emballé. Mais ça reste un énorme concert. Rien que le concept de scène centrale m'emballe toujours autant.
Dommage, on s'est encore loupés! Avec les boules quies, Trujillo était effectivement mixé bien en-dessous de la batterie d'Ulrich, mais le problème, à mon humble avis, c'est que s'il avait été mixé plus fort, on n'aurait plus entendu que le duo basse/batterie. C'est plus facile de baisser le son d'une basse que d'une grosse caisse (et a fortiori de deux grosses caisses!).
SupprimerOui encore loupés, c'est ce que je me suis dit en voyant ta chronique! En plus, on devait pas être loin, je voyais la console! Trujillo est pas dans la meilleure config. Il joue sur des Fernandes plutôt typée Jazz Bass et avec une attaque de malade. Il a les doigts montés sur vérins hydrauliques. Et pourtant, on ne l'a pas entendu tant que ça cette attaque. D'une parce qu'il est ultra placé sur le Kick, de l'autre à mon avis à cause du mixage orienté medium, aigu, comme il avait chez suicidal. Sauf qu'à l'époque, c'était pas Hettfield Hammet en face et là, c'est plus dur pour percer le mix, t'as pas bezef de place. Je le trouve encore sous-exploité. Je pense qu'il peut apporter plus.
RépondreSupprimerJe les ai vus 2 jours auparavant à Bercy et curieusement, j'ai trouvé leur prestation remarquable mais pas vraiment exceptionnelle. J'ai beau adorer Metallica, je ne me suis pas vraiment senti transporté à l'instar de ce que j'ai pu expérimenter dans un paquet de concerts, notamment le Blue Oyster Cult (groupe justement adoubé par la bande à James Hetfield qui a repris leur Astronomy) au Retro C Trop en Picardie fin juin 2017. Malgré tout je rejoins votre avis: Metallica reste un sacré groupe de scène!
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